• Aucun résultat trouvé

Section 4 : la Science et l’Innovation dans le modèle de la Triple Hélice

1- Le rôle de l’université dans le modèle de la Triple Hélice

Il existe de nombreuses études empiriques sur la collaboration entre les organismes publics de recherche (universités et instituts de recherche) et les entreprises privées (principalement manufacturières). La plupart de ces études portent sur les acteurs de la collaboration, les facteurs déterminants de la collaboration ainsi que son but, ses formes et l’évaluation de sa performance (Cohen et al., 1998 ; Fritsch et Lukas, 2001 ; Cohen et Walsh, 2002 ; Perkmann et Walsh, 2007 ; Tether et Tajar, 2008)

Les auteurs du modèle de la Triple Hélice prévoient dans cette réorganisation des partenaires institutionnels que l’université va jouer un rôle plus important en matière d’innovation. Godin et Gingras (2000) ont également vu que l’université joue un rôle potentiellement prédominant puisque la fonction de production de connaissances est de plus en plus intégrée dans l’infrastructure de la connaissance. En d’autres termes, la contribution des universités à l'innovation industrielle est devenue plus cruciale (Etzkowitz, 2003 ; Godin et Gingras, 2000 ; Mowery et Sampat 2004).

L’effet paradoxal de la relation entre l’Académie et l’Industrie a été observé. Le transfert des connaissances scientifiques et technologiques des universités vers l'industrie a été considéré comme un facteur essentiel au développement économique d'un pays, mais aussi comme un problème complexe avec plusieurs implications économiques, politiques et culturelles (Aghion et al., 2005, 2008 ; Bozeman, 2000).

Selon une étude sure « Economist » (David ;1997), le concept d’une économie fondée sur la connaissance sert à « représenter l’université non seulement comme un créateur de connaissance, un formateur des jeunes esprits, un émetteur de la culture mais aussi comme un agent majeur de la croissance économique : L'usine de la connaissance, pour ainsi dire, au centre de l'économie de la connaissance ». De cette perspective, les universités sont censées à soutenir l'émergence des clusters industriels dynamiques et à jouer un rôle crucial dans le développement économique.

114 Les universités sont largement reconnues comme un moteur clé dans le développement et le maintien d'une économie de l'innovation (Aubert et Reiffers, 2003 ; Etzkowitz et Dzisah, 2008 ; Razak et Saad, 2007 ; Villasana, 2011). Cependant, le développement d'une économie de l'innovation exige que les universités aillent au-delà de la formation des travailleurs à l'intégration de la production de connaissances comme activité principale (Villasana, 2011).

La notion américaine d’« université entrepreneuriale», tout comme les sollicitations récentes (1999 avec les lois dite « Allègre ») adressées aux scientifiques pour qu’ils créent des start-ups témoignent de l’imbrication des sphères industrielles. Elles développent des comportements entrepreneuriaux comme la création d’entreprise. Dans le même temps, les firmes développent une dimension académique, partageant les connaissances avec chacune des autres sphères et entraînant les employés à des niveaux de compétence plus élevés : «Les chercheurs du monde académique deviennent des entrepreneurs et commercialisent leur propre technologie ; des entrepreneurs travaillent dans des laboratoires universitaires ou des bureaux de transfert technologique, les chercheurs du secteur public travaillent en même temps dans des entreprises privées, les chercheurs des secteurs universitaires et industriels gèrent des agences régionales de transfert technologique » (Viale et Ghiglione, 1998). Dans ce sens, le développement d'une économie de l'innovation exige qu’au-delà de la recherche académique et de la formation, les universités intègrent de la production de connaissances auprès du monde socio-économique comme activité principale.

Une économie de l'innovation suppose la création de nouvelles idées et technologies et les mécanismes nécessaires pour les transmettre au marché (Datta et Saad, 2011). Pour cette fin, il est nécessaire d’avoir un réseau solide entre les entreprises, les universités et les organismes gouvernementale afin de partager la connaissance et générer des nouvelles idées qui sont pertinentes aux réalités locales et aux contextes internationaux (Razak et Saad, 2007 ; Villasana, 2011). Etzkowitz et Dzisah (2008) ont vu aussi que les universités peuvent jouer un rôle central dans la promotion des réseaux qui font circuler les individus entre les universités, le gouvernement et l'industrie. Les frontières institutionnelles flexibles permettent aux individus de circuler entre des divers secteurs, d’inciter l’échange des perspectives et de promouvoir les nouvelles idées (Etzkowitz & Dzisah, 2008 ; Villasana, 2011).

Cette nouvelle approche montre donc que l'université traditionnelle peut jouer un rôle vivant dans l'innovation. Elle constitue la pierre angulaire de la Triple Hélice. Les auteurs ont

115 déduit que l'intersection de l'Université, avec l'Etat et l'Industrie, va étaler son rôle pour traiter non seulement la recherche traditionnelle mais aussi la recherche industrielle. Les universités génèrent ainsi un certain nombre d'institutions intermédiaires qui les relient à des intérêts économiques et sociaux.

Les pouvoirs publics locaux sont amenés ainsi à intervenir à un niveau de plus en plus fin, à la fois dans la définition et le pilotage des programmes de recherche scientifique, et comme « entrepreneurs publics » dans l’assemblage des ressources publiques et privées nécessaires à l’émergence de nouvelles activités économiques (Rallet,1999).

Dans cette perspective, l'innovation institutionnelle vise à promouvoir des relations plus étroites entre les facultés et les entreprises. La TH a aussi introduit le modèle de « transition infinie » (endless transition) où la recherche fondamentale est liée à l'utilisation d'une série de processus intermédiaires (Callon, 1998), souvent stimulée par le gouvernement. Le modèle soutient l’idée d'avoir de multiples coévolutions. Il y aura non seulement des transformations internes dans chaque hélice mais aussi une influence de chaque hélice sur les autres dans une approche systémique.

Le modèle de TH est considéré comme un moyen, d'intensification des efforts et des intérêts collectifs et d’optimisation des efforts et des résultats, pour un développement à long terme. Le modèle de la Triple Hélice montre non seulement les relations entre l’université, l’industrie et le gouvernement, mais aussi les transformations à l’intérieur de chacune de ces hélices. Suivant ce modèle, L’université va au-delà d’une institution d’enseignement vers une structure qui combine l’enseignement et la recherche. Cette interaction amène des fins productives et rentables (Leydesdorff et Etzkowitz, 2000)

Comme Rieu (2104) a déclaré que l’innovation est un processus institutionnel complexe en mettant l’accent sur les effets des interactions dans le cadre du modèle de la Triple Hélice (TH). La signification réelle de l'innovation va au-delà de la conceptualisation traditionnelle de générer de nouveaux produits et des nouvelles idées et se concentre sur le but de ce processus. Dans le contexte européen actuel de développement d’une meilleure société future, ce dernier doit être efficace en rapport avec les stratégies des relations publiques et le principe de l’université entreprenariat. Les stratégies des relations publiques et le principe de l’université entreprenariat s’intègre normalement dans un débat plus large concernant le développement

116 d’une économie basée sur la connaissance. Comme Tarnawska et Mavroeidis (2015), ont montré que dans une économie basée sur la connaissance les opportunités de développement sont illimitées, comme nous pouvons augmenter la production et améliorer la qualité avec moins de ressources.

Cette nouvelle approche d’innovation met également toujours l’accent non seulement sur l’importance de l’amélioration des produits, des services et des processus ou des stratégies organisationnelles, mais aussi un objectif plus important comme celui-ci est lié à des composants humains et relationnels. Ceci est un engagement prolongé de chaque acteur (individuel ou institutionnel) vers la création d'un avenir plus prospère. Au-delà de la création de nouveautés, l'approche actuelle de l'innovation met l'accent sur le partage des connaissances, c.-à-d. la diffusion des informations et des résultats de sorte qu'ils peuvent être utilisés sur une plus grande échelle (Tarnawska et Mavroeidis, 2015).

Plusieurs approches théoriques et des actions concrètes ont vu le jour de la perspective complexe du modèle de Triple Hélice (les interactions entre les universités, l'industrie et gouvernement) liées aux objectifs particuliers concernant le développement de l'économie de connaissance ou les initiatives du triangle de connaissance (éducation-recherche-innovation) de l'Union Européen. La nouvelle approche du processus d'innovation était introduite par le modèle TH qui explore la relation entre le milieu universitaire, l’industrie et les institutions gouvernementales pour augmenter la compétitivité régionale. Cette nouvelle approche est soutenue face à la crise économique de 2008 ; les organisations ont été confrontés à des insécurités et des incertitudes dans des différents domaines (financier, économique, social, monétaire, politique).