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5.3 Retour critique sur les dispositifs d’accompagnement existants

5.3.1 Un réseau efficace bien que complexe

Les besoins exprimés par les auto-réhabilitateurs en terme d’accompagnement et les relations sociales au sein du chantier venant d’être étudiés, il ne reste plus qu’a effectuer une analyse critique des dispositifs d’accompagnement existants avant de pouvoir proposer des solutions d’améliorations dudit accompagnement.

Tout d’abord, il faut souligner le grand nombre d’organismes susceptibles d’intervenir sur le chantier, chacun de ces organismes proposant une aide spécifique et orientée selon les valeurs qu’il

1Voir page 116

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désirera défendre. Nombres d’entre eux sont organisés selon un découpage territorial, où chaque région voire département dispose d’une délégation prête à répondre rapidement à la demande d’un porteur de projet. Afin de garantir une certaine unité de discours, une délégation nationale, souvent basée à Paris, décide de l’orientation que prendra l’organisme et réparti les subventions octroyée à chaque sous- délégation. Ce type d’organisation assure un service efficace et surtout adapté aux spécificités architecturales de chaque région, car il est en effet bien différent de réhabiliter une bourrine du marais vendéen ou une maison en pierre volcanique d’Auvergne. Ainsi chez les Maisons Paysannes de France ou la Fondation du Patrimoine, on retrouve ce système de délégation, chacune dirigée par un ou plusieurs délégués parfois rémunérés et se basant sur l’action de bénévoles qui seront les premiers interlocuteurs des auto-réhabilitateurs.

Si cette organisation s’avère efficace aux dires des représentants rencontrés, il faut néanmoins remarquer que le grand nombre d’associations tournées vers l’auto-réhabilitation peut non seulement être source de confusion pour les porteurs de projet désireux d’obtenir un renseignement, mais de plus certains organismes ont des objectifs et un mode de fonctionnement quasi identique, une redondance qui peut s’avérer coûteuse pour l’État par exemple. Ainsi l’ADIL est une institution étatique dont le rôle est entre autre d’informer gratuitement les particuliers sur leurs droits et obligations, sur les solutions à leur disposition en terme de financements, de choix constructifs ou de matériaux et ce au moyen d’une entrevue réalisée avec le porteur de projet, durant laquelle seront prodigués conseils et informations1. C’est

un mode d’accompagnement que l’on peut retrouver dans un CAUE : si les objectifs généraux de ces deux institutions sont bien différents, le service rendu à un particulier porteur d’un projet de réhabilitation est ainsi quasi identique. Il faut néanmoins signaler que la tendance ces dernières années est à la réduction de l’aide aux particuliers au sein des CAUE : il a ainsi été impossible d’obtenir un entretien pour ce mémoire avec un architecte-conseil, que ce soit au CAUE de Nantes, du Mans, de Versailles, d’Angers ou de Tours.

Cette redondance dans les objectifs et le fonctionnement génère parfois un travail en réseau difficile, bien que les accompagnateurs

1 ADIL. «Qu’est-ce qu’une Adil ?». [en ligne] <https://www.anil.org/lanil-et-les-adil/votre-adil/> (consulté le 08/05/2017)

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rencontrés n’hésitent pas à renvoyer les particuliers vers une association plus à même de répondre à leurs besoins :

« Je pense notamment au CAUE, en fonction de certains

départements il est plus ou moins actif d’ailleurs. L’ABF a aussi un rôle de conseil, ils peuvent très bien conseiller les porteurs de projet sur des travaux, des entreprises... Donc on essaye au maximum d’orienter les porteurs de projet vers les personnes qu’on pense nous compétentes ou en tout cas qui sont légitimes dans les différents domaines. » (Représentant de la Fondation du Patrimoine)

Orienter les porteurs de projet vers les associations ou solutions les plus appropriées à leurs besoins est en effet un rôle important dans l’accompagnement, et certaines de ces institutions ont conscience du rôle complémentaire qu’elles jouent auprès des auto-réhabilitateurs :

« Autant nous on va permettre d’allouer des subventions, même

si [Maisons Paysannes] je sais qu’ils le font aussi dans certains cas, via des concours ou des prix, mais nous voilà, on a vraiment cette possibilité d’attribuer un label. […] Et puis, parfois moi je les renvoie vers MPF pour des conseils de réhabilitations. » (Représentant de la Fondation du Patrimoine)

Cette conscience à conduit certaines de ces associations à se regrouper au sein d’un organisme appelé G8, un groupe national ayant pour objectif de sauvegarder et mettre en valeur le patrimoine bâti

et paysager1 et réunissant plusieurs associations promouvant l’auto-

réhabilitation telle que Maisons Paysannes de France, l’Union Rempart qui organise des chantiers bénévoles, ou les Vieilles Maisons Française. Ce regroupement est en outre un moyen d’exercer une forme de pression auprès de l’état sur la constitution de lois en faveur de la protection et de la mise en valeur du patrimoine, car cela donne non seulement plus de force au discours, mais permet également d’offrir une réflexion aboutie, fruit de la concertation de plusieurs associations aux objectifs divers.

1 MAISONS PAYSANNES DE FRANCE. «Qui sommes-nous?». [en ligne] <http://www.maisons- paysannes.org/maisons-paysannes-de-france/qui-sommes-nous/> (consulté le 08/05/2017) 2Voir page 105

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