1.1.2� L’INSCRIPTION AU PATRIMOINE MONDIAL DE
L’UNESCO : VERS UNE RECONNAISSANCE
INTERNATIONALE ET DES PROBLÉMATIQUES
NOUVELLES
Nous présenterons les phases de cette reconnaissance (1.1.2.1) avant de réfléchir aux risques de marchandisation et de détérioration qui pèsent sur ce patrimoine (1.1.2.2). L’objectif de ce sous‐chapitre est de montrer les spécificités liées au patrimoine chinois, et au patrimoine concessionnaire en Chine, mais aussi de revenir sur la notion d’authenticité en Orient et sur la manière dont elle s’accorde avec la politique de l’Unesco.1.1.2.1� Une reconnaissance en deux temps : Le patrimoine matériel et
le patrimoine immatériel
Nous analyserons dans un premier temps les phases de cette reconnaissance matérielle (1.1.2.1.1) puis celles touchant le patrimoine immatériel (1.1.2.1.2). 1.1.2.1.1�Le patrimoine matériel (1985) Dès la création de l’Unesco, la Chine se distingue par son dynamisme en devenant, dès novembre 1946, l’un de ses premiers membres fondateurs. Adoptée en 1972, la Convention concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel a pour but la préservation des sites d’une valeur universelle exceptionnelle. Ce texte engage les États signataires à protéger les objets reconnus comme exceptionnels du point de vue de l’histoire, de l’art, de la science ou de l’esthétique, et dont l’existence concerne l’humanité toute entière24. Aloïs Riegl a défini des critères de reconnaissance du patrimoine, qui devaient d’abord concerner les monuments. La notion de patrimoine s’est ensuite étendue à des objets et à des dimensions moins circonscrites, et, plus récemment, à l’immatériel (PRIGENT, 2013).
En 1985 est signée la convention du patrimoine matériel entre l’Unesco et la Chine. Le pays connaît alors le début du développement d’un tourisme culturel et avec lui une
protection accélérée de son patrimoine dans un contexte de plus grande visibilité à l’international. En 1987, on trouve sept sites inscrits parmi lesquels le mont Taishan, la Grande Muraille, les palais impériaux, les grottes Mogao, le mausolée de Xi’an, et le site de l'Homme de Pékin. À travers cette sélection, la Chine se présente ainsi comme le berceau de l'humanité au même titre que l'Afrique. Très rapidement, elle inscrit aussi son patrimoine naturel avec, dès 1992, la région de Wulinyuan, celles de Huanglong et de Jiuzhaigou.
En 1994 vient s’ajouter le Palais du Potala Lhasa. Par cette inscription, la Chine utilise le patrimoine pour montrer au monde ses frontières. Avec la découverte des grottes de Mogao mais aussi de l’Homme de Pékin, le pays se présente comme l’un des foyers de l’humanité et un territoire à l’histoire riche sur les plans religieux et culturels. Sont proposés à l’inscription des sites anciens offrant une profondeur plurimillénaire à l'histoire de la Chine mais aussi des sites témoignant de la présence de minorités sensibles25. En 2014 la liste comprend 47 biens répartis en plusieurs catégories26: ●� 33 biens culturels. ; ●� 10 biens naturels ; ●� 4 mixtes ; On compte aussi 46 sites sur la liste indicative.
25 28 février 2012 Conférence Chine‐Afrique note diffusion des savoirs, CECMC, EHESS, CNRS Natalie Heinrich
Figure 7 : Biens inscrits en Chine en 2014 sur la liste du patrimoine mondial On peut voir sur cette carte que les sites culturels (en jaune) sont plus importants que les sites naturels (en vert) et qu’ils sont essentiellement sur la côte. Notons aussi qu’il y a plus de 47 biens representés sur la carte, ce qui s’explique par le parti pris de l’Unesco de situer par plusieurs points la route de la soie. (Source Centre du patrimoine mondial de l’Unesco, réalisation Daisy Debelle.) Avec ces 47 biens inscrits sur la liste du patrimoine mondial, la Chine se situe devant les 48 autres pays asiatiques membres. Au niveau mondial, elle se positionne derrière l’Italie, devant la France ou l’Espagne27. Malgré une ratification tardive de la convention, en 1985, la Chine a eu une politique de classement très active, portant sur des sites essentiellement situés dans la zone côtière.
En devenant l’un des pays disposant du plus grand nombre de sites classés, la Chine affirme sa présence sur la scène internationale et s’attire la reconnaissance, par les autres pays, de la richesse de son patrimoine. En s’appuyant sur ce classement, elle montre bien à l’Inde mais aussi au reste du monde que le Tibet fait bien partie de son
27 Pour plus de détails voir la liste complète sur le site de l’Unesco : http://www.unesco.org/new/fr/member‐states/countries/
territoire, ce qui n’est pas anodin car d’un point de vue politico‐stratégique, il s’agit d’un des points d’entrée sur son territoire fragile. Pas de site révolutionnaire proposé à l'Unesco mais des sites anciens dont certains sont doublés d’une signification politique.
En 1997 la liste est modifiée, on y trouve désormais les architectures traditionnelles, celles de la vieille ville de Lijiang et de Ping Yao. L’ajout de la catégorie des sites concessionnaires est très récent comme la présence de sites plus contemporains que sont les anciennes concessions comme Macao en 2005. Deux nouveaux sites viennent rejoindre la liste en 2014, avec le Grand Canal, dont un segment traverse Tianjin, et la Route de la Soie. En 2014, la liste du Patrimoine mondial comprenait 1007 sites inscrits dont 47 en Chine. 1.1.2.1.2�Le patrimoine culturel immatériel (2003) La convention de l’Unesco de 2003 a institué la notion de patrimoine culturel immatériel afin de protéger et diffuser le patrimoine de ces communautés dans le pays et le reste du monde. « On entend par “patrimoine culturel immatériel” les pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir‐faire ‐ ainsi que les instruments, objets, artefacts et espaces culturels qui leurs sont associés »28. Le Comité permanent du Xème Congrès national populaire chinois l’a ratifié en 2004, lors de sa onzième session.
La Liste nationale du patrimoine culturel immatériel de la Chine rassemble les dix catégories suivantes : Littérature populaire, Musique traditionnelle, Danse traditionnelle, Opéra traditionnel, Quyi, Sports traditionnels, Spectacle et acrobatie, Beaux‐arts traditionnels, Artisanat traditionnel, Médecine traditionnelle et Coutumes populaires. Tous ces éléments sont classés par entité administrative de la Chine29.
28 Art 1 Convention du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco
29 Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, comité intergouvernemental de sauvegarde, sixième session, Bal, Indonésie, novembre 2011, rapport périodique n°00611, Chine.
Le pays compte désormais 38 éléments inscrits sur la liste en 2013 pour un total de 327 biens 30 et 153 États parties. Chose symbolique, la dernière conférence internationale visant à fêter les dix ans de la convention s’est réunie en 2013 en Chine à Chengdu.
C’est le ministère de la culture de la République populaire de Chine qui est l’organisme chargé de la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. En mars 2005, il a coordonné la mise en place du système de la Conférence interministérielle conjointe pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, laquelle a créé le Bureau de la Conférence interministérielle conjointe, chargé des tâches courantes. Actuellement, la conférence interministérielle conjointe rassemble quatorze départements31.
En 2008, le Conseil d’ État a créé au sein du ministère de la culture un département du patrimoine culturel immatériel qui est chargé d’administrer les activités de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel national. Les autorités locales ont elles aussi constitué des services spéciaux au sein de leurs départements de la culture ou ont confié des attributions spéciales à cet effet à des bureaux ou divisions de leurs propres services administratifs. En juin 2010, des bureaux chargés du patrimoine culturel immatériel avaient été créés dans les services culturels de Pékin, d’autres provinces (Jilin, Heilongjiang, Anhui, Henan, Guangdong, Guizhou, Yunnan, Shaanxi, Xinjiang) et de régions autonomes et municipalités, avec des dotations supplémentaires en personnel. Dans d’autres provinces, les fonctions pertinentes ont été confiées, avec l’approbation des autorités locales, au bureau des cultures sociales relevant de leur Département de la culture.
Parmi les éléments inscrits, beaucoup sont relatifs aux minoritées (BODOLEC, 2012). Ainsi ce sont actuellement les autorités locales qui sont sollicitées pour concrétiser la protection au niveau local, en effectuant le recensement afin d’établir les dossiers du patrimoine immatériel. À l’exception du centre historique de Macao, classé assez
30 http://www.unesco.org/culture/ich/index.php?lg=fr&pg=00311&topic=mp&cp=CN
31 Dont ceux du ministère de la culture, de la commission nationale chargée du développement et de la réforme, du ministère de l’éducation, du ministère de la science et de la technologie, du ministère de l’industrie et des technologies de l’information, de la commission d’ �tat chargée des affaires ethniques, du ministère des finances, du ministère du logement et de l’aménagement urbain et rural, du ministère du commerce, de l’administration nationale du tourisme, de l’administration d’�tat chargée des affaires religieuses, de l’administration d’�tat chargée de la médecine chinoise traditionnelle, de l’administration d’�tat chargée du patrimoine culturel et de l’académie des sciences sociales de Chine.
récemment, en 2005, et de la ville de Kulangsu, depuis 2013, on ne trouve pas d’aute exemples d’architectures occidentales dans ces listes. Dès les années 1950, bien avant la signature de la convention, la Chine a commencé à procéder à la patrimonialisation de son héritage immatériel. Il n’est donc pas surprenant de constater que le pays est aujourd'hui celui qui a le plus d'éléments sur la liste. Cela s’explique d’une part par sa politique très active à l’Unesco, ces dernières années notamment, mais aussi par la richesse de ses traditions et cultures, chantées et dansées notamment. En effet, comme on l’a déjà évoqué plus haut, la Chine attache une importance à la culture immatérielle, alors que la vision française s’intéresse plus au patrimoine monumental (�����������. En 2012, cette politique s’inscrit sur le registre des bonnes pratiques et se présente ainsi comme un modèle. Par bonnes pratiques, on entend ici une mise en scène de son patrimoine, des créations et inventions en fonction de l'auditeur. C’est que le gouvernement fait preuve d’une grande maîtrise de la politique des inscriptions à l’Unesco.
1.1.2.2� Risques de marchandisation et politique de protection : la
question de l’authenticité du paysage urbain
La définition du caractère authentique des biens patrimoniaux en Chine est souvent issue d’une confrontation entre le discours étatique et celui des experts chinois (1.1.2.2.1). Bien souvent en Chine la valeur économique du bien prévaut encore sur la recherche d’un patrimoine authentique. On ne s’intéresse pas alors à la valeur du bien mais à celle que les visiteurs en ont, la plus rentable (1.1.2.2.2) 1.1.2.2.1�L’authenticité comme produit de la reconnaissance de l’État Ce qui fait patrimoine en Chine est très différent de ce qu’on peut trouver en Europe. Il s’incarne à travers les politiques de classement international comme évoqué plus haut, mais aussi à travers les classements locaux et politiques muséales. L’authenticité en sociologie a été introduite par Dean MacCannell (1999) qui l’a associée à la notion de modernité. C’est une notion générale, large mais fondatrice dans l’anthropologie du tourisme (NING, 1999). Malgré les nombreux travaux qui l’ont concernée, elle n’est pas stabilisée. Cela conduit des auteurs comme Reisinger et Steiner (2006) à prôner son abandon en arguant qu’un même concept utilisé dans plusieurs sens différents fait obstacle à la recherche plutôt qu’il ne la stimule. La question de l’authenticité patrimoniale comme on l’entend historiquement n’est plus, semble t‐il, une question d’actualité. Cette notion, telle qu’elle a été longtemps perçue dans sa dimension historique, laisse entendre que l’authenticité se rattache à une période déterminée, et qu’elle implique que des transformations et des évolutions rendent l’objet inauthentique en matière d’origine. Or, il n’y a pas forcément d’origine, le changement est constant (BRUNER, 1994). Il est nécessaire de dépasser cette notion pour chercher à définir ce patrimoine a travers son authenticité existentielle, comme élément de construction, de réalisation personnelle et d’identité.
Ainsi, l’authenticité, est‐elle aussi définie à travers les procédures d’authentification. Comme on l’a vu plus haut, fait patrimoine ce qui est sauvegardé. Notre étude nous amène aussi à nous interroger sur les articulations entre les différents types de reconnaissance de l’authenticité. Comment la définition de ces critères évolue t‐elle ? Les stratégies de conservation des grands organismes internationaux comme l’Unesco et celles des acteurs nationaux ne coïncident pas totalement. Pour être efficace, la protection du patrimoine urbain doit s’effectuer à l’échelle de l’ensemble des agglomérations, en prenant en compte l’articulation entre des villes anciennes et leurs périphéries.
Au final, les grandes opérations d’aménagement ont certes profondément façonné le territoire urbain mais sont‐elles à la mesure de la double contrainte majeure de la ville, c’est‐à‐dire ce contexte particulier de croissance exceptionnelle tant au plan économique que démographique ? Ainsi, la protection patrimoniale ne consiste pas en une opération figée mais s’apparente davantage à un processus d’adaptation permanent, à une réalité en mouvement.
Toutefois, comme Simon Leys32 le rappelle dans son essai, « En Chine, le passé semble habiter les gens plutôt que les pierres » (1998). Le passé investit ainsi plutôt les échanges humains ; il est à la fois spirituel bien que physiquement invisible. La tradition se transmet donc par les hommes et non par le monument.
Reprenant cette idée, Françoise Lauwaert (2012), considère que la réappropriation du passé en Chine se fait aujourd’hui par la construction de musées et la création de monuments. Les destructions qui ont touché la Chine se sont passées si vite que le pays ressent désormais la nécessité de se réapproprier “certaines formes de ce passé ressurgi.” Il en découle un brouillage des repères entre ce qui est authentique et réécrit, recomposé.
Il s’ensuit une situation de flou entre l’authentique et le passé reconstitué, entre le passé des historiens et celui des instances étatiques. Ces traces sont de plus en plus enfermées dans les musées recomposés pour les touristes ‐ un tourisme majoritairement chinois avec ses propres critères d’appréciation.
D’abord issue de l’initiative privée, la politique muséale est passée ensuite entre les mains de l’État chargé « d’éduquer » la population. Les palais et les domaines impériaux se transformèrent progressivement en espace muséaux ou en jardins publics. La mise en scène muséale s’inscrit dans le même mouvement que l’inscription des sites sur la liste de l’Unesco ou que la construction de parcs à thème qui visent à offrir une lecture de l’Histoire.
Des études ont montré que l’idéologie nationaliste se manifestait pleinement avec la construction de musées et notamment dans les anciennes colonies où le développement muséal est particulièrement lié à la décolonisation et à la construction de l’État (KAPLAN 1994, POULOT 1997, MACDONALD 2003, ANDERSON 91). Taiwan ne déroge pas à cette règle (LEE WEI I, 2012. On peut postuler qu’à Tianjin, la période coloniale japonaise, le nationalisme impérial chinois et le colonialisme occidental ont fortement marqué les entreprises muséales. Les associations relèvent en Chine d’une forme d’institution strictement commandée par l’État central et sont gérées par le bureau des affaires civiques de la municipalité ou du district. En tant qu’organismes culturels, les musées sont comme les associations contrôlées par l’État et le parti (LAUWAERT, 2012).
La conciliation entre protection du patrimoine urbain et développement économique est possible, mais cette tâche reste un défi. De nombreuses actions et de lourds investissements ont permis d’améliorer considérablement l’état de conservation et de mise en valeur du patrimoine dans les vieilles villes telles que Pékin, Suzhou ou Hangzhou, améliorations auxquelles les inscriptions sur la liste du patrimoine mondial ont largement contribué. En à peine dix à quinze ans, la Chine a su réparer les dommages de la période maoïste (GIROIR, 2010).
L’authenticité n’est donc pas la même que l’on évoque le classement de l’Unesco ou les classements nationaux. Ces deux ensembles ne portent pas les mêmes projets, puisque l’une vise à la conservation du site, tandis que l’autre a une portée plus économique. La mise en musée, comme l’inscription à l’Unesco, sont des moyens de protéger ce patrimoine mais aussi de l’inscrire dans un discours politique national.
1.1.2.2.2�La valeur socio‐économique du patrimoine. L’authenticité : un faux
débat ?
Avec les nouveaux flux touristiques qui se développent en Chine, la question du patrimoine et de sa valorisation s’est imposée au centre des politiques publiques. En d’autres termes, pour les acteurs publics, le patrimoine et ses problématiques sociales et économiques sont deux aspects indissociables. Le patrimoine s’inscrit dans des politiques de mise en valeur économique et des quartiers, voire des villes, font désormais l’objet de réhabilitations afin d’augmenter leur valeur et leur attractivité. Cette réflexion soulève de nombreuses questions, et notamment celle de la valeur que l’on donne à ce patrimoine. Nous reviendrons dans cette partie sur la notion d’authenticité et sur la relation entre le visiteur et le patrimoine, l’expérience vécue qui nous intéresse ici tout particulièrement et qui joue un rôle dans l’évolution du paysage urbain.
Ainsi, à première vue, est authentique ce qui a valeur d’héritage. Ce qui permet de distinguer ce qui est vrai de ce qui ne l’est pas, et d’exclure automatiquement de la définition tout ce qui est faux. Dans le cas du patrimoine urbain, les espaces de la modernité sont souvent considérés comme inauthentiques car détachés de l’histoire de la ville et produits de la mondialisation donc identiques les uns aux autres. La revendication patrimoniale est censée s’appuyer sur les quatre valeurs d’une société : historicité, exemplarité, beauté et identité (�����������).
En opposition, le tissu urbain patrimonial serait un élément d’identité qui structure le territoire et le définit. Dans leur article, Yves Bonard et Romain Felli font état, en 2008, pour décrire ce patrimoine, de patrimoine fétiche. Ils considèrent qu’apposer le caractère d’authenticité à un objet patrimonial revêt un caractère fétiche au sens
marxiste du terme33. Un objet donc concret, situé hors de toute considération sociale ou économique qui s’oppose à la standardisation du paysage urbain que propose le patrimoine moderne.
« Le caractère fétiche de la « marchandise » patrimoine permet de comprendre l’authenticité, de même que l’inauthenticité, comme des catégories propres aux perceptions inhérentes au capitalisme, qui découlent de la dialectique entre la valeur d’usage et la valeur d’échange des marchandises. Dans ces conditions il n’y a donc pas un vrai et un faux, mais la production historique d’un authentique qui est le résultat nécessaire du type de relations sociales propres au capitalisme » (����������������� �����.
En abordant le sujet différemment, on peut finalement refuser d’interroger la notion d’authenticité et se contenter d’étudier la perception que les touristes en ont (������� ����������������������. Dans cette perspective, il n’y aurait pas alors de « vrai » et de « faux » authentiques, mais la production historique d’un authentique qui est le résultat nécessaire du type de relations sociales propres au capitalisme. On fait ici référence à l’authentique fétiche. Le caractère fétiche de la marchandise‐patrimoine permet de comprendre l’authenticité, de même que l’inauthenticité, comme des catégories propres aux perceptions inhérentes au capitalisme, qui découlent de la dialectique entre la valeur d’usage et la valeur d’échange des marchandises.
Pour le touriste, est vrai ce qui est réel. Ce qui peut nous ramener à citer la notion de faux authentique (BROWN������� telle qu’elle est présentée par Umberto Éco dans La Guerre du faux (1985). Eco voyage aux États‐Unis à la recherche de la « chose vraie » ou, plutôt, de ce qui est présenté comme tel aux visiteurs : la « vraie réalité », l’expérience ultime. Sa recherche prend un caractère fantastique, allant de la Forteresse de la Solitude au Palais des Arts vivants, en passant par le Château enchanté ; des lieux qui