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RESULTATS ET DISCUSSIONS

CHAPITRE 7 Intégration dans un système d'information local

3. Tester : examiner et vérifier les documents sélectionnés ;

7.3 Résultat final

A ce stade, les données géologiques sont prêtes à être intégrées dans une base de données spatiale. C’est ici que se croisent très concrètement les réflexions géologiques (ce manuscrit) et les performances techniques de la géomatique (Favre, 2018). S’inscrivant dans la suite logique de celui du workflow illustré dans la Figure 69, le schéma présenté ci-dessous permet de comprendre comment une sélection d’objets/sujets et de caractéristiques géologiques sont transférés dans une base de données spatiale (Figure 75).

Figure 75: Passage de la sélection de la donnée géologique dans un système de base de données spatiale

Pour synthétiser, en géomatique un objet peut être représenté et géo-référencé en trois entités : un point (sondage, piézomètre), une ligne (sismique, électrique) ou un polygone (affleurements). Celles-ci peuvent ensuite être associées à divers sujets et thématiques telles que la géologie, la géothermie ou l’hydrogéologie. Puis, chaque caractéristique d’une de ces entités est transférée en attribut, auquel est donnée une valeur type : un texte libre (VARCHAR), un nombre (INTERGER, DECIMAL), une date (DATE), un lien (LINK), une liste déroulante

Nature structure Nom structure

- Décrochement - Décrochement du Vuache - Chevauchement - Décrochement du Coin - Anticlinal - Décrochement de Cruseille - Synclinal - Décrochement de l'Arve

- Autre - Décrochement du Pommier

- Inconnue - Chevauchement du Salève - Autre

- Inconnue

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(CODELIST) incluant les choix binaires « oui/non » ou une liste déroulante plus complète.

Finalement, les liens entre les différentes tables sont définis par des associations et leurs cardinalités (min-max) peuvent être de un à un (1-1), de un à plusieurs (1-N) ou encore de plusieurs à plusieurs (M-N). Par exemple, un point représentera un forage (1-1), tandis qu’un sondage pourra être composé de plusieurs unités géologiques (1-N), et que plusieurs sondages ont pu être gérés par plusieurs ingénieurs (M-N).

Le modèle conceptuel complet de la future base de données du canton de Genève présenté dans la Figure 76 ci-dessous illustre le résultat final obtenu au terme de ce travail de thèse. Celui-ci est le fruit de l’ensemble des discussions, modifications, ajustements opérés en étroite collaboration avec Stéphanie Favre, mais aussi avec d’autres acteurs du projet que nous avons déjà évoqués tout au long des chapitres précédents. Le travail de géologue que j’ai assuré durant ces trois années de recherches universitaires a donc consisté à étudier et identifier, de façon précise, les éléments et les données à intégrer à cette base de données pour permettre un suivi géologique fiable et de qualité. Portée par Stéphanie Favre, la mission du géomaticien présentée brièvement dans le chapitre précédent, a été d‘œuvrer sur la structuration des données à intégrer et de développer le modèle conceptuel final et les hypothèses d’implémentation de la future base de données. Les choix concernant les détails techniques de la structure informatique (organisation des tables et les liens entre les tables) et des outils utilisés pour mettre en place la base de données informatique, peuvent donc être retrouvés et expliqués dans le manuscrit de thèse de Stéphanie Favre en préparation. (Favre, 2018)

Pour améliorer la lisibilité de ce modèle, les éléments ont été classés en sept domaines : 1. Données en commun (en noir) ;

2. Données sur la géologie (en orange) ; 3. Données sur la pédologie (en brun) ;

4. Données de forages et d’affleurements (en violet) ; 5. Données sur la géophysique (en rouge) ;

6. Données sur l’hydrogéologie (en bleu) ;

7. Données sur les installations géothermiques (en vert).

La table centrale est la « table administration » - tdata_com_admin. Elle correspond à notre sujet/objet « suivi administratif » et se situe au centre dans la Figure 76 ci-dessus, car c’est à elle de lier chaque table de la nouvelle base de données entre elles. Cette table centrale

« administration », regroupe donc des attributs très généraux caractérisant l’objet intégré. Il s’agit en quelque sorte de la porte d’entrée pour accéder à la donnée. La transposition entre les éléments présentés dans les premiers résultats intermédiaires de ce chapitre et l’intégration dans ce modèle conceptuel suivent les correspondances ci-dessous :

Géologie Géomatique

Pour chacune des tables, la date et l’auteur de la saisie et/ou de la mise à jour ainsi qu’un attribut permettant l’adjonction de remarques générales ont été ajoutés pour assurer le suivi géomatique.

134 Figure 76: Modèle conceptuel de la future base de données du canton de Genève (Favre, 2018): schéma illustrant l’arborescence, les interactions et le contenu des tables et attributs (encadré en vert sont les objets/sujets discutés ici).

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A ce stade de la présentation des résultats, il est nécessaire de faire un point sur la répartition des différentes tâches. Refonder entièrement la base de données du Service géologique du canton de Genève devenue obsolète, est un projet d’une telle envergure, qu’il convient de noter que dans ce manuscrit, des objets ou des éléments présents dans la nouvelle structure de gestion (Figure 76) n’ont pas été détaillés, ni défendus dans les résultats intermédiaires. Il s’agit, en effet, d’aspects plus opérationnels déjà confrontés et appréciés par des collaborateurs du service (GESDEC) travaillant sur ces données depuis de nombreuses années. Cela concerne plus particulièrement des suivis piézométriques (tadat_spc_piezo et et tdata_spc_piezo_mesure), de la caractérisation des ressources (tdata_spc_ressource) et des caractéristiques pédologiques (tdata_spcpedo_horizon). De plus, de par sa formation liée aux questions environnementales, c’est Stéphanie Favre qui a assuré les échanges pour les aspects énergétiques gérés par l’office de l’énergie du canton de Genève (OCEN), telles que les installations géothermiques (tdata_spc_instal_geoth et tdata_spc_instal_geoth_mesure). Ces derniers éléments, comme c’est le cas déjà aujourd’hui pour la plupart des piézomètres, seront souvent associés à un sondage mais gérés indépendamment. L’ensemble de ces aspects opérationnels nous éloignant du sujet de recherche qui constitue cette thèse, à savoir rechercher, au moyen d’outils de géomatique, un nouveau langage géologique plus universel, et répondre aux nouveaux besoins du GESDEC, il a été décidé dans ce manuscrit, de ne pas entrer en détail, dans la description de ces éléments . Le travail de cette thèse a toutefois, pour les aspects précités, consisté à créer du lien et de la communication entre les différents acteurs, afin que leur investissement respectif soit mis en valeur dans la base de données projetée. Cette dimension d’interdisciplinarité, de transversalité et d’interopérabilité du travail conduit, qui constitue aussi la particularité de cette thèse, a surtout permis de sensibiliser sur la flexibilité sur laquelle devait s’appuyer la construction de ce nouveau système d’information et à quel point le domaine de la géologie est une discipline transversale.

7.4 Discussion et Conclusion

Les résultats présentés dans ce chapitre ont démontré toute la finesse avec laquelle chaque objet/sujet et caractéristique géologique ont été sélectionnés pour assurer leur valorisation directe dans une base de données. Malgré l’expérience acquise par l’analyse de systèmes similaires à travers le monde, il a été démontré qu’il n’était pas possible de copier/coller une telle organisation et qu’il était indispensable d’adapter le système aux problématiques régionales. Les trois étapes clefs pour atteindre les objectifs auxquels devait répondre la base de données ont ainsi consisté à:

1. Sélectionner avec pertinence les objets/sujets et caractéristiques géologiques importantes à valoriser au travers du système ;

2. Arbitrer -attribuer une valeur type et déterminer son importance- à chacune des caractéristiques pour qu’elles soient toutes exploitables et homogènes. L’importance de composer au maximum des listes déroulantes pour harmoniser l’ensemble des données a été souligné. Un grand travail d’harmonisation sur les unités géologiques composant le sous-sol genevois a dû être réalisé pour remplir l’intégralité des fonctions auxquelles le futur système devait répondre (détaillé dans le chapitre suivant), notamment pour assurer les corrélations entre les différents objets sélectionnés.

3. Intégrer les données dans un modèle conceptuel de base de données spatiale qui devra être implémenté dans les infrastructures de l’Etat.

Pour conclure et synthétiser les points abordés jusqu’à présent, mentionnons tout d’abord que pour exécuter avec rigueur les différentes étapes listées ci-dessus, il était indispensable de bien connaître la géologie, et d’entretenir un lien fort entre le monde scientifique et informatique (géomatique) pour éviter qu’un fossé ne se crée et que le système mis en place soit incohérent ou non adapté aux données réelles. C’est pour cela qu’un informaticien, un géomaticien ou un

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géologue, seul, ne pouvait pas répondre à l’ensemble des besoins. Tous conscients que les connaissances du sous-sol ne cesseront de s’améliorer à l’avenir grâce aux projets de recherche et à l’évolution des méthodes d’analyse, nous avons réfléchis et conçus cette nouvelle base de données géologiques de façon à offrir une flexibilité évolutive maximale.

L’un des plus grands avantages à créer un tel outil est d’assurer l'interdisciplinarité et la transversalité. Il semble important de revenir sur cette terminologie de « transversalité » et sur le sens qui lui est donné ici. Ce terme signifie « décompartimenter » les différents métiers et acteurs d’un même projet, pour garantir que la donnée soit transversale, accessible, compréhensible et alimentée par tous. Dans un projet comme GEothermie2020, il est indispensable qu’une donnée soit transversale car l’ampleur et les enjeux de la tâche nécessitent que plusieurs corps de métier interagissent et échangent pour développer au mieux les projets de géothermie. Les énergéticiens ne peuvent pas travailler de manière déconnectée de la géologie car une connaissance du sous-sol, des ressources et des risques associés est indispensable à la bonne conduite d’un projet de cette nature. À l’inverse, un géologue qui trouve une ressource dans le sous-sol ne voit pas d’intérêt à sa découverte s’il n’y a aucun besoin en surface, bien que sa protection soit déjà un objectif en soi. En d’autres termes, il faut connecter le vertical (géologie) à l’horizontal (énergie). Si –et seulement si- cette connexion est réalisée, la bonne gestion des géo-ressources est garantie. Des réflexions communes sont initiées pour connecter les emplacements des forages avec des plans d’aménagement du territoire ou avec des plans localisés de quartier entier. Cette transversalité dans l’action permet de regrouper des projets ayant les mêmes objectifs en réévaluant et en assurant les intérêts de chacun.

De plus, la gestion d’un sous-sol et le partage de la connaissance géologique vont parfois au-delà de l’application pratique directe. Il est souvent nécessaire de créer de la communication auprès des politiques ou du grand public pour s’assurer leur soutien. Il est aussi indispensable que les architectes/ingénieurs évaluent, avec des outils efficaces et à leur portée, le potentiel de développement de projets géothermiques en prenant garde aux ressources du sous-sol telles que les nappes phréatiques, notamment très présentes dans le canton de Genève. En l’occurrence, ces nappes doivent être protégées, et une telle base de données participe à assurer cette protection, ainsi qu’un bon suivi, tout en sensibilisant de manière efficace les acteurs du sous-sol. Il s’agit également de créer une communication avec d’autres services, comme ceux de l’agriculture, du département des eaux, des services d’aménagement du territoire et de bien d’autres encore. Cette future base de données –son organisation et les informations intégrées- doit offrir à tous un outil facile à comprendre et à manipuler. Le service de géologie, sols et déchets (GESDEC) disposera ainsi d’un outil complet lui permettant de contrôler très rapidement les impacts des projets et d’entériner ou pas leur approbation.

Un des points clés pour garantir la transversalité réside dans la mise en place d’une bonne communication et d’un langage le plus universel possible, auprès de toute personne interagissant avec le système. Cela nous amène à la question suivante : le contenu de cette base de données, à savoir ses caractéristiques et leurs valeurs associées, est-il bien compréhensible par tous ? Nous avons évoqué à plusieurs reprises dans ce chapitre la notion d’harmonisation des données. C’est dans ce concept que se trouve la réponse à cette problématique. Le prochain chapitre de ce manuscrit traitera donc du travail d’harmonisation de la géologie régionale qui a été réalisé.

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CHAPITRE 8