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Réactions critiques au paradigme « sceptique »

1.4 La matrice théologique de l’épistémologie de Mersenne

1.5.2. Réactions critiques au paradigme « sceptique »

1 Ibidem, p. XXVIII.

2 Idem, pp. CII-CIII. 3 Idem, 2003, p. XCVI.

4 Comme Descotes signale, La vérité des sciences est le seul ouvrage où il est possible de constater

l’interaction de positions philosophiques qui s’opposent et dont la confrontation est résolue par l’intervention du Philosophe chrétien avec un discours à propos des vérités des sciences. En outre, Mersenne s’excuse dans la préface d’avoir choisi la forme du dialogue pour déployer ses arguments et elle ne sera pas employée de nouveau par la suite, même quand il traduit l’oeuvre de Galilée. Cf. Marin MERSENNE, Les nouvelles pensées de Galilée, Mathématicien et ingénieur du Duc de Florence. Où il est traité de la proportion des mouvements naturels et violents et de tout ce qu’il y a de plus subtil dans les mécaniques et dans la Physique. Où l’on verra d’admirables inventions, et démostrations, inconnues jusqu’au présent, traduit de l’italien en Français, Henry Guénon, 1639. Idem, p. CIII, XC-XCI et pp. 118- 119.

5 Une «Journée Popkin» établit le cadre académique d’une discussion autour de l’oeuvre de cet historien,

réalisée au Centre Alexandre Koyré en 1997 dont les communications sont publiées l’année suivante dans un volume de la Revue de Synthèse: «The history of scepticism from Erasmus to Richard Popkin». Ce volume constitue une véritable révision auto-critique de la réception de l’oeuvre de Popkin parmi les historiens européens et coïncide avec un revival des études sur Mersenne des années quatre-vingt-dix depuis la publication de Mersenne ou la naissance du mécanisme de Lenoble. La liaison entre une révision critique de la réception de l’oeuvre de Popkin et l’attention des historiens tournée vers Mersenne dans le contexte européen n’est pas fortuite pour deux raisons principales, à savoir par l’exigence d’une analyse critique de la thèse du scepticisme constructif pour aborder l’étude de l’oeuvre philosophique et scientifique du Minime - dont la publication fut soutenu initialement par A. Koyré et B. Rochot, parmi d’autres historiens de sciences - et par la réception de l’oeuvre de Lenoble qui aurait été entravée par la Seconde guerre mondiale et ses séquelles. Certains auteurs considèrent qu’une des principales contributions de Popkin à l’histoire de la philosophie moderne consiste à attirer l’attention vers des figures considérées pendant un certain temps comme secondaires, comme celle de Mersenne. Dans ce sens, Antoine Glémain affirme: «le livre de Popkin a pour originalité de mettre en évidence, parmi les

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La catégorie du scepticisme constructif est réinterprétée tantôt comme une attitude philosophique, tantôt comme une rhétorique apologétique ou une façon d’argumenter qui révèle un modèle de science de la nature de caractère probabiliste qui met en relief les limites de la connaissance humaine. La discussion des arguments de Popkin n’a pas altéré la présence de cette catégorie dans le paradigme interprétatif de l’œuvre du Minime. Mais, est-ce que les différentes bifurcations de la thèse de Popkin donnent des raisons suffisantes pour concevoir la position épistémologique de Mersenne

pionniers de la Révolution scientifique, l'existence d'un courant proprement sceptique, plus exactement d'une variété de ‘scepticisme constructif ou modéré’. L'importance d'un tel courant a été longtemps méconnue en France, toute l'attention s'étant polarisée sur la figure, certes exceptionnelle, de Descartes et les débats ultérieurs cartésianisme/newtonianisme». De même, Dans un volume plus récent de la revue

Les études philosophiques, consacré au scepticisme chrétien, Frédéric Gabriel signale dans la

présentation: «consacrée par Richard H. Popkin, la redécouverte des courants sceptiques des XVIe et XVIIe siècles a permis de redonner vie à des auteurs auparavant classés dans les minores, malgré leur rôle important dans le paysage et les controverses de l’époque». Dans son autobiographie, Popkin signale le soutien des historiens européens face au manque d’intérêt pour la publication de son histoire du scepticisme dans le contexte nord-américain, à l’exception de Paul Oskar Kristeller. Il faut rappeler que la première édition de L’histoire du scepticisme est réalisée par l’Université d’Utrecht et l’année suivante est publiée à New York. En 1969, Jean-Robert Armogathe considère déjà l’ouvrage de Popkin comme un «classique». Cela montre le grand succès dans sa réception car elle permettait de passer sous silence ou du moins de relativiser, en ce qui concerne l’étude de Mersenne, les thèses présentées par l’étude monumentale de Lenoble qui avait déjà signalé l’importance des recherches du Minime et de son rôle dans les académies informelles ainsi que dans l’échange scientifique de sa correspondance dans la première moitié du XVIIe siècle. Paradoxalement, pour Popkin, l’ouvrage de Lenoble était une source principale - ainsi que les apports de Bernard Rochot et René Pintard - pour son étude de la pensée de Mersenne. Précisément, une recension du contexte académique francophone, réalisée trois ans après la publication de son histoire du scepticisme, dénonce une connaissance superficielle des certains auteurs abordés et donc un appui trop prononcé sur des sources dites secondaires. Quoi qu’il en soit, il est certain qu’à partir de 1985, dans le contexte académique européen, plusieurs publications, entièrement dédiées à la pensée de Minime, se sont succédées : l’édition révisée par Claudio Buccolini des traités de 1634, les actes du colloque réalisé à l’Université du Maine à l’honneur du quatrième centenaire de sa naissance, un volume de Les études philosophiques, les traductions française et italienne de l’histoire du scepticisme de Popkin, la réception critique de la catégorie du scepticisme constructif chez Mersenne dans l’oeuvre de Gianni Paganini avec une traduction italienne d’un chapitre du livre I de La vérité des sciences, les travaux d’Antonella Del Prete, de Miguel Ángel Granada et de Carlos Gómez sur la critique de Mersenne à la cosmologie de Bruno. Ces études sont toutes, dans une plus ou moins grande mesure (le colloque à l’Université du Maine est certes une exception car aucune des interventions fait référence ni à l’étude de Popkin), influencées par la notion de scepticisme constructif et par un grand nombre d’études critiques de la recherche touchant les racines du scepticisme moderne sous la forme du fidéisme conçu par Popkin. Cf. Richard POPKIN, «Reflections on the history of scepticism» in Revue de Synthèse, 2 / 3, 1998, pp. 323- 338. Jean-Robert ARMOGATHE, «Richard H. Popkin, The History of Scepticism from Erasmus to

Descartes» [compte rendu] in Revue Philosophique de Louvain, 67, 94, 1969, pp. 327-328. M. A.

SCREECH, Popkin (R. H.). The History of Scepticism from Erasmus to Descartes [compte rendu] in Revue belge de philologie et d'histoire, 41, 2, 1963, pp. 606-607. Antoine GLÉMAIN, «Richard H. Popkin et l’histoire du scepticisme». Revue de synthèse, 4, 1998, pp. 339-360. Sophie ROUX, «Le scepticisme et les hypothèses de la physique, in Revue de synthèse, 2, 3, 1998, pp. 211-255. Frédéric GABRIEL, « Présentation. Positions du ‘scepticisme chrétien’» in Les Études philosophiques 2/2008, 85

p. 137. Jean-Marie CONSTANT et Anne FILLON (édits.), 1588-1988 quatrième centenaire de la naissance de Marin Mersenne : Colloque scientifique international organisé par l'Université du Maine, Le Mans, Université du Maine, 1994. Armand BEAULIEU, Patrice BAILHACHE et allii, Les études

philosophiques. Etudes sur Marin Mersenne, 1 et 2, 1994. Gianni PAGANINI, Scepsi moderna. Interpretazioni dello scetticismo da Charron a Hume, Busento, Cosenza 1991. Jeremy D. POPKIN, The legacies of Richard Popkin, Dordrecht, Springer, 2008.

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à l’égard de la physique, mais aussi des mathématiques subalternes, sous la catégorie du scepticisme constructif ? Quoique le succès historiographique de cette catégorie soit indéniable, sa grande amplitude conceptuelle semble mettre en question sa clarté. Le scepticisme comme attitude philosophique est caractérisé par une réinterprétation pratique ou pragmatique de l’épistémologie aristotélicienne, par un modèle de savoir limité avec des vérités probables et par une posture philosophique comme via media entre le dogmatisme douteux et le scepticisme radical - justifiée par le manque de réfutation des arguments sceptiques dans La vérité des sciences. Cependant, ce qu’on appelle un scepticisme constructif pourrait être défini comme une attitude critique1

propre à une investigation scientifique qui introduit des hypothèses au domaine de la physique.

P. J. S. Whitmore, dans son ouvrage l’ouvrage de, The order of Minims in seventeenth-century France, observe que la catégorie du scepticisme constructif ou mitigé, telle qu’elle est décrite par Popkin, manque de précision et considère que l’on pourrait qualifier la philosophie de Mersenne comme sceptique seulement dans la mesure où toute attitude critique est sceptique si elle s’avère fructueuse dans la recherche scientifique2.

Je crois que Popkin veut dire que Mersenne s’oppose aux libertins de son temps, mais en même temps admet la liberté de penser la nature de l’univers physique. Dans ce sens, j’approuve son jugement et j’accepte avec réserve l’idée selon laquelle il est un sceptique épistémologique, si on veut dire par là qu’il rencontre certaines limites dans les capacités intellectuelles humaines. Mais, mal formulé, cet argument peut devenir obscur. (...) Qu’est-

1 Dans l’introduction à l’édition d’un ensemble de travaux à l’honneur de R. Popkin, après avoir fini son

rôle en tant que professeur à plein temps en 1986, Richard A. Watson signale que cette attitude philosophique est présente chez Popkin, dans son rôle d’historien. Watson le définit comme un «historien sceptique» qui devient un «sceptique huméen mitigé» en jugeant la valeur de certaines hypothèses sur la base de l’évidence empirique. Il ajoute, ensuite, que les critères fondamentaux sur lequel Popkin s’appuie pour construire des hypothèses à propos des événements historiques sont la cohérence logique et la possibilité empirique. La description de Watson, bien qu’orientée à signaler les indéniables apports de l’oeuvre de Popkin pour l’histoire de la philosophie moderne, montrent le sens large et les contours flous de la conception du scepticisme mitigé. Cf. R. WATSON, «Foreword: Richard H. Popkin, scepticism and history» in R. WATSON, J. FORCE (éd.), Op. cit., pp. XI sqq.

2 La recension de cet ouvrage de la part de Jean-Robert Armogathe, publié en 1970, semble appuyer cette

hypothèse: «il serait sans doute hasardeux, comme le souligne l’auteur (p. 152), de croire à l’existence chez les ‘Bonshommes’, comme on les connaît dans la piété populaire, d’un ‘scepticisme idéologique’». Ainsi Armogathe renvoie aux critiques de Whitmore à la notion de scepticisme constructif de Popkin. Cf. Jean-Robert ARMOGATHE, «P.J.S. Whitmore, The Order of Minims in seventeenth-century France» [compte rendu] in Revue Philosophique de Louvain, 68, 99, 1970, pp. 397-400.

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ce que c’est son mécanisme (comme on a vu, appliqué à la musique) sinon l’application des principes du scepticisme à la science ? 1

Or cette « application des principes du scepticisme à la science » est-elle suffisante pour rendre compte de l’introduction des hypothèses dans la recherche du Minime, soit dans le domaine des sciences subalternes soit dans le domaine de la physique ? Pourquoi la crise sceptique aurait-elle touché le domaine de la physique et non pas celui des mathématiques ? L’épistémologie qui sous-tend la recherche au domaine physique de Mersenne est-elle effectivement issue d’une forme de scepticisme ? Nous considérons que les arguments « probabilistes » qu’observe Dear répondent à une conception de la physique qui n’est représentative de l’épistémologie de Mersenne que de manière partielle.Bien que, comme signale Popkin, la connaissance de l’essence des choses ne soit pas envisagée dans l’»agenda» philosophique de Mersenne, son épistémologie possède un ancrage essentiellement théologique. En effet, nous avons évoqué que Mersenne conçoit Dieu en tant que source de la vérité, s’identifiant avec son entendement et avec son essence, et que les sciences sont un don divin qui permet aux humains de louer leur Créateur. Cette reconnaissance de Dieu au moyen des sciences peut être réalisée par l’intermédiaire de deux voies : soit à travers l’étude des œuvres extérieures de Dieu - c’est-à-dire de la réalité physique - soit au moyen de la recherche à propos des œuvres intérieures - c’est-à-dire des vérités mathématiques. C’est dans le domaine des mathématiques où les sciences peuvent atteindre le plus haut degré de certitude dans la mesure où leur objet, le possible conditionné, ne dépend pas de la matière et du sensible. Il s’agit d’une connaissance intellectuelle et spirituelle qui nous rapproche des vérités éternelles, archétypes de la Création, c’est-à-dire les objets infinis de l’entendement divin auxquels la création est conforme. Or si Dieu contemple les vérités mathématiques sans avoir égard aux créatures du monde fini, le savoir humain - imparfait après la chute par la contingence de la finitude - nécessite satisfaire le critère de vérité qui repose sur la conformité entre les êtres de raison et les objets extérieurs. En effet, il peut atteindre la certitude, surtout dans le domaine des

1 «What I think that Professor Popkin means is that Mersenne opposed the libertines of his age but at the

same time allowed his own mind a free and untrammelled into the nature of the physical universe. In this sense I accept his judgement and accept with reservation the idea that he was an epistemological sceptic if by that one means that he acknowledged certains limitations to the capabilities of the human intellect. But, baldly stated, the argument may well be confusing. (...) What was his «mécanisme» (as we have seen it applied to music) if it was not the application of the principles of scepticism to science?» P. J. S. Whitmore, The order of Minims in 17th century France, The Hague, Nijhoff, 1967, pp. 151-2. Nous traduisons.

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mathématiques pures, par l’abstraction de la matière sensible réalisé dans leurs démonstrations, bien que les notions de l’entendement doivent toujours être conformes à la réalité. Le critère de vérité fondé sur la conformitas renvoie à une connaissance des objets extérieurs qui repose sur l’idée de la perception réglée par la raison. Celle-ci, pourtant, ne peut donner lieu à une science de l’essence des choses, mais seulement de leurs effets et, par conséquent, elle serait incapable de fournir des démonstrations qui rendent compte des causes des phénomènes. Cependant, dans la mesure où les principes des mathématiques peuvent servir à expliquer certaines régularités des objets extérieurs, la physique pourrait avoir recours à des fondements solides pour décrire les phénomènes naturels à partir desquels il soit possible de formuler des hypothèses à propos de cas particuliers

La nécessité d’attribuer un rôle important aux hypothèses dans la physique conduit à certains compromis ontologiques et épistémologiques ainsi qu’au respect ou à la transgression des règles de communication du savoir1. Il est important, par

conséquent, de considérer et d’évaluer les implications de l’utilisation d’un langage probabiliste dans le cadre d’une apologétique qui prétend défendre la religion catholique et préserver l’ordre socio-politique. En effet, la façon d’argumenter employée dans ses ouvrages scientifiques rend compte non seulement des fondements théologiques de l’épistémologie du Minime, mais aussi du contexte de controverse qui exige une soumission à l’autorité de l’Eglise en ce qui touche aux questions cosmologiques. Autrement dit, les discussions des hypothèses coperniciennes et les discours à propos de la certitude des sciences subalternes ne sont pas étrangères aux besoins de son apologétique.

...l’Eglise, les Évêques, et les Docteurs peuvent supprimer, défendre ou condamner tous les livres desquels les hérétiques se servent pour attaquer la foi, selon qu’ils le jugent nécessaire soit pour un temps, soit pour toujours, car ils ont droit de faire tout ce qui est requis pour la manutention de l’Eglise, et des armes que Dieu leur a mises entre les mains pour en avoir soin2.

Dans la mesure où la vérité dépend de Dieu, l'Église doit veiller à sa conservation lorsqu’elle est en péril. Et Mersenne, en tant que religieux Minime, doit

1 Roux met en relief les conséquences qui peut entraîner l’emploi d’un langage hypothétique. Cf. Sophie

ROUX, Op. cit., pp. 215-229.

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aussi respecter cette obligation1. En effet, dans les Quaestiones in genesim, Mersenne

considère qu’il n’y a pas assez de preuve pour assurer la vérité des hypothèses coperniciennes. Bien qu’il ne les juge pas comme hérétiques, il signale qu’il faut suivre la décision des théologiens de l’Eglise catholique; autrement, on ne montrerait que de la témérité et de la désobéissance2. En 1629, Mersenne encourage Galilée à poursuivre ses recherches sur le mouvement de la Terre en dépit de la condamnation3, en 1633, de ses

résultats présentés dans le Dialogo sopra i due massimi sistemi del mondo. Cette condamnation concerne, d’après Mersenne, l’enseignement des thèses coperniciennes et non la recherche des preuves visant à les confirmer. Dans son travail postérieur de discussion des travaux de Galilée, Mersenne omet les références sur la thèse du mouvement terrestre4. Mais il ajoute que s’il y avait des preuves pour confirmer ce

mouvement, l’Eglise pourrait reconnaître la vérité de l’hypothèse, son jugement n’étant pas irréversible5. C’est pourquoi, Mersenne n’hésite pas à publier les résultats de ses

nouvelles recherches dans les Questions théologiques ou dans l’Harmonie Universelle et sa traduction des Discorsi e dimostrazioni mathematiche intorno a due scienze attenanti alla mecanica ed i movimenti locali6. Il prie Galilée de rester modéré et de

respecter la décision de l’Eglise, car seule la discrétion pourrait permettre aux scientifiques de continuer leurs recherches sans causer de troubles dans l’ordre de

1 Paulo TADEU DA SILVA, Mersenne : o cético inexistente, Thèse de doctorat, São Paulo, Universidade

de São Paulo, 2003, pp. 79 sqq.

2 Cf. Marin MERSENNE, Quaestiones in genesim, col. 904 sq. Sur les liens entre Mersenne et Galilée,

cf. Daniel GARBER, « On the frontlines of the scientific révolution : how Mersenne learned to love Galileo »/ Perspectives on sciences, 12, 2004, pp. 135-163. W. R. SHEA, « Marin Mersenne : Galileo’s ‘traduttore-tradittore’ » in Annali dell’Istituto e Museo di Storia della Scienza di Firenze , 2, 1977, pp. 55- 70. Natacha FABBRI, De l’utilité de l’harmonie .Filosofia, scienza e musica in Mersenne, Descartes et Galileo, Pisa, Edizioni della Normale, 2008, pp. 228-244 et 268-276. Robert LENOBLE, Mersenne ou la naissance du mécanisme, pp. 391-410. Wiliam HINE, « Mersenne and copernicanism ». Isis , 64, 221, 973, pp. 23-26.

3 Marin MERSENNE, Correspondance, II, Lettre de Mersenne à Galilée, 1er février 1629, p. 175. 4 La Question XLV des Questions théologiques proposait d’analyser les travaux de Galilée sur le

mouvement terrestre. Cependant, comme Mersenne l’exprime dans une lettre adressée à Peiresc, il décide d’omettre certains passages soumis à discussion – les paraphrases à l’oeuvre de Galilée – parmi les théologiens de la Sorbonne et incorpora la traduction française de la censure du Saint Office. Cf. Marin MERSENNE, Correspondance, IV, Lettre de Mersenne à Peiresc du 28 juillet 1634, p. 267 sq. Cf. J. LEWIS , « Playing safe ? Two versions of Mersenne’s Questions théologiques, physiques, morales et

mathématiques (1634). Seventeenth Century , 22, 1, 2007, pp. 76-96. Michel Pierre LERNER, « Pour

une édition critique de la Sentence et de l’Abjuration de Galilée » in Revue des Sciences Philosophiques et Théologiques , 82, 4, Vrin, Paris, 1998, pp. 607-629.

5 Marin MERSENNE, Questions théologiques, Question XXXIV, pp. 161-166 et Question XXXVII, pp.

175-176.

6 Sous le titre Les mechaniques de Galilée , Mersenne publie une traduction d’un manuscrit de Galilée.

Galileo GALILEI, Les mechaniques de Galilée, mathématicien et ingénieur du duc de Florence avec

plusieurs additions rares, & nouvelles, utiles aux architectes, ingénieurs, fonteniers, philosophes, artisans, traduit de l’italien par le Père Marin Mersenne, Paris, H. Guénon, 1634.

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l’Eglise catholique1. Or, si l’attitude de Mersenne face à la philosophie de Galilée

montre une manière de concilier la recherche scientifique avec la foi, elle met en relief également les limites d’une telle conciliation2. En effet, Mersenne soutient toujours la nécessité de conserver la religion catholique comme « la seule créance » qui permet l’établissement d’un véritable ordre moral dans le royaume. La relation entre les contraintes du contexte intellectuel et institutionnel particulier et le recours aux hypothèses en physique ne peut donc pas être réduite à une stratégie rhétorique puisque