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1.5 Axes de recherche, questions et hypothèses

2.1.2 Le dispositif du Cameroun

Au Cameroun l’espèce dominante responsable de la pourriture brune est P. megakarya et l’espèce dominante de miride du cacaoyer est S. singularis. Ils sont dans ce pays la maladie et le ravageur qui font les plus importants dégâts aux cacaoyers entraînant des pertes de production considérables. Au Cameroun, le cacaoyer est principalement cultivé au sein d’agroforêts dans deux bassins de production : le bassin sud-ouest et le bassin centre-sud (Figure 5). Notre étude sur le lien entre structure de la végétation des agroforêts à cacaoyers et les mirides et la pourriture brune a lieu dans la région centre du Cameroun.

Choix de la zone d’étude

Dans la région Centre du Cameroun le cacao est cultivé dans une gamme contrastée de conditions agroécologiques et pédoclimatiques (Babin, 2009; Jagoret et al., 2012). Cette gamme s’étend de la zone forestière au Sud du département de Nyong-et-So’o à la zone de transition savane-forêt au Nord du département Mbam-et-Inoubou. Au nord, les zones de savane ne conviennent pas à la croissance du cacaoyer en raison des conditions écologiques et pédoclimatiques qui les caractérisent : pluviométrie inférieure aux exigences du cacaoyer et inégalement répartie, médiocre qualité des sols notamment en termes de matière orga-nique, etc. (Braudeau, 1969; Jagoret et al., 2012). Nous avons choisi de mener notre étude dans le département de la Lékié, sur les agroforêts proches de la ville d’Obala car sur la gamme de production de cacao de la région centre, les agroforêts de cette zone semblent être dans une situation pédoclimatique intermédiaire (Babin, 2009; Jagoret, 2011). C’est une zone forestière fortement anthropisée. La ville d’Obala est localisée à quelques kilo-mètres au nord de Yaoundé, la capitale du pays. Le relief est très varié : collines fortement ondulées, plateaux et plaines avec de larges bas-fonds (Babin, 2009). Il s’agit d’une zone de production stabilisée où les plantations adultes sont en pleine production. L’entretien et les traitements phytosanitaires des parcelles sont réguliers. La pression démographique de cette région impose des pratiques culturales plus intensives et une diversification des cultures. Les sols dominants sont ferralitiques moyennement désaturés (Jagoret, 2011).

Réseau de parcelles

Dans le cadre de cette thèse, un réseau de 20 parcelles d’agroforêts à cacaoyers a été installé dans le département de la Lékié, région Centre du Cameroun (Figure 6). Ce dis-positif expérimental est localisé dans un secteur de 10 x 10 km dans lequel les parcelles paysannes sont réparties dans 3 villages : 9 parcelles sont situées à Nkolobang, 7 parcelles à Zima et 4 parcelles à Mbakomo (Figure 5). Ces parcelles ont été sélectionnées sur le critère d’une densité minimale de 40 arbres/ha associés aux cacaoyers.

L’ensemble des données prises dans ce réseau de parcelles a été recueilli dans des unités d’échantillonnage de 50 x 50 m installées dans chaque parcelle. Cette unité

d’échantillon-Figure 5 – Zone d’étude et réseau de parcelles du département de la Lékié au

Cameroun. A) Cartographie du Cameroun et de ses deux principaux bassins de

produc-tion de cacao. B) localisaproduc-tion des villages abritant les parcelles d’agroforêts à cacaoyers du réseau dans le département de la Lékié.

nage est supposée représentative du reste de la parcelle et sera considérée dans le reste de l’étude comme une parcelle d’agroforêt à part entière.

Cartographie et données

De la même manière qu’au Costa Rica, nous avons mis en place une campagne de terrain pour acquérir des données spatialement explicites indiquant les coordonnées car-tésiennes (x,y) des individus des peuplements étudiés au sein des unités d’échantillonnage sélectionnées. Dans cette partie nous décrivons le protocole utilisé pour cartographier la végétation, qui est différent du protocole utilisé au Costa Rica.

Au Cameroun, le centre approximatif de la parcelle est déterminé à l’aide de mètre ruban et est matérialisé par un piquet. Le centre de l’unité d’échantillonnage est placé au centre de la parcelle de façon à maximiser la distance entre les bords de l’unité d’échan-tillonnage et les bords de la parcelle (Figure 7).

La cartographie est réalisée à l’aide d’un théodolite, station totale Leica Builder 409 en mode prisme (mesure infra-rouge) afin d’éviter les phénomènes de réflexion du mode la-ser. Le mode prisme nécessite que le prisme, porté par une perche de 1.30 m, soit déplacé d’arbre en arbre pour enregistrer leur position. Le théodolite mesure la distance horizon-tale du point de station (c’est-à-dire l’emplacement du théodolite) à la cible (i.e. l’arbre)

Figure 6 – Photographies de quatre parcelles d’agroforêts à cacaoyers du réseau du département de la Lékié au Cameroun.

et son angle par rapport à la ligne de base préalablement enregistrée. L’emplacement du théodolite doit respecter autant que possible plusieurs critères : 1) les deux piquets de la ligne de base doivent être visibles afin d’être enregistrés au début de la cartographie, les quatre piquets d’angle doivent être visibles afin d’être implantés au début de la car-tographie, le théodolite ne doit pas être situés à proximité d’un arbre à fort diamètre (pour éviter les angles morts générateur d’erreur lors de la cartographie). Si possible un seul point de station est effectué par cartographie au centre de la parcelle. Sinon, deux points de station sont réalisés et la ligne de base est enregistrée à chaque déplacement du théodolite d’un point de station à l’autre. Nous décrirons ici la méthode de cartographie lorsqu’un seul point de station est nécessaire et est situé au centre de l’unité d’échantillon-nage à cartographier (comme illustré dans la Figure 7). Les deux piquets matérialisant la ligne de base sont placés à 25 m chacun du théodolite à l’aide de mètre ruban et si possible dans une direction Est-Ouest. La position de ces piquets est enregistrée en tant que ligne de base. Si la forme de la parcelle ne permet pas d’installer un dispositif de 50 x 50 m à partir d’une ligne de base orientée Est-Ouest une autre orientation est donnée à la ligne de base et est notée. Après l’enregistrement de la ligne de base, les quatre piquets d’angle de l’unité d’échantillonnage et les deux piquets restants de milieu de côté sont placés à l’aide de la fonction implantation (Figure 7). Les limites de l’unité d’échantillon-nage sont délimitées par un ruban de signalisation tiré entre tous les piquets. Ensuite une personne prend les mesures au théodolite et l’autre déplace le prisme d’arbre en arbre. Les positions de tous les végétaux haut de plus de 2 m sont enregistrées. La hauteur des

Figure 7 – Schématisation d’une parcelle d’agroforêt du réseau du Cameroun

et de son unité d’échantillonnage.

végétaux considérés dans la cartographie a été abaissée par rapport aux cartographies réalisées au Costa Rica. Il nous a semblé préférable d’abaisser le seuil afin de considérer dans la cartographie les plus jeunes cacaoyers représentant une ressource pour les mirides. Les agroforêts du Cameroun étant globalement beaucoup plus gérées que celle du Costa Rica, la redensification des peuplements et donc la présence des jeunes cacaoyers y étaient plus fréquentes. La personne mobile note dans un carnet de terrain des renseignements sur les végétaux cartographiés : la catégorie (Cacaoyer, Musaceae, Arecaceae, Arbres fo-restiers, Arbres fruitiers), le nom vernaculaire et pour les arbres forestiers et les arbres fruitiers la circonférence et l’appartenance à une strate "supérieure" entre 15 et 30 m , "intermédiaire" entre 5 et 15 m et "cacaoyer" entre 2 et 5 m. Un code permet de relier les renseignements du carnet de terrain sur chaque végétal à la position de ce végétal pris au théodolite. Une fois cartographiés les végétaux sont marqués par une marque de peinture de façon à ne pas être cartographiés à deux reprises. De plus, pour 80 cacaoyers par unité d’échantillonnage une étiquette numérotée de 1 à 80 est agrafée au tronc. Les étiquettes permettent de repérer les cacaoyers suivis pour les données bioagresseurs et quantité de tissus sensible. Ces cacaoyers ont été choisis de façon à être répartis de façon homogène sur la surface de l’unité d’échantillonnage. Ils ne sont pas juvéniles et aucun obstacle ne gêne l’installation de bâche plastique de 4 x 4 m au pied de ces cacaoyers.

Le protocole de cartographie a été construit avec l’aide de Marie Ange Ngo Bieng (UMR System). Les cartographies ont été réalisés en septembre-octobre 2011 en collaboration avec Marie Ange Ngo Bieng (UMR System), Edgard Ebene (villageois de Nkolobang) et Régis Babin (UR106). De plus, en 2013, d’autres renseignements sur les ligneux associés au cacaoyer ont été relevés par Quentin Rougerot dans le cadre d’un stage réalisé au

sein des Unités de recherche UMR System et UR 106 du CIRAD (Rougelot, 2013). Les renseignements sont la hauteur du tronc (du sol jusqu’à la première branche portant des feuilles) et de la couronne (de la première branche portant des feuilles à la cime de l’arbre) au clinomètre, le diamètre de la couronne depuis le sol dans deux directions (Nord-Sud et Est-Ouest), la forme de la couronne (ellipsoïde, semi-ellipsoïde, conique, conique-inversée et cylindrique), la densité du feuillage (suivant cinq classes de pourcentage attribuées à l’œil nu). Les arbres associés aux cacaoyers étaient alors repérés à partir des cartographies réalisées en 2011.