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RESULTATS ET DISCUSSIONS

CHAPITRE 8 Harmonisation de la géologie régionale du bassin genevois

8.1 Les défis majeurs d’une harmonisation

8.1.2 Projet français : Référentiel géologique de France

Pour étayer nos réflexions, il a ensuite été important de s’intéresser de près aux travaux réalisés dans les régions françaises voisines du canton de Genève. L’étude du bassin genevois englobe effectivement les connaissances géologiques françaises qui constituent le socle principal des affleurements décrivant les unités géologiques du sous-sol du canton de Genève.

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Actuellement en cours, le Référentiel Géologique de la France (RGF) s’attache à collecter les informations géologiques de surface et du sous-sol français afin de créer une nouvelle représentation géologique du territoire national en combinant ces données de différentes profondeurs. Ce projet d’envergure, qui s’étalera sur près de trois décennies afin de couvrir progressivement l’intégralité du territoire s’appuie sur une gouvernance solide composée d’un Comité Directeur (instance décisionnelle du programme RGF), d’un Conseil Scientifique et d’un Secrétariat (instance exécutive du Programme). Constitué d'experts du monde académique et de représentants des domaines scientifiques du BRGM, le Conseil scientifique assure le suivi des dossiers et coordonne les actions scientifiques du projet (BRGM, 2017).

Comme pour la Suisse, les cartes géologiques françaises sont composées d’un ensemble hétérogène de données et de connaissances, du fait de l’évolution des concepts, des techniques analytiques et des besoins. De fait les 1070 cartes géologiques françaises du XXe siècle sont des produits riches en connaissances géologiques qui présentent toutefois les inconvénients de proposer un état des connaissances figé à la date de publication, de ne pas assurer la traçabilité des informations, d’enregistrer une perte des données initiales brutes (sélection des données), et de ne pas offrir de possibilité importante de mise à jour ni d’accessibilité au plus grand nombre (Baudin, 2015).

Le RGF a pour but de mettre en place une véritable plateforme tournante de l’information géologique, à partir de laquelle il sera possible d’échanger, de déposer et d’extraire de la donnée.

Scientifique et technologique, ce défi a pour ambition de transmettre aux générations futures les connaissances acquises en géologie pendant ces dernières décennies, au travers d’une modélisation géologique 3D continue, homogène, cohérente et régulièrement actualisée sur l’ensemble du territoire français. Le millier de cartes géologiques françaises représente plus de 800'000 sondages peu profonds, 6'000 sondages profonds, 360’000km de profils sismiques ainsi que de nombreuses autres données géophysiques qui devront être traitées et mises en cohérence tridimensionnelle d’ici la fin du projet (BRGM, 2013). Plusieurs décennies seront donc nécessaires pour atteindre l’objectif du RGF et ainsi réussir à répondre aux nouvelles demandes socio-économiques impliquant les sol et sous-sol français (énergie, risques, ressources, urbanisation, pollution…) d’ici 2040 idéalement.

Au vu de la quantité de travail à exécuter, une approche sous forme de chantiers régionaux (découpages régionaux) a été privilégiée et engagée pour atteindre les desseins du projet. La France a ainsi été séparée en plusieurs régions d’intérêts correspondant aux grands domaines géologiques nationaux. Les mêmes échelles que celles identifiées pour le projet suisse ont été utilisées. Décliné dans la région Vosges-Fossé rhénan, le projet pilote a contribué à mettre au point une méthodologie cohérente à appliquer aux futurs chantiers. Ce territoire a été choisi comme « région test » car il est doté d’une grande quantité de données historiques en raison notamment de l’exploitation minière, mais également de nombreuses données récentes acquises dans le cadre du déploiement de projets géothermiques et du développement de ressources énergétiques. Présenté en 2013, ce premier projet pilote a favorisé la constitution d’une base de données structurée et hiérarchisée avec les paramètres géologiques et géophysiques et permis de réaliser un modèle géologique 3D du terrain d’étude (profondeur 6 kms) qu’il est possible de consulter sur la plateforme de visualisation du BRGM69 (Figure 81).

Pour sélectionner les unités géologiques à intégrer dans cette base de données, l’équipe française dédiée a, tout d’abord, réalisé une liste exhaustive des unités géologiques décrites dans les cartes, forages, lignes sismiques, etc. de la région. Elle a ensuite procédé à l’élaboration de schémas relationnels de l’ensemble de ces unités géologiques afin de hiérarchiser les différentes formations à inscrire dans les nouvelles infrastructures de gestion.

69 http://infoterre.brgm.fr/viewer/

146 Figure 81: Démonstrateur du projet Vosges-Rhin du Référentiel Géologique de la France (Baudin, 2015)

Ces résultats initiaux ont ainsi encouragé le démarrage, en 2014, du premier chantier, celui des Pyrénées. L’ensemble des données géologiques transfrontalières seront alors entièrement revisitées et synthétisées par des experts régionaux (BRGM et académique) pour couvrir de manière homogène et cohérente les connaissances géologiques régionales. Ce travail, qui devrait se terminer courant 2018, pourra offrir la possibilité de partager un modèle géologique 3D, identique à celui présenté pour le projet pilote, sur la plateforme du BRGM (BRGM, 2017).

Ce futur référentiel géologique national est d’une importance cruciale pour le développement des connaissances de la géologie française. En plus du travail accompli, la démarche choisie a permis d’obtenir des soutiens financiers gouvernementaux et de proposer de riches projets de recherche aux Universités. Chaque région voit un intérêt à participer à ce projet national. Notons toutefois que tous les chantiers ne peuvent pas se déployer en même temps. Chacun d’eux est d’abord présenté et défendu, par sa région respective, devant la gouvernance du projet. Ainsi, le 22 novembre 2017, le Comité Directeur du programme a déclaré l’ouverture d’un nouveau chantier dès 2018. Il s’agit de celui des Alpes Bassin du sud-est, qui sera suivi, dans un futur proche, du chantier sur le bassin Parisien.

RGF à Genève ?

Le Référentiel Géologique de la France répond à toutes les attentes du projet du canton de Genève, d’un point de vue théorique. La méthodologie appliquée est juste et adaptée. Cependant, le chantier qui se rapprocherait le plus du bassin genevois n’a pas encore été réalisé. Il n’est donc pas possible de tirer, aujourd’hui, des enseignements de ce projet. Néanmoins, de nombreux échanges et discussions ont eu lieu avec les responsables de ce futur chantier pour bien comprendre la méthodologie utilisée et s’inspirer de cette expérience qui est un grand atout pour notre propre cas d’étude régionale. Contrairement au projet suisse HARMOS, aucune donnée ne fait référence ou ne se corrèle à ce projet dans l’étude sédimentologique et stratigraphique du bassin genevois présentée ci-dessous. Voyons à présent le cas du bassin genevois à travers son étude sédimentologique et stratigraphique, pour mieux comprendre les enjeux de l’information géologique locale.

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