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L’objectif visant le recrutement et la formation des groupes d’aînés a été abordé dans l’ensemble des groupes et a soulevé plusieurs questions. Par ailleurs, puisque cet objectif était perçu comme exigeant aux yeux des participantes, le partage des responsabilités semblait à nouveau s’imposer. Selon le milieu de pratique, le recrutement était envisagé plus ou moins tardivement au cours du processus d’implantation. Par exemple, les participantes du secteur privé ou travaillant dans des organisations de petites tailles visaient un recrutement plus hâtif (ex. : dès 8 mois) que celles du secteur public (ex. : jusqu’à 4 ans). Nonobstant l’aspect temporel du recrutement, une première action à entreprendre serait de rejoindre les aînés avec l’aide d’un réseau de partenaires. Bien qu’elles se reconnaissaient une part de responsabilité quant au recrutement des aînés, les participantes considéraient que cette responsabilité gagnerait à être partagée en incluant des aînés qui agiraient à titre d’agents multiplicateurs : « Si les gens vivent l’expérience [du programme], ils vont en parler plus et le promouvoir. » (G2PuB). Selon les participantes, les partenaires impliqués dans le recrutement devraient être minimalement formés au programme et à l’identification des aînés potentiels : « Que tout le monde soit un peu sensibilisé à qui peut être un bon [participant] pour le programme et qu’un peu de formation soit faite auprès de ces partenaires. » (G2PuB). De plus, afin de rejoindre une majorité d’aînés et de contrer l’absence de demandes de services, les participantes étaient d’avis qu’il fallait développer différentes voies d’accès au programme et une trajectoire de référencement appropriée pour chacune de celles- ci. Ces voies d’accès incluaient les GMF, les guichets d’accès aux soins de santé et de services sociaux, les équipes de soins et le milieu communautaire, tel que rapporté par une des ergothérapeutes : « Aller chercher des gens intéressés par le biais de la FADOQ, de groupes de bénévolat ou de centres communautaires qui interviennent en première ligne

pour les demandes d’aide lorsque les aînés sont en perte d’autonomie. » (G1PuB). En fonction de leurs avantages et de leurs inconvénients, ces voies d’accès étaient perçues comme étant complémentaires. Par exemple, alors que les médecins et les infirmières des GMF représentaient une source importante de référencement, le milieu communautaire apparaissait optimal pour rejoindre une clientèle vulnérable et non utilisatrice de services de santé et sociaux. Des mises en garde ont cependant été formulées quant à l’aspect prescriptif d’éventuelles références des GMF. En effet, bien qu’utile dans le secteur privé pour apporter une légitimité médicale auprès des assureurs, la prescription pourrait aussi affecter négativement la motivation des aînés. Pour les participantes du secteur public, l’apport au recrutement s’actualiserait principalement par une vérification des charges de cas et des listes d’attente. Cette vérification permettrait ainsi de cibler les aînés connus du système et susceptibles de bénéficier du programme : « Rejoindre une clientèle moins affectée dans un objectif de prévention selon la liste d’attente. » (G2M). Pour les participantes du secteur privé, une séance simultanée d’information et de recrutement dans les organisations et les milieux de vie pour aînés serait plutôt l’approche à privilégier : « Aller directement là où sont les aînés pour leur présenter le programme, répondre à leurs questions et créer des liens. De cette façon, on risque d’avoir plus d’inscriptions. Sur le plan marketing, c’est la meilleure approche. » (G1Pr). Qu’il soit effectué auprès d’une clientèle connue ou non des services, par l’ergothérapeute ou un partenaire, un recrutement efficace serait promu par le contact direct entre l’aîné et l’intervenant : « S’en faire parler directement par quelqu’un, que ce soit son médecin, son intervenant ou la personne aux loisirs de sa résidence de personnes âgées, est plus favorable que de seulement voir une publicité. » (G2PuA). Une autre action à entreprendre et qui a soulevé plusieurs questions était de recruter de bons candidats, selon le profil recherché par le programme : « Qu’est-ce qu’on fait pour aller chercher les gens et être certains que ceux qui viennent au groupe sont les bons ? » (G1PuA). En réponse à ce questionnement, une des actions suggérées était l’emploi de questionnaires permettant l’identification de facteurs de risques (ex. : chute, dépression) ainsi que du degré de prédisposition au changement de l’aîné : « On pourrait [utiliser] des questionnaires d’indice de facteur de risque […] ou de ‘readiness to change’. » (G1PuB). Une dernière action relative au recrutement et à la formation des groupes était de déterminer le degré d’homogénéité recherché dans la composition des groupes. Mis à part pour le genre, la

par les participantes. Cette homogénéité leur paraissait surtout utile pour faciliter les sorties, assurer des bénéfices du programme pour chacun et soutenir leur sentiment d’appartenance au groupe : « L’uniformité du groupe est importante dans le programme pour l’identification mutuelle et pour guider les objectifs généraux du groupe. » (G2PuB). L’éventualité d’un groupe plus hétérogène a été évoquée dans un des groupes : « Ça peut amener une dynamique super intéressante d’avoir des gens mélangés en termes d’âges et d’expérience de vie dans un groupe, mais ça peut aussi freiner certaines personnes. » (G2Pr). Quant au genre, ce qui était recherché ne serait pas tant l’hétérogénéité qu’une répartition la plus équitable possible d’hommes et de femmes dans les groupes : « L’équilibre du groupe [est important], car s’il y a huit femmes et un homme, c’est possible que l’homme arrête de venir. » (G2PuA). Afin de favoriser la motivation et la création de liens, le nombre total de participants a aussi été évoqué comme un élément important. Un groupe trop peu nombreux (ex. : 3) était ainsi perçu comme pouvant limiter l’implication des aînés.

4.5.5 Cinquième axe — Piloter le programme

Le pilotage du programme est ressorti comme le cinquième axe du plan d’implantation. Tant pour les participantes du secteur public que privé, l’objectif à atteindre sous cet axe était de réaliser une première expérimentation pilote du programme auprès d’aînés de leur milieu. Puisqu’elle était susceptible de nourrir et de rehausser la robustesse de l’argumentaire auprès de divers acteurs et de démontrer la faisabilité d’implanter le programme, cette expérimentation apparaissait nécessaire. Selon les participantes, il serait ainsi plus facile de ‘vendre’ le programme auprès d’aînés et d’organisations intéressées. L’objectif de piloter le programme serait sous la responsabilité d’ergothérapeutes formées et, plus spécifiquement, de celles qui seraient volontaires, intéressées et prêtes à donner de leur temps.