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La répartition des disponibilités alimentaires totales selon les sources

Aujourd’hui, les régimes alimentaires restent assez diversifiés selon les régions du monde et les pays, que ce soit en termes d’apport calorique total, comme on l’a vu plus haut, ou de répartition entre les différentes sources d’alimentation, la différence essentielle entre les modèles de consommation des pays du Sud et ceux du Nord concernant les produits de l'élevage : viande, œufs, lait. Les pays occidentaux disposent en moyenne de trois fois plus de viande par tête et par an que les pays du Sud à économie de marché (un Nord Américain dispose de huit fois plus de viande qu’un Africain), deux fois plus d'œufs et six fois plus de lait. Le modèle occidental est aussi beaucoup plus riche en produits de l'élevage que celui de l'Ex-URSS et de l'Europe orientale. Dans le module quantitatif, les disponibilités totales sont composées de disponibilités en calories végétales, animales terrestres (monogastriques et ruminants) et aquatiques (eau douce et eau marine).Si la consommation moyenne de calories végétales augmente encore entre 2000 et 2050 dans le scénario Agrimonde GO (+ 11% en moyenne), c’est essentiellement la consommation de

calories d’origine animale (+ 74% en moyenne) qui explique l’accroissement de la consommation alimentaire (cf. graphique 1).

Dans le scénario Agrimonde 1, le groupe de travail a retenu, l’hypothèse d’une convergence des disponibilités en calories végétales vers un seuil de 2500 kcal à l’horizon 2050, dans toutes les régions du monde. Ce chiffre correspond à la moyenne mondiale actuelle des disponibilités de kilocalories végétales par habitant et est également le chiffre vers lequel tendent les disponibilités des différentes régions, Afrique du Nord – Moyen Orient exceptée (cf. graphique 1).

Graphique 1 : Répartition régionale des disponibilités alimentaires en produits d’origine végétale et animale en 2000 et dans les scénarios

Agrimonde 0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 4000 4500 Afrique N - M O Afrique subsah. Amérique latine Asie Ex-URSS OCDE-1990 Monde AG1 Monde AGO Monde 2000 2050 D is p o n ib il it é s a li m e n ta ir e s e n k c a l/ h a b ./ j Végétal Animal

Sources : d’après Carpenter et al. (2005), Dorin (cf. I.2 Agribiom)

La répartition des 500 kcal/j/hab. de calories d’origine animale64 (entre ruminants, monogastriques, eau douce et eau marine) dans le scénario Agrimonde 1 est variable d’une région à l’autre puisque c’est au travers de cette répartition que le groupe de travail a choisi de tenir compte des spécificités, notamment culturelles, des régimes alimentaires.

Pour construire les hypothèses sur la répartition des calories d’origine animale dans chaque région, le groupe de travail a d’abord fixé le nombre de calories issues des ruminants, en le plafonnant65. Ensuite, il a fait une hypothèse sur les calories d’origine aquatique et enfin sur les calories issues de monogastriques.

Le groupe de travail a choisi de reconduire en 2050, la part de calories issues de ruminants, au sein des calories totales, constatée en 2000 dans chaque région, tout en la bornant de telle sorte qu’elle ne dépasse pas la moitié du total des calories animales disponibles pour l’alimentation en 2050, soit 250 kcal/j/hab. Ainsi, après application dans chaque région en 2050 du pourcentage relevé en 2000 au sein de cette même région :

- certaines régions disposent d’un volume de calories issues de ruminants en 2050 supérieur à 250 kcal/j/hab. : leurs disponibilités sont alors plafonnées à 250 kcal/j/hab. en 2050. L’OCDE-1990 voit ainsi ses disponibilités réduites de 63% par rapport aux disponibilités de 2000, l’Ex-URSS de 44% et l’Amérique latine de près d’un tiers.

- d’autres régions disposent en 2000 de moins de 250 kcal/j/hab. issues de ruminants : le pourcentage des disponibilités en calories issues de ruminants est alors reconduit en 2050. Cela correspond à une augmentation en valeur absolue de 22% des disponibilités en

64 500 kcal/j/hab. est également la moyenne mondiale actuelle des disponibilités en calories d’origine animale.

65 Il est à noter que la baisse de la part des ruminants dans les rations alimentaires peut supposer que la part du lait dans l’alimentation soit également diminuée, l’essentiel des viandes de ruminants consommées dans l’OCDE provenant des vaches laitières. Il faudrait donc être en mesure d’estimer la part de protéines provenant de cette source par rapport aux besoins, ainsi que l’apport en calcium par rapport aux doses journalières recommandées.

Afrique subsaharienne pour atteindre 129 kcal/j/hab. en 2050 et de 6% en Asie (pour arriver à 159 kcal/j/hab.). Par contre, la région Afrique du Nord – Moyen Orient voit ses disponibilités en calories issues de ruminants baisser de 10% pour atteindre 222 kcal/j/hab., ses disponibilités en calories totales ayant également diminué.

Le groupe de travail a opté pour une augmentation (par rapport à 2000) de la part des calories d’origine aquatique – ce qui correspond à la tendance historique mondiale - tout en introduisant des différences de progression selon les régions qui tiennent aux possibilités de production régionales. Une différence a été introduite entre calories d’eau douce et calories d’eau marine ; le groupe de travail a en effet considéré que les océans représentent un gisement considérable de productivité, mais que la pêche se verra confrontée à des limites structurelles liées à plusieurs facteurs (surpêche, artificialisation du littoral, pollution, érosion accélérée de la biodiversité), tandis que les tensions sur les usages d’eau douce seront exacerbées.

Ainsi, il est supposé que l’aquaculture marine peut progresser à un rythme supérieur à celui qu’elle a connu ces 40 dernières années, mais à un rythme différencié selon les régions :

- élevé en Asie, en OCDE-1990 et en Amérique latine, qui disposent de potentiels de production importants. Le groupe de travail a choisi de doubler le rythme d’accroissement des disponibilités observé sur la période 1961-2000,

- modéré dans les autres régions. Le groupe de travail a retenu un accroissement de 50% des disponibilités par rapport à l’accroissement de la période 1961-2000, pour l’Ex-URSS, l’Afrique subsaharienne et l’Afrique du Nord – Moyen Orient66

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Pour les calories en provenance des poissons d’eau douce, étant données les tensions sur l’eau, le groupe de travail a retenu une relative stabilité des disponibilités par personne, en calquant leur évolution sur les augmentations de population de chaque région.

Les disponibilités en calories de monogastriques se déduisent ensuite des hypothèses effectuées sur les disponibilités en calories de ruminants et en calories de produits aquatiques : le solde de l’équation ‘disponibilités régionales totales en produits animaux – disponibilités régionales en produits de ruminants – disponibilités régionales en produits aquatiques’ renseigne en effet les disponibilités régionales en produits de monogastriques pour 2050.

Au final, pour les régions qui voient les disponibilités en calories animales s’accroître entre 2000 et 2050, cet accroissement s’effectue essentiellement par les produits de monogastriques. La part des ruminants reste cependant forte dans les zones OCDE-1990, Ex-URSS et Amérique latine (cf. graphique 2).

Graphique 2 : Répartition des calories d’origine animale par grande région du monde en 2000 et dans les scénarios Agrimonde

0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800

AG1 AGO AG1 AGO AG1 AGO AG1 AGO AG1 AGO AG1 AGO

2000 2050 2000 2050 2000 2050 2000 2050 2000 2050 2000 2050 Afrique N - MO Afrique subs. Amérique lat. Asie Ex-URSS OCDE-1990

D is p o n ib il it é a lim e n ta ir e e n k c a l/ j/h a b

Ruminant Monogastrique Eau douce Eau marine Sources : d’après Carpenter et al. (2005), Dorin (cf. I.2 Agribiom)

66 Les calculs pour l’Ex-URSS ont été effectués à partir de la période 1993-2003, car les disponibilités sont en baisse sur la période 1963-2003 : cette baisse est surtout concentrée sur 1989-1993. Une rupture s’amorce après 1993.

Un jeu d’hypothèses explorant la possibilité de ruptures majeures dans les régimes