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Chapitre 4 : Résultats

4.1 Présentation du CSSS à l’étude et de son UCDG

4.2.1 La réalisation du PII

En premier lieu, puisque le PII constitue la prémisse au PFI, il s’avère judicieux de regarder dans quelle mesure celui-ci a été mis en place à l’UCDG. Tout d’abord, c’est lors de la rencontre multidisciplinaire du mercredi que l’équipe prend une décision afin de déterminer si un patient fera l’objet d’un PII ou non. À cette étape, les critères de sélection des patients pour le PII semblent poser problème en raison d’un manque de précision de ces derniers. Ce point sera approfondi dans la section qui abordera la complexité du PFI. Le PII a habituellement lieu le jeudi de 14h00 à 14h30 dans un local situé au centre de l’UCDG et un seul patient fait l’objet d’un PII lors de la rencontre. Un formulaire écrit entourant le PII est également rempli et mis au dossier du patient. Comme le démontre le tableau V, l’intensité de la réalisation des PII est faible puisque le PII a été réalisé moins de la moitié des semaines lors de la période d’observation, c’est-à-dire six fois sur une possibilité de quinze. Par ailleurs, en se référant au tableau III (p.41), il est possible de constater que lors du mois de décembre 2010 à l’UCDG, tous les lits dédiés à la mission longue durée tout comme cinq lits dédiés à la gériatrie ont été retirés faisant par ailleurs place à l’ajout de nombreux lits dédiés à la médecine. L’une des cadres cliniques confiait que cet événement avait amené plusieurs changements au sein de l’UCDG et les PII avaient été suspendus temporairement par la chef de l’UCDG pour ne pas ajouter une charge de travail supplémentaire aux professionnels. De façon similaire, l’ajout de 13 lits de médecine le 7 janvier 2011 a engendré plusieurs heures

supplémentaires pour les professionnels à partir de ce moment. Toujours par souci de ne pas augmenter la charge de travail des professionnels, trois PII de février ont été annulés. Enfin, le 3 mars 2011, une épidémie de gastro-entérite s’est déclarée parmi les patients de l’UCDG. De nouveau, le PII a été annulé.

« Ç’a beaucoup fluctué, ça fait quand même plusieurs semaines qu’on est censé en faire un chaque semaine, on n’en a pas eu beaucoup à cause de plusieurs facteurs. L’unité était débordée par l’hôpital qui les déborde, par des cas de gastro, par le fait qu’il y avait des gens en vacances ou qu’on n’avait pas le temps de le faire. » (R11)

« … quand on s’est rencontrés, on avait décidé que chaque jeudi, de telle heure à telle heure, mais ça ne se fait pas vraiment. (…) Ç’a été implanté oui, mais un peu… des fois oui, des fois non, des fois une semaine, des fois pas de semaine, on va attendre d’avoir un patient cible parfait. Je ne pense pas que c’est comme ça qu’on va l’intégrer au quotidien. » (R1)

Parallèlement, la rencontre d’équipe du mercredi n’a pas été annulée malgré ses perturbations à l’UCDG. D’ailleurs un professionnel confiait ceci :

« La rencontre multi est comme établie déjà depuis longtemps, alors c’est comme routinier, c’est rare… c’est très rare qu’elle soit annulée. Des fois il y a des gens en moins parce qu’ils ont d’autres obligations, mais ça fait tellement d’années qu’elle est tout le temps-là à cette heure-là que je pense que c’est juste une habitude de se présenter là tandis que le PII, on fait « ah oui, c’est vrai, on est jeudi » c’est moins ancré… » (R11)

Par la suite, en se référant aux différentes étapes du PII décrites par le modèle logique en annexe 1, il s’avère que la validité de contenu est élevée en ce qui concerne les étapes A, B, C, D, E et F (collectes de données, élaborer la liste des problèmes, formuler les objectifs, déterminer les moyens d’intervention, modalités de suivi, moment du congé au besoin). En effet, lors des entrevues, les professionnels pouvaient confirmer que ces étapes avaient lieu lors de tous les PII réalisés. De plus, les formulaires écrits de PII qui ont été recueillis précisaient chacun de ses éléments. Toutefois, la validité de contenu est faible en lien avec l’étape G, c’est-à-dire le suivi des interventions jusqu’au prochain PII. En effet, les PII n’étant pas effectués de façon régulière, le suivi des interventions était majoritairement déficient. D’ailleurs, les formulaires écrits de PII qui étaient disponibles ne démontraient habituellement pas de décision en lien avec le suivi.

« … je pense qu’à peu près une demi-heure, c’est fait [le PII]. Mais je ne suis pas sûre que le suivi se fait par après, c’est ça l’affaire. C’est comme le dernier PII qui a été fait, la semaine d’après, l’équipe ne s’est pas réunie parce qu’il y avait des vacances et tout ça, alors ceux qui étaient en place, je pense qu’ils n’ont pas pris le temps de dire bien on pourrait peut-être se réunir nous, là, pour mettre à jour le PII. (…) mais ils ne font pas le suivi de ce plan d’intervention-là. La semaine d’après ils ne disent pas le problème numéro 1 qu’on a identifié, est-ce qu’il est réglé? Si oui, parfait, date de fin, sinon bien qu’est-ce qu’il reste à travailler? » (R1)

Les professionnels confiaient que le suivi s’effectue habituellement sous forme d’une discussion de corridor ce qui ne permet pas nécessairement à tous les intervenants au dossier d’obtenir formellement une rétroaction relativement aux résultats du PII.

« Ça se fait dans le corridor ou « eh Untel, on a enlevé la contention parce que finalement ça va bien, mais ça ne se fait pas de façon formelle. » (R6)

En terminant, réaliser les étapes A à F ne nécessite pas de la part de l’équipe clinique une implantation importante du PII. En effet, en suivant le formulaire écrit du PII et avec les aptitudes pour la collaboration interprofessionnelle que possèdent déjà les professionnels de l’UCDG, la réalisation de ces étapes peut se faire malgré une faible mise en œuvre du PII. Néanmoins, pour réaliser l’étape G régulièrement, c’est-à-dire afin d'effectuer le suivi des interventions, cela nécessite une intensité de mise en œuvre du PII beaucoup plus grande. Bref, cette lacune en lien avec le suivi des interventions traduit en quelque sorte une mise en œuvre du PII qui est insuffisante.