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1.5 Axes de recherche, questions et hypothèses

1.5.2 Relations entre la composition en hôte, la quantité de tissus sen-

l’in-tensité d’attaque de la moniliose en agroforêt à cacaoyers.

La moniliose est considérée comme la maladie du cacaoyer la plus potentiellement dommageable pour la production mondiale de cacao (Ploetz, 2007). Cette maladie est causée par le pathogène Moniliophthora roreri qui est spécialiste des fruits des espèces appartenant aux genres Theobroma et Herrania. Sur le cacaoyer, Theobroma cacao, la moniliose s’attaque au fruit quel que soit son stade de développement. Pour son dévelop-pement cette maladie requiert des conditions microclimatiques contrastées au cours de son cycle de vie. En effet, si une forte humidité relative est favorable à la germination des spores elle est défavorable à leur dissémination. Cette ambivalence microclimatique rend la gestion de la maladie par le biais de l’ombrage particulièrement difficile au sein des agroforêts à cacaoyers.

Les agroforêts à cacaoyers de la région de Talamanca au Costa Rica sont affectées par cette maladie. Dans cette région, les agroforêts présentent une forte diversité de composi-tion et de structure spatiale de leurs peuplements végétaux. L’identificacomposi-tion des variables de composition en hôte, de disponibilité de tissus sensibles et de structure spatiale des agroforêts qui expliquent les variations d’intensité de la moniliose observées à l’échelle de la parcelle serait une première étape dans la conception de systèmes de culture plus résistants à la moniliose. Dans ce contexte, nous nous sommes posé la question suivante :

Quelles sont les variables de composition en hôte, de disponibilité de tissus sensibles et de structure spatiale de la végétation des agroforêts à cacaoyers de la région de Talamanca au Costa Rica qui expliquent les variations d’intensité d’attaque de la moniliose à l’échelle de la parcelle ?

Les hypothèses sous-jacentes sont les suivantes :

– H2.1. La diminution de l’abondance relative et de la densité en cacaoyers à l’échelle de la parcelle diminue l’intensité d’attaque de la moniliose par effet de dilution et de diminution de la ressource.

– H2.2. La diminution des quantités de chérelles et de cabosses à l’échelle de la parcelle diminue l’intensité de la moniliose par diminution de la ressource.

– H2.3. Un microclimat contrasté étant favorable à l’intensité de la moniliose, et l’in-troduction d’arbres d’ombrage tamponnant le microclimat d’une parcelle, on fait l’hypothèse que l’augmentation de la densité d’arbres d’ombrage diminue l’intensité de la maladie.

– H2.4. Les arbres forestiers (haut, à houppier large et poreux) fournissant un ombrage plus homogène que des arbres fruitiers (bas, à houppier de faible diamètre et dense), plus les arbres d’ombrage sont des arbres forestiers (plutôt que fruitiers) et plus l’intensité de la moniliose est faible à l’échelle de la parcelle.

– H2.5. La forte densité en Musaceae diminuant la vitesse des vents mais augmentant l’humidité relative à l’échelle de la parcelle, n’influence pas l’intensité de la moniliose. – H2.6. L’hétérogénéité de l’ombrage engendrée par l’agrégation des arbres forestiers augmente l’intensité de la moniliose en créant au sein d’une même parcelle à la fois des zones où les conditions sont propices à la germination (zones de fort ombrage) et des zones propices à la dissémination (zones de faible ombrage).

Ce travail fait l’objet du quatrième chapitre de la thèse et correspond à un article accepté dans la revue “Phytopathology", intitulé : “Shade tree spatial structure and pod production explain Frosty Pod Rot intensity in cacao agroforests, Costa Rica."

1.5.3 Relations entre la composition en hôte, la quantité de

tis-sus sensibles, la structure spatiale de la végétation et les

bioagresseurs du cacaoyer en agroforêt du Cameroun

Les mirides, principalement l’espèce Sahlbergella singularis, et la pourriture brune, principalement l’agent pathogène Phytophthora megakarya, sont les principaux respon-sables des pertes de production des agroforêts à cacaoyers du Cameroun. Ces deux bio-agresseurs sont particulièrement difficiles à gérer conjointement sur une même parcelle puisqu’ils sont affectés par des conditions microclimatiques contrastées. En effet, un om-brage homogène est préconisé pour réduire la présence des mirides alors que l’omom-brage favorise le développement de la pourriture brune. D’autre part, dans les agroforêts du Cameroun il n’est pas rare de voir associées aux cacaoyers des espèces d’arbres d’ombrage de la famille des Malvaceae, connues pour être des hôtes alternatifs des mirides. La com-plexité des interactions entre végétation et bioagresseurs dans ces agroforêts à structure de végétation complexe nous ont conduit à nous poser la question suivante :

Quelles sont les variables de composition en hôte, de disponibilité en tissu sensible et de structure spatiale de la végétation des agroforêts à cacaoyers de la région Centre du Cameroun qui expliquent les variations de densité en mi-rides et d’intensité d’attaque de la pourriture brune à l’échelle de la parcelle ?

– H3.1. La diminution de l’abondance relative et de la densité en cacaoyers à l’échelle de la parcelle diminue la densité en mirides et l’intensité de la pourriture brune par effet de dilution et diminution de la ressource.

– H3.2. Les mirides s’alimentant en piquant les jeunes pousses et les fruits du ca-caoyer, la diminution de la présence de flushes (poussées végétatives de feuilles) et de cabosses à l’échelle de la parcelle diminue la densité en mirides par diminution de la ressource. Le fruit du cacaoyer étant la principale ressource de la pourriture brune, la diminution de la disponibilité en cabosses à l’échelle de la parcelle diminue l’intensité de la pourriture brune par diminution de la ressource.

– H3.3. La présence d’arbres d’ombrage, hôtes alternatifs des mirides, au sein d’une parcelle d’agroforêt à cacaoyers augmente la densité en mirides observés dans la parcelle par l’introduction d’une ressource additionnelle.

– H3.4. Les mirides s’installant préférentiellement sur les cacaoyers en plein soleil, l’augmentation de la densité d’arbres d’ombrage d’une parcelle diminue sa densité en mirides. A l’inverse, l’intensité de la pourriture brune étant favorisée par l’om-brage, l’augmentation de la densité d’arbres d’ombrage augmente l’intensité de la pourriture brune à l’échelle de la parcelle.

– H3.5. La strate haute surplombant un plus grand nombre de cacaoyers que la strate intermédiaire et produisant donc un ombrage et une interception des pluies plus globale à l’échelle de la parcelle : plus les arbres d’ombrage appartiennent à la strate haute (plutôt qu’à la strate intermédiaire) et plus la densité en mirides et l’intensité en pourriture brune sont faibles.

– H3.6. Les mirides s’installant préférentiellement sur les cacaoyers en plein soleil, l’hé-térogénéité de l’ombrage créée par l’agrégation des arbres forestiers et/ou fruitiers augmente la densité en mirides. En revanche, on ne s’attend pas à ce que l’hétéro-généité de l’ombrage affecte l’intensité globale de la pourriture brune à l’échelle de la parcelle.

Ce travail fait l’objet du cinquième chapitre de la thèse et correspond à un article en préparation à soumettre dans la revue “Agriculture, Ecosystems & Environment" et inti-tulé : “Shade tree spatial structure and sensitive tissue availability explain mirid density and host composition explains black pod intensity in cacao agroforestry plots, Cameroon.".

La liste des publications et communications issues directement de ce travail de thèse est donné en Annexe A.