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4.4 Facteurs d’influences à l’implantation du programme Remodeler sa vie®

4.4.4.2 Caractéristiques des ergothérapeutes

Tout comme pour les aînés, les caractéristiques des ergothérapeutes exerceraient une influence variable sur le processus d’implantation du programme. Tantôt positive, tantôt négative, cette influence se présentait de façon similaire dans les milieux public et privé.

Premièrement, l’implantation du programme serait soutenue des ergothérapeutes favorables et prêtes au changement : « C’est parce que nous avons envie que le programme devienne plus connu que nous sommes toutes motivées à participer à des projets comme celui-là. » (G2PuB). L’attitude des ergothérapeutes envers le programme, et plus globalement envers la PPS, serait positive (ex. : stimulant, enthousiasmant, passionnant), mais c’est leur intérêt qui a été le plus souvent mentionné. Pour plusieurs participantes, l’intérêt ne se limitait pas uniquement aux caractéristiques du programme, mais concernait également l’intention d’apporter des changements à leur pratique : « J’ai vraiment un intérêt poussé à participer à l’implantation ou à l’implanter moi-même. C’est un intérêt grandissant envers ce programme et un intérêt à le faire. » (G1Pr). Selon le modèle de Roehlkepartain

avaient l’intention d’essayer le programme et se préparaient au changement. Comparativement à leurs homologues du secteur public, les participantes du secteur privé et des organisations de petite taille exprimaient une intention de changement plus précise et affirmée : « Quand je veux quelque chose, je vais le faire. » (G2Pr) versus plus conditionnelle et incertaine : « Si je peux trouver un chemin pour l’implanter, c’est peut-être ça que je ferais. » (G1PuA). Qu’importe le milieu de pratique, le passage du stade de la mobilisation vers celui de l’action était mû par un engagement et une motivation personnelle à offrir le programme : « Pour moi, c’est important et je pense que je pourrais mettre mon énergie là- dessus. [L’implantation du programme] pourrait donc devenir une cible vraiment prioritaire à court terme. » (G1Pr). Certaines participantes considéraient même un engagement bénévole dans le cadre d’un stage, d’une préretraite ou d’une journée de congé : « Je pense que je serais capable d’utiliser ma cinquième journée de travail que je prendrais en congé partiel sans solde. J’utiliserais cette journée-là et je ferais avancer le programme. » (G2M).

Deuxièmement, en plus de leur intérêt, de leur engagement et de leur motivation, les participantes rapportaient un sentiment d’efficacité personnelle élevé pour les compétences cliniques, mais plus faible pour les compétences transversales. Tel que mentionné, les participantes se sentaient bien outillées à la suite de la formation du programme Remodeler sa vie®. Cette formation leur a notamment permis d’acquérir les connaissances nécessaires à la présentation du programme et à l’utilisation de son contenu clinique. Même si plusieurs participantes rapportaient se sentir seules à porter le changement, elles se disaient capables d’aller chercher, auprès de partenaires proximaux (ex. : collègues, supérieur immédiat), le soutien nécessaire à une éventuelle implantation. D’une participante à l’autre, cette implantation était envisagée fort différemment. Alors que certaines déclaraient une capacité très partielle à l’implanter (ex. : utilisation uniquement en partie et auprès de clients individuels), d’autres visaient plutôt une implantation intégrale du programme. Au-delà des compétences cliniques, certaines compétences transversales reflétaient un faible sentiment d’auto-efficacité. Tout d’abord, et tel que mentionné, les habiletés d’animation de groupe ont été fréquemment rapportées comme étant lacunaires et faisant obstacle à l’implantation. Il en était de même pour les compétences en matière d’évaluation de programme, de développement d’outils web (ex. : communauté de pratique)

et d’advocacy systémique (ex. : communication persuasive) : « Je ne pense pas que, comme ergothérapeutes, nous ayons de bonnes habiletés pour négocier et argumenter. Je connais très peu d’ergothérapeutes qui, par le passé, ont été capables d’aller quelque part et de frapper fort. » (G2Pr). Les participantes reconnaissaient cependant l’importance de se former, notamment en matière d’advocacy systémique : « Afin d’être des agents de changement, nous avons besoin, comme ergothérapeute, d’entendre des présentations comme celle d’Annie Carrier. » (G2PuA).

Enfin, perception des ergothérapeutes quant à la faisabilité d’implanter serait, selon les participantes, un frein à la mise en œuvre du programme. Unanimement, les participantes percevaient l’implantation réalisable, mais au prix d’efforts considérables : « Je crois que c’est faisable d’implanter, mais avec beaucoup d’énergie, beaucoup de temps. » (G1Pr). En plus du temps à consentir aux séances de groupe et aux suivis individuels du programme, les participantes soulignaient l’importance du temps de préparation pour mener à bien les différentes étapes du plan d’implantation (ex. : s’approprier le matériel, fédérer des partenaires). Pour certaines, ce travail préparatoire était plus grand qu’imaginée et il était susceptible d’entraîner un abandon du projet : « La charge de travail importante décourage plus par rapport à une éventuelle implantation. » (G1PuA). En réponse à cette importante charge de travail, la fédération de partenaires serait nécessaire à une implantation réussie : « On en a beaucoup parlé : au moment de planifier, ce sera essentiel de solliciter des acteurs et de mobiliser d’autres partenaires ; c’est vraiment une condition essentielle sinon ça n’aura pas lieu. » (G2PuA). Selon les liens qu’ils entretenaient avec les participantes, ces partenaires pourraient être soit immédiats, proximaux, intermédiaires ou éloignés et jouer différents rôles (entraide et solidarité intraprofessionnelle, soutien décisionnel, financier ou logistique ; Figure 10)

Types de partenaires susceptibles d’être fédérés

Puisque les participantes situaient unanimement l’implantation du programme dans la zone ‘marécageuse’ de la matrice analytique du contexte (c’est-à-dire présentant un faible niveau de polarisation et de partage des coûts du changement ; Contandriopoulos et al., 2010), des partenaires individuels, associatifs et organisationnels ont été ciblés afin de partager les coûts du changement. Avant d’entreprendre l’implantation, les participantes rappelaient cependant qu’il serait ambitieux de viser une répartition équitable et un engagement entier et soutenu de ces partenaires : « Il faut aller chercher des alliés, des partenaires. Il ne faut pas tenir ça tout seule, mais il ne faut pas attendre non plus que ça soit complètement partagé. Dans ma tête, c’est un peu utopique. » (G2Pr). L’implication d’un trop grand nombre de partenaires ainsi qu’un manque de coordination pour les rejoindre serait aussi susceptible d’alourdir et de retarder l’implantation.