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Recherches sur l’insertion socioprofessionnelle au sein d’entreprises d’insertion 

3.   RECHERCHES PORTANT SUR LES JEUNES NON DIPLÔMÉS 39

3.2  Recherches sur l’insertion socioprofessionnelle au sein d’entreprises d’insertion 

Le tableau qui suit présente des recherches portant sur le milieu des entreprises d’insertion socioprofessionnelle au Québec et une recherche en contexte français en raison de certaines similitudes avec les entreprises québécoises.

Tableau 2

Synthèse de recherches sur les entreprises d’insertion socioprofessionnelle

Chercheurs Entreprises d’insertion Méthodologie Apports et limites

Ladeuix (2001) 4 entreprises Étude de cas Apports : concept d’exclusion; insertion sociale par le travail; économie sociale

Limites : aucune informa- tion sur l’accompagnement ou les projets des partici- pants

Pierre (2009) 33 participants

4 entreprises Entretiens semi-directifs/Analyse qualitative

Apports : insertion sociale par le travail; des difficultés d’insertion demeurent pour nombre de participants, surtout des femmes

Limites : aucune information sur l’accompagnement ou les projets des participants Quintero (2011) 15 participants et 11 employés de 3 entreprises Entretiens semi- directifs/Analyse qualitative et récits de vie

Apports : réussite selon les variables sociales et professionnelles

Limites : accent sur l’insertion professionnelle Comeau (2011) 48 entreprises Questionnaire Apports : portrait

socioéconomique et statistiques Limites : aucune information sur l’accompagnement Vultur (2003,

2005) 16 participants (18-30 ans) Entretiens semi-directifs/Analyse qualitative

Apports : pédagogie adap- tée aux besoins personnels; projets à long terme et rela- tions personnelles avec les intervenants Limites : échantillon/milieux d’insertion; pas d’accompagnement de projets personnels France : Mandouélé (2011)

15 jeunes entre 20-24 ans en Mission Locale (organisme d’insertion professionnelle) Analyse qualitative/ Entretiens semi- dirigés Apports : trajectoires et projets d’avenir et accompagnement

Limites : pas d’information sur l’accompagnement de projets

Le portrait socioéconomique des entreprises d’insertion du Collectif québécois dressé par Comeau (2011) souligne leur réussite en termes de taux de placement. Deux autres recherches, soit celles de Ladeuix (2001) puis de Pierre (2009), s’intéressent à l’exclusion, à l’insertion sociale par le travail et aux pratiques d’insertion socioprofessionnelle. Ladeuix (2001), par son étude de cas visant quatre entreprises d’insertion du Québec, insiste sur la démarche de ces entreprises qui préconisent l’insertion par l’économie et provoquent des modifications de comportements qui ont des effets positifs à tous les niveaux de la vie des participants (logement, santé, etc.). Ainsi, Ladeuix (2001) souligne que ces entreprises agissent autant sur le savoir-être (qualification sociale) que sur le savoir-faire (qualification professionnelle). Toutefois, cette auteure n’élabore aucunement sur les moyens ou les méthodes utilisées pour y arriver. Pour sa part, Pierre (2009) a effectué une recherche qualitative au moyen de 52 entretiens, dont 33 avec des participants (23 femmes, dont 16 mères de jeunes enfants), dans quatre entreprises d’insertion à Montréal (secteurs d’activités : aide-cuisinier, informatique, commis d’entrepôt ou couture). Il y reconstruit les trajectoires des participants d’un à trois ans après leur départ. Il indique que le rapport à la maternité et l’insécurité d’emploi peuvent perpétuer la situation difficile des jeunes mères en termes de précarité, et ce, même après leur sortie de l’entreprise d’insertion. Ce passage leur a permis de prendre confiance en elles et de se sentir plus outillées sur le marché du travail, donc des éléments faisant partie à la fois de l’insertion sociale et de l’insertion professionnelle. Toutefois, cette recherche n’a pas traité des projets ni de l’accompagnement reçu par les participants. Ainsi, le fait que de nombreuses recherches ne considèrent pas l’accompagnement alors que d’autres s’y intéressent, particulièrement celles touchant les jeunes qui parviennent à s’insérer socialement ou professionnellement (Vultur, 2005; Vultur, Gauthier et Trottier, 2006) grâce à l’accompagnement, nous amène à penser qu’il y a possiblement là une avenue de recherche intéressante afin d’en savoir plus sur l’accompagnement de ces participants dans une entreprise d’insertion.

Pour sa part, Quintero (2011) examine les facteurs de réussite de participants au programme de trois entreprises d’insertion regroupées sous le nom de Relance Outaouais, membres du Collectif. L’auteure a interrogé 15 participants ayant quitté depuis deux ans l’une de ces entreprises, ainsi que 11 employés (direction, cadre ou gestionnaire et personnel technique) au moyen d’entretiens semi-dirigés et de récits de vie. Il s’agit, à notre avis, d’une recherche intéressante sur le passage de participants au sein d’entreprises d’insertion socioprofessionnelle, puisqu’elle est basée sur les témoignages des participants afin de démontrer les facteurs de réussite ou d’insuccès liés aux participants eux-mêmes, au programme ou à l’entreprise. Il faut noter que l’évaluation de la réussite de l’insertion socioprofessionnelle des participants est examinée par Quintero (2011) selon la satisfaction des attentes des participants au programme, leur perception de leur réussite et des changements intervenus lors du passage au sein de l’entreprise. Les critères utilisés sont : a) le développement d’un mode de vie normal et équilibré, b) le développement de l’employabilité, et c) l’insertion et l’intégration à l’emploi. En outre, l’examen des variables composant ces critères montre l’importance de celles relatives à l’insertion sociale (mode de vie, habitudes de vie, situation personnelle et familiale, santé physique, santé mentale, employabilité, savoir-être, compétences relationnelles et motivation). Quant aux variables reliées à l’insertion professionnelle, elles sont regroupées ainsi : attitude à l’égard du travail, action et réalisation, assistance et service, efficacité personnelle, savoir-faire, objectifs professionnels et expériences de travail avant le passage dans une entreprise d’insertion socioprofessionnelle. Pour Quintero (2011), il semble que l’accent soit davantage mis sur l’insertion professionnelle que sur l’insertion sociale, car les agents ou les intervenants d’insertion sont situés à l’extérieur de l’entreprise Ces agents peuvent toutefois, dans certains milieux, accompagner les participants dans différentes situations et contextes, tels que la recherche de logement, des questions reliées à la vie familiale ou autre, selon les besoins, malgré qu’ils ne soient pas présents sur les lieux de l’entreprise. Certains de ces éléments rejoignent ainsi des sphères de vie exposées notamment par Supeno (2013).

En somme, qu’il s’agisse de recherches dans des entreprises d’insertion socioprofessionnelle ou dans d’autres contextes, il est important de spécifier que les résultats des études précitées sont plutôt intéressants et qu’ils peuvent être transférés dans notre recherche, même s’ils ne peuvent être généralisés, en raison à la fois de la taille des échantillons et des mesures différentes auxquelles participent ces jeunes. En outre, Gauthier (2011) souligne la rareté des recherches sur l’insertion professionnelle des jeunes sans diplôme d’études secondaires autant en France qu’au Québec. Il attribue ceci, du moins en partie, à l’historique de la notion d’insertion dans ces deux pays et aux statistiques souvent basées sur l’obtention du diplôme ou d’un emploi.

De ces études, nous retenons principalement ce qui suit :

a) la capacité de certains jeunes à déployer des stratégies individuelles pour contrer un déterminisme social et familial;

b) l’importance et l’interaction des sphères de vie dans les trajectoires ou les parcours de vie de jeunes adultes non diplômés vivant des situations de précarité;

c) les différentes composantes de ces sphères de vie, tant au niveau de l’insertion sociale qu’au niveau de l’insertion professionnelle;

d) les notions de réussite différentes selon les chercheurs;

e) les indications quant à l’importance de l’accompagnement, mais sans en présenter les éléments distinctifs;

et f) la mention de la capacité de certains jeunes non diplômés de se projeter dans l’avenir ou de faire des projets de formation ou d’emploi.

Ainsi, notre recension d’écrits scientifiques comporte des éléments éclairant la situation de jeunes adultes non diplômés dans différents milieux d’insertion. Toutefois, aucune de ces recherches ne présente des informations spécifiques sur l’accompagnement par les différents intervenants impliqués dans leur cheminement ou leur programme, bien que les chercheurs insistent sur l’importance de l’accompagnement comme faisant partie d’une sphère de vie, par exemple (Supeno, 2013). Même dans le secteur des entreprises d’insertion socioprofessionnelle,

l’accompagnement fait partie de la mission, mais les chercheurs ne s’y attardent pas vraiment et ne semblent pas s’intéresser aux jeunes non diplômés de 18 à 35 ans spécifiquement. Selon plusieurs chercheurs, la réussite des participants aux différents programmes ou services semble plutôt attribuable à certains facteurs personnels et organisationnels (Comeau, 2011; Quintero, 2011). De plus, l’accompagnement ne reçoit de considération qu’en fonction du programme et de la nécessité de l’adapter, mais sans plus d’information sur les relations avec les intervenants ou les pratiques d’accompagnement de ces derniers.

Dans ce contexte, nous avons tenté de trouver des recherches traitant de l’accompagnement de jeunes adultes non diplômés en situation de précarité ou des recherches portant sur leurs projets personnels et professionnels.

3.3 RECHERCHES SUR L’ACCOMPAGNEMENT ET LES PROJETS DE JEUNES ADULTES