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Les teneurs relatives en 13C et en 15N du

collagène osseux d'un animal reflètent celles de sa nourriture. Ainsi, les teneurs isotopiques en carbone d’un herbivore dépendent du type de plantes consommées et des conditions de développement de ces plantes (voir Koch, 2007). Dans le contexte qui nous intéresse, la végétation est composée exclusivement de plantes à mode de photosynthèse dit en C3 (la première molécule

formée comprend 3 atomes de carbone), à la différence de certaines plantes tropicales dont la photosynthèse est dite en C4 (la première

molécule formée comprend 4 atomes de carbone). Au sein des plantes en C3, les plantes de sous-bois

sont soumises à l’effet conjoint d’un recyclage du carbone plus intense et d’un ensoleillement plus faible que les plantes de prairies. Cet effet de la canopée s’exprime par des teneurs en 13C plus

basses des végétaux présents en milieu dit fermé par rapport aux végétaux de milieu dit ouvert (voir Heaton, 1999). Ainsi, les herbivores s'alimentant dans un habitat à couvert forestier dense présentent des teneurs en 13C du collagène

plus faibles que les herbivores s'alimentant en milieu plus ouvert de type steppe ou boisement clairsemé (voir Drucker et al., 2008).

Les teneurs en 15N du collagène des

herbivores dépendent également de la composition de la végétation consommée comme

des conditions environnementales auxquelles elle a été soumise. Dans les milieux tempérés et péri- arctiques, l’activité des sols joue un rôle déterminant sur les teneurs en 15N de la végétation

via le cycle de l’azote (voir Amundson et al., 2003). Les conditions qui stimulent la pédogénèse, comme l’augmentation de la température et la fertilisation des sols, entraînent l’augmentation des teneurs en 15N des sols et des

plantes. Une augmentation des teneurs en 15N des

sols est ainsi retrouvée entre moyenne et haute altitude en milieu montagnard (Männel et al., 2007). De même, les sols et les plantes voient leurs teneurs en 15N augmenter avec la maturation

des sols après le retrait d’un glacier (Hobbie et al., 2005). Parmi les facteurs qui influent sur le cycle de l’azote dans les sols et par répercussion sur les teneurs en 15N des herbivores, le changement de

température paraît être un paramètre prépondérant dans le contexte du Tardiglaciaire et du début de l’Holocène (Drucker et al., 2009).

Dans le cas des prédateurs, dont font partie les humains, les teneurs en 13C et en 15N du

collagène reflètent la source des protéines de l’alimentation. Pour les chasseurs-cueilleurs, cette source protéique correspond à la part carnée de la nourriture en raison de la faible teneur en protéine des ressources végétales (voir Bocherens et Drucker, 2005). Enfin, notons que le collagène se renouvelant sur plusieurs années, il reflète à travers ses teneurs isotopiques le bilan alimentaire sur une période significative de la vie de l’individu.

BILANS

Stratégies de subsistance mésolithiques en Île-de-France et région Centre : derniers résultats

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Axe 1 : évolution des environnements tardiglaciaires et holocènes Axe 2 : chronologie des successions culturelles au Tardiglaciaire

Axe 3 : palethnographie des sociétés du Tardiglaciaire Axe 4 : chronologie des successions culturelles au début de l’Holocène

Axe 5 : palethnographie des sociétés du début de l’Holocène Les résultats obtenus sur le reste humain de

Reuil-Malmaison a pu être remis en contexte par rapport aux résultats sur la faune associée du site (Fig. 2). Notons que ce gisement est l’un des rares avec Auneau et Noyen-sur-Seine pour lequel nous avons ainsi la possibilité de comparer directement les résultats sur humain et une faune contemporaine provenant du même site. Les résultats en 13C et 15N du brochet permettent de

disposer d’un point de comparaison entre ressources aquatiques et terrestres. La moyenne de l’alimentation carnée de l’individu à Rueil-

Malmaison peut être reconstituée en tenant compte des fractionnements isotopiques entre collagène d’un consommateur et celles de ces proies et est visualisée sous forme d’un rectangle dans la figure 2. Les protéines du régime alimentaire humain provenaient probablement d’un mélange de viande de cerf, sur la base des teneurs en 13C, et de sanglier, d’après les teneurs

en 15N. Ce scénario est proche de celui établi pour

les sujets du Mésolithique moyen d’Auneau et Mareuil-lès-Meaux.

Figure 2 - Valeurs de !13C

coll et !15Ncoll des restes de faune et d’humain du site des Closeaux. Le rectangle bleu figure la moyenne des teneurs isotopiques du collagène des proies consommées.

Dans le cas de Berry-au-Bac, nous ne disposons pas de faune directement associée et la comparaison est à établir avec le référentiel du site de Noyen-sur-Seine pour cette période de l’Atlantique ancien. Le sujet de Berry-au-Bac présente des teneurs en 13C et en 15N comparables

à celles du sujet humain de Cuiry-les-Chaudardes et un individu humain de Noyen. En raison de la

complexité en terme de teneurs en 13C et an 15N du

réseau trophique mis en évidence à Noyen, nous devons nous reporter aux teneurs en 34S pour

estimer la part possible des ressources aquatiques dans l’alimentation.

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Axe 3 : palethnographie des sociétés du Tardiglaciaire Axe 4 : chronologie des successions culturelles au début de l’Holocène

Axe 5 : palethnographie des sociétés du début de l’Holocène