• Aucun résultat trouvé

D.G. Drucker, Universität Tübingen

J.G. Enloe, University of Iowa

A. Waterman, Coe College, Cedar Rapids,

F. Audouze,

UMR 7041,

et M.-J. Weber,

Zentrum für Baltrische und Skandinavische Archäologie,UMR 7041.

À la suite du colloque de Schleswig sur les migrations du renne au Tardiglaciaire, il nous a paru intéressant d’étendre la problématique de la mobilité de cette espèce comme traceur indirect de la mobilité des groupes humains au site du Buisson Campin à Verberie. L’approche utilisant les analyses des isotopes stables des restes osseux et dentaires pour identifier des migrations a été mise au point en archéologie par T.D. Price et al. (1994 ; 2000 ; 2008). En comparant le taux du rapport du strontium 87 au strontium 86 (87Sr/86Sr) des mammifères dont l’habitat est très local (rongeurs, gastéropodes) à celui d’éléments dentaires à différents stades de croissance des rennes (ou d’autres mammifères mobiles) on peut reconnaître des taux différents qui témoignent d’une mobilité sur des terrains aux substrats géologiques différents. Lorsque les caractéristiques géologiques le permettent, on peut retrouver la région où les rennes se sont alimentés durant les premières années de leur vie pendant lesquelles les dents analysées se sont formées (Hobson et al., 2010). D. Drucker développe de son côté depuis plusieurs années des

méthodes d’étude de l’environnement et de l’alimentation des mammifères et des populations humaines du Quaternaire à partir des isotopes de l’azote, du carbone et du soufre du collagène (2007 ; 2011 ; 2012) qui sont complémentaires de l’approche de T.D. Price. L’utilisation combinée de ces deux approches doit permettre de mieux comprendre le comportement des troupeaux de rennes de Verberie et, partant de là, la stratégie de chasse et de mobilité des chasseurs magdaléniens.

Des analyses des teneurs isotopiques du strontium 87Sr/86Sr ont été effectuées sur des mandibules de rennes et quelques restes de rongeurs provenant de 6 des 8 niveaux du Buisson Campin et sont en cours d’interprétation et de publication (Enloe & Waterman, en préparation). Il faut maintenant comparer ces résultats avec ceux portant sur d’autres sites du Nord de la France et des données portant sur le rapport 87Sr/86Sr dans le Bassin parisien en notant que Verberie se trouve à la frontière de couches secondaires (à l’ouest, au delà de la rive droite de l’Oise) et tertiaires (rives gauches de l’Oise) et qu’elles

PROJETS EN COURS

Mobilité des rennes et des chevaux à Verberie

- 136 -

Axe 1 : évolution des environnements tardiglaciaires et holocènes Axe 2 : chronologie des successions culturelles au Tardiglaciaire

Axe 3 : palethnographie des sociétés du Tardiglaciaire Axe 4 : chronologie des successions culturelles au début de l’Holocène

Axe 5 : palethnographie des sociétés du début de l’Holocène peuvent présenter des différences de taux sur

une échelle géographique réduite.

Bien que très minoritaire en nombre et en poids de restes, le cheval est présent à Verberie et représente une espèce dont la mobilité est différente de la mobilité supra- régionale et plus ou moins linéaire du renne. Le cheval est très mobile mais son régime alimentaire « généraliste » lui permet de rester au sein de sa région tandis que le régime alimentaire spécialisé du renne l’oblige à migrer plus loin (Bignon, 2003, p. 400-401 ; 2008, p. 16-17).

Cette spécialisation des rennes sous forme de consommation de lichen se traduit par des teneurs isotopiques du carbone supérieures à ceux des chevaux, observés lors d’une première analyse des rapports 15N/14N et 13C/12C dans des éléments osseux d’un niveau du Buisson Campin (Drucker, 2007, p. 20). De manière plus générale, cette analyse a montré une homogénéité des environnements parcourus par les chevaux et la plupart des rennes au Magdalénien dans le Bassin parisien, avec une exception possible pour le site d’Etiolles où les rennes ont fourni des teneurs en azote-15 les plus élevées.

Plus récemment, la résolution de ces dernières analyses peut atteindre le niveau saisonnier en échantillonnant les racines dentaires de différentes molaires (analyse de la dentine ; Drucker et al., 2012) et ainsi

correspondre à celle de l’analyse du taux de strontium à différents endroits de l’émail dentaire. Nous comptons donc comparer à l’échelle intra-individuelle les rennes et les chevaux à la fois à partir de leur teneur isotopique du strontium de l’émail dentaire et des teneurs isotopiques carbone, de l’azote et du soufre du collagène de la dentine afin de déterminer si la migration des rennes était supra-régionale ou non. L’uniformité du Bassin Parisien ne laisse toutefois pas espérer d’identifier une destination précise de migration à moins qu’elle n’ait mené le troupeau jusque dans des régions très différentes géologiquement, telles la Bretagne, le Morvan ou le Massif Central.

Les résultats obtenus feront ensuite l’objet de comparaison avec les résultats obtenus par T.D. Price et al. (2008) et D. Drucker et al. (2011) en Allemagne sur différents troupeaux de rennes hambourgiens et ahrensbourgiens. À travers les conditions climatiques et pédologiques, ceux-ci reflètent la position septentrionale de l’Allemagne du nord par rapport aux autres régions ayant connu la présence du renne au Tardiglaciaire comme le Bassin parisien. Les résultats inédits de nouvelles analyses effectuées par T.D. Price et de D. Drucker dans le cadre du projet de recherche autour des rennes de la vallée d’Ahrensbourg compléteront la comparaison

PROJETS EN COURS

Mobilité des rennes et des chevaux à Verberie

- 137 -

Axe 1 : évolution des environnements tardiglaciaires et holocènes Axe 2 : chronologie des successions culturelles au Tardiglaciaire

Axe 3 : palethnographie des sociétés du Tardiglaciaire Axe 4 : chronologie des successions culturelles au début de l’Holocène

Axe 5 : palethnographie des sociétés du début de l’Holocène avec les données existantes et à obtenir sur Verberie.