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Recherche 2 : Proximité des représentations

6.1.1. Rappel théorique

L’analyse des modélisations et des recherches menées sur le concept d’équipe de travail, en psychologie, a conduit à la formulation d’un modèle d’analyse systémique (cf. figure 26, correspondant à la figure 19 du chapitre 3). Ce modèle se veut tant un modèle heuristique, de par l’intégration des nombreuses notions associées au concept d’équipe, qu’un modèle épistémologique, de par l’éclairage qu’il apporte sur la construction des savoirs sur ce même concept.

Figure 26 – Modélisation du système « équipe » et de la place des représentations individuelles. Modelling of the system “team” and the place of the individuals representations.

Ainsi, l’environnement, qui est un élément essentiel au travail en équipe (cf. chapitre 1), crée et oriente celui-ci par différentes actions externes. Ces actions allonomiques prennent la forme d’objectifs, sanctions ou d’interventions régulatrices groupales, au sens d’Aubé & al (2006). Elles constituent la part de contrôle du système. Par ailleurs, la dynamique d’équipe, s’appuyant sur la structure du groupe et les échanges entre ses membres et initiée par les actions de l’environnement, prend la forme d’observables (Rousseau & al, 2006 ; Lepine & al, 2008), choisis et construits par l’observateur. Lorsque celui-ci est un membre de l’équipe, ces observables vont participer à la dynamique du groupe, en termes homéostasiques ou entropiques. Lorsque l’observateur appartient à l’environnement du système (manageur ou client, par exemple), ces observables vont permettre à cet environnement de réorienter ses actions à destination de l’équipe. En qualité d’observateur scientifique, notre objectif est de comprendre (cf. chapitre 2) le système « équipe », d’un point de vue psychologique.

Environnement Observables : Efficacité, Cohésion rendement, CPEG, satisfactions, TMX, Economie… Dynamique d’équipe Représentations individuelles du système Objectifs, sanctions tâches…

Epistémologiquement, il semble que l’information contenue dans le système soit son élément essentiel. Elle est l’objet de la dynamique et des processus du système. Observer ces informations, c’est donc observer cette dynamique. Notre système étant psychosocial, l’information l’est donc également. Théoriquement et psychologiquement, après l’analyse des notions au chapitre 3, il semble que les éléments du système « équipe » illustrant au mieux ces informations, soit les représentations portées par ses membres. Elles ont donc une légitimité théorique et expérimentale à être l’objet de cette recherche.

Par ailleurs, les résultats de la première recherche, comme la réflexion amenant à la problématique, conduisent à la formulation d'une même perception psychologique de l'équipe : un système psychosocial aux processus de communications et d'échanges d’informations déterminants pour la réussite et la pérennité du système. Ces communications et échanges s'appuyant, de fait, sur un ensemble de représentations individuelles plus ou moins partagées au sein de l'équipe, la place et le rôle de celles-ci semblent centrales dans le système « équipe ».

Il faut, cependant, rappeler que ces « représentations » sont, au même titre que les autres notions présentées au chapitre 1, un construit observable. En principe donc, elles appartiennent à la case « observables » de la modélisation (cf. figure 26). Mais, elles apparaissent théoriquement comme l’observable le plus heuristique, fidèle et illustratif de la dynamique de l’équipe. Là où l’efficacité est subjective et où la cohésion peut être idéologiquement marquée (cf. chapitre 1), ces représentations semblent le construit le plus pertinent pour observer la dynamique.

Dès lors, acceptant la notion de « représentation du système » comme indicateur utile, il s’agit, à présent de comprendre quelles sont leurs places et rôles dans le système « équipe ».

6.1.2. Problématique

La question de cette recherche porte sur les positions que les représentations individuelles occupent les unes par rapport aux autres. Autrement dit, ce sont les distances entre celles-ci qui deviennent l'objet d'étude, et non plus les représentations en elles-mêmes et leur contenu.

En effet, de nombreux travaux se centrent sur la valeur absolue de l’observable qu’il considère, comme se peut être le cas lorsque sont mesurés l’efficacité, le rendement, la satisfaction ou le sentiment d’efficacité, par exemple. Cette position scientifique et méthodologique conduit, sans doute, à renforcer l’approche idéologique du concept étudié, attribuant tantôt une valeur positive à son contenu tantôt une valeur négative. Or, l'objectif n'est pas de comprendre quelle représentation « absolue » doit adopter le membre quant à l'équipe pour que celle-ci soit efficace, mais de comprendre si les représentations relatives des membres, c’est-à-dire vis-vis des autres, sont un facteur

important dans la dynamique et l'efficacité de l'équipe, à l'image des études sociographiques de Moreno (1934) sur les groupes et leurs membres (cf. chapitre 1).

Ainsi les questions, qui découlent de ce premier axe de réflexion, peuvent prendre les formes suivantes. Note : ces questions se veulent ouvertes et non orientées, elles ne constituent pas, en soit, des hypothèses de recherche ou des hypothèses opérationnelles, qui sont présentées ensuite.

- Pour qu'une équipe soit efficace, ses membres doivent-ils avoir des représentations proches quant à leur système « équipe » ?

- Cette proximité entre les représentations des membres, pour garantir une efficacité, compte-elle un minimal et/ou un maximal ? Autrement dit, faut-il que tous partagent une seule et même représentation ou faut-il une distance minimale ? Inversement, existe-il une distance trop grande qui correspondrait à une rupture et/ou à une perte possible d'efficacité de l'équipe ?

- Les représentations des membres ont-elles un lien particulier avec la représentation du manageur de l'équipe, et ce lien est-il associé à la dynamique de l’équipe et l'efficacité groupale ?

L’efficacité, même si elle correspond à la conceptualisation avancée au chapitre 1 (Savoie & Beaudin, 1995), ne constitue pas le facteur essentiel et la finalité en soient de cette recherche. L’efficacité est davantage, utilisée comme un second observable de la dynamique de groupe, en plus des observables « classiques » : communications, modes de décisions… Il est, en effet, légitime de supposer qu’un système « équipe » jugé efficace est un système présentant une dynamique suffisante et appréciable. Il est donc concevable que d’autres observables aussi robustes auraient pu être utilisés, comme la cohésion par exemple. Des choix devaient être faits.

La problématique de cette recherche est donc centrée sur la distance des représentations des membres quant à leur système « équipe », et de leur lien avec la dynamique de l’équipe et son efficacité. L’étude de cette distance est proposée sous deux angles, d’une part (1) une distance entre les membres eux-mêmes, et d’autre part (2) une distance entre les membres et le manageur encadrant l’équipe.

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