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La réponse « aristotélicienne » aux objections du sceptique Les notions d’évidence immédiate et de « légère induction »

Le discours du philosophe chrétien, clairement identifié à la figure de Mersenne et avec l’intention de « mettre d’accord » les opinions de ses deux interlocuteurs, expose les critères d’après lesquels il serait possible de corriger les défauts de la perception sensible ainsi que le modèle de connaissance scientifique auquel le savoir humain pourrait aspirer. En effet Mersenne soutient la capacité de corriger les défauts de la perception, premièrement, avec l’aide et le concours de tous les sens et, deuxièmement, par l’exercice de notre entendement. Celui-ci ne suit pas l’appréhension d’un seul

1 Mersenne s’exprime de la sorte: « il suffit que la ligne ou le cercle que je conçois (...) soit tellement conçu, que tout ce qu’on en dit soit véritable ». Marin MERSENNE, La vérité des sciences…, II, 3, p.

275-276. Nous soulignons.

2 Claudio Buccolini est le premier à signaler cette importance dans son étude de la conception du

syllogisme de Mersenne dans La vérité des sciences à la lumière des références aux écrits de Biancani et mettre ainsi en question la thèse de Popkin. Claudio BUCCOLINI, «Il ruolo del sillogismo nelle dimostrazioni geometriche della Verité des Sciences di Marin Mersenne». Nouvelles de la République des

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sentiment et a recours à ce qui est perçu par les autres sens de sorte que lorsque, par exemple, l’œil se trompe, il considère, compare et examine toutes les affections pour pouvoir former un jugement solide, capable de corriger ces défauts et d’attendre une conception certaine, nécessaire à la connaissance scientifique1.

...la raison corrige le défaut de l’œil, tant en ce qui est de la grandeur du Soleil, que de toutes les autres choses qui sont éloignées, puisque quand nous voyons que l’ombre de la terre se termine en pyramide, nous concluons assurément que le Soleil est plus grand qu’elle2.

Dans l’exemple présenté par Mersenne, il s’agit de deux perceptions de la vue où l’une est corrigée par l’autre avec le concours du jugement de la raison. Bien que l’entendement ne reçoive rien que par les sens et que ceux-ci puissent conduire à l'erreur, il considère toutes les données sensorielles avant d’émettre un jugement assuré. L’autorité de la raison est ainsi établie lorsqu’il s’agit de juger de nos perceptions lesquelles, certes, sont sujettes au changement constant des phénomènes perçus et à la variété des dispositions, des temps, des circonstances et des lieux. Par conséquent, la diversité des phénomènes changeants qui sont perçus différemment par chaque individu, selon ses dispositions et ses circonstances, ne constitue pas, aux yeux du philosophe chrétien, un obstacle pour le savoir scientifique. La raison, qui connaît cette diversité, corrige les défauts et juge avec certitude.

Le sens commun est par-dessus les sens extérieurs, auquel leurs opérations aboutissent comme les lignes de la circonférence se terminent au centre afin qu’il juge de la différence sensible qui est entre la couleur, le son, l’odeur, et les autres objets des sens externes: mais l’entendement est par-dessus les sens internes, et externes, c’est pourquoi il reçoit et ramasse les opérations des uns, et des autres, les unit en un point intelligible, et en juge en dernier ressort, de manière qu’il reconnaît, reprend et corrige les fautes, et les abus qui pourraient être arrivés par l’indisposition, ou l’incapacité des sens...3

La perception des sens d’un individu est essentielle et fondamentale à la construction du savoir grâce au concours de la raison. En effet, lorsque, plus tard, Mersenne se concentre sur la perception du son, il établit une différence entre la perception sensible et la connaissance sensible: l’oreille appréhende les sons, mais elle

1 Marin Mersenne, La vérité des sciences..., I, 2, p. 20. 2 Ibidem, I, 2, p. 14.

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ne les connaît pas. La connaissance du son exige l’action de l’esprit qui discerne ce qui affecte l’oreille de ce qui affecte les autres sens et examine leurs impressions et propriétés1. Alors, sans le concours de la raison, les individus seraient affectés par des impressions sans pouvoir déterminer s’il s’agit des sons, des saveurs ou des couleurs2. Il s’agit d’une distinction entre le phénomène physique de la réception des représentations ou des images de l’objet sonore, celui-ci étant trop grossier pour entrer dans les sens, et l’acte cognitif qui permet aux individus de juger sur ses propriétés3.

Je dis donc premièrement que l'oreille ne connaît pas les sons, et qu'elle ne sert que d'instrument et d'organe pour les faire passer dans l'esprit qui en considère la nature et les propriétés, et conséquemment que les bêtes n'ont pas la connaissance desdits sons, mais la seule représentation, sans savoir si ce qu'elles appréhendent est un son ou une couleur, ou quelqu'autre chose; de sorte que l'on peut dire qu'elles n'agissent pas tant comme elles sont agitées, et que les objets font une telle impression sur leurs sens, qu'il leur est nécessaire de la suivre, comme il est nécessaire que les roues d'une horloge suivent le poids ou le ressort qui les tire. Mais l'homme ayant été touché des sons, il en considère la nature et les propriétés, les distingue d'avec les autres objets, et en forme des connaissances très certaines; ce qui monstre évidemment qu'il a une faculté et une puissance de connaitre…4

Cette position a un rôle fondamental non seulement au moment d’établir les fondements du savoir scientifique, mais aussi pour veiller au respect du dogme catholique, par exemple, lorsqu’il s’agit de considérer les miracles qui affermissent et font embrasser définitivement la foi pour la religion chrétienne. Les conséquences du jugement de la perception pour les miracles ne sont pas abordées dans La vérité des sciences5, mais dans les Quaestiones in genesim et dans L’impiété des déistes, où il

s’agit d’établir un critère pour discerner de véritables miracles et de faux effets prodigieux. Mersenne rejette les explications de la magie naturelle qui prétendent distinguer les événements qui rentreraient ou qui seraient exclus des limites de la

1 Marin MERSENNE, Harmonie universelle, Traité de la voix, Proposition LII, pp. 79-81.

2 Robert Lenoble explique cette conception comme une «intuition curieuse de ce que Kant appellera la

synthèse de l’appréhension», dans la mesure où, par exemple, les animaux ne distinguent une saveur d’une odeur car ils ne savent pas si ce qu’ils appréhendent c’est une saveur ou une odeur. Cf. Robert LENOBLE, Mersenne et la naissance du mécanisme, pp. 322-323.

3 Erec Koch signale cette distinction et considère qu’elle anticipe la perspective cartésienne car, selon

celle-ci, la pensée consolide et unifie les représentations sensorielles. Cf. Erec KOCH, The Aesthetic

Body. Passion, sensibility, and corporeality in seventeenth-century France, Newark, University of

Delaware Press, 2008, pp. 154-155.

4 Marin MERSENNE, Op. cit., Traité de la voix, Proposition LII, pp. 79-80.

5 Dans La vérité des sciences, le Philosophe Chrétien fait une défense de miracles de la religion

catholique pour répondre au sceptique, mais sans faire allusion à la capacité de la raison de corriger les défauts de la perception. Cf. Marin MERSENNE, La vérité des sciences... I, 5, pp. 63-66.

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chrétienté. Il prétend donc combattre l’interprétation des miracles au moyen de l’hypothèse de l’existence des pouvoirs, des forces ou des qualités occultes, de l’incidence de la force de l’imagination ou de l’influence macrocosmique qui opère dans la nature - et dont les magiciens pourraient faire usage pour manipuler les individus crédules. Sous cette perspective, Mersenne juge la position de Pomponazzi et de Cardano à propos des miracles comme représentative de l’athéisme, dans la mesure où leurs explications naturalistes de certains effets excluent la croyance aux événements surnaturels. Lorsqu’il s’agit d’analyser la résurrection divine, dans les Quaestiones, Mersenne fait référence à la pensée des athées1 - et plus particulièrement de Vanini, qui

place sous l’influence de Pomponazzi - par la défense de huit arguments qui analysent les causes possibles des miracles, parmi lesquelles on retrouve l'existence des démons, le pouvoir de ramener les corps morts à la vie de la nécromancie - dont les nouveaux législateurs ou fondateurs de religions se seraient servis -, les qualités occultes des herbes, de la chaleur et du souffle des êtres humains, ainsi que d’autres causes naturelles telles que l’apoplexie, l’épilepsie, la léthargie, l’extase, l’asphyxie, l’extrangulation de

1 Plusieurs érudits se sont concentrés sur la conception mersennienne d’athéisme pour deux raisons

principales, à savoir pour le caractère polémique de l’énonciation d’un chiffre qui indiquerait, dans les

Quaestiones in Genesim, la quantité d’athées en France - ce qui lui a valu le qualificatif de «minime et

très minime Mersenne» de la part de Voltaire - et, deuxièmement, pour l’introduction d’un colophon dans la quaestio contre les athées, où Mersenne fait référence à trois manuscrits clandestins: De tribus

impostoribus, Fléo de la foi de Geoffroy Vallée et Cymbalum mundi de Buenaventura des Périers.

L’étude du colophon fût cruciale pour déterminer le parcours de ce corpus. Ces textes, de circulation réduite, prétendaient mettre en question l’origine politique de l’instauration des religions de la part des imposteurs qui ne faisaient que déformer la vraie religion, c’est-à-dire, la religion de la raison et de la nature. Le titre du colophon est «Primae quaestiones adversus Atheos Colophon in quoi Athei expugnandi modus affertur», mais dans certains exemplaires des Quaestiones, il fût remplacé par un autre de la même étendue : «Primae quaestionis adversus Atheos Colopon. Deistarum impietas, et errores aperiuntur, atque refelluntur ; ubi de recta ratione, casu et fato». Seule la première version - dont il existe, selon C. Buccolini, quatre exemplaires - compte avec les références aux manuscrits clandestins. Quant à l’usage du terme athéisme chez Mersenne, premièrement, Lenoble analyse le sens de cette catégorie dans le cadre de son apologétique et signale le sens large avec lequel le Minime emploi cette catégorie au point de l’utiliser comme un synonyme d’impiété. D’après Lenoble, Mersenne conçoit les athées comme tous ceux qui se permettent de manifester de questionnements à propos des dogmes religieux. Des remarques semblables ont été effectuées dans les études de Dominique Descotes - qui, dans l’introduction à son édition annotée de La vérité des sciences, souligne le manque de netteté des frontières entre les catégories qui définissent la triade des ennemis de la vérité catholique, à savoir les athés, les déistes et les sceptiques - , de William Hine, qui identifie la lutte de Mersenne contre l’athéisme avec ses critiques au conséquences du naturalisme italien sur la religion, et également dans l’étude de Francesco Paolo Raimondi, dans le cadre de l’étude consacrée à la réfutation étendue de Mersenne à la pensée de Vanini présentée dans les Quaestiones in Genesim. Cf. Mersenne, M., Quaestiones in Genesim, cols. 485-490 y 669-674. A propos du colophon, cf. Claudio BUCCOLINI, «Dal De Tribus impostoribus ai Quatrains du

Déiste. Metamorfosi dell’ateismo nella doppia redazione del colophon di Mersenne». Bruniana & Campanelliana, XIII, 1, 2007, pp. 167-175. Lenoble, R., Op. Cit., p. 172 et p. 185. Marin MERSENNE, La vérité des sciences..., édition et annotation par Dominique DESCOTES, pp. X sqq. William HINE,

PhD Dissertation, pp. 29-64. William HINE, «Mersenne & Vanini». Renaissance Quarterly, 29, 1976, pp. 52-69. Francesco Paolo RAIMONDI, «Vanini et Mersenne». Kairos. Revue de philosophie, 12, 1998, pp. 181-254. Robert LENOBLE, Op. cit., pp. 175 sqq.

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l’utérus et le syncope. Mersenne rejette particulièrement et avec véhémence, l’explication de Vanini de la résurrection en termes d’une mort apparente.1

Bien que des événements d’apparence miraculeuse puissent être expliqués par des causes naturelles - comme c’est le cas de ce que Mersenne appelle des miracles païens ou placés hors de la tradition chrétienne -, la tentative de fournir une explication de ces phénomènes par le biais de forces occultes de la nature ou de l’intervention de certains esprits ou démons, associés à dispositions particulières des corps célestes qui agissent sur la terre en altérant l’ordre des faits, est non seulement contraire à la vérité catholique, mais aussi scientifiquement insuffisante et inacceptable aux yeux du Minime. En effet, les Quaestiones montrent l’incapacité des philosophes comme Pomponazzi et Vanini à expliquer les événements merveilleux et les miracles au moyen de causes naturelles car ceux-ci surviennent comme une exception à l'enchaînement des événements naturels, c’est-à-dire, ils échappent à l’apparente régularité de la nature et résultent de la volonté divine. En tant qu'événement ou effet surnaturel visible qui dépend de la volonté divine, il ne peut pas être expliqué par les lois de la nature. Un discours scientifique à propos de l’optique géométrique des Quaestiones prétend signaler l’impossibilité d'éviter l’apparition des anges et donc de produire des effets miraculeux au moyen de la connaissance de la nature des rayons de lumière2. Mersenne

confronte ce que l'Écriture signale à propos de l’apparence des anges et des arguments tirés de l’optique aux explications naturalistes pour conclure qu’il n’est pas à la portée des humains de produire artificiellement des effets miraculeux. Mersenne combat, sous cette même perspective, l’approche de Francesco Zorzi ou Giorgio Veneto qui explique les miracles par la capacité des humains - et plus particulièrement des magii - à découvrir les influences des corps célestes sur les événements naturels et à les employer et à les orienter à leurs propos3. En somme, le miracle, un effet sensible dépourvu de cause naturelle, résulte de la volonté divine et surpasse l’intelligence des humains.

...les vrais catholiques sont si éloignés de feindre des miracles, ou d’éluder par quelques finesse la créance d’aucun, tant rustaud et simple soit-il, qu’ils aimeraient mieux mourir que de persuader la foi divine sous prétexte de quelque subtilité, la proposant comme vrai

1 Mersenne, M., Quaestiones in Genesim, cols. 575-577.

2 Ibidem, «De aliis speculorum effectivus, in quos Angelorum apparitiones nemo, nure reiiciat», cols.

523-530, «Quod effectus reliqui, qui speculis concavis, vel etiam planis tribuuntur, sive fiant in tenebris, sive in lumine Angelorum apparitiones, sive veras sive fictas explicare non possint», cols. 531-538.

3 Marin MERSENNE, Observationes et emendationes ad Francisci Georgii veneti problemata, cols. 39-

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miracle (...) Il faut donc croire que les miracles qui ont servi de motifs pour embrasser la religion Catholique, ont été très véritables, et que ceux qui se sont convertis à leur occasion pour doctes, et subtils qu’ils aient été, n’ont pu y reconnaître aucun défaut...1

La critique scientifique de ces explications naturalistes des miracles constitue une véritable défense de la foi, car elle permet de discerner les véritables miracles des faux effets ou des illusions optiques. Une fois les bases de l’apologétique scientifique de Mersenne établies, L’impiété des déistes détermine un nouveau critère pour discerner les véritables miracles et les faux effets, qui vient s’ajouter au critère de leur caractère exceptionnel à l’égard de la nature. Il s’agit de la nécessité d’un certain nombre de témoins oculaires pour assurer l’authenticité et l’évidence d’un tel effet. Mersenne fait référence aux procédures légales exigées pour la reconnaissance d’un miracle qui ont recours au savoir de la médecine et aux témoins oculaires en tenant compte de son évidence visuelle, laquelle constitue un élément de démonstration ou de confirmation de la vérité de la foi catholique.

Y ayant déjà longtemps qu’une des Religieuses avait perdu la vue, jusques à là, qu’on lui avait brûlé la prunelle avec eaux fortes, et caustiques, pour la faire mourir, de peur qu’elle ne gâtât les parties voisines, étant prosternée dans l’Eglise, et priant instamment ladite sainte, à l’attouchement de son Reliquaire elle recouvra la vue et les yeux, et commença soudain à s’écrier qu’elle voyait, ce qui fût tellement admiré de tous ceux qui l’avaient connu, qu’un chacun s’achemina pour voir cette merveille, car elle voit maintenant très clair. Les Médecins même qui l’avaient vue aveugle dans Farmoutier, ou qui lui avaient brûlé l’œil, se sont transportés sur le lieux pour être témoins irréfragables de ce miracle, lesquels démentiront cet impudent Déiste, qui nous voudrait bien faire passer pour une chose certaine que nous ne voyons pas ce que nous voyons, et que nous ignorons ce que

nous savons très bien2.

Le discernement du miracle exige, premièrement, une comparaison des affections du sens de la vue qui, avec le concours de la raison, permet d’émettre un jugement qui conduit soit à la reconnaissance soit au refus de cet effet d’apparence miraculeuse. Or la présence d’une grande quantité de témoins qui perçoivent l’effet en question de la même façon, malgré leurs différentes dispositions, contribue à la reconnaissance du miracle et à mettre en avant son évidence visuelle immédiate. Or, si la théorie de la perception permet de discerner les événements miraculeux, la

1 Marin MERSENNE, L’impiété des déistes..., I, 19, pp. 567-8. 2 Ibidem, I, 19. pp. 564-5. Nous soulignons.

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connaissance sensible des autres individus apparaît comme un nouveau critère de discernement. La prise en considération des jugements d’autrui esquisse une idée d’ « intersubjectivité » dans la construction de connaissance et elle est au fondement de la notion d’évidence immédiate d’un événement perçu.

Lorsque tous les hommes consentent à quelque vérité, et que la chose dont il est question, se trouve véritable par tout le monde, on ne peut douter si cela est vrai, puisque l’expérience le fait voir partout: or nous avons plusieurs propositions de ce genre ici, par exemple, que le tout est plus grand que sa partie; que la lumière du midi est plus grande

que celle des étoiles; qu’une masse de fer embrasée est chaude, et milles autres semblables que je ne veux pas rapporter1.

Ces propositions sont, d’après Mersenne, « claires d’elles- mêmes2 », « entendues par leur propre lumière3 » et libres de controverses parmi les

savants4. C’est pourquoi il n’y a pas besoin de démonstrations pour que leur vérité soit

reconnue. Elles peuvent requérir, en dernier ressort, une « explication des termes » ou éventuellement une « légère induction5 ». En effet, l’évidence de caractère immédiat

demande éventuellement une certaine validation par l’expérience publique, répétée la plupart du temps, en ce qui concerne, surtout, l’ordre de la physique et de la morale6.

Par exemple, lorsque nous considérons les maximes « tout ce qui passe d’un lieu en un autre se meut », « le feu est chaud », « la vertu est préférable au vice » et « il faut haïr ce qui est mauvais », il n’est pas nécessaire de procéder à une démonstration - ce qui permet d’écarter la régression à l’infini objectée par le sceptique7- ni à une induction

proprement dite, bien que le recours à l’expérience soit nécessaire car il s’agit d’ériger des propositions universelles qui éventuellement portent sur le monde naturel sur la base de données singulières8. Quoique Mersenne considère qu’il ne s’agit que d’une « légère induction », le recours à l’expérience pour rendre compte de l’évidence immédiate de certaines propositions est inquestionnable, si l’on entend par connaissance sensible les perceptions des sens corrigées et assistées par la raison.

1 Marin MERSENNE, La vérité des sciences... I, 4, p. 48. 2 Ibidem, I, 13, p. 177.

3 Idem, p. 178. 4 Idem, p. 177. 5 Idem, p. 178.

6 Il s’agit de la définition aristotélicienne d’expérience. Cf. ARISTOTE, Analytiques seconds, II.19. 7 Cependant, il est possible de les prouver par un raisonnement par l’absurde ou par l’impossible car on ne