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En résumé, nous avons examiné des questions relatives au contexte économique et éducatif et aux difficultés d’insertion socioprofessionnelle de jeunes adultes non diplômés de 18 à 35 ans ainsi que des mesures mises en place pour soutenir ces jeunes, dont les entreprises d’insertion socioprofessionnelle au Québec. L’état de la recherche scientifique concernant ces mesures et ces entreprises se situe surtout en contexte d’organismes d’insertion ou d’établissements scolaires au Québec selon que nous examinions l’insertion socioprofessionnelle, l’accompagnement ou les projets, et concerne souvent des jeunes de 16 à 24 ans. En France, nous trouvons davantage de résultats de recherche sur l’accompagnement au sein d’entreprises ou d’organismes d’insertion socioprofessionnelle s’adressant à des jeunes adultes non diplômés de 18 à 35 ans vivant des situations de précarité, alors qu’au Québec, les recherches dans ce secteur se concentrent sur l’organisation et les résultats, le plus souvent sans examen, ni mention des projets des participants. Toutes ces recherches ne présentent que peu d’information sur l’accompagnement offert par les intervenants

ou sur les projets personnels et professionnels de ces jeunes au sein d’entreprises d’insertion socioprofessionnelle.

L’accompagnement y est souvent cité comme nécessaire mais non explicité, et surtout, il n’y a pas de lien entre l’accompagnement et les projets. Par conséquent, cet écart entre les recherches et la connaissance de ce qui se passe au sein de ces entreprises, notamment l’absence de résultats a) sur les éléments explicites faisant partie des projets des jeunes et b) sur les questions relatives aux pratiques d’accompagnement des projets personnels et professionnels de jeunes adultes non diplômés de 18 à 35 ans au sein d’entreprises d’insertion socioprofessionnelle, nous amène à poser la question générale de recherche suivante : Comment s’effectue l’accompagnement de projets personnels et professionnels de jeunes adultes non diplômés de 18 à 35 ans au sein d’entreprises d’insertion socioprofessionnelle?

Cette question présente un intérêt certain sur le plan scientifique, mais également sur le plan social et sur celui de l’orientation des pratiques professionnelles au sein d’entreprises d’insertion socioprofessionnelle au Québec. Les prochaines sous-sections permettent de justifier la pertinence sur ces différents plans.

4.1 Pertinence de la recherche sur le plan scientifique

Au plan scientifique, cette recherche devrait contribuer à combler le vide en ce qui a trait à l’accompagnement en contexte d’entreprises d’insertion socioprofessionnelle et l’accompagnement de projets de jeunes adultes québécois. D’un point de vue conceptuel, elle permettra d’étayer davantage le construit de l’accompagnement de même que celui de projets, en détaillant notamment – tant sur le plan conceptuel que pour l’avancement des connaissances – les liens ou interrelations entre les projets personnels et les projets professionnels. Notre recherche doctorale s’intéresse ainsi aux projets de jeunes adultes non diplômés de 18 à 35 ans inscrits dans des entreprises d’insertion socioprofessionnelle, en considérant

l’accompagnement reçu par les jeunes ainsi que leurs projets personnels ou professionnels. Nous désirons décrire les pratiques d’accompagnement de jeunes adultes non diplômés de 18 à 35 ans ainsi que les projets personnels et professionnels de ces jeunes, et ainsi contribuer au développement des connaissances scientifiques sur ces sujets. En effet, une telle recherche peut apporter un éclairage différent de celui des recherches actuelles en entreprises d’insertion socioprofessionnelle qui privilégient souvent l’opinion des intervenants et des représentants quant aux structures en place (Comeau, 2011; Ladeuix, 2001).

4.2 Pertinence de la recherche sur le plan social et de la pratique

La pertinence sociale, et celle relative aux pratiques professionnelles, se situent au niveau de la connaissance de certaines initiatives mises en place pour favoriser l’insertion socioprofessionnelle de ces jeunes et celle du milieu des entreprises d’insertion au Québec. En outre, une meilleure compréhension de l’accompagnement et de son impact sur le développement de projets personnels et professionnels pourrait permettre aux praticiens de l’orientation et de l’insertion de mieux cibler leurs interventions et de proposer des voies d’amélioration de la formation en matière d’insertion socioprofessionnelle. Ainsi, comme le soulignent Trottier et Gauthier (2007), des résultats de recherche sur les parcours de jeunes non diplômés peuvent orienter des initiatives différentes et novatrices des programmes actuels, souvent axés sur le raccrochage. Plus largement, le développement de connaissances sur l’accompagnement et les projets de ces jeunes peut avoir un impact à long terme sur les mesures à mettre en place pour favoriser leur insertion socioprofessionnelle et leur permettre une plus grande contribution à l’économie et à leur environnement social.

Au prochain chapitre, nous présentons le cadre conceptuel qui sert d’assise à notre recherche sur l’accompagnement de projets personnels et professionnels de

jeunes adultes non diplômés de 18 à 35 ans en contexte d’entreprises d’insertion socioprofessionnelle.

DEUXIÈME CHAPITRE CADRE CONCEPTUEL

La problématique exposée au premier chapitre nous a amenée à poser la question de l’accompagnement et des projets de jeunes adultes non diplômés de 18 à 35 ans dans le cadre d’entreprises d’insertion socioprofessionnelle au Québec, ce qui met en relief différents concepts1 que nous présentons ci-après. Le cadre conceptuel que nous proposons aborde donc différents concepts ou construits explorés en trois parties distinctes, soit : l’insertion socioprofessionnelle, les projets et l’accompagnement de jeunes adultes non diplômés, particulièrement en milieu d’entreprises d’insertion socioprofessionnelle.

Nous sommes consciente que ces construits ont été abordés par des auteurs provenant de différentes disciplines et dont les postures peuvent parfois être contradictoires, mais compte tenu du contexte particulier des entreprises d’insertion socioprofessionnelle, qui embrassent à la fois les sciences sociales, l’éducation et l’économie, pour ne nommer que ces champs de connaissances, nous faisons le choix d’adopter une posture épistémologique selon laquelle « bien qu’il existe probablement autant de genèses de connaissances qu’il y a de théories et de chercheurs » (Verhaeghe, Wolfs, Simon et Compère (2004, p. 19), on peut structurer ce qu’on veut observer en utilisant les notions qui nous paraissent utiles ainsi que les critères et catégories pour réaliser notre étude. Comme le soulignent Verhaeghe et al. (2004), plusieurs théories et plusieurs chercheurs peuvent expliquer une même situation empirique ou le même phénomène et arriver à des conclusions tout à fait différentes, puisque chacun porte sa vérité en quelque sorte et son regard distinct sur l’objet de recherche. Dans ce sens, nous prenons plutôt la position de Gauthier (2009)

1 Les différents éléments faisant partie de notre cadre conceptuel se révèlent plus des construits que des concepts, selon la traduction de la définition de Cronbach et Meehl (1955) : une entité théorique complexe, inféré et inobservable.

à l’effet que la méthodologie relevant de la recherche sociale « traite de l’homme dans ses relations avec les autres hommes » (p. 3), et la tendance actuelle est à la multidisciplinarité et la collaboration entre les différents champs et disciplines.

Ce chapitre se termine par la présentation de l’objectif général et des objectifs spécifiques de notre recherche.