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Chapitre 5 : Discussion

5.4 Résumé des recommandations pouvant favoriser la mise en œuvre des PFI

Le modèle conceptuel modifié (figure 2) permet d’illustrer les interrelations entre les facteurs systémiques, les facteurs organisationnels, les caractéristiques du programme de formation mis en place et l’implantation du programme afin de mieux comprendre ce qui influence le degré de mise en œuvre d’un PFI en milieu clinique. Voici maintenant un résumé des recommandations permettant de favoriser la mise en œuvre de PFI au sein de ces milieux cliniques.

Au niveau systémique :

- Le système professionnel et les organismes qui règlementent chacune des professions devraient continuer à diminuer les barrières à la collaboration interprofessionnelle par le biais d’une prise de position et de règlements favorisant ce type de pratique.

- Les pressions exercées par les lois et les normes pour une plus grande performance peuvent marquer les activités d’une organisation de santé comme un CSSS. Certaines normes ou politiques instaurées par les instances gouvernementales devraient être formulées de manière à inciter graduellement les organisations de santé à utiliser une démarche interdisciplinaire. Néanmoins, une plus grande adéquation des fonds de recherche et de développement octroyés par les différents paliers gouvernementaux en matière de formation à la collaboration interprofessionnelle en vertu des exigences de mise en œuvre dans ce domaine serait souhaitable.

- Les milieux de formation s’adaptent afin que leurs programmes de formation préparent les futurs professionnels de la santé à travailler en collaboration. L’interaction entre le milieu de formation et le milieu clinique devrait être favorisée. Par exemple, cette interaction entre le milieu de formation et le milieu clinique peut se traduire par un partenariat entre le milieu de formation et le milieu clinique. Concrètement, à travers ce partenariat, le milieu clinique pourrait entre autres viser à créer de nouveaux types de stage en collaboration interprofessionnelle dans son organisation, mais également désirer former ses professionnels à devenir des modèles de rôles en matière de collaboration interprofessionnelle. Pour y parvenir, l’expertise du milieu de formation dans ce domaine devrait être une ressource à considérer. Pour le milieu de formation, ce partenariat pourrait notamment être l’occasion de faire vivre à ses étudiants en stage une activité de collaboration interprofessionnelle au sein d’un milieu clinique offrant des pratiques exemplaires. Enfin, ce lien peut non seulement mener à la mise en œuvre de plusieurs modalités de collaboration interprofessionnelle au sein

des organisations de santé, mais il peut également permettre aux deux milieux de réaliser des apprentissages.

Au niveau de l’organisation :

- Le contexte organisationnel devrait démontrer une ouverture pour les innovations et plus particulièrement pour les initiatives de collaboration interprofessionnelle. Une structure décentralisée et marquée par une formalisation croissante de la collaboration interprofessionnelle auprès des structures de gestion administrative et clinique devrait découler de cette orientation. Introduite prudemment, cette structure pourrait servir de levier afin de transformer la culture de l’organisation à long terme et ainsi assurer la pérennité des activités de collaboration interprofessionnelle au-delà des individus qui en font la promotion. - Une représentation des pôles cliniques et administratifs dans les fonctions de leadership devrait être favorisée lors du développement des projets entourant la collaboration interprofessionnelle dans l’organisation. En effet, puisque le leadership d’une seule personne ne semble pas être suffisant afin d’assurer le développement et la pérennité des initiatives de collaboration interprofessionnelle, il est fondamental d’impliquer plusieurs cadres administratifs et leaders cliniques. Une telle approche peut permettre de réduire les effets négatifs pouvant découler de la fragmentation de l’influence et de l’autorité qui caractérise les organisations de santé.

- Le soutien des administrateurs en lien avec l’implantation de PFI devrait se traduire notamment par la libération du personnel lors des activités entourant le PFI, l’évaluation des besoins entourant la mise en œuvre du PFI, l’acquisition du soutien des différents membres de l’organisation et le financement destiné à appuyer l'élaboration, la mise en œuvre et l'évaluation des PFI. Par ailleurs, l’évaluation des besoins entourant la mise en œuvre du PFI concerne spécialement les besoins reliés à la formation des professionnels.

- Les responsables des activités concernant la formation des professionnels ou encore les responsables de la réalisation de l’activité de collaboration interprofessionnelle devraient s’assurer d’organiser des activités qui sont courtes et efficaces en plus de s’adapter aux différents imprévus qui pourraient empêcher la réalisation de celles-ci.

- La compatibilité du programme mis en place avec les valeurs, les normes, les besoins et les méthodes de travail de l’organisation et des professionnels devrait être analysée avant de décider d’implanter une activité en particulier. De plus, la standardisation de la procédure

entourant l’activité de collaboration interprofessionnelle, la présence fortement encouragée des professionnels aux séances de formation, la réalisation régulière de l’activité de collaboration interprofessionnelle ainsi que la présence d’une rétroaction suivant cette activité devraient aussi être considérées. En effet, ces mesures pourraient permettre de diminuer la perception de complexité du programme et augmenter l’utilité associée à ce dernier.

- Une meilleure coordination entre le milieu académique et le milieu clinique devrait être favorisée puisqu’elle pourrait permettre de diminuer la complexité entourant la logistique des stages et favoriser la mise en œuvre des PFI.

Enfin, les administrateurs et les chercheurs devraient adopter une perspective écologique lors de l’analyse d’implantation d’un PFI en milieu clinique. Cette perspective écologique permet de mettre en évidence les interactions entre les différents facteurs qui peuvent expliquer la mise en œuvre d’un PFI et ouvre la voie à plusieurs mécanismes pouvant expliquer l’échec ou la réussite de l’implantation d’une intervention (Greenhalgh et al. 2004).