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1. DONNÉES OBTENUES À PARTIR DES QUESTIONNAIRES

1.4 Réponses obtenues à la question 4

La question 4 était libellée comme suit: « Quelles difficultés rencontrez-vous lorsque vous évaluez la pensée critique des étudiantes et étudiants durant les stages en milieu clinique? ».

La difficulté la plus souvent mentionnée au niveau de l'évaluation se rattache au manque de temps pour bien évaluer les étudiantes et étudiants (n=10). Ce manque de temps s’expliquerait principalement par deux choses, d’abord, le contexte des stages qui fait en sorte qu’une ou un professeur doit évaluer six étudiantes ou étudiants dans une même période de temps, et ce, à travers des situations cliniques qui seront différentes pour chacune et chacun d’entre eux. Selon les professeures et professeurs, le manque de temps fait en sorte que la pensée critique n'est pas évaluée adéquatement parce que la ou le professeur n'a pas le temps de bien questionner l'étudiante ou l’étudiant, de l'observer adéquatement en fonction de critères spécifiquement associés à la pensée critique, ou de revenir avec elle ou lui sur la situation afin de lui demander d'expliquer ses décisions et les bases de son jugement. Le contexte des stages comme la charge de travail du professeur avec six étudiantes et étudiants, l'état des patients, la cadence de travail et le fait que la pensée critique ne font pas partie de la culture hospitalière rendent difficile son évaluation. Ces éléments ont été questionnés davantage lors des entrevues, mais déjà les réponses à cette question viennent confirmer une de nos hypothèses de départ selon laquelle le

manque de temps causé par la structure même des stages en milieu clinique est une des plus grandes difficultés en ce qui a trait à l’évaluation de la pensée critique.

La seconde difficulté la plus souvent mentionnée (n=7) est qu'il n'y a pas d'outil spécifique pour évaluer la pensée critique. Quelques professeures et professeurs disent évaluer la pensée critique à travers la grille de stages actuelle, mais les éléments sont éparpillés un peu partout dans celle-ci et ils ne sont pas en mesure de dresser un portrait global de l'étudiante et de l’étudiant. Selon la ou le professeur P27, l’absence d’outil spécifique rendrait difficile la mise en relation de toutes les informations reçues dans un court laps de temps, et donc l’évaluation de la pensée critique.

Pour sa part, l’objectivité (n=6) de l’évaluation de la pensée critique est identifiée comme une difficulté importante. Ce manque d’objectivité provient en partie de l’absence d’outil spécifique qui ne permet pas d’assurer une évaluation juste et équitable des étudiantes et étudiants. De plus, les professeures et professeurs n’ont pas la même définition de la pensée critique, elles et ils évaluent des éléments différents et n’attribuent pas nécessairement la même valeur pour chacun des éléments évalués, plusieurs ont donc soulevé le problème de l’objectivité lors de l’évaluation de la pensée critique en stage.

Le contexte (n=6) particulier des stages en milieu clinique est aussi identifié comme une difficulté pour évaluer la pensée critique. Les réponses obtenues mentionnent que la charge de travail engendrée par la supervision de six étudiantes ou étudiants, la surveillance clinique de douze patients et la communication avec les divers intervenants de l’unité de soins sont tous des éléments nuisibles à l’évaluation de la pensée critique. De plus, le manque d’uniformité au niveau des situations cliniques auxquelles les étudiantes et étudiants sont exposés rend difficile l’évaluation de la pensée critique. L’aspect évolutif de la pensée critique à travers la progression dans le programme et le fait que sa manifestation chez l’étudiante ou l’étudiant sera

différente en fonction du contexte dans lequel s’inscrit la situation de soins sont deux autres difficultés identifiées par les répondants. Le rythme et la cadence de travail en stage rendent difficile son évaluation par les professeures et professeurs, mais aussi font en sorte qu’il est plus difficile pour l’étudiante ou l’étudiant d’en faire la démonstration en raison du caractère urgent de certaines situations et du stress vécu quotidiennement.

Toujours selon les professeures et professeurs, certaines caractéristiques des étudiantes ou étudiants (n=4), comme leur propension à être en mode défensif lorsqu’elles ou ils sont évalués, leur manque d’autonomie ou de curiosité intellectuelle, parfois de sérieux et le manque de connaissances au début du programme, font en sorte qu’il est difficile d’évaluer la pensée critique, puisqu’il est parfois impossible d’avoir accès aux processus de pensée qui ont mené à une décision ou qui justifient cette même décision. On constate donc que le problème de l’accès au processus de pensée des étudiantes et étudiantes est influencé par plusieurs facteurs.

D’autres difficultés liées à l’évaluation de la pensée critique ont été mentionnées. Il s’agit, entre autres, de la difficulté d’observer la pensée critique (n=3) due à son caractère non tangible ou « interne ». L’influence des autres intervenants (n=3) qui servent de modèles aux étudiantes et étudiants, mais chez qui la pensée critique n’est pas toujours développée ou qui croient les aider en leur fournissant les réponses aux questions de la ou du professeur. Enfin, le manque de connaissances antérieures (n=2) des étudiantes et étudiants a été mentionné, mais les répondants n’ont pas précisé de quelle façon ce manque de connaissances antérieures nuisait à l’évaluation de la pensée critique. Le tableau 18 présente les principales difficultés identifiées en regard de l’évaluation de la pensée critique ainsi que quelques extraits des réponses obtenues.

Tableau 18 :

Principales difficultés rapportées par les professeures et professeurs en lien avec l’évaluation de la pensée critique lors des stages en milieu clinique

Difficulté Professeurs Extraits

Manque de temps

P19 Trop d’étudiants, pas assez de temps pour les questionner et ainsi évaluer adéquatement au niveau de la pensée critique. Absence d’outil d’évaluation, démarche ou critère P36 P12

Pas de grille précise concernant cette fameuse pensée critique que je connais mais que j’ai quand même de la difficulté à définir.

Le manque d’outil concret pour réaliser cette tâche (évaluation). Le manque de critères d’évaluation.

Contexte des stages

P27 Rythme et cadence de travail trop importante, trop d’intervenants, problème de communication. Stress trop important.

Objectivité P9 Ce n'est pas ''tangible''; comme c'est un concept, c'est quelque peu difficile de bien évaluer. De plus, nous pouvons nous questionner à savoir si tous les professeurs ont la même définition de ''pensée critique'' et aussi quelle est leur façon de l'évaluer. De plus, jusqu'à quel point pouvons-nous retrancher des points de stage sur un concept comme celui-là... il faut vraiment avoir des arguments ''béton'' lors de l'évaluation sommative de nos étudiants!

Caractéristiques étudiantes

P27 Le fait que les étudiants sont évalués les place en mode défensif.

Difficulté d’observation

P7 Le problème est que ce n’est pas du concret comme le vide d’air d’une seringue ou un questionnaire précis comme le PQRSTU.

Autres intervenants

P38 Je remarque également que la pensée critique ne semble pas très développée chez plusieurs infirmières qui sont des modèles pour nos étudiants, elles ont tendance à dire «on fait ça parce que c’est comme ça», sans se questionner, par automatisme…