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Le nombre total de mobilier lithique collecté sur le site est de 132 individus, dont huit proviennent de la phase de diagnostic (tabl. 1). L’assemblage est constitué de 29 lames, 40 éclats et 2 nucléus. Les lamelles sont très peu nombreuses avec 4 individus seulement. Les outils sont au nombre de 9, dont 7 dont des outils a posteriori. Les esquilles sont présentes en nombre, avec 47 individus ; aucun tamisage des sédiments n’a pourtant été réalisé. Ces esquilles ont été collectées au même titre que chaque objet de silex taillé, principalement au sein du comblement des structures en creux. Il est toutefois raisonnable de penser qu’elles sont sous-représentées.

Type Nombre Lames 29 Lamelles 4 Eclats 40 Outils 9 Nucléus 2 Casson 1 Esquilles 47 Total 132

Tableau 1 - Décompte de l’industrie lithique.

Les silex taillés de l’assemblage présentent presque tous la même patine blanche à gris-bleu qui gêne la détermination des matières premières employées. Quelques cassures fraîches permettent toutefois d’identifier le silex du Turonien inférieur à grain très fin, présent localement dans les

ANNEXE 1 : ACTUALITÉ DES RECHERCHES

Un gisement belloisien au sud de la vallée de l’Indre : Nétilly à Sorigny

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Axe 1 : évolution des environnements tardiglaciaires et holocènes Axe 2 : chronologie des successions culturelles au Tardiglaciaire

Axe 3 : palethnographie des sociétés du Tardiglaciaire Axe 4 : chronologie des successions culturelles au début de l’Holocène

Axe 5 : palethnographie des sociétés du début de l’Holocène

formations calcaires sous-jacentes et aisément accessible dans les vallées. Il semble que les variétés noire et blonde soient représentées ; leur proportions respectives sont toutefois très difficile à apprécier tant le développement de la patine apparaît similaire quelque soit la teinte du silex. Le silex du Turonien supérieur, dit du Grand-Pressigny, est présent ; il n’est toutefois représenté que par un seul objet, un outil. Le statut de cette matière première apparait donc comme particulier : elle n’a pas été débitée sur place, mais a été introduite sur le site sous forme de support. Sa transformation en outil a pu intervenir avant son apport ou une fois sur place. Dans les deux cas, le groupe de chasseur- cueilleurs a anticipé des besoins matériels par l’emport de supports bruts ou transformés depuis le précédent campement.

Les artefacts lithiques présentent dans leur grande majorité des caractères technologiques et typologiques d’une grande cohérence. Si l’ensemble n’est pas dénué de remaniements post- dépositionnels (érosion, bioturbations, excavations antiques), il peut toutefois être considéré comme homogène, c’est à dire résultant d’une même occupation préhistorique. Un remontage entre deux lames a d’ailleurs été réalisé. La concentration des vestiges dans l’espace à l’échelle de l’emprise décapée, ainsi que l’unité de l’aspect physique des artefacts sur lesquels une même patine s’est développée, nous incite à exclure la possible intrusion de vestiges provenant d’autres occupations, diachroniques. Deux artefacts seulement ont retenu notre attention, soit par leur morphologie ou par leur aspect physique : il s’agit un petit nucléus à éclats et lamelles très courts, et d’une lame outrepassée en silex blond peu patiné. La prise en compte secondaire de leur lieu de découverte, nettement en marge de la concentration, a permis de considérer qu’ils n’étaient à associer à l’assemblage lithique principal.

L’assemblage lithique est marqué par un nombre important de lames, constituant près de 22% de l’assemblage (29 lames ainsi que deux lames retouchées), et qui contraste avec la faible représentation des produits lamellaires (4). Les activités de taille de silex sont ici clairement orientées vers la production de lames régulières au profil rectiligne (fig. 2). Les lames observées sont pour plus de la moitié à trois ou quatre pans (respectivement 9 et 7 individus). Parmi ces lames, on dénombre neuf lames à crête ou lames sous-crête dont deux retouchées. Leur présence vient documenter le soin apporté à la préparation des volumes des blocs à débiter, et en particulier l’initialisation du débitage laminaire. Ce soin est attesté également par la préparation du bord de plan de frappe au préalable du détachement des lames. Les talons de 12 lames ont en effet pu être observés, et ce sur quatre produits entiers et huit fragments proximaux. Seul un des talons n’est pas abrasé avec soin. Huit talons sont lisses abrasés et, fait notable, trois talons sont facettés et égrisés. Les stigmates de percussion indiquent l’emploi de percuteurs de pierre tendre avec la présence de lèvres discrètes, associées à des bulbes peu proéminents parfois esquillés. L’angle du bord du talon est aigu et le front est souvent émoussé (Pelegrin 2000), témoin du soin particulier accordé à la préparation au détachement des produits laminaires.

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Un nucléus (fig. 3) est associé à la concentration de vestiges et présente des caractéristiques parfaitement cohérentes avec la production des supports précédemment décrits. Il s’agit d’un nucléus laminaire à deux plans de frappe opposés dont la table laminaire est sensiblement rectiligne. Le dos est majoritairement cortical ; une surface de fracture liée une diaclase forme une arête dorsale au contact des surfaces corticales. La partie la plus saillante de cette arête a été réduite par une série de percussions dont l’intensité évoque l’emploi du nucléus comme percuteur après son exploitation. La table laminaire mesure 11cm de longueur pour une largeur de 6cm environ. Au stade d’abandon du nucléus le cintre est peu prononcé, et la table envahit peu les flancs. Aucun négatif ne suggère un entretien des volumes par une crête antérieure, bien que plusieurs lames à crête aient été identifiées au sein de l’assemblage, attestant de cette modalité de mise en forme et d’initialisation du débitage laminaire. Les plans de frappe montrent un entretien régulier par le détachement d’éclats courts et fins à partir de la table laminaire.

Figure 3 –Nétilly à Sorigny : industrie belloisienne

L’outillage est relativement abondant pour un assemblage lithique d’à peine plus de 100 objets. Il est toutefois très largement dominé par un type d’outil particulier : les pièces mâchurées (tabl. 2). Sur les huit outils dénombrés, un seul n’est pas mâchuré (fig. 2, n°1) ; il s’agit d’un racloir dont la localisation excentrée par rapport au site identifié est à souligner. Son association au reste du mobilier est discutable du fait de ces particularités à la fois spatiales et typologiques. Le racloir est aménagé sur un éclat réfléchi au moyen d’une retouche rectiligne directe semi-abrupte continue du bord droit, opposée à un bord gauche naturellement convexe. Le support a été débité au percuteur de pierre avec un geste rentrant.

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Type Nombre

Racloir 1

Pièce mâchurée 7

Burin mâchuré 1

Total 9

Tableau 2 - Décompte typologique de l’outillage.

Les autres supports modifiés sont tous des éléments mâchurés (fig. 4), c'est-à-dire dont au moins un des tranchants présente d’importants écrasements associés à des esquillements. Les supports qui portent ces stigmates sont des lames ou des éclats. Les dimensions des supports ainsi que la localisation et l’étendue du bord mâchuré sont variables.

Figure 4 –Nétilly à Sorigny : industrie belloisienne

Quatre des supports sont des lames dont la largeur est comprise entre 2,2 et 2,9cm. Il s’agit d’une lame à crête, d’une lame sous-crête et de deux lames de plein débitage dont les négatifs sont

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bipolaires. La lame à crête présente deux portions de tranchant mâchuré. Ces deux portions ne sont pas rectilignes mais constituent de part et d’autre du support de larges encoches. La lame sous-crête et une des lames de plein débitage ont été fracturées probablement lors de l’utilisation de ces outils, la fracturation étant induite par un impact localisé au niveau des stigmates de mâchurage.

Les quatre autres pièces mâchurées sont sur éclat. Trois des éclats présentent une largeur sensiblement égale puisque comprise en 5,8cm et 6,1cm. La quatrième est plus étroite (3,8cm) mais il s’agit d’un burin sur cassure. L’examen particulier de l’outil permet d’observer qu’il s’agit en fait d’un éclat semi-cortical dont le bord gauche est mâchuré, avant que n’interviennent une cassure dont l’origine est le mâchurage lui-même. Le pan de fracture transversal de l’éclat devient alors la surface à partir de laquelle plusieurs coups de burins sont portés (au moins deux). L’extrémité distale de l’éclat support est affectée d’une encoche réalisée au moyen d’une retouche abrupte directe, antérieure aux coups de burins.