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Introduction de la première partie

INTEGRATION DESFEMMES AU

DEVELOPPEMENT (IFD) GENRE ET DEVELOPPEMENT (GED)

1. l'approche

Une approche qui considère les femmes

comme étant un problème Une approche du développement

2. le centre d'intérêt

Les femmes Les rapports femmes - hommes

3. le problème

L'exclusion des femmes (qui représentent la moitié des ressources potentielles de

production) du processus de développement.

Les relations inégales de pouvoir (riches et pauvres, femmes et hommes) qui empêchent un développement équitable ainsi que la pleine

69Thèse de doctorat, F. Boufenik, (2010), « L’intégration du genre dans l’approche de l’économie informelle : Le cas de la

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participation des femmes.

4. l'objectif

Un développement plus efficient, plus

efficace. Un développement équitable et durable, où les femmes et les hommes prennent les décisions.

5. la solution

Intégrer les femmes au processus de

développement existant. Accroître le pouvoir des plus démunis et des femmes. Transformer les relations non égalitaires.

6. les stratégies

Projets pour femmes. Volets femmes. Projets intégrés.

Accroître la productivité des femmes. Accroître le revenu des femmes d'effectuer les tâches traditionnellement liées à leur rôle.

Identifier/considérer les besoins pratiques déterminés par les femmes et les hommes en vue d'améliorer leur condition.

Traiter en même temps des intérêts stratégiques des femmes.

Faire face aux intérêts stratégiques des pauvres par un développement axé sur les gens.

(Source : Un autre genre de développement. Un guide pratique sur les rapports femmes- hommes dans le développement, CCCI/Match/Acopi, Québec, 1991).

Si les approches des femmes ont essayé de donner des pouvoirs aux femmes pour changer les rapports sociaux inégaux entre les hommes et les femmes, mais qui ont été critiquées par leur considération de l’homme comme adversaire, l’approche « genre et développement » a été fondée sur une analyse des constructions sociales de sexes dans le développement. Son principe de base est l’analyse de ces constructions et l’intégration de l’autre sexe dans les luttes contre les inégalités.

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II- Mainstreaming ou l’Approche intégrée du genre

Traduite en français, l’approche intégrée du genre est une approche qui tente de changer la domination masculine, en se focalisant sur l’égalité entre les sexes (égalité de traitement, égalité des chances, action positive, discrimination positive, etc.) et suppose des politiques qui respectent et prennent en compte la différence.

Pour un changement structurel, il a fallu mettre en place une stratégie globale et transversale, celle de mainstreaming afin d’évaluer les actions et les politiques et leurs répercussions sur les femmes et les hommes tout en tenant compte des spécificités et des besoins des femmes et des hommes qui sont différents des uns et des autres. Cela suppose à transformer la société (institutions, politiques, programmes, acteurs) pour s’adapter à ces besoins spécifiques à chaque groupe social au même niveau d’égalité.

III- L’empowerment

Depuis les années 6070, c’est avec le mouvement afro-américain que le concept

d’empowerment est lié à la prise de pouvoir, où les femmes mettent l’accent sur l’estime de soi, la confiance en soi et la capacité de choisir les orientations dans la vie, c’est à dire la capacité des femmes à se prendre en charge de manière individuelle. L’empowerment pour le renforcement du rôle de la femme comme le stipule la Déclaration de Pékin dans son paragraphe 13 est « le renforcement du pouvoir des femmes et leur pleine participation dans des conditions d’égalité dans toutes les sphères de la société, incluant la participation aux processus de décision et l’accès au pouvoir, sont fondamentaux pour l’obtention de l’égalité, du développement et de la paix ». L’empowerment qui est une composante basée sur l’approche genre et intégrée dans les programmes de développement est pour Dagenais et Piché (1994) «un

processus par lequel, au moyen de leurs luttes contre l’oppression, les actrices et les acteurs sociaux augmentent individuellement et collectivement leur pouvoir,

c’est-à-dire leur autonomie et leur contrôle sur leur propre vie et dans la société». Il permet :

70Selon J. Falquet, (2003 : 63), « on peut trouver les premières références à l’empowerment dans le radicalisme noir

nord-américain des années 1960 et dans le travail communautaire de “conscientisation” inspiré notamment par Paulo Freire au Brésil puis dans de nombreux pays du Sud ».

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- un accès et contrôle des ressources ;

- un accès à une formation spécialisée ;

- un accès aux positions d’autorité et de prise de position ;

- un accès aux groupes d’intérêt et aux réseaux ;

- une sensibilisation aux aspects liés au genre dans la société ;

- une conscience et une estime de soi.

Dans l’approche d’empowerment, pour N. Kabeer, (1992-1994), il est insuffisant de s’intéresser uniquement à l’aspect quantitatif (nombre de femmes occupant des postes de responsabilité ou ayant un mandat politique), mais de remettre en cause les politiques de développement et les rôles des acteurs hommes et femmes. Cela conduit à une nouvelle façon de repenser le développement.

Pour C. Moser (1989), l’empowerment est « la capacité des femmes à accroître leur propre autonomie et leur force interne. Cela est identifié comme le droit de faire des choix dans la vie et d’influencer la direction des changements via la capacité

d’acquérir le contrôle sur les ressources matérielles et non matérielles »71.

L’acquisition du pouvoir au niveau individuel ou collectif, tel qu’il est considéré par l’empowerment, de développer la capacité de faire le choix, initié par Sen A. (2000), a été reprise par N. Kabeer, et élargie à la notion de capacité des personnes de disposer des choses et de faire des choix.

Cela suppose qu’au niveau individuel avoir des choix et des opportunités pour réaliser ses projets, son bien- être et avoir une meilleure qualité de vie. Et au niveau collectif, le renforcement de la justice sociale par la garantie des structures et des mécanismes qui assurent les mêmes chances aux hommes et aux femmes pour réaliser leurs projets de vie.

71C. Moser, (1989), « Gender Planning in the Third World: Meeting Practical and Strategic Gender Needs, World Development», Vol. 17, No. 2.

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Ce qui soulève un éventail de pouvoirs : le « pouvoir sur », le « pouvoir de », le « pouvoir avec », et le « pouvoir intérieur » qui sont les quatre niveaux de pouvoir de l’empowerment. Il s’inscrit dans une approche systémique de l’organisation sociale, négociant le changement social qui reconnait la place et le rôle des femmes et des hommes dans la société.

Cette approche va nous permettre d’élaborer une grille d’analyse qui reprend les différentes dimensions et perceptions d’empowerment des femmes élues dans les collectivités territoriales ainsi que dans l’administration centrale du ministère de l’intérieur.

Ce concept d’empowerment est utilisé beaucoup plus comme un indicateur pour mesurer le progrès et l’efficacité pour les agences de développement, d’une part et d’autre part, il constitue un critère de transformations des conditions de vie des femmes pour les militants.

Mais, l’empowerment se fait à deux niveaux, l’un par rapport à la capacité de changement personnel de chacun, hommes ou femmes et l’autre par rapport au changement politique et social.

IV- La construction sociale des sexes

Est ce que les différences biologiques prennent une importance sociale ? Comment ? De nombreuses recherches ont démontré que les stéréotypes de sexes, c'est-à-dire les traits et l’ensemble d’attributs qui caractérisent les membres d’un groupe de sexe, « donnent forme et contenu à nos perceptions, normalisent nos jugements, nos évaluations, nos interprétations, nos attentes relatives aux hommes et aux femmes, guident nos comportements, modifient nos rapports à autrui et génèrent un monde à

leur image »72.

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Le processus est complexe, car les rapports sociaux de sexe qu’il faut analyser et repenser, se transforment, se déconstruisent et se construisent, Les rapports sociaux de sexe sont donc une nouvelle donne épistémologique remettant en cause certaines méthodologies de recherche.

Le survol de ces approches n’est pas une fin en soi, mais leur présentation est nécessaire pour comprendre les rapports sociaux de sexe et développement.

« Cette rétrospective historique, si rapide soit-elle, permet néanmoins de faire quelques constats : l’énorme déploiement de mécanismes, structures, conventions, résolutions, stratégies n’a pas suffi pour que les femmes, partenaires de facto du développement deviennent des partenaires de jure. Les évidences quant à la participation économique et sociale des femmes ont beau être flagrantes, criantes, ces évidences continuent à se heurter à une surdité culturelle et politique obstinée. Malgré tout, les femmes sont sorties de l’invisibilité où elles étaient confinées, un savoir s’est constitué et les discours politiques des hommes se sont affinés, celui des femmes s’est renforcé, de telle sorte que le discours sur le développement est peu à peu contraint à inclure les femmes dans ses énoncés. Le mouvement est désormais irréversible même s’il est loin

de suivre une progression linéaire »73.

Avant de traiter la question des rapports sociaux dans les pays du Sud (section 4), la galaxie internationale présente une initiation exhaustive de la femme dans le droit international (section 2) et la femme dans la galaxie mondiale et onusienne (section 3).

73J. Bisilliat et C. Verschuur S/ Direction, « le Genre : un outil nécessaire », AFED (Paris) ŔFI (Genève), in Cahiers Genre et développement n°1, p 22.

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