• Aucun résultat trouvé

L’innovation dans les clusters de type Technologie de l’Information et de Communication

Section 1 : clusters technologiques d’innovation

2. L’innovation dans les clusters de type Technologie de l’Information et de Communication

Dans notre projet de recherche, nous nous intéressons à étudier l’innovation dans les clusters et en particulier de type de Technologie de l’Information et de Communication (TIC). Les termes « innovant » et « high-tech » sont souvent utilisés de façon interchangeable. L'intérêt des milieux universitaires et les décideurs politiques dans les clusters industriels innovants (avec une référence particulière aux industries liées aux TIC) et leur processus de développement peut être expliqué en termes de leur performance impressionnante. Cette performance peut être mesurée par une croissance annuelle à deux chiffres du nombre de nouvelles entreprises, les revenus, l'emploi et l'exportation (Bresnahan et al, 2002).

Nauwelaers (2001) a observé que les politiques de clusters ne représentent pas non plus une innovation en matière d’intervention publique, mais plutôt une combinaison innovante d’instruments existants (programmes de coopération entre l’université et l’industrie, mise en place de fonds de capital de risque, renforcement des infrastructures, soutien aux programmes et organismes de formation, politiques visant à attirer les investissements étrangers, etc.).

La problématique concernant les caractéristiques et les spécificités des clusters et réseaux d’innovation occupe une place prépondérante dans la littérature empirique récente consacrée aux secteurs High-Techs ( Hamdouch, 2008 ; Leducq et Lusso, 2011) , notamment les clusters de type Biotechnologique (Swann et Prevezer, 1996 ; Depret et Hamdouch, 2000 ; Waluszewski, 2004 ; Chiaroni et Chiesa, 2006) et Technologies de l’Information et de la Communication (Saxenian, 1994 ; Zhang, 2003 ; Bresnahan et Gambardella, 2004 ; Vicente et Suire, 2007).

L’étude de Saxenian (1994) sur le pôle technologique Silicon Valley a conclu qu’il est important d’avoir de réseaux sociaux locaux qui unissent les différents acteurs (chercheurs, entrepreneurs, investisseurs) et favorisent la création d’entreprises. Zhang (2003) montre que les clusters industriels de haute technologie sont caractérisés par une activité entrepreneuriale

72 développée ; c’est à la suite des travaux de Schumpeter (1934) que l’auteur insiste sur le fait que « l’apparition d'un ou quelques entrepreneurs facilite l'apparition des autres »14.

Bresnahan et Gambardella (2004) ont travaillé plutôt sur la problématique de la formation des clusters ; comment se naissent les clusters de Type Technologie de l’Information et de Communication (TIC). Vicente et Suire (2007) ont récemment montré le rôle des effets information dans l’établissement des deux clusters Silicon Valley et le Silicon Sentier (Paris). Selon Leducq et Lusso (2011), le concept de cluster d’innovations ou cluster innovant a donc progressivement émergé de ces travaux (Pressl et Solimene, 2003 ; Ernst, 2006 ; Depret et Hamdouch, 2006) et a manifesté le discours d’économistes territoriaux travaillant sur les hautes technologies.

OECD15 (1999) a proposé une définition des clusters innovants en tant que16 « des réseaux de production dans lesquels les firmes sont fortement interdépendants (incluant les fournisseurs spécialisés et les clients reliés les uns aux autres dans une chaîne de production de valeur ajoutée), les agents de production du savoir (universités, instituts de recherche, entreprises), les investisseurs et les institutions bancaires (consultants, courtiers) jouent un rôle structurant »

Preissl et Solimene (2003, p. 61) ont proposé une définition relativement simple des clusters d’innovation17 : « un cluster est un ensemble d'organisations interdépendantes qui contribuent

à la réalisation d'innovations dans un secteur économique ou une industrie ». Ils ont présenté plusieurs caractéristiques clefs des clusters d’innovation :

- « Les clusters ne sont pas conçus comme des agglomérations géographiques. Cela ne signifie pas pour autant l’inexistence d’effets bénéfiques potentiels de la proximité géographique éventuelle. Ce qui est souligné en revanche, c’est le fait que, dans certains processus ou projets d’innovation, c’est la qualité de l’expertise technologique des partenaires qui prime (plus que la proximité géographique), et c’est la possibilité de communiquer sous

14 “the appearance of one or a few entrepreneurs facilitates the appearance of others” Schumpeter (1934) 15 Organization for Economic Co-operation and Development (OECD), (1999), Boosting Innovation: The Clusters

Approach, Paris, OECD.

16 "Clusters are characterised as networks of production of strongly interdependent firms (including specialised

suppliers), knowledge producing agents (universities, research institutes, engineering companies), bridging institutions (brokers, consultants) and customers, linked to each other in a value-adding production chain" (OECD, 1999, p. 5).

17 "A cluster is a set of interdependent organisations that contribute to the realisation of innovations in an

73 forme électronique qui induit les firmes à se référer à des partenaires parfois éloignés dans le cadre du processus d’innovation. »

- « La définition se place dans la perspective sectorielle d’une industrie donnée, en raison de la complexité de la création de connaissances dans un certain domaine de technologies pertinentes pour les firmes de cette industrie. »

- « Le cluster est défini comme une entité qui contribue à l’innovation en général, et non pas seulement dans certaines firmes ou organisations le composant. Un cluster d’innovation doit ainsi être interprété comme une base de ressources liées à l’innovation, ressources qui peuvent être activées par des firmes innovantes du cluster, notamment sous la forme de coopérations. De ce point de vue, le cluster d’innovation dans une industrie donnée recouvre des sous-ensembles de firmes interreliées dans des projets ou processus d’innovation spécifiques. Ces sous-ensembles s’apparentent ainsi à des réseaux d’innovation au sein du cluster. Les clusters d’innovation constituent finalement des potentiels de ressources dont certaines firmes peuvent se servir pour les besoins de leurs processus ou projets. »

- « Enfin, cette définition recouvre tous les acteurs qui contribuent à l’innovation. Cela concerne les universités et organisations publiques et privées de recherche, mais aussi les firmes industrielles ou de services dont les activités ne sont pas nécessairement intensives en R&D. »

Hamdouch (2008) a enrichit les travaux de Preissl et Solimene (2003) et a proposé ainsi cette définition « un cluster d’innovation correspond à un ensemble d’organisations et d’institutions, définies par leur nature et leur localisation, qui interagissent formellement ou informellement au travers de réseaux inter-organisationnels et inter-individuels variés, et qui contribuent à la réalisation d’innovation dans un domaine d’activités donné, c’est-à-dire dans un domaine défini par des champs spécifiques de connaissances, de compétences et de technologies. ». Selon lui, cette définition a pour avantage d’être plus étendue en terme du caractère territorialisé ou non, "fermé" ou "ouvert", ou encore spontané ou volontairement impulsé du cluster d’innovation. C’est à ce niveau que se développe le discours autour de la formation, de la structuration et de l’évolution des clusters et réseaux d’innovation.

Hamdouch (2008) postule ainsi que de nos jours le véritable enjeu nécessite la compréhension des processus conduisant à la constitution des clusters, et de leurs formes de

74 structuration et d’évolution, plus particulièrement dans les domaines pour lesquels les interactions entre acteurs s’avèrent importantes pour l’innovation.

D’après les travaux de Leducq et Lusso (2011) qui visent à conceptualiser la notion du cluster innovant, ce dernier se caractérise par ces réseaux divers et variés :

- L’existence de plusieurs firmes (grandes entreprises et start-up endogènes et exogènes) ; - La disponibilité des compétences complémentaires, adaptées face aux besoins de la recherche fondamentale et appliquée (alliances fréquentes entre les agences gouvernementales et les firmes privées) ;

-Les transferts technologiques multi-échelles (local, régional, national et supranational) ; -Une innovation entrepreneuriale locale dont le soutien est large et réticulé (appui institutionnel à l’innovation, coopération et construction de laboratoires régionaux de développement axés sur la connaissance) ;

-Des montages financiers composites (capital-risque provenant d’ententes entre les banques).

Les auteurs Leducq et Lusso (2011) ont illustré ainsi les principaux attributs du cluster innovant comme suit :

75 D’après ce Schéma, leurs travaux concluent que :

-Les proximités géographique, institutionnelle et organisationnelle sont des éléments essentiels pour le développement de l’innovation Boschma (2005). Selon Boschma (2004), la proximité géographique se réfère à la distance spatiale entre les acteurs économiques ; la proximité institutionnelle signifie « un cadre institutionnel fort s'appuyant sur des lois et règlements applicables et cohérents et sur un gouvernement actif et capable de réactions et une structure culturelle forte avec une langue et des habitudes communes et la proximité organisationnelle se réfère au « même espace de relations », conçu sur des « interactions effectives de natures diverses » et elle recouvre une similitude par laquelle les acteurs partagent les mêmes espaces de connaissance de référence (Gilly et Torre,2000).

- La qualité de l’environnement local (infrastructures et cadre de vie), l’existence de créatifs ou de talents sont parmi les conditions nécessaires à l’émergence du cluster innovant. Cela implique l’interaction entre les différents acteurs : firmes, organismes de formation, instituts de recherche publics ou privés, et pouvoirs publics regroupés sur une stratégie de gouvernance et une trajectoire de développement cohérents.

-L’ouverture du cluster vers l’extérieur en vue de s’adapter aux changements externes d’environnement technologique. Ce qui implique un investissement important dans les activités de Recherche et développement. Le cluster innovant n’a donc en aucun cas un objectif immédiatement lucratif.

-L’intervention des politiques publiques au développement des cluster innovants est certaine et ce, quel que soit le niveau de développement du pays ou l’échelle territoriale (Iaurif, 2008). Les acteurs publics jouent un rôle primordial dans l’émergence, la structuration, mais aussi la résilience du cluster innovant.

-Le cluster innovant exige des investissements humains et financiers massifs sur le long terme, ainsi qu’une collaboration extrêmement étroite entre les différents acteurs du système.

Plus récemment, à la lumière de cette littérature, Aligod (2016) définit le cluster comme suit « un cluster représente un réseau d’acteurs institutionnels hétérogènes (recherche, industrie, gouvernement, société civile, …) proches géographiquement et complémentaires par rapport à une chaine de valeur industrielle spécifique. Pour innover, être compétitif et participer au développement de leur territoire, ils partagent une culture entrepreneuriale et échangent de la connaissance grâce à leur ouverture aux partenaires régionaux et

76 extrarégionaux, via des contacts physiques ou électroniques. » Aussi, Aligod (2016) illustre le concept de cluster dans la figure ci-dessous :

Figure 10 illustration du concept du cluster (Aligod, 2016)

Avec cette définition, l’auteur montre que le partage d’une culture entrepreneuriale et ainsi que de la connaissance entre les différents acteurs est nécessaire pour l’innovation du cluster.

77

3. La typologie des logiques de clustering à l'œuvre au sein des secteurs High-Tech

Comme évoqué précédemment, la littérature empirique récente lie la notion d’innovation au concept de cluster de type High-Tech. Nous ne pouvons pas séparer les différentes formes des clusters et les logiques d’organisation spatiale et stratégique des dynamiques d’innovation des secteurs High-Tech (Phlippen et Van Der Knaap, 2007). Il existe trois caractéristiques communes entre les clusters et les réseaux High-tech. D’une part, ils se partagent les mêmes acteurs (organisations, institutions, individus) participant plus ou moins au processus d’innovation. D’autre part, nous y retrouvons plusieurs cercles de relations qui s’articulent et cohabitent (Hamdouch, 2010). Enfin, ils se fondent et co-évoluent les uns avec les autres (Ter Wal et Boschma, 2009) mais également au cours du temps et dans l’espace (Glückler, 2007).

Les clusters High-Tech sont polymorphes aux plans organisationnel et spatial, les auteurs ont illustré une typologie des clusters et réseaux qui structurent ces dynamiques territoriales d’innovation en termes géographiques comme au niveau de la nature des interactions entre acteurs. Le tableau suivant résume la typologie des logiques de clustering à l'œuvre au sein des secteurs High-Tech (Hamdouch et Depret, 2009)

78 Selon ce tableau, les auteurs ont distingué quatre conceptions des logiques de clustering au sein des secteurs High-Tech en se basant sur deux dimensions ; l'ouverture ou non du cluster sur l'extérieur (vision centripète versus vision centrifuge) et la nature marchande ou plutôt réticulaire des relations au sein du cluster (logiques orientées marché versus logiques orientées réseaux)

- Le cluster comme avantage comparatif localisé

Selon les travaux de Marshall (1890) et de Krugman (1991), Les clusters suivant cette logique de clustering sont considérés comme des systèmes clos (Bell et Albu 1990). En se basant sur les travaux de Gordon et McCann, 2000 ; Malmberg et Maskell, 2002 ; Moulaert et Sekia, 2003, ils sont bien ancrés dans un territoire relativement bien limité spatialement (un quartier, une ville, une métropole, une région) et isolés à ce qui se passe à l’abri. D’après Porter (1998, p. 79), les clusters y représentent: « a kind of new organizational form in between arm’s length markets on the one hand and hierarchies, or vertical integration, on the other ». La nature des relations entre les acteurs au sein de ce type de clusters est à la fois concurrentielle (en termes d'investissement en R&D ; dimension horizontale) et coopérative (diffusion de connaissance ; dimension verticale). Selon les travaux de Bathelt et Taylor, 2002 ; Malmberg et Maskell, 2002, les clusters tentent à élaborer un équilibre entre ces deux dimensions.

En combinant ces deux dimensions, les travaux de Hamdouch (2010) montrent que les clusters se reposent d'un coté sur une proximité géographique, des complémentarités et des relations de confiance, d'autre coté sur la combinaison de relations coopétitives. Ces relations sont relativement favorables à l'innovation (Baptista et Swann, 1998) et donc à la clusterisation.

- Le cluster comme système spatialement distribué le long d’une chaine de valeur

Suivant l'approche centrifuge, les clusters de ce type favorisent les coopérations internes et externes dans une logique de coopétition internationale entre les clusters. Les interdépendances spatiales croissantes entre les acteurs mènent à intégrer différents niveaux spatiaux dans la

79 détermination et l’évolution des cadres institutionnels au sein desquels se dynamisent les processus d’innovation des territoires et des clusters (Hamdouch et al, 2009).

Cette approche tend à collaborer des acteurs relativement éloignés géographiquement pour échanger des compétences et/ou des connaissances parfois tacites (Breschi et Lissoni, 2001 ; Gertler, 2003 ; Preissl et Solimene, 2003 ; Bathelt et al, 2004 ; Bresnahan et al., 2004 ; Amin et Cohendet, 2005 ; Maskell et al., 2006 ; Niosi et Zhegu, 2005 ; Torre, 2006 ; Glückler, 2007). Nombreux auteurs s’inscrivant dans cette perspective centrifuge (Keeble et al., 1998 ; Cooke et Wills, 1999 ; Bathelt et Taylor, 2002 ; Bresnahan et al., 2004 ; Bathelt, 2005 ; Isaksen, 2005 ; Glückler, 2007) ont mis l'accent sur le caractère multiscalaire ou polycentrique de la spatialité des clusters High-Tech. Ils ont affirmé que l’articulation/coordination des différents niveaux spatiaux (surtout le « local » et le « global ») représentait une des clés d’un processus de clustering (local ou régional) réussi.

En se basant sur les travaux de Bell et Albu, 1999 ; Bathelt et Taylor, 2002 ; Bathelt, 2005 ; Giuliani, 2005, la compétitivité ici d’un cluster High-Tech dépend d'abord de la capacité de ses acteurs à préempter et à absorber les connaissances/ compétences/ressources/innovations externes au cluster et puis à les diffuser afin de les « hybrider » avec celles développées au sein du cluster.

Dans cette optique, l’approche centripète des clusters a été remise en cause. Moulaert et Mehmood (2008) ont mis l'accent sur le caractère polycentrique (multiéchelles). Les travaux de Grotz et Braun, 1997 ; Suarez-Villa et Walrod, 1997 ; Alderman, 1999 ; Wever et Stam, 1999 ont affirmé qu’au-delà d’un certain seuil (voire intrinsèquement), la proximité géographique n’opère pas suffisamment sur la diffusion/absorption des connaissances et sur la capacité d'innovation.

Dans certains cas, la clusterisation pourrait avoir des objectifs loin du transfert de connaissance (avantages fiscaux, rapport qualité-prix de la main-d'œuvre, prix du foncier attractifs, taille critique du marché local, réputation du cluster...) (Markusen, 1996 ; Torre, 2006). Elle peut même dériver d’un accident de l’histoire (Wolfe et Gertler, 2004 ; Glaeser, 2005 ; Martin et Sunley, 2006) ou d’un non choix (Champenois, 2008), de facteurs relativement subjectifs (Autant- Bernard et al., 2008), voire d’un simple effet mimétique d’agglomération «

80 en cascade » (Appold, 2005 ; Dalla Pria et Vicente, 2006). Elle pourrait même avoir des effets négatifs (espionnage industriel, concurrence, congestion, inertie organisationnelle,) atténuant les résultats positifs prévus (Nooteboom, 2000 ; Shaver et Flyer, 2000 ; Sofer et Schnell, 2002 ; Boschma 2005 ; Martin et Sunley, 2006 ; Torre, 2006).

La littérature récente montre que la colocalisation des acteurs d’innovation au sein des clusters High-Tech n’indique pas souvent l’existence de « véritables » relations interorganisationnelles. Cela est dû à la diversité de domaine de compétences des acteurs (Paytas et al., 2004) ou l'absence des affinités communes (Longhi, 1999 ; Bathelt et al. 2004). L’efficience d’un cluster doit être mesurée non seulement par le degré de proximité spatiale entre ses acteurs mais aussi par la proximité organisationnelle et cognitive « l’économie de la proximité ».

-Le Cluster comme réseau socialement et spatialement ancré

Cette logique de clustering (à la fois centripète et réticulaire) considère le cluster High-tech comme réseau socialement et spatialement ancré saisissant éventuellement des diverses parties prenantes (entreprises, centres de R&D, pouvoirs publics, prestataires de services, structures institutionnelles, incubateurs, instituts de formation, etc.). L'interaction entre ces acteurs (plutôt interorganisationnelle qu'interindividuelle) a comme objectif d'exercer d'activités fondement même de leur réticularisation dans un domaine particulier (R&D, production, commercialisation, etc.) (Hamdouch, 2010). Les membres du réseau peuvent être indépendants et concurrents les uns des autres dans un contexte dynamique d'organisation stratégique et d'innovation.

Suivant cette approche réticulaire (réseaux), les réseaux sont plutôt informels (Grabher ,2006), sous-socialisés (Granovetter ,1985) et fréquemment décontextualisés des considérations sociales, informationnelles ou cognitives (Dicken et Malmberg, 2001 ; Bathelt et Taylor, 2002). Les auteurs en sociologie économique Castilla et al, 2000 ; Owen-Smith et al., 2002 ; Casper, 2007 ; Ter Wal et Boschma, 2009, ont accentuée l'importance de ces liens informelles (hors marché) (les liens sociaux, l'amitié, la culture…) au sein des clusters High- Tech. Dans ce contexte social, le "turnover" des employés (chercheurs, ingénieurs, techniciens

81 et managers) représente une clé pour le dynamisme et la durabilité des clusters puisqu'il favorise les échanges sociaux et le transfert de connaissance (Casper et Murray, 2005).

Parallèlement, certaines études s’inscrivant autour cette perspective réticulaire présentent que la performance des clusters High-Tech dépend en grande partie de leur mode de gouvernance en réseau (cf. Ehlinger et al, 2007). En effet, l’efficacité des mécanismes de coordination et de coopération entre les acteurs, l’équilibre qui s’établit entre centralisation et décentralisation des décisions au sein du cluster et sa capacité d’adaptation semblent jouer un rôle décisif.

-Le cluster comme réseau multi-échelles

En se basant sur les travaux de Amin et Thrift, 1992 ; Bunnell et Coe,2001 ; Dicken et Malmberg, 2001 ; Oinas et Malecki, 2002 ; Lagendijk, 2002 ; Nachum et Keeble, 2003 ; Saxenian et Li, 2003 ; Coenen et al., 2004, Wolfe et Gertler, 2004, Zeller, 2004 ; Cooke, 2005 ; Simmie, 2006 ; Scott, 2006 ; Glückler, 2007 ; Waxell et Malmberg, 2007, Moodysson et al., 2008, les clusters High-Tech ici sont perçus comme des réseaux multi-échelles (polycentriques).

Le cluster a plusieurs ancrages territoriaux du fait de ses connexions avec d’autres clusters extérieurs (ex : la Biovalley entre la France, l’Allemagne et la Suisse). Ces travaux ont accentué la combinaison/complémentarité des compétences et des savoirs locaux et non locaux au sein des clusters. La littérature récente de Hamdouch et Depert (2009) a remis en cause l'approche classique que seule la proximité spatiale permet l’échange de connaissances implicites ou symbolique (Asheim et Gertler, 2005) en mettant l'accent sur l'approche polycentrique des clusters High-tech. Suivant cette approche, les auteurs montrent que les échanges (formels/informels) avec l’extérieur du cluster sont parfois plus favorables à l’absorption et la diffusion de connaissances que les échanges à l’intérieur du cluster.

Cette dernière conception apparaît la plus représentative des processus de clusterisation à l’œuvre au sein des secteurs High-Tech dans un contexte de globalisation des industries et des marchés et de changements technologiques à la fois rapides, relativement profonds et fréquemment transversaux.

82 Selon les auteurs, dans ce cadre, la typologie des clusters et des réseaux au sein des secteurs High-Tech devrait être affinée et davantage illustrée. Il pourrait être judicieux de comparer la morphogenèse de différents clusters High-Tech à différents stades de développement et sur différents territoires (et continents) à la fois au sein d’un même secteur, d’une part, entre secteurs High-Tech et Low-Tech d’autre part.

Dans cette section, nous avons présenté les courants théoriques sur l’innovation des clusters, notamment les clusters des Hautes technologies et leurs caractéristiques ainsi que leurs typologies. Plusieurs recherches ont conclu l’importance d’avoir des interactions et une certaine complémentarité entre les différents acteurs du cluster (firmes privés, agences gouvernementales, universités et instituts de recherche…etc.) pour le développement de l’innovation. Cela nous a conduit à creuser l’approche interactive de l’innovation des clusters dans la section suivante.

83