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L’approche des capabilités et les rapports sociaux de sexe : Vers un changement des rapports sociaux de sexes

Introduction de la première partie

Section 3: De l’ « Approche par les capacités » au développement humain vers une société plus juste

II- L’approche des capabilités et les rapports sociaux de sexe : Vers un changement des rapports sociaux de sexes

L’étude des rapports sociaux de sexe permet d’examiner le rôle et le statut des femmes et des hommes dans la liberté de choix de leurs capacités et de leurs fonctionnements ainsi que leur impact sur la vie de chacun. Cette approche permet de mesurer le bien-être de l’homme et de la femme et d’identifier la manière d’agir et de faire pour améliorer ce bien être.

Pour A. Sen (1987) « les femmes nous intéressent plus particulièrement car elles constituent le groupe qui se trouve le plus lésé face à l’accès à certaines capacités indispensables à leur bien-être et à leur bon développement ».

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La liberté des femmes et des hommes de choisir une vie dont ils souhaitent, est bien la même, mais le choix peut être déterminant, car les inégalités des capacités et des opportunités ne sont pas les mêmes pour les groupes sociaux. Des variables biologiques et sociales déterminent la liberté des hommes et des femmes qui varient selon l’espace et le temps. Ayant les mêmes capabilités et possédant la liberté de choisir, les femmes n’arrivent pas à avoir le même choix que les hommes de faire, d’être et d’agir comme elles le souhaitent.

Les pays du Sud offre l’exemple des inégalités du bien-être et de limitation de liberté de choisir les capabilités de fonctionnement. Le problème des inégalités, par exemple dans certains pays d’Afrique, à différents niveaux (social, sexué, spatial, économique,…), touche essentiellement les inégalités d’accès aux ressources, aux biens, aux services de base, aux opportunités, aux capacités, aux modes de fonctionnement de faire, d’être et d’agir.

Dans ce contexte, l’évaluation de la justice sociale s’avère difficile, car la liberté et l’égalité, comme caractéristiques de celle-ci sont inégales et confisquées parfois par « la résignation » et la « «fatalité ». Le choix personnel qui est le centre de la décision de l’individu, comme le stipule A. Sen, dans sa théorie des capabilités, est passif dans ce contexte face à la pauvreté, aux conflits, aux guerres, aux pandémies…

L’objectif est donc de garantir un minimum d’accès aux services et aux biens pour assurer l’accès au bien-être, et faire profiter aux femmes les capabilités de fonctionnement. Rendre les femmes capables de choisir les fonctionnements pour assurer leur bien-être et la vie qu’elles souhaitent mener par la lutte contre les inégalités de capabilités. Dans ce sens, le développement par la liberté permettrait de repenser la justice sociale.

En conséquence, les objectifs de justice, d’égalité, d’équité et de liberté, poursuivis par les politiques publiques doivent prendre en considération cette approche de capabilités qui met au centre le choix de l’individu de son bien-être.

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Cette économie du bien-être est une approche économique qui permet d’évaluer les situations sociales et de mesurer les décisions publiques entreprises par les Etats. Face à la résistance des inégalités entre les hommes et les femmes, A. Sen propose un

double processus : d’une part un processus politique, à travers « l’action politique des

femmes » elles-mêmes, pour faire reconnaître leurs discriminations et porter leurs revendications ; et d’autre part un processus économique, de « l’action économique des femmes », qui passe à travers leur participation croissante « à l’emploi rémunéré et au travail à l’extérieur du foyer ».

La garantie de négociation des femmes au sein du ménage passe selon Sen par le biais de leur participation économique et leurs accès à des emplois rémunérés leur donnent la liberté de choix de leur vie.

En sommes, l’extension des « capacités » des femmes et la promotion de l’emploi

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Les mutations économiques ont une influence sur les transformations des relations entre les femmes et les hommes, qui ont des impacts sur le changement des rôles des femmes dans la participation, la prise de décision, l’accès et le contrôle des ressources. C’est dans ce sens que le développement vise à donner plus de chances et d’opportunités aux femmes, et non pas à les rendre égales aux hommes.

La diversité des approches économiques a pour finalité commune la prise en compte des rapports sociaux de sexe.

Les rapports et les échanges entre le Nord et le Sud ont enrichi d’une façon ou d’une autre les approches de développement et ils ont développé le corpus méthodologique participatif.

Partant du principe que le travail des femmes est désavantagé par rapport aux hommes, leurs besoins et leurs intérêts ne sont pas pris en considération, ce qui met les femmes et les hommes à des niveaux différents du développement, l’approche des capabilités selon A. Sen se fonde sur la liberté des choix des fonctionnements comme vecteur du changement pour les femmes et pour les hommes pour être, faire et agir. Les femmes et les hommes choisissent les opportunités et les capacités pour mener la vie dont aspire et souhaite chacun.

Dans cette approche, l’agent est acteur, il choisit les opportunités et les ressources qui lui permettent de choisir son bien- être et sa capacité de donner du sens et de la valeur à son choix. Si les ressources sont une nécessité pour le bien-être des femmes et des hommes, elles constituent un « élément de la richesse ou de la puissance d’une

nation »65.

L’ensemble des fonctionnements d’un individu, d’après A. Sen, qui reflètent ses caractéristiques à travers ce qu’il fait et ce qu’il est, ne peuvent amener l’individu à réaliser la qualité de sa vie qu’à travers la valorisation de ses potentialités et à avoir accès à des opportunités économiques et sociales.

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L’objectif est donc de garantir un minimum d’accès aux services et biens pour assurer l’accès au bien-être, et faire profiter aux femmes les capabilités de fonctionnement. Rendre les femmes capables de choisir les fonctionnements pour assurer leur bien-être et la vie qu’elles souhaitent mener par la lutte contre les inégalités de capabilités est la finalité de cette approche. Dans ce sens, le développement par la liberté permettrait de repenser la justice sociale.

Cette économie du bien-être est une approche économique qui permet d’évaluer les situations sociales et de mesurer les décisions publiques entreprises par les Etats. Cependant, cette approche présente des limites car elle reste complexe dans les PVD où la qualité de vie est condamnée par l’absence des éléments de base et par un déséquilibre de gestion des biens et des services (santé, éducation) qui conditionnent la réalisation du bien-être. Si les biens premiers naturels ou sociaux ne sont pas favorisés, les critères de base de choix pour l’individu sont presque difficiles.

Pour G. Becker, face à des travaux et tâches identiques, s’expose un traitement inégal

entre les personnes. La prévention contre les femmes traduite par Becker par le goût

pour la discrimination de l’employeur conduit à l’exclusion des femmes ou par l’écart de salaire par l’entreprise.

La thématique des rapports sociaux de sexe développée au niveau salarial est relativement importante dans les théories économiques. La première développée

autour de l’analyse des salaires par la discrimination pure par G. Becker (la discrimination par goût), la deuxième est traité par la discrimination statistique par

E. Phelps. La troisième, la théorie du capital humain qui a développé la formation

comme vecteur du changement salarial et de carrière des hommes et des femmes avec G Becker.

Dans le contexte du rendement du capital humain et l’investissement dans l’éducation comme déterminant du salaire, entre travailler et se former, G. Becker développe sa

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Le renforcement et la croissance du niveau d’éducation et les connaissances ainsi que les compétences qu’elle permet de diffuser augmentent la productivité qui conduit à un salaire élevé.

Cependant, cela reste un avantage beaucoup plus pour les hommes que pour les femmes. Les employeurs font profiter les hommes des formations professionnelles, par conséquent leur revenu est plus élevé que celui des femmes.

L’objectif dans ce chapitre était de puiser dans les théories économiques des capacités qui s’offrent aux femmes et aux hommes, la discrimination pour comprendre les ségrégations des rapports sociaux de sexe en milieu professionnel et les inégalités des salaires entre les femmes et les hommes.

Par ailleurs, la plupart des approches économiques ont centré leurs travaux sur les inégalités entre les hommes et les femmes, notamment sur les inégalités des salaires entre les groupes sociaux, mais en contre partie plusieurs inégalités restaient inexpliquées et elles passaient sous le titre de la discrimination d’une façon globale et exhaustive.

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