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Les caractères technologiques de l’industrie sont communs à plusieurs faciès culturels du Paléolithique supérieur. Les convergences avec certaines productions gravettiennes (stades ancien et récent) sont nombreuses (recherche de produits laminaires rectilignes débités au moyen de percuteurs de pierre tendre sur des nucléus bipolaire cintrés…) ; mais la présence de plusieurs pièces mâchurées rattache l’industrie au principal faciès culturel de la moitié nord de la France contemporain du Dryas récent, le Belloisien.

Les sites identifiés comme belloisiens ont été interprétés dans un premier temps comme des ateliers de production de supports laminaires à usage différé. Peu d’outils du fonds commun sont associés aux occupations et les armatures rares, au point que leur typologie est restée longtemps méconnue. En revanche, un outil a posteriori a fréquemment été identifié au sein des assemblages ; il s’agit de lames ou d’éclats dont au moins une tranche présente des stigmates de percussion et d’écrasement, le mâchurage. Ces outils, dont les analyses tracéologiques ont démontré un usage sur matière dure minérale, sont considérés comme ayant servi à la réfection de percuteurs de pierre tendre (Fagnart et Plisson 1997), venant conforter dans un premier temps l’hypothèse de sites d’atelier (Bodu et Valentin 1993).

Des avancées significatives ont été générées ces dernières années par la découverte de nouveaux gisements contemporains identifiés comme étant des sites d’habitat. Les assemblages lithiques de ces sites associent un débitage laminaire très régulier à un outillage diversifié témoignant d’activités relevant à la fois des sphères domestique et cynégétique. Les armatures lithiques identifiées renvoient tantôt à la sphère méridionale avec les pointes à dos rectiligne du Laborien, tantôt à la sphère septentrionale avec les pointes à troncatures obliques d’affinité ahrensbourgienne. Quelques sites révèlent l’association de ces deux types d’armatures ; c’est le cas du site du Buhot à Calleville (Biard et Hinguant 2011).

Les recherches de B. Valentin ont permis de confronter les données issues de quelques principaux sites attribués au Dryas récent au delà des seules limites du Bassin parisien (Valentin 2008). La scission entre le Belloisien et le Laborien semble à la lumière de ces travaux remise en question tant les choix technologiques paraissent communs et l’association des deux types d’armatures se confirme lors du réexamen des séries ou grâce à de nouvelles découvertes.

Le site de Champ-Chalatras situé aux Martres-d’Artière près de Clermont-Ferrand a livré une occupation dont l’industrie à pointes de Malaurie, contemporaine du Belloisien, évoque un site d’habitat qui pourrait être raccordé à la sphère septentrionale par la matière première siliceuse employée (Pasty et al. 2002). Cette dernière provient en effet de la vallée du Cher. Il s’agit de fait du même silex blond que celui employé sur le site de Nétilly pourtant distant de 200km. Il est probable

ANNEXE 1 : ACTUALITÉ DES RECHERCHES

Un gisement belloisien au sud de la vallée de l’Indre : Nétilly à Sorigny

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Axe 1 : évolution des environnements tardiglaciaires et holocènes Axe 2 : chronologie des successions culturelles au Tardiglaciaire

Axe 3 : palethnographie des sociétés du Tardiglaciaire Axe 4 : chronologie des successions culturelles au début de l’Holocène

Axe 5 : palethnographie des sociétés du début de l’Holocène

que d’autres sites contemporains situés le long de cette vallée restent à être découverts pour documenter ces relations à longue distance.

Dans la région, plusieurs sites ont été attribués au Belloisien : il s’agit principalement des sites de Muides-sur-Loire (Hantaï 1997, Deschamps 2002, Kildea 2009) et de Mienne à Marboué (Agogué 2005) dont les assemblages ne sont toutefois pas associés à des pièces mâchurées. C’est également le cas de deux autres sites régionaux attribués au Belloisien. Il s’agit du site des Sables à Candé-sur- Beuvron, découvert par Mme Villain puis prospecté par R. Irribarria (association Archéo pour tous, non publié), et du site de Chatillon-sur-Cher fouillé en contexte préventif par M.-F. Creusillet (Creusillet 2000).

Le site de Nétilly, bien que présentant un état de conservation a minima, permet de collecter des informations de différentes natures. Les contextes d’implantation des sites contemporains du Dryas récent viennent compléter les observations paléo-environnementales qui suggèrent que les fonds de vallées étaient moins accessibles à la fin du Tardiglaciaire en raison de la mise en place localement massive de limons (Pastre et al. 2000). Le site de Nétilly est en effet situé sur le plateau qui domine la vallée de l’Indre. Ses principales caractéristiques évoquent un site d’atelier. En témoignent notamment les pièces mâchurées qui constituent l’outil quasi exclusif de l’assemblage lithique, à la différence des quelques sites contemporains régionaux. Enfin le site de Nétilly est susceptible de participer à la réflexion concernant les relations entre le Massif central et le Bassin parisien à travers le prisme de la circulation des matières premières, et spécifiquement du silex du Turonien inférieur.

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Un gisement belloisien au sud de la vallée de l’Indre : Nétilly à Sorigny

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Axe 1 : évolution des environnements tardiglaciaires et holocènes Axe 2 : chronologie des successions culturelles au Tardiglaciaire

Axe 3 : palethnographie des sociétés du Tardiglaciaire Axe 4 : chronologie des successions culturelles au début de l’Holocène

Axe 5 : palethnographie des sociétés du début de l’Holocène

Bibliographie

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2000 : « Le Tardiglaciaire des fonds de vallée du Bassin parisien », Quaternaire, 11 (2), p. 107-122. PASTY J.-F., ALIX P., BALLUT C., GRIGGO C., MURAT R.

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Axe 5 : palethnographie des sociétés du début de l’Holocène

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UNE CHASSE À LAUROCHS

ATTRIBUÉE À LEXTRÊME FIN DU PALÉOLITHIQUE SUPÉRIEUR