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P ARTIE E XPÉRIMENTALE

4. E XPÉRIENCE DE PRODUCTION

4.1 O BJECTIFS DE L ’ ÉTUDE

4.3.3 Résultats pour la liquide /l/

Globalement, comme vu au point 4.3.1, la consonne /l/ a obtenu un taux de production correcte de 48.54%, soit significativement supérieur à celui de /R/ (41.49%). Tout comme pour la consonne /R/, nous allons présenter les effets simples des influences de la VS, du MP et du SG (point 4.3.3.1), puis les interactions entre ces influences (point 4.3.3.2), avant de conclure par une analyse des erreurs (point 4.3.3.3).

4.3.3.1 Effets simples

Figure 12. Taux (en %) de réponses correctes pour la production du /l/ selon les variables VS et SG.

VSi

SG1 VSo

SG2

0 10 20 30 40 50 60 70 80

VS SG

% Rep. Corr.

Variable

Les résultats montrent que la production de la consonne /l/ est influencée par deux variables (Figure 12101), soit le contexte vocalique (p < 0.001) et le subjects’ goodness (p < 0.001), mais pas par le mode de production (n.s.). Les résultats sont donc relativement similaires pour /l/

et pour /R/, car celui-ci était également influencé par la VS et le SG. Toutefois, le /R/ était aussi influencé par le MP, contrairement à /l/.

En ce qui concerne l’influence du contexte vocalique, on remarque que le /l/ – tout comme le /R/ – est nettement mieux produit lorsqu’il est suivi d’un /o/ (VSo) que d’un /i/ (VSi) (60.00% vs 37.08%, p < 0.001), toutes les autres variables étant égales. La régression logistique nous indique que la consonne /l/ suivie d’un /o/ a 2.55 fois plus de chances d’être produite correctement que lorsqu’elle est suivie d’un /i/.

En ce qui concerne le mode de production, comme nous l’avons mentionné, celui-ci n’a aucune influence sur la production de la consonne /l/ (n.s.), contrairement à /R/ où la répétition entraînait une meilleure production que la lecture.

Enfin, en ce qui concerne le SG, on peut observer que le /l/ est mieux produit par le groupe d’apprenants ayant moins bien perçu les liquides (SG1) que par le groupe des meilleurs sujets en perception (SG2) (53.61% vs 43.47% p < 0.001), toutes les autres variables étant égales. Ce résultat s’oppose à celui obtenu pour /R/, où SG1 produisait mieux la consonne que SG2. La régression logistique nous indique par ailleurs que lorsque la consonne /l/ est produite par le groupe des moins bons sujets en perception, elle a 1.5 fois plus de chances d’être correcte que lorsqu’elle est produite par le meilleur groupe.

Les effets simples pour /l/ ayant maintenant été exposés, nous présentons dans la section suivante les résultats des interactions entre les différentes variables (la VS, le MP et le SG) sur la production de cette même consonne.

101A noter que, par souci de place, nous avons réuni tous ces résultats sur le même graphique. Les variables, indépendantes les unes des autres, sont séparées par des traits pointillés.

4.3.3.2 Interactions

Tout comme pour la consonne /R/, nous avons cherché à savoir si des interactions entre les différentes variables entraient en jeu dans la production du /l/. Nous rapportons donc ici les interactions entre la VS et le MP, entre la VS et le SG, et entre le MP et le SG.

Comme pour /R/, lorsqu’une de ces interactions est significative, nous rapportons également la probabilité d’obtenir un résultat correct entre ses diverses combinaisons.

Contexte vocalique et mode de production

Figure 13. Taux (en %) de réponses correctes pour la production du /l/ en fonction de la voyelle suivante (VSi et VSo) et du mode de production (MPLec et MPRep).

Les résultats indiquent qu’il existe pour /l/ – comme pour /R/ – une interaction globale entre le contexte vocalique et le mode de production (p < 0.001) (Figure 13), ce qui signifie que, lors de la production du /l/, l’effet de la voyelle qui suit varie en fonction du mode de production employé par l’apprenant. Ainsi, si le /i/ a un effet moins facilitateur que le /o/ dans les deux modes

VSi + MPLec

VSo + MPLec

VSi + MPRep

VSo + MPRep

0 10 20 30 40 50 60 70 80

Variables

% Rép. Corr.

de production, il semble poser davantage de problèmes en lecture (VSi : 31.39% vs VSo : 66.53%) qu’en répétition (VSi : 42.78% vs VSo : 53.47%) – comme pour le /R/. Par conséquent, la production du /l/ a, en lecture, 4.35 fois plus de chances d’être correcte lorsqu’elle est suivie de /o/ que lorsqu’elle est suivie de /i/, alors qu’elle a, en répétition, seulement 1.54 fois plus de chances d’être correcte lorsqu’elle est suivie de /o/ que lorsqu’elle est suivie de /i/.

Contexte vocalique et subjects’ goodness

Contrairement aux résultats obtenus pour /R/, les résultats pour /l/ indiquent qu’il n’y a pas d’interaction globale significative entre le contexte vocalique et le subject’s goodness, ce qui montre que la voyelle suivante (que ce soit /i/ ou /o/) a un effet identique sur les deux groupes d’apprenants, qu’ils perçoivent bien ou moins bien les liquides du français. Nous passons donc à l’interaction suivante, soit celle entre le MP et le SG.

Mode de production et subjects’ goodness

Il ressort de l’analyse des résultats qu’il n’y a également pas d’interaction globale significative entre le mode de production et le subject’s goodness pour /l/ – rejoignant cette fois-ci les résultats obtenus pour /R/ –, ce qui montre que le mode de production (en lecture ou en répétition) a un effet identique sur les deux groupes d’apprenants, qu’ils perçoivent bien ou moins bien les liquides du français. Nous ne développons donc pas plus cette interaction, et passons directement à l’analyse des erreurs.

4.3.3.3 Erreurs

Nous présentons ici l’analyse des 1'482 erreurs pour /l/. Comme pour /R/, il nous semblait en effet intéressant de montrer quelles réponses ont été sélectionnées à la place de

« L », étant donné que l’analyse signale que le choix des erreurs n’est pas dû au hasard (test

« Goodness of Fit » : p < 0.001)102. Si les apprenants confondaient majoritairement le /R/ avec

« H », ici les résultats globaux (Figure 14) indiquent que les erreurs pour /l/ se faisaient principalement avec le choix « D » (52.97%), puis avec « PC » (18.62%) et « R » (17.14%), et enfin seulement avec « H » et « G » (4.52% pour les deux).

102 A noter que le taux de « NA » était de 2.23%.

Il ressort aussi de cette analyse que, comme pour /R/, le contexte vocalique et le mode de production influencent globalement les réponses (p < 0.001 et p < 0.01, respectivement). En revanche, contrairement à /R/, le subjects’ goodness n’a pas d’influence sur la sélection des choix erronés (n.s.). Nous procédons donc à la description des résultats obtenus pour la VS et le MP en comparant les choix erronés pour VSi et VSo (Figure 15), pour MPLec et MPRep (Figure 16), et en présentant ceux de SG1 et de SG2 (Figure 17).

Figure 14. Répartition des erreurs (en %) en fonction des réponses possibles ( G, H, D, R et PC) pour la production de /l/.

Contexte vocalique

Le choix des erreurs de production du /l/ n’étaient pas dus au hasard lorsqu’il était suivi de la voyelle /i/ (906 erreurs) ni lorsqu’il était suivi de /o/ (576 erreurs) (test « Goodness of Fit » : p < 0.001)103. La répartition des erreurs est sensiblement différente entre les voyelles, puisque lorsque la voyelle suivante était /i/, les erreurs ont majoritairement été faites avec le

103 A noter que le taux de « NA » était de 1.55% avec VSi et de 3.30% avec VSo.

G

R

H

D

PC

0 10 20 30 40 50 60 70 80

Réponses possibles

% Rep. Incorr.

choix « D » (71.19%), suivi des choix « PC » (14.57%), « R » (4.97%), « H » (4.42%) et « G » (3.31%) ; alors que lorsque la voyelle suivante était /o/, les erreurs ont généralement été faites avec « R » (36.28%), puis avec « PC » (25.00%) et « D » (24.31%), suivis des choix « G » (6.42%) et « H » (4.69%).

Figure 15. Répartition des erreurs (en %), en fonction des réponses possibles (G, H, D, R et PC) et en fonction du contexte vocalique (VS), pour la production du /l/.

On peut remarquer que seul le choix « H » n’est pas influencé par le contexte vocalique (n.s.). En effet, le choix « D » est nettement plus élevé avec la VSi qu’avec la VSo (71.19% vs 24.31%, p < 0.001) ; le choix « R » est bien plus élevé avec la VSo qu’avec la VSi (36.28% vs 4.97%, p < 0.001) ; et les choix « PC » et « G » sont également plus élevés avec la VSo qu’avec la VSi (25.00% vs 14.57%, p < 0.001, et 6.42% vs 3.31%, p < 0.01, respectivement).

D

D

PC

PC

R

R

H G H G

0 10 20 30 40 50 60 70 80

VSi VSo

% Rep. Incorr.

Réponses possibles

Mode de production

Figure 16. Répartition des erreurs (en %), en fonction des réponses possibles (G, H, D, R et PC) et en fonction du mode de production (MP), pour la production du /l/.

Le choix des erreurs de production du /l/ n’étaient pas dus au hasard lorsqu’il était produit en lecture (735 erreurs) ni lorsqu’il était produit en répétition (747 erreurs) (test

« Goodness of Fit » : p < 0.001)104. La répartition des erreurs est assez similaire pour les deux modes de production, à l’exception du choix erroné « R » qui est le troisième choix incorrect en MPLec alors qu’il est le deuxième en MPRep (20.21% vs 14.01%, p. < 0.01), étant ainsi le seul choix influencé par le MP. En ce qui concerne les autres réponses erronées, la répartition des erreurs se fait d’abord et principalement avec le choix « D » (MPLec : 52.79% vs MPRep : 53.15%, n.s.), puis avec « PC » (MPLec : 20.95% vs MPRep : 16.33%, n.s.), et enfin avec « G » (MPLec : 5.17% vs MPRep : 3.88%, n.s.) et « H » (MPLec : 5.44% vs MPRep : 3.62%, n.s.).

104A noter que le taux de « NA » était de 1.63% en MPLec et de 2.81% en MPRep.

D D

PC R PC

R

H G H G

0 10 20 30 40 50 60 70 80

MPLec MPRep

% Rep. Incorr.

Réponses possibles

Subjects’ goodness

Le choix des erreurs de production du /l/ n’étaient pas dus au hasard lorsqu’il était produit par le groupe ayant la meilleure perception (SG1, 814 erreurs) ni lorsqu’il était produit par le groupe ayant la moins bonne perception (SG2, 668 erreurs) (test « Goodness of Fit » : p < 0.001)105. En revanche, la répartition des erreurs entre les deux groupes est identique puisque, comme précisé au début de ce point, le SG n’influence pas la sélection des choix erronés (n.s.). On notera alors que les erreurs ont principalement été faites avec le choix

« D », puis légèrement avec « R » et « PC », et très peu avec « G » et « H ».

Figure 17. Répartition des erreurs (en %), en fonction des réponses possibles (G, H, D, R et PC) et en fonction du subjects’

goodness (SG), pour la production du /l/.

On peut remarquer que pour /l/ la répartition des erreurs est assez semblable pour les variables MP et SG. Ainsi, que ce soit en MPLec ou en MPRep, et pour SG1 ou pour SG2, le

« D » apparaît comme l’erreur principale, suivie dans un deuxième temps de « R » et de

105A noter que le taux de « NA » était de 1.84% pour SG1 et de 2.70% pour SG2.

D

D

PC R PC R

H G H G

0 10 20 30 40 50 60 70 80

SG1 SG2

% Rep.

Réponses

« PC ». En revanche, la répartition des erreurs change pour le contexte vocalique, où lorsque la voyelle qui suit est /o/, le « R » apparaît comme le choix erroné principal, suivi par « PC » et « D », alors que lorsque la voyelle qui suit est le /i/, le « D » est très majoritairement choisi, réduisant fortement la sélection de tous les autres choix. La répartition des erreurs pour /l/

est donc différente que celle pour /R/, où l’erreur principale se faisait avec « H ».

Nous passons maintenant à la dernière section, où nous effectuons une brève synthèse des résultats obtenus.