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RESULTATS ET DISCUSSIONS

CHAPITRE 8 Harmonisation de la géologie régionale du bassin genevois

8.3 Discussion et conclusion

Les résultats présentés dans ce chapitre ont permis de répondre aux attentes et aux besoins d’harmonisation du canton de Genève. Rappelons toutefois que la problématique d’harmonisation de la géologie n’est pas propre au contexte genevois. Tous les services devant gérer les données géologiques et les ressources d’un sous-sol se confrontent aux mêmes difficultés. Réalisés de manière souvent indépendante et sans vision globale, les légendes et les niveaux de détails des cartes géologiques existantes sont souvent hétéroclites et composés de connaissances répondant à des concepts, des techniques analytiques et des besoins différents.

Ces savoirs sont souvent figés dans le temps et les cartes ne permettent pas une évolution simple sans risquer de perdre les données initiales brutes. Transférer ces connaissances au travers de bases de données et les partager sur des plateformes en ligne représente un enjeu capital pour accompagner les nouveaux défis socio-économiques des territoires respectifs (énergies, risques, pollution,..). L’exemple des projets suisses et français ont donc permis de présenter des méthodologies d’harmonisation à différentes échelles et d’inspirer les réflexions à mener pour le cas du canton de Genève.

Avec leur dimension nationale et les efforts significatifs engagés par les services et les gouvernements pour les mettre en place, GeoCover et HARMOS de swisstopo et le Référentiel Géologique de la France, ont assez facilement réussi à s’imposer dans le monde de la géologie.

Un des axes charnières de ces projets, auquel cette thèse s’est grandement intéressée, est l’harmonisation de la lithostratigraphie. Pour rappel, un des objectifs de ce manuscrit est de proposer une liste déroulante des unités géologiques à intégrer à la future base de données du canton de Genève. Ainsi, s’agissait-il tout d’abord pour moi, de voir s’il existait déjà, à travers les projets nationaux une liste cohérente et pertinente susceptible d’être appliquée directement au système à mettre en place dans le canton de Genève. Il a rapidement pu être constaté, à cet égard, que les projets conduits à l’échelle nationale ne répondaient pas à tous les besoins du Canton. Par ailleurs, du côté français, le RGF fonctionnant par chantier régionaux, la région concernée par le projet genevois n’a pas encore été approchée et le sera prochainement. Du côté suisse, les résultats ont démontré qu’une application unique du système mis en place dans le cadre de HARMOS risquerait de mettre en péril un niveau d’information important sur le bassin genevois. Il a cependant été choisi d’intégrer ce niveau d’information plus global dans la future base de données pour assurer les échanges avec la Confédération.

Une étude sédimentologique et stratigraphique complète a donc dû être réalisée sur l’ensemble bassin genevois pour obtenir une liste exhaustive des unités géologiques pertinentes à intégrer au futur système d’information géologique. Cet exercice a permis de procéder à une analyse intégrée des connaissances géologiques régionales en valorisant les études stratigraphiques effectuées à ce jour. Chaque période constituant l’histoire géologique du bassin genevois (le socle, le Permo-Carbonifère, le Trias, le Lias, le Dogger, le Malm, le Crétacé, le Tertiaire et le Quaternaire) a été passée en revue. Les unités géologiques sélectionnées, les variations latérales et les transitions verticales ainsi que des modèles conceptuels de milieu de dépôts sur une sélection d’unités géologies définis, y sont décrit pour chaque période. A noter que cette analyse va bien au-delà d’une liste déroulante à intégrer dans une base de données puisqu’elle cherche également à dresser un état des lieux complet des connaissances géologiques régionales.

La pièce maîtresse de cette étude est la charte géologique traversant le bassin genevois du nord (le Jura) au sud (le Salève) en passant par le forage le plus profond du bassin (Humilly – 2). Cette charte regroupe et centralise un socle immense de connaissances géologiques et permet de renseigner tout acteur, qu’il soit géologue, ingénieur ou novice, sur la géologie régionale.

L’appellation Geneva Basin Stratigraphie 1.0 de cette charte stratigraphique est délibérée car elle sera amenée à évoluer avec le temps. Les connaissances du sous-sol vont, grâce à la déclinaison d’un programme tel que GEothermie2020, s’améliorer et s’affiner tandis que les projets HARMOS ou RGF apporteront, probablement de nouveaux éléments dans les prochaines années.

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Il se pourrait même que le travail réalisé sur le bassin genevois, à ce jour, accompagne à l’avenir le chantier régional porté par le BGRM. Les corrélations entre les différentes lithostratigraphies (niveau de détail ou terminologie) sont aujourd’hui assurées et devront être maintenues pour les projets futurs.

Ne cherchant ni à modifier ni à contester les connaissances géologiques régionales actuelles, l’étude que nous avons conduite dans le cadre de cette thèse, a pour unique ambition de proposer une sélection pertinente et une organisation cohérente de ces connaissances pour répondre aux besoins futurs du canton de Genève. A ce jour, l’harmonisation stratigraphique est ainsi principalement composée de :

• La classification des sols genevois (GADZ, 1997) pour le Quaternaire ;

• La coupe synthétique de la Molasse (Charollais et al., 2007) pour le Tertiaire ;

• Les coupes de Donzeau et al. (1997); Charollais et al. (2013); Strasser et al. (2016) et Pictet et al. (2016) pour le Jurassique supérieur et le Crétacé ;

• Les thèses de Piuz (2004) et Clerc (2005) pour le Jurassique moyen ;

• La coupe synthétique de St-Julien (Donzeau et al., 1997) pour le Jurassique inférieur ;

• Le forage de Humilly 2 pour le Trias et le Permo-Carbonifère (Rusillon, 2018).

C’est ainsi, grâce à cette étude, qu’une liste exhaustive des unités géologiques présentes dans le bassin genevois a pu être constituée. Il a été choisi d’intégrer ces éléments, sans attendre, dans la future base de données. Cependant comme pour la charte stratigraphique, il est indispensable de mettre en place un système flexible permettant d’intégrer, au fur et à mesure, des données plus précises acquises lors de futurs projets de forage, de nouveaux modèles géologiques 3D ainsi que, le cas échant, le fruit de prochains travaux de recherche. Il convient néanmoins de souligner que la solution proposée aujourd’hui permet déjà de garantir une organisation efficace, pérenne et évolutive des données géologiques. Continuer à assurer les collaborations mises en œuvre et rester ouvert à des ajustements garantissant l’efficience et la prospérité du produit proposé.

L’élément clé ainsi apporté dans ce chapitre, a été de démontrer qu’harmoniser et lier les connaissances géologiques entre elles, qu’elles proviennent du milieu académique ou industriel et ce, à travers toutes les générations, est possible. Nous avons également établi que seule une organisation de données géologiques homogénéisées permet d’assurer la bonne gestion des géo-ressources du sous-sol.

De plus, ce manuscrit de thèse a souvent insisté sur le fait que si la géologie n’a pas de correspondance directe avec les frontières économiques et politiques, sa gestion et sa compréhension s’opère essentiellement selon un spectre politique, chaque pays développant ses propres moyens d’analyse et de gestion de données. Est-ce utopiste d’imaginer qu’un jour, un système de gestion de données international soit développé? Par son engagement dans des consortiums et conférences internationaux, à travers le développement d’un questionnaire international d’état des lieux des systèmes actuels et également par le simple fait que Genève, par sa disposition géographique est une région qui a l’habitude d’entretenir des relations transnationales, cette thèse s’est modestement inscrite dans une perspective d’internationalisation du partage, du développement et de la gestion de la connaissance, notamment en effectuant des recherches précises et en réalisant des corrélations quand cela était possible avec les projets existants tels que Harmos, GeoMol, GeoQuat ou encore le RGF.

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CHAPITRE 9 Application et Démonstration

Par des exemples d’application, ce dernier chapitre illustre et démontre les intérêts du travail fourni et présenté dans ce manuscrit. En effet, ces recherches ont permis de proposer des solutions et des produits robustes pour élaborer le système d’information des données géologiques du canton de Genève (Figure 97). D’une part, la base de données remplit son rôle de centralisation et de diffusion de l’information du territoire. D’autre part, le catalogue stratigraphique constitue un réel produit de valorisation de la connaissance. Ainsi, conformément aux objectifs poursuivis, la totalité du système offre des outils d’aide à la décision pour le canton de Genève et l’accompagne dans la gestion des ressources de son territoire.

Figure 97 : Workflow général du futur système d’information pour la gestion des données géologiques du canton de Genève.

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9.1 Applications