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Cherchant évidemment une norme commune par-delà ces contrastes, nous avons entamé des comparaisons au sein du Belloisien avec quelques premières observations sur le site éponyme de Belloy-sur-Somme (Somme). Sur cette très vaste série amplement remontée, les choix concernant initialisation et progression correspondent bien à ceux que nous avons remarqués à Donnemarie en particulier sur le silex secondaire, ce qui est tout à fait logique vu que les volumes initiaux de Belloy sont très ressemblants par leurs sections plutôt ovalaires. Dans ce contexte, il existe aussi plusieurs cas flagrants de progression demi-tournante et dissymétrique

BILANS

Révision des méthodes de taille sur le site belloisien de Donnemarie-Dontilly

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Axe 1 : évolution des environnements tardiglaciaires et holocènes Axe 2 : chronologie des successions culturelles au Tardiglaciaire

Axe 3 : palethnographie des sociétés du Tardiglaciaire Axe 4 : chronologie des successions culturelles au début de l’Holocène

Axe 5 : palethnographie des sociétés du début de l’Holocène sans qu’il y ait incitation particulière des

morphologies de départ. Il existe même quelques débitages faciaux, c’est-à-dire initialisés sur la face large de gros éclats débités. On note par ailleurs la fréquence des nucléus hors remontages très aplatis au moment de l’abandon, parfois exploités pour extraire de façon expédiente quelques lames un peu épaisses et irrégulières. À Belloy aussi, la productivité en supports réguliers est donc loin d’être systématique. Tout cela se confirme sur la petite série amplement remontée du locus 1 des Diguets à Acquigny (Eure) avec à nouveau le choix significatif de progressions demi- tournantes dissymétriques que la géométrie originelle n’imposait absolument pas9.

Après ces toutes premières révisions sur le Belloisien, les analogies avec les industries sub-contemporaines du Centre- Ouest paraissent plus fortes que ne le laissaient penser nos derniers bilans. Reste à savoir s’il s’agit véritablement de similitudes : les progressions dissymétriques demi-tournantes existent bel et bien dans le Belloisien, mais elles semblent tout de même moins systématiques que ce que décrit Nicolas Naudinot (2010 ; 2013) sur un site comme Camp d’Auvours (Sarthe). Est-ce une conséquence de la dimension moyenne plus

9 Tous nos remerciements chaleureux à Miguel

Biard, Jean-Pierre Fagnart, Paule Coudret et Alain Boucher pour leur accueil auprès d’Acquigny et de Belloy ainsi que pour nos discussions si enrichissantes.

importante des volumes originels dans le Belloisien ? Cette discordance n’est-elle plutôt qu’une apparence liée au problème méthodologique que pose la comparaison entre les séries partiellement remontées du Belloisien et des assemblages composés essentiellement de nucléus en état d’abandon sur lesquels il est difficile de restituer initialisation et progression avant les dernières séquences sur surface très aplatie. Quoi qu’il en soit cet aplatissement constitue un point commun manifeste avec le Belloisien et cela fait partie des acquis notables de ces récentes études.

Ce retour à Donnemarie, site emblématique par ses remontages, est donc instructif à divers titres.

Il permet d’abord de prendre parfaitement conscience que, sur de gros volumes, initialisation et progression du débitage sont souvent difficiles à reconstituer sans remontages assez complets. Les comparaisons ne reposant que sur les nucléus en état d’abandon sont par conséquent limitées, même si l’aplatissement pourrait constituer un indice significatif dans ce contexte de la transition entre Pléistocène et Holocène.

D’ores et déjà, ce retour à Donnemarie et cette relecture attentive des méthodes à la lumière du modèle provisoire élaboré en Centre-Ouest fournissent de nouvelles clefs pour les comparaisons futures à étendre plus loin en direction de l’(Epi-)Laborien, vers

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Axe 1 : évolution des environnements tardiglaciaires et holocènes Axe 2 : chronologie des successions culturelles au Tardiglaciaire

Axe 3 : palethnographie des sociétés du Tardiglaciaire Axe 4 : chronologie des successions culturelles au début de l’Holocène

Axe 5 : palethnographie des sociétés du début de l’Holocène l’Ahrensbourgien voire jusqu’au Swidérien.

N’oublions pas non plus l’Épigravettien récent où l’on trouve, rappelons le : 1) des débitages sur surfaces extrêmement plates (cf. Montoya, 2004, fig. 29) ; 2) des armatures présentant des affinités incontestables avec certains types épilaboriens que l’on trouve parfois dans le Belloisien.

En plus de ces comparaisons synchroniques, cette relecture du Belloisien incite aussi à de nouvelles comparaisons avec l’Azilien récent qui précède pour bien saisir sur quoi reposent exactement les contrastes apparents. Est-ce seulement la productivité moyenne en supports réguliers, sachant maintenant qu’elle varie tout de même d’une opération de taille à l’autre en contexte belloisien, vu aussi que des lames courtes irrégulières et des éclats allongés font parfois partie des objectifs ? N’est-ce pas la très fréquente minceur des lames et lamelles régulières qui est la plus discriminante, cette qualité étant liée à la fois à l’élargissement vers des surfaces plates et à des détachements souvent très marginaux par contraste avec des percussions généralement internes dans

l’Azilien récent. De telles confrontations, qui devraient également porter sur le Mésolithique ancien faisant suite au Belloisien, enrichiront la réflexion sur d’éventuelles intentions communes fondant les analogies à longue distance entre industries de la transition entre Pléistocène et Holocène. Doit-on les regrouper en un seul techno-complexe ? Peut-on déjà parler de complexe « Laborien-Belloisien- Ahrensbourgien (LBA) » alors que le degré d’analogie n’est pas encore précisément défini ? Vaut-il mieux faire référence aux « Regular Blades and Bladelets Industries » (Valentin, 2008) ? Finalement, nous doutons désormais que la régularité est le bon critère à mettre en exergue. Faut-il alors préférer « Straight Blades and Bladelets Industries » (Naudinot, 2010 ; 2013 ; Fornage, 2013) ? Mais la rectitude en profil, conséquence de l’usage de la pierre tendre, est-elle vraiment discriminante ? Selon nous, c’est donc plutôt une recherche particulière de minceur qui signerait l’originalité des productions de lames et lamelles dans le Belloisien et les industries apparentées.

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Axe 1 : évolution des environnements tardiglaciaires et holocènes Axe 2 : chronologie des successions culturelles au Tardiglaciaire

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Axe 3 : palethnographie des sociétés du Tardiglaciaire Axe 4 : chronologie des successions culturelles au début de l’Holocène

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STRATÉGIES DE SUBSISTANCE MÉSOLITHIQUES EN ILE-DE-FRANCE