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Les répercussions de ses actions sur la paroisse : état au moment de l’arrivée de

A.   Les travaux d’aménagement sous Jean-Baptiste Marduel 14

3.   Les répercussions de ses actions sur la paroisse : état au moment de l’arrivée de

Si la cure de Jean-Baptiste Marduel fut marquée par son souhait de donner un nouveau visage à l’église, il ne faut pas négliger les autres répercussions qu’elle engendra, au delà de ses murs.

Les Tuileries dépendaient de l’église de Saint-Germain-L’Auxerrois, le Palais Royal de Saint-Eustache et à la rue Royale commençait la circonscription de la Madeleine [Doc. 5]. De l’église Saint-Roch dépendaient au nord Montmartre et le quartier naissant de la chaussée d’Antin, qui ne comptait alors que « quelques maisons égarées au milieu de terrains vagues »95, pour devenir sous le Directoire le centre préféré de l’aristocratie financière et politique. En revanche, la paroisse pouvait compter sur le quartier à la mode compris entre la rue de Richelieu, les boulevards et la rue Saint-Honoré.

Jean-Baptiste Marduel avait bien saisi l’enjeu de pouvoir compter parmi ses ouailles les riches habitants du quartier Saint-Honoré et de la Place Vendôme, concentrant de nombreux fermiers généraux, qu’il associa financièrement à ses embellissements. Citons à titre d’exemple François de Beaumont, marguillier de la paroisse, dont le portrait par Nicolas Largillière (1656-1746) nous est toujours conservé [Fig. 39], resté célèbre pour le don qu’il fit en 1761 d’un diamant estimé alors à trois mille livres. S’il fallait ne retenir qu’une chose, ce serait assurément que Saint-Roch, qui selon la déclaration des revenus des paroisses ne

figurait pas en 1730 à la liste des dix plus riches de Paris96, en prit la huitième place en 175797.

« Grâce à cette population de grands seigneurs, la paroisse était riche et dotée d’un noyau de fervents chrétiens avec le concours desquels le curé pouvait donner beaucoup de bien »98. Administrateur méticuleux, il eut le souci d’employer les deniers de sa paroisse à de nobles fins. Son engagement auprès des pauvres en fit l’une des figures incontournables du clergé parisien, un engagement visible sur un portrait posthume de 1819 sur lequel il désigne le registre des pauvres de la paroisse Saint Roch de 1785 [Fig. 40].

« Le curé de Saint-Roch ne négligeait pas d’autres moyens d’assurer l’éducation utile des adolescents et de favoriser leur établissement »99. Ainsi, il encouragea et organisa l’enseignement des Catéchismes. À son arrivée en 1749 existaient deux écoles, une pour les filles et une autre pour les garçons, qu’il valorisa si bien que l’on compta bientôt près de quatre cents garçons chez les Frères et sans doute autant de filles chez les Sœurs100. Il fonda également une maîtrise d’enfants de chœur en 1762, grâce aux dons de la veuve de François de Beaumont [Fig. 41].

À la fin de la vie de Jean-Baptiste, la paroisse ne « cédait en importance qu’à Saint-Sulpice et Saint-Eustache »101. Si elle comptait dix-neuf mille paroissiens selon Chantal Valere-

Chochod102 au moment de la prise de possession de la cure en 1749, le chanoine Pisano avance qu’elle pouvait en posséder vingt-huit mille en 1790 en comptant les enfants et les religieux103.

En guise de conclusion, nous ne résistons pas à la tentation d’offrir à notre lecteur un extrait d’un panégyrique dédié à saint Roch, démontrant qu’après la mort de Jean-Baptiste survenue le 18 mars 1787, son souvenir restait ancré dans le cœur de ses anciens fidèles.

« Quand, dans tout le cours d’une vie longue, consacrée au bien public, M. Marduel, qui a rendu tant de services à l’humanité et à la religion, n’auroit fait que donner le plan de

96 Sur les quarante-et-une.

97 VALERE CHOCHOD Chantal, op. cit., 2006, p. 13.

98 « Notes communiquées par le chanoine Pisano, conférence du 28 mai 1912 », A.H.D.P., Z.22, Dossier 849. 99 Toute l’organisation de l’enseignement aux jeunes personnes ont fait l’objet d’un développement dans LARGIER P. J., « Monsieur Jean Marduel et les jeunes de la paroisse », dans Le Messager de Saint-Roch, n°10, déc. 1924, p. 13-15 et n°2, févr. 1925, p. 11-15, A.H.D.P., Z.22, Dossier 844. Ici, n°10, déc. 1924, p. 13.

100 LARGIER P. J., « Monsieur Jean Marduel et les jeunes de la paroisse », dans Le Messager de Saint-Roch, n°10, déc. 1924, p. 15, A.H.D.P., Z.22, Dossier 844.

101 « Notes communiquées par le chanoine Pisano, conférence du 28 mai 1912 », A.H.D.P., Z.22, Dossier 849. 102 VALERE CHOCHOD Chantal, op. cit., 2006, p. 12.

l’église de saint Roch, présider à son érection, et conduire cette vaste entreprise à son couronnement, il auroit acquis par cela seul des droits à l’immortalité. On n’oubliera jamais que ce grand monument est l’ouvrage de son zele. Les peres le diront à leurs enfants, les meres à leurs filles, la ville aux campagnes, la capitale aux provinces, le citoyen à l’étranger, les siecles entre eux ; et si, par impossible, le coupable silence de l’ingratitude venoit à étouffer dans cette paroisse le juste langage de la reconnoissance, de toutes les parties du temple une vois s’éleveroit pour venger son illustre fondateur. Tous ces admirables chefs-d’œuvre que l’art prodigue sema dans son enceinte, ces autels si imposants qui la décorent, ces marbres animés, ces bronzes, ces colonnes, les pierres du sanctuaire, tout, jusqu’à cette tribune sainte où la renommée elle-même, embouchant la trompette, semble concourir avec les hommes apostoliques pour publier les oracles de l’évangile, crieroit hautement en faveur de sa gloire ; et tant de voix et leurs échos retentiroient au loin, comme pour le dénoncer solennellement à toutes les générations »104.

B. L’arrivée de Claude-Marie Marduel à la veille de la