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Introduction de la première partie

Encadré 2 : Les Objectifs du Millénaire pour le développement

I- les rapports sociaux de sexe : un nouveau paradigme de développement

Repenser les rapports avec l’autre pour les pays émergents s’accompagne de l’amélioration des conditions de vie et du rôle des femmes dans ces sociétés, dans lesquelles elles jouent un rôle important dans le développement économique, social, politique et culturel.

L’émergence d’une approche de développement appliquée surtout dans les PVD a évolué beaucoup plus dans le volet économique que social. Elle a traduit d’une façon

générale le rôle des femmes comme actrices et bénéficiaires du développement.

Depuis 1975, plusieurs approches ont caractérisé les politiques et les approches envers les femmes ; le bien être, l’égalité, l’anti pauvreté, l’efficacité, l’accès au pouvoir… Le tableau suivant résume cette évolution :

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Tableau 1 : L’évolution des approches de développement67

Théorie/ Approche Modernisation 1950-1960 Bien-être 1960-1970 Besoins essentiels 1970-1980 Efficacité 1980-1990 Lutte contre la pauvreté1990-1999 Origine Issue de la pensée

évolutionniste qui postule que l’évolution des sociétés passe par différents stades. Par conséquent, les pays en voie de développement doivent suivre, en accéléré, « l’évolution économique » des pays occidentaux.

Les résultats des programmes de modernisation sont mitigés mais on poursuit sur la même lancée. La distribution de la richesse est inégale et une partie de la population, la plus défavorisée, s’est même appauvrie. On prend de plus en plus conscience que les modèles d’économie « moderne » contribuent à la croissance des inégalités. Malgré le succès de l’intégration de certains pays en développement dans l’économie mondiale .On constate la détérioration de la croissance

économique dans les autres pays en développement, mais aussi des pays dits "développés". Les programmes de développement ont eu un impact limité dans la réduction de la pauvreté et l’amélioration des conditions de vie des populations vulnérables. Apparition du concept de développement humain.

Objectifs Intégrer l’économie des pays en voie de développement à l’économie mondiale. Croissance économique.- Redistribution des richesses. - Amélioration des services publics. Susciter la participation des populations défavorisées au développement économique en renforçant leur productivité. On poursuit l’objectif de la croissance économique et de l’intégration à l’économie mondiale des pays en développement mais on cherche à rationaliser les dépenses de l’État et donc de réduire les programmes sociaux. Assurer un développement viable et équitable en assurant la participation des populations concernées. Préoccupation grandissante par rapport à la protection de l’environnement.

Moyens - Injection massive de capitaux. - Projets industriels à grande échelle. - Restructuration de l’agriculture. -Programmes d’amélioration de la santé. - Accès à l’éducation. -Programmes d’amélioration de la santé. -Accès à l’éducation - Grandes campagnes de planning familial -Programmes d’ajustements structurels -Renforcement des capacités des populations à se prendre en charge et à initier leur propre développement - Préserver et mettre en valeur les ressources naturelles. Besoins et rôles des femmes - Rôle économique des femmes occulté.

- Les grands projets de restructuration de l’économie contribuent à appauvrir les femmes. - D’emblée, on croit que le développement économique profitera à tous, y - Renforcement du rôle de reproduction (domestique et éducation des enfants) des femmes. - Les femmes ont un rôle de bénéficiaires.

- Apparition de l’approche IFD qui contribue à attirer l’attention des opérateurs de développement sur les besoins des femmes.

- On ajoute un volet « femmes » aux projets qui visent surtout à améliorer leur performance dans leur rôle de

- Les deux premières décennies du développement se sont caractérisées pour les femmes par l’invisibilité de leur contribution économique, l’accroissement de leur charge de travail et l’augmentation de la pauvreté. - Reconnaissance du rôle économique des

- Malgré les politiques IFD, la situation des femmes ne s’est pas

améliorée - Apparition de l’approche genre et développement qui vise à transformer les rapports femmes-hommes pour assurer un développement équitable et durable en répondant aux besoins pratiques et

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compris les

femmes. reproduction femmes besoins stratégiques des femmes et des

hommes.

Les approches de développement ont connu une évolution depuis les dernières décennies. La modernisation stipule l’intégration des PVD dans l’économie mondiale qui profitera aux femmes. L’approche du bien-être vise la redistribution des richesses et des opportunités par l’amélioration des services (la santé, l’éducation) et dont les femmes sont bénéficiaires. L’approche des besoins essentiels, avec la prise de conscience des inégalités dans l’économie moderne a suscité la participation des populations défavorisées au développement et en améliorant les services de base (santé, éducation). Ces démarches ont conduit à l’apparition de l’approche de l’intégration des femmes dans le développement qui prend en compte les besoins des femmes.

Dans la théorie de l’efficacité, la croissance économique et l’intégration des PVD s’accompagne de la rationalisation des dépenses et de la réduction des programmes sociaux par le plan d’ajustement structurel (PAS). Malgré la reconnaissance du travail des femmes, leur contribution reste invisible dans le développement qui s’accompagne par la croissance de leur charge du travail et par l’augmentation de la pauvreté.

La théorie du développement humain, quant à elle, vise un développement équitable, humain et durable en répondant aux besoins pratiques et intérêts stratégiques des femmes et des hommes.

Pour comprendre cette évolution, nous présentons les importantes approches qui ont marqué le développement:

1- Femmes et développement

Durant les dernières décennies, depuis 1975, les conférences internationales ont été consacrées à attirer l’attention sur les femmes, ignorées des agences de développement à l’époque et à recommander des mécanismes et des instruments pour réformer les relations traditionnellement construites entre les sexes. De la conférence de Mexico en 1975, de Copenhague en 1980, de Nairobi en 1985 et de Pékin en 1995, de la session spéciale de l’Assemblée générale, intitulée «Pékin + 5», de « Pékin + 10 » en 2005 et

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le sommet de l’ONU, l’intégration transversale de la perspective du genre est devenue une condition pour atteindre les objectifs millénaires de développement.

« Cette constance de la préoccupation onusienne depuis 1975 se caractérise aussi par l’évolution de l’approche de la question féminine par l’organisation internationale, à mesure que s’est affiné le regard porté sur les mécanismes de la domination sexuelle et que se sont multipliées les études sur le sujet. D’une certaine façon, la conférence de Pékin, qui a réuni en 1995 plus de trente mille femmes dans la capitale chinoise, a clos deux décennies d’implication du système des Nations unies en faveur de «l’intégration des femmes au développement» pour ouvrir un nouveau cycle de la réflexion et de l’action internationales, davantage axé sur la problématique du genre, c’est-à-dire sur l’ensemble des retombées économiques, sociales et culturelles de la division sexuelle de la reproduction et de la production. Dans ce domaine, les Nations unies se sont fait l’écho des profondes évolutions conceptuelles qu’a connu la «féminologie» durant les dernières décennies du XXe siècle, et ont été très influencées par les discours et les actions des mouvements féministes qui ont connu un remarquable développement

planétaire au cours de ces décennies »68.

Dans les théories de développement, plusieurs approches, entre 1990 et 2000, ont été initiées pour la femme et le développement, comme les « Femmes et développement » et « Femme dans le développement », et « Genre et développement ».

L’approche femme et développement est une approche qui cherche à intégrer les femmes dans le processus de développement, à travers l’accès des femmes aux nouvelles technologies et à l’éduction. Plusieurs programmes et actions de développement intègrent le rôle des femmes et les considèrent comme des individus à part entière avec leurs besoins et leur identité. Les conférences de Mexico (1975), de Copenhague (1980), et de Nairobi, (1985) ont permis de souligner des recommandations pour rabaisser les obstacles à l’égalité des sexes et à la participation des femmes au développement.

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Cependant, cette approche a enregistré des lacunes dans son application et son fondement, en négligeant les rapports hommes / femmes, ne cherchant pas à les modifier et ne prenant pas en compte ni les différences, ni la vie privée des femmes. En se basant sur l’hypothèse que le changement des rapports sociaux de sexes s’opèrera automatiquement lorsque les femmes deviendront des partenaires économiques de développement à part entière.

2- Genre et développement

Consciente des critiques émanant des approches précédentes, l’approche « genre et développement » a pu montrer que le problème ne réside pas dans les femmes en elles-mêmes, mais dans les inégalités d’accès aux ressources. Cette évolution du chercheur a conduit au développement de la réflexion à l’égard de la femme en tant que bénéficiaire et actrice en même temps, et il a mis l’accent sur l’importance de la femme comme agent de changement.

L’approche du genre et développement a mis l’accent sur les besoins pratiques des femmes et les intérêts stratégiques de celles-ci. Cela a constitué une nouvelle approche et une véritable émergence d’un nouveau paradigme de développement. Elle vise à changer les relations sociales pour réduire les inégalités entre les hommes et les femmes en octroyant plus de pouvoir aux femmes sans minimiser pour autant celui des hommes. Malheureusement, cette approche est souvent réservée à la recherche et non à l'intervention.

En 2001, tenant compte du rôle des institutions sociales et les pratiques culturelles (lois, normes, traditions et codes de conduite) et leurs influences, dans les pays émergents, dans la discrimination durable à l'encontre des femmes, la Banque Mondiale a lancé une étude sur l'égalité des sexes qui a recommandé l'urgence de réformer les institutions afin d'instaurer l'égalité des droits et des chances entre les hommes et les femmes.

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Les femmes constituent le groupe social qui est mondialement le plus touché par les inégalités et par la discrimination. Des inégalités touchent la plupart des femmes dans les différents pays du monde, mais beaucoup plus les femmes des PVD. C’est dans ce sens que les différentes approches de développement sont la plupart dédiées aux PVD et les pays émergents où les inégalités dans les rapports sociaux de sexe sont notables. Cette approche se caractérise par « une stratégie qui vise à permettre l’intégration des préoccupations de programmes et projets de développement. Une approche qui

cherche à promouvoir l’égalité entre les sexes par l’empowerment des femmes et des

hommes dans la population et dans les activités de développement. Une approche qui prône des valeurs d’égalité dans tous les domaines où les écarts entre les hommes et les femmes sont grands, notamment dans la division du travail ; l’accès aux services et aux ressources ; le contrôle des ressources et des bénéfices ; le pouvoir décisionnel. Une approche qui ne se concentre pas uniquement sur les femmes ou sur les hommes, mais plutôt sur la transformation des rapports entre les genres dans un sens plus égalitaire. Une approche qui ne tente pas de marginaliser les hommes mais d’élargir la participation des femmes à tous les niveaux. Une approche qui ne vise pas à transformer les femmes en hommes, mais bien à s’assurer que l’accès aux ressources

ne relève pas de l’appartenance à un sexe »69.

Tableau 2: IFD et GED