• Aucun résultat trouvé

Les trois grands régimes politiques: Monarchie absolue, despotisme éclairé et régime parlementaire

nouvelle" du bonheur

G) Les trois grands régimes politiques: Monarchie absolue, despotisme éclairé et régime parlementaire

1. La monarchie absolue française

Louis XIV gouverne en monarque absolu de 1661 à 1715. Dans un texte à son successeur il explique sa conception du métier de roi :

« Ce qui distingue les princes qui sont véritablement rois, c'est qu'une passion maîtresse et dominante, qui est celle de leur intérêt, de leur grandeur et de leur gloire, étouffe toutes les autres en eux. »

Et plus loin : « Tous les yeux sont attachés sur lui seul ; c'est à lui seul que s'adressent tous les vœux, lui seul reçoit tous les respects, lui seul est l'objet de toutes les espérances ; on ne poursuit, on n'attend, on ne fait rien que par lui seul (...) : Tout le reste est rampant, tout le reste est impuissant, tout le reste est stérilité ».

Il a considérablement modernisé la France.

 Du point de vue administratif:

 Il s’entoure de quatre conseils de gouvernement spécialisés

 Les intendants « de justice, police et finances » sont envoyés dans toutes les provinces

 Les parlements sont mis au pas : le parlement de Paris doit enregistrer les édits du roi avant de faire éventuellement des "remontrances"

83

Du point de vue législatif: Progrès vers l’uniformisation de la législation dans l’ensemble du royaume [=> la Révolution française achèvera cette uniformisation].

Du point de vue militaire:

 Armée permanente de 200 à 300 000 hommes est constituée.

 Acquisition de l'Alsace et de la Franche‐Comté. La frontière nord actuelle est à peu près établie [seuls la Savoie et le comté de Nice viendront s’ajouter à la carte de France, en 1860]

Du point de vue de "L'Europe française":

 Le prestige du roi et de sa cour de Versailles est immense.

 La langue française est parlée par l’aristocratie européenne jusqu’à la fin de l’ancien régime.

 Seule vraie rivale, l’Angleterre, qui l'emporte économiquement au 19e siècle et qui propose un autre type de culture moins centré sur le monarque et sa cour.

 Du point de vue culturel:

 Louis XIV est un mécène

 Les arts sont favorisés 2. Le déclin espagnol

Le déclin entamé après moitié du 17e s'accentue dans les 1ères décennies du 18e. L’économie est sclérosée, les défaites militaires se répètent et la dynastie se termine avec Charles II, mort sans héritier en 1700.

La guerre de succession d'Espagne (1700‐1713) permet à Louis XIV d’imposer son petit-fils, Philippe V, sur le trône d’Espagne. La dynastie de Bourbons commence

L’Espagne perd successivement, au profit de l’Autriche, les riches régions des Pays‐Bas (1713) et de la Lombardie (1725).

3. Le despotisme éclairé

Diderot a inventé cette expression, à première vue contradictoire. Les "despotes éclairés"

s’inspirent

 De Louis XIV pour les méthodes autocratiques de gouvernement : ils décident seuls et de tout. Ils se veulent rationnels et efficaces.

"Éclairés" par la philosophie des Lumières, fréquentant même parfois les Philosophes, ils s’en inspirent en matière de tolérance religieuse, et en donnant pour but à leur action politique le bonheur de leurs concitoyens.

Ce type de régime se développe entre 1740 et la Rév. française mais ne concernent ni la France (absolutiste), ni l’Angleterre (parlementariste) ni les Provinces-Unies (républicaines).

Le despotisme touche la Prusse, l’Autriche et la Russie. Mais des expériences similaires ont lieu dans les principautés italiennes, en Espagne (Charles III) et en Suède (Gustave III).

84 - La Prusse de Frédéric II

Frédéric II est à la fois un grand soldat et un despote éclairé. Le bien de ses sujets est pour lui conditionné par la grandeur de l’Etat et la puissance de son armée. De bonnes rentrées fiscales sont essentielles pour cela. Il faut promouvoir l’économie notamment par l’éducation et la main-d’œuvre étrangère qualifiée.

Admirateur de Voltaire, il le fait venir à Berlin en 1750 (il y restera jusqu’en 1753).

Frédéric II aime s’entourer de philosophes. Mais Frédéric II considère Voltaire comme un faire-valoir et le poète, qui se sent instrumentalisé, et quitte précipitamment Berlin. Frédéric II le fait arrêter et l’assigne à résidence pendant 5 semaines à Francfort. Ils se réconcilieront plus tard, mais Voltaire ne retournera pas à Berlin.

Frédéric II veut mettre sur pied une armée permanente de 160 000 hommes.

Déiste comme Voltaire, il est à la tête d'un pays calviniste depuis le début du 18e. Sa tolérance va aux catholiques et les juifs (ils aident à améliorer l’enseignement et le crédit).

Berlin va d’ailleurs devenir une grande capitale du judaïsme intellectuel. Gottold Lessing, auteur de la pièce "Nathan le Sage", est un des représentants de la Haskala (les lumières juives).

Sur le plan économique, Frédéric II fait venir 300 000 colons pour coloniser la frontière entre la Pologne et la Russie. Il accorde aux industries des privilèges et développe un réseau de canaux.

En matière d’éducation, l’école devient obligatoire jusque l’âge de 13ans. L’Académie de Berlin devient l’une des plus prestigieuses au monde, avec bcp de membres et corresp. Etran.

Le servage est aboli dans les domaines royaux.

En justice, les citoyens deviennent égaux devant la loi et sont tous jugés par les mêmes tribunaux. La torture est interdite. Cette question fait débat en Europe depuis la parution de

"Dei Delitti e delle "(Des délits et des peines) de Cesare Beccaria, qui plaide également contre la peine de mort. Il prône la mise au travail des condamnés, pour réparer et réinsérer plus tard.

Il ne s’agit pas d’abor de punir, mais d’éduquer.

- Politique de Marie-Thérèse et Joseph II, son application dans les Pays-Bas autrichiens Les Habsbourg possèdent l’Autriche, la Bohème, la Hongrie (Slovaquie, Slovénie, Croatie, Hongrie), les Pays-Bas, la Lombardie et la Toscane ainsi que le titre impérial. Chacun de ses Etats a une administration et une législation séparées. A Vienne, chacun dépend d’un département particulier.

De 1749 à 1792, le prince de Kaunitz est chancelier de cour et d’Etat, principal conseiller du souverain et chef de gouvernement. Ses relations avec Marie-Thérèse sont confiantes même s’il parfois désaccord (il est anticlérical et elle profondément catholique).

Marie-Thérèse estime néanmoins que l’Eglise ne doit pas être un "Etat dans un Etat".

Sous Joseph II, Kaunitz a moins d'influence, le roi étant décidé à gouverner seul.

Sous l’impératrice, une politique de centralisation est menée et le souci de développement économique est constant. Il faut entretenir une armée puissante face à la Prusse.

Réformatrice mais prudente, l’impératrice veille à ménager ses peuples en n’agissant pas de manière brutale. Le duché de Milan sert de "laboratoire" pour tester les réformes, ensuite diffusées ou non.

85 En 1767, on va créer la "Giunta economale"(ministère de l’économie). En 1769, des couvents contemplatifs sont transformés en écoles, pour les rendre "utiles".

Joseph II va accélérer cette politique. Ses ordonnances sont plus modernes et plus nombreuses que sa mère. Elles sont modernes dans leur présentation brève et précise. Il vise l’efficacité et la rapidité. Joseph II ne prête pas allégeance aux philosophes (de retour de Versailles, il passera près de Ferney sans s'arrêter).

Dans les Pays-Bas autrichiens, le pouvoir (composé surtout de fonctionnaires locaux, seuls le gouverneur général et le ministre plénipotentiaire sont étrangers) veille à assurer le développement économique:

 En améliorant la formation des sages-femmes pour limiter la mortalité infantile

 En améliorant le réseau routier par des chaussées pavées et des canaux

 En encourageant l’agriculture par une politique fiscale favorable et une modernisation des techniques.

 En encourageant les industries nouvelles (charbon, métal, verre, chimie, porcelaine) La politique ecclésiastique est assez anticléricale et anti-ultramontaine dans les Pays-Bas autrichiens. L’université de Louvain est reprise en main. De Neny, en 1754, est chargé de réformer l’université: les disciplines scientifiques sont renforcées, l’histoire est introduite, la théologie ne doit pas attenter aux droits du souverain.

Pour des raisons surtout économiques, Joseph II est partisan d’une tolérance. Il s’agit d’attirer des protestants actifs et industrieux. Le spirituel est séparé du temporel.

En 1784, Neny rédige pour les Pays-Bas une version adoucie de l'Edit de tolérance (la tolérance civile ne considère dans l'homme que le citoyen).Mais le culte protestant ne pourra être exercé que dans des maisons particulières et sans manifestations extérieures.

- La Russie sous Pierre le Grand et Catherine II (aucun lien de parenté).

Pierre le Grand est un souverain autoritaire et violent. Souhaitant moderniser la Russie, il voyage en Occident (France, Provinces..). Centralisateur, partisan de l'interventionnisme, il veut aussi contrôler l’Eglise orthodoxe. C'est donc un despote éclairé.

Pour symboliser l’occidentalisation de la Russie, il fait construire de 1703 à 1712 une nouvelle capitale: Saint-Pétersbourg.

Catherine II est d’origine allemande, elle est la femme de Pierre III, qu'elle fait éliminer en 1772. L'immensité de la Russie, la puissance des aristocrates et les millions de sujet astreint au servage rend sa centralisation et sa modernisation difficile.

Comme Frédéric II, elle mène une politique de colonisation agricole. Souveraine éclairée, elle discute avec Voltaire et Diderot (qui séjourne à St-Pétersbourg du 10/1773 3/1774).

Ils discutent ensemble des réformes.

Des commissions se mettent en place pour réfléchir à une refonte de l’administration et de la justice. Mais cela n’aboutira à rien car l’aristocratie freine toute réforme et Catherine se refuse à rompre avec elle. Elle développe l'enseignement dans les grandes villes de l'Ouest.

En 1772, Catherine agrandira la Russie avec l’annexion d’une partie de la Pologne.

Elle pratique une tolérance religieuse. Effrayée par la Révolution française, elle reniera les idées de philosophes, qui ont amenés le renversement des trônes et l'anarchie.

Elle achètera cependant les bibliothèques de Voltaire en 1778 et de Diderot en 1765. Elle les fera transporter à St-Pétersbourg, où les bibliothèques se trouvent toujours.

86 4. Le recul des Ottomans

Les Turcs ont connu leur plus grande avancée avec le 2ème siège de Vienne en 1683 qui échoue (comme en 1529) grâce à l’aide du roi de Pologne Jean III Sobieski.

Les Ottomans perdent la Hongrie et finissent par signer le Traité de Passarowitz en 1718 avec l’Autriche qui occupe la Croatie et la Serbie, et Venise qui récupère ses possessions sur la côte dalmate. (1718 est le début de l’empire austro-hongrois).

5. La monarchie constitutionnelle anglaise

A la mort d’Oliver Cromwell en 1658, son fils Richard lui succède, sans bcp de soutien de l'armée. Las de la dictature, le parlement et l’armée décident de rappeler la dynastie des Stuart. Les 2 fils de Charles Ier (décapité) se sont exilés en France où ils sont secourus financièrement par Louis XIV.

A leur retour en Angleterre, un fort soupçon de catholicisme pèse sur eux [on sait qu’ils avaient en effet conclu un accord secret avec le roi pour rétablir le catholicisme].

Avant de monter sur le trône, Charles II (1660‐85) doit prêter serment de conserver la religion anglicane. Il se tient à son serment, mais favorise l’ascension d’un certain nombre de catholiques dans l’armée.

Jacques II (1685‐1688) est ouvertement catholique et en butte à l’hostilité du parlement et de la majorité de l’opinion. En 1688, le baptême catholique de son premier fils, le futur Jacques III, est ressenti comme une provocation.

Pour empêcher tout retour au catholicisme, le Parlement rappelle Guillaume III d’Orange-Nassau et son épouse Marie II Stuart, protestants et "héritiers légitimes".

C’est la "Glorieuse Révolution" par opposition à celle de Cromwell 40ans plus tôt. A leur avènement, en février 1689, leur est lu le "Bill of Rights".