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Section 1 : Les différentes formes des réseaux d’entreprises

6. Cluster

6.2. Caractéristiques du cluster

En pratique, il est nécessaire d’étudier les caractéristiques du cluster afin de mieux comprendre ce phénomène qui s’est largement popularisé dans les stratégies de développement local des différents pays.

L'étude d'Anderson (1994) a décrit trois types de clusters industriels. La première catégorie saisit la relation acheteur-fournisseur, ou un cluster de la chaîne de valeur. Elle se caractérise par des relations verticales de collaboration entre les fournisseurs et les acheteurs (Anderson, 1994 ; Porter, 1998 ; Brenner, 2005). La deuxième concerne la relation concurrent - collaborateur ou la coopétition (coopération et compétition). Les clusters de cette catégorie sont formés à partir des entreprises qui offrent des produits/services similaires. Le partage d'information entre les concurrents sur les produits permet de saisir des opportunités sur le marché et de renforcer la relation. (Anderson, 1994 ; Porter, 1998 ; Kim, 2003). La dernière se base sur la relation de ressources partagées. Elle se réfère à un groupe des entreprises dans un endroit où les ressources sont partagées. Les ressources ici pourraient être les infrastructures, les endroits, la connaissance, la technologie et le stock de produits (Anderson, 1994 ; Porter, 1998 ; Rosenfeld, 2002).

D’après la littérature, un cluster se caractérise par une proximité géographique qui permet aux différents acteurs de profiter des effets positifs d’agglomération (économie d’échelle, développement des partenariats...etc.). Cela signifie que les relations et les interactions entre les différentes organisations caractérisent mieux les clusters que la proximité géographique (Boari et Lipparini, 1999 ; Corno et al., 1999). Pour que les entreprises membres d’un cluster se développent et se coopèrent autour des activités complémentaires tout en ayant une dynamique concurrentielle et un potentiel d’innovation, l’existence des acteurs supports à ce système tels que les institutions pour la collaboration, des universités et des centres de recherche et des autorités gouvernementales est essentielle (Porter, 2002 ; Sölvell et al., 2003 ; Andersson et al., 2004 ; Aziz et Norhashim, 2008).

Andersson et al., (2004) ont présenté dans leur publication “The Clusters Policies Whitebook” quelques éléments constitutifs du cluster :

39 -La concentration géographique qui permet aux entreprises d’en profiter des externalités positives telles que le développement des partenariats pour des projets d’investissements, l’apprentissage collectif et les économies d’échelles ;

-La spécialisation du cluster : le noyau d’activité autour lequel les acteurs développent leurs projets ;

-Les acteurs comme les entreprises, les instituts de recherches et les universités, les autorités publiques et financières ;

-La dynamique concurrentielle et les liens de coopération (coopétition) entre les acteurs : la compétition encourage les acteurs d’accroitre l’efficacité et l’innovativité de leur offre et la coopération favorise la diffusion de la connaissance, l’apprentissage collectif et l'attractivité globale du système ;

-La masse critique du nombre des acteurs membres du cluster qui est nécessaire à développer une dynamique interne ;

-Le cycle de vie du cluster : il s’agit des phases d’évolution au sein du cluster ;

-L’innovation des entreprises du cluster engagées dans les processus de changement technologique, commercial et / ou organisationnel.

Les auteurs ont précisé que l’existence de l’ensemble de ces éléments n’est pas nécessaire pour chaque cluster. En plus, l'absence d'un ou certains d'entre eux ne peut pas être automatiquement considérée comme un signe de faiblesse ou un besoin de réforme.

Des chercheurs ont investigué plus profondément les acteurs dont ils composent les clusters. Sölvell et al. (2003) ont présenté dans leur publication du « Cluster Initiative Greenbook » les quatre grandes catégories d’acteurs du cluster : les entreprises, le gouvernement, les instituts de recherche, les institutions financières. Ils ont ajouté ainsi des « instituions pour la collaboration ».

40 Figure 5 les acteurs du cluster – sourceSölvell et al. (2003)

Les instituions pour la collaboration se définissent en tant que des acteurs formels ou informels qui visent à favoriser l’intérêt des initiatives en faveur du cluster11 entre les acteurs concernés. Elles peuvent favoriser ces initiatives en interne et à l'externe, et effectuer une série d'actions pour le développement. Elles peuvent aussi mettre en place un nouveau plan d’action et faire engager de nombreuses organisations, ou faire travailler l’ensemble des acteurs déjà établis comme les chambres de commerce, les associations industrielles, les associations professionnelles, les syndicats, les organisations de transfert de technologie, les centres de qualité, les groupes de réflexion, les associations d'anciens étudiants et autres (Porter et Emmons, 2003).

Selon Sölvell et al., 2003, il est plus fréquent que le gouvernement contrôle légèrement les initiatives du cluster par rapport aux représentants du secteur privé. La plupart de ces initiatives dépend du financement public, et le cluster se fragilise sans ces subventions (même si cette dépendance puisse diminuer au fil du temps). Néanmoins, selon Porter (2001), l’implication des acteurs privés est essentielle pour l'efficacité et la performance du cluster. Lorsque les acteurs privés acquièrent le contrôle, l'orientation des initiatives tend à être différente, par exemple, elles s’orientent vers la productivité et la rentabilité et accordent davantage de place à l’innovation et l'expansion.

11 Le concept du « cluster policies » est plus restrictif que celui du « cluster initiatives » car ce dernier inclut les

actions prises par les différents acteurs, pas seulement la sphère publique. Clusters initiatives sont définies comme « des efforts organisés pour stimuler la croissance et la compétitivité des clusters dans une région, en

impliquant les entreprises du cluster, le gouvernement et/ou la communauté de chercheurs. » (Solvell et al.,

41 Par ailleurs, les caractéristiques de la bonne gestion d’un réseau sont : l’accès aux ressources de natures différentes (physiques, personnelles, financières, informationnelles) ; la diffusion de l’information par des canaux formels (groupes de travail, séminaires) et informels (collaborations quotidiennes) et le brassage technologique (implication des acteurs du réseau dans la conception et génération d’idées et de produits) (Ritter et Gemunden, 2003).

Dans ce sens, selon Torre (2006) « Les clusters sont aujourd’hui considérés comme la base des politiques locales, voire nationales dans des nombreux des pays ». Son travail évoque les quatre fondements d’un cluster : la transmission de la connaissance au niveau local entre les acteurs (le concept d’économie de la connaissance) ; le concept d'externalités de réseaux (le réseau étudié comme une forme d’organisation du cluster) ; la mise en place des ressources et des compétences partagées entre les membres du cluster (le concept d'intégration verticale) ; et le développement des relations : inter-clusters, interrégionale et internationale (le cluster vu comme système ouvert) .

Plus récemment Aziz et Norhashim, (2008) ont illustré les principaux éléments définissants un cluster par analogie au corps humain comme suit : les acteurs / membres du cluster (les organes) ; leur interaction (les artères) ; la connaissance et l'innovation produite (le sang) ; ainsi que l'impact économique des activités du groupe (la santé). Se basant sur les travaux de Sölvell et al. (2003), Aziz et Norhashim, (2008) ont suggère que « la santé » d'un cluster pourrait être considérée comme un « continuum », où le degré de dynamisme est révélateur pour sa santé.

42 Aziz et Norhashim, (2008) ont défini le cluster en tant qu’un ensemble d'acteurs (entreprises appartenant au moins à un secteur industriel, agences et institutions) qui ont des points en communs et des complémentarités. Ces acteurs peuvent être : Les acteurs de l'industrie (entreprises, concurrents, clients, ...) ; les fournisseurs de services complémentaires (services financiers, consultants,) ; Les institutions de Recherche et développement et de l’éducation (bureaux d’étude, centre de recherche privés ou publics, des universités, …) et les organisations d’appui (le gouvernement, les associations professionnelles, les animateurs du réseau…).

Puis, ils mettent en évidence les avantages de la proximité géographique des acteurs qui mène à développer des liens et des interactions entre eux, au travers des mécanismes formelles et informelles, et à avoir des économies d'agglomération et un capital social élevé.

En plus des activités économiques développées au sein des clusters, Aziz et Norhashim, (2008) caractérisent le cluster par le développement d’un niveau significatif d'activités à forte intensité de connaissances et de technologie. Celles-ci favorisent les activités du transfert de technologie et des spillovers. Aussi, de manière caractéristique, les clusters auraient collectivement un impact significatif pour l'économie dans son ensemble (régionale ou nationale).

D’après Lartigue et Soulard (2008), un réseau se caractérise par des frontières thématiques spécifiques, une concentration et un enracinement régionaux, une organisation et une identité du réseau, des acteurs différents ayant un certain niveau de création de valeur, des procédés d’innovation collaboratifs, une durabilité et une capacité d’innovation.

En se basant sur les travaux de Glaeser (2011) et Porter (2000), les célèbres économistes ont suggéré que les régions métropolitaines sont un facteur clé de la croissance économique. Le cluster pourrait être caractérisé par quatre éléments constitutifs : la proximité spatiale des clusters facilite les économies d’agglomération (Porter 2000) ; la concentration sectorielle signifie que la plupart des entreprises appartiennent à un secteur ou un domaine technologique particulier ; l'interaction entre les parties prenantes régionales des clusters se diffère d'une agglomération pure et un degré élevé d'une connaissance spécifique (Gertler, 2003 ; LeSage et Fischer 2012) dont une telle «connaissance intégrée» s'est basée sur les routines, les habitudes

43 et les normes établies par l'expérience collaborative (Moodysson et Johnson 2007 ; Bathelt et al. 2004).

Comme évoqué, parmi les caractéristiques d’un cluster, l’existence d’un cycle de vie (Andersson et al., 2004) qui amène à articuler certaines politiques et interventions. Celles-ci se changent dans le temps et doivent s’adapter à l’évolution des besoins et des caractéristiques du cluster (Gemser et al., 1996 ; Dalum et al., 2005 ; Favoreu et Lechner 2007).