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nouvelle" du bonheur

B) Le Néolassicisme

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Quatrième Partie: Le siècle des Lumière et le

Néo-classicisme (1660-1775): Absolutisme et "idée

67 1. Le règne de Louis XIV et la réaction contre le baroque

Catholique, la France est toutefois assez réticente à l’égard de l’art baroque, dont l’ornementation lui paraît excessive (le mot "baroque" = péjoratif en français).

Le "bon goût" français défini dans la seconde moitié du 17e, est synonyme de solennité, de mesure et d’équilibre, un peu sur le modèle du "cartésianisme" qui l’emporte à la même époque en matière intellectuelle: la "Raison" doit primer sur l’émotion.

Inspiré de l’Antiquité (redécouverte grâce aux fouilles), le "classicisme" correspond à cette vision des choses et va peu à l’emporter dans le goût français.

Toutefois, l’aristocratie française se démarque au 17e de cette tendance, qu’elle associe à la classe montante de la bourgeoisie, qu’elle voit comme une rivale.

Louis XIV, qui se méfie depuis la Fronde de la haute noblesse, est d’ailleurs critiqué par elle pour s’être entouré de conseillers issus de la noblesse "de robe" (bourgeois anoblis provenant de la haute finance ou de la magistrature) et de la bourgeoisie.

Le château de Versailles, dont la construction commence en 1661, après l’accession de Louis XIV au pouvoir personnel témoigne pleinement de ce goût classique. Mais Louis XIV et sa cour ne s’y installent qu’en 1682, et les travaux ne seront totalement achevés qu'en 1710.

2. La redécouverte de l'Antiquité gréco‐romaine

D’abord sans grande méthode, des fouilles commencent à être organisées scientifiquement au sud de Naples à Herculanum (1738) et Pompéi (1763).

Johann Joachim Winckelmann, l’historien de l’art et archéologue est considéré comme le fondateur de ces disciplines. C'est un protestant converti au catholicisme installé à Rome grâce à une pension. C’est également un actif propagandiste du néoclassicisme.

Il publie en allemand, des "Réflexions sur l'imitation des œuvres des Grecs en peinture et en sculpture", où il prône le retour aux canons de l’art antique, puis, en italien, Les monuments de l'Antiquité expliqués et illustrés (1767), ouvrage qui vulgarise par le dessin les principales découvertes des fouilles et dont les artistes et architectes de toute l’Europe vont s’inspirer.

À côté de cela, des voyageurs, se rendent dans l'empire ottoman et s’y procurent statues et objets d’art grecs qu’ils dérobent ou que les Ottomans leur vendent sans grande difficulté.

Les musées publics sont encore extrêmement rares: l’Ashmolean Museum d’Oxford et sans doute le premier à ouvrir assez facilement ses portes, en 1678.

Créé en 1753, le British Museum, n’est ouvert au grand public qu’en 1759 (les deux=

fondations privées).

De nombreuses collections privées sont cependant accessibles sur demande à un public sélectionné.

[=> Les grands musées européens n’ouvriront qu’à la fin du 18ème ou dans la première moitié du 19ème]

68 3. La réaction au néoclassicisme: "le sentiment défend ses droits":

- "Style rocaille", "roccoco", "choinoiseries" et Gothic Revival

En France, en réaction au "grand goût" classique louis‐quatorzien, le style "rocaille", exubérant et parfois même dissymétrique, apparaît vers 1715 sous la Régence.

De son côté, en Italie, en Allemagne et en Europe centrale, l’art baroque évolue vers le "

rococo", un art chargé.

La mode décorative des "chinoiseries" est pour l’essentiel, une adaptation de motifs chinois sur une architecture et des objets européens. Un "salon chinois" est aménagé dans de nombreuses demeures aristocratiques au 18e siècle, où des œuvres d’art ou objets décoratifs importés de Chine sont insérés dans un décor européen.

Dans les Îles Britanniques, le Gothic Revival apparaît, vers 1740, comme une réaction

"nationale" contre le néoclassicisme. On tente d'y retrouver les racines de la "vieille Europe chrétienne".

- Les débuts du romantisme

Une littérature particulièrement "sentimentale" apparaît au 18ème siècle. Plusieurs des

"best‐sellers" de l’époque ressortissent à ce genre littéraire:

Manon Lescaut de l'abbé Prévost; Clarissa Harlowe de Samuel; La Nouvelle Héloïse de Rousseau; enfin Les Souffrances du jeune Werther de Goethe qui marque la naissance du

"Sturm und Drang" (tempête et élan), et annonce la future Allemagne romantique.

En Écosse, les poèmes épiques "d'Ossian", supposés dater du IIIe siècle, paraissent en 1760.

Ecrits (on le saura plus tard) par le poète James Macpherson, ils soulèvent l’enthousiasme de la jeunesse romantique.

- Le piétisme

C'est un courant protestant de l'Allemagne du Nord assez similaire au quiétisme catholique. C’est une version austère et mystique du protestantisme, une réaction spiritualiste contre un luthéranisme devenu trop rationnel et "matérialiste".

C) Vers le libéralisme économique 1. Deux pays pionniers : les Provinces Unies et la Grande‐Bretagne

Depuis le milieu du 17e siècle, la réussite économique est devenue le principal critère de distinction sociale dans ces pays.

Le modèle bourgeois s'est imposé. Le libéralisme économique demande, y compris en matière religieuse, l’absence d’entraves aux affaires.

Exemple: En 1713 dans le Traité d'Utrecht, qui met fin à la guerre de Succession d'Espagne, (voir ci‐dessous) Anglais et Hollandais imposent pratiquement la mise en place du libre‐échange entre eux et les Pays‐Bas autrichiens dont ils ont contribué à sécuriser l’existence face aux ambitions françaises.

Par pragmatisme économique, ces deux pays pratiquent une politique de tolérance religieuse (sauf, en Angleterre, envers les catholiques, ressentis comme un danger pour l’État)

69 2. L'éloge du travail:

L’économiste anglais William Petty écrit en 1662 que le travail est "le père et le principe actif de la richesse".

TEXTE 8

« Bien que la nature ait donné toutes choses en commun, l'homme néanmoins, étant le maître et le propriétaire de sa propre personne, de toutes ses actions, de tout son travail, a toujours

en soi le grand fondement de la propriété (...). Ainsi, le travail, dans le commencement, a donné droit de propriété. »

John Locke, Two Treatises of Government 1689),, II, 4‐ 5

(John Locke considère que le travail est la source de la propriété privée, c’est ce qui permet aux hommes de se rendre propriétaire, cela aura des conséquences politiques).

En France, Voltaire est l’un des premiers propagandistes du libéralisme économique, tout comme Rousseau sera l’un des ancêtres du socialisme.

Pour Voltaire, "la terre et le travail sont à la source de tout". Le travail doit donc être considéré comme une valeur essentielle. L'esprit d'entreprise, l'esprit capitaliste, sont partie intégrante du "travail", dans l'esprit d’un libéral comme Voltaire, qui a lui‐même bien fait fructifier son argent (commerce négrier, déportation d'africains vers les Amériques).

Au 18e siècle, un débat s’engage en France sur la légitimité de la dérogeance, qui immobilise d’importants capitaux qui pourraient être investis dans les secteurs dynamiques de l’économie

- L'intérêt personnel, moteur du progrès

La poursuite de l'intérêt personnel est en principe condamnée par la morale. Fin 17ème‐début 18e, quelques auteurs libéraux veulent démontrer qu’elle sert sans le savoir l’intérêt collectif.

- le débat sur le luxe

Les libéraux soutiennent que le luxe, en favorisant une importante consommation de biens, fournit du travail à de nombreux individus. Le janséniste Pierre Nicole ironise sur ce thème:

TEXTE 9

« Les hommes étant vides de charité par le dérèglement du péché, demeurent néanmoins pleins de besoins et sont dépendants les uns des autres dans une infinité de choses. La cupidité a donc pris la place de la charité pour remplir ces besoins et elle le fait d'une manière que l'on n'admire pas assez. (...). Quelle charité serait‐ce que de bâtir une maison tout entière pour un autre, de la meubler, de la tapisser, de la lui rendre la clef à la main ? La

cupidité le fera gaiement. Quelle charité (...) de s'abaisser aux plus vils ministères et de rendre aux autres les services les plus bas et les plus pénibles ? La cupidité fait tout cela sans

s'en plaindre. »

Pierre Nicole, De la charité et de l'amour‐propre (1675)(cité par Jean Rohou, Le XVIIe siècle, une révolution de la condition humaine, 2002, p. 479)

70 Le Hollandais d’origine française Bernard de Mandeville publie à Londres, en 1714, The Fable of the Bees, (La Fable des abeilles).

Le sous‐titre est particulièrement provocateur :"les vices privés font les vertus publiques".

C’est exactement ce que Pierre Nicole reprochait aux libéraux comme Mandeville qui écrit notamment que "les défauts des hommes peuvent être utilisés à l'avantage de la société civile et on peut leur faire tenir la place des vertus morales".

Impressionné par l’économie anglaise lors de son exil Outre‐manche, Voltaire écrit en 1734 dans ses Lettres philosophiques (d’abord intitulées Lettres anglaises) :

TEXTE 10

« Le commerce qui a enrichi les citoyens en Angleterre, a contribué à les rendre libres, et cette liberté a étendu le commerce à son tour ; de là s'est formée la grandeur de l'État. (...).

Tout cela donne un juste orgueil à un marchand anglais, et fait qu'il ose se comparer, non sans quelque raison, à un citoyen romain. Aussi le cadet d'un pair du royaume ne dédaigne

point le négoce (...).

En France, est marquis qui veut, et quiconque arrive à Paris du fond d'une province avec de l'argent à dépenser et un nom en ac ou en ille, peut dire un homme comme moi, un homme de ma qualité et mépriser souverainement un négociant ; le négociant entend lui‐même parler si souvent avec dédain de sa profession qu'il est assez sot pour en rougir ; je ne sais pourtant

lequel est le plus utile à un État, ou un seigneur bien poudré qui sait précisément à quelle heure le roi se lève, à quelle heure il se couche, et qui se donne des airs de grandeur en jouant le rôle d'esclave dans l'antichambre d'un ministre, ou un négociant qui enrichit son pays, donne de son cabinet des ordres à Surate [en Inde] et au Caire, et contribue au bonheur

du monde ».

3. Les Physiocrates

La physiocratie ("gouvernement par la nature") domine le débat économique en France dans les années 60 et au début des années 70.

Sous la Régence, en 1719‐20, "l’expérience de Law" a rendu la France particulièrement méfiante envers le libéralisme à l’anglaise.

Écossais, John Law un de ces "hommes à projets" qui parcourent l’Europe pour vendre leurs idées "de génie" a réussi à convaincre en 1718 le Régent Philippe d’Orléans d’autoriser l’émission de papier-monnaie par la Banque Royale, afin d’accroître les quantités monétaires en circulation en vue notamment de soutenir les compagnies de commerce colonial.

A tout moment, le détenteur de ce papier‐monnaie peut venir se faire rembourser ses billets en monnaie métallique. Le système repose sur la confiance, puisque que le stock métallique est loin de représenter l’équivalent monétaire des billets en circulation.

Une rumeur de dépréciation du papier‐monnaie (lancée par des spéculateurs ennemis) provoque la panique: une bonne partie des détenteurs de papier‐monnaie se présentent en même temps afin de se faire rembourser, ce qui est impossible.

Le papier‐monnaie se dévalue rapidement et certains, ruinés se suicident. Des émeutes ont lieu et John Law, qui avait été nommé contrôleur général des Finances, doit quitter le pays.

71 Un demi‐siècle plus tard, les Physiocrates présentent le libéralisme comme le système économique le plus "naturel". "Il faut laisser faire, et laisser passer" aurait dit le négociant Vincent de Gournay.

 supprimer tous les obstacles à la libre entreprise et abaisser les droits de douane.

Pour les Physiocrates (le médecin François Quesnay, futur ministre Turgot) il suffit de laisser faire la nature, qui rétablit spontanément les équilibres rompus : si un produit devient rare (comme le blé lors d’une famine) son prix augmente; cela attire les vendeurs et augmente d’autant l’offre, d’où une diminution du prix ("loi de l’offre et de la demande" sera formulée au 19ème). Intervenir est donc contre‐productif.

Influent, il écrira les articles "Blés" et "Pain" dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert.

Toutefois, les Physiocrates voient l'agriculture comme la seule activité "productive", artisanat et industrie ne faisant que transformer ses produits et ceux de la nature.

Afin de motiver les producteurs, ils plaident pour des prix agricoles élevés. Or, le prix du pain est alors une variable économique (et sociale) de première importance. Il représente une part importante du budget dans les milieux populaires et en cas de mauvaise récolte, la hausse du prix des céréales met en danger la survie même des plus faibles.

Les États ont donc pris pour habitude dans ces circonstances de "taxer" (fixer autoritairement) le prix des blés, et de contrôler les greniers où les propriétaires stockent le blé, les obligeant parfois à vendre au prix fixé.

Pour les Physiocrates, mieux vaudrait laisser faire la loi du marché.

- Turgot et la guerre des Farines

Brillant intendant dans Limoges, Jacques Turgot (1727‐81) est nommé contrôleur général des Finances en 1774, à l’avènement de Louis XVI.

En 1775‐76, il tente de mettre en pratique les théories physiocratiques après une mauvaise récolte. Mais l’état des transports ne permet pas de combler rapidement les manques d’une région à l’autre, et les producteurs de blé attendent pour vendre que le prix des blés soit le plus élevé possible.

La "guerre des Farines" est fatale à Turgot, victime aussi d’une cabale à la cour et qui est renvoyé par Louis XVI en 1776. Il a également lutté contre le monopole sclérosant des corporations et en faveur de la liberté d’entreprise.

4. L'évolution des économies européennes - Le colbertisme

Jean‐Baptiste Colbert dirige l’économie française sous Louis XIV à partir de 1661.

Surtout synonyme d’interventionnisme étatique (il crée beaucoup de manufactures et compagnies commerciales), le "colbertisme" a également une facette libérale:

 en 1666, il réduit le nombre de jours chômés: les impératifs de l’économie passent avant le respect des prescriptions religieuses.

 en 1669, il met un frein à la création de couvents, dont la population participe peu à l’économie et n’engendre pas d’enfants, privant le pays de bras et l’armée de soldats

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 en 1681 commence la répression de la mendicité par la généralisation des "hôpitaux généraux"

 en 1681 les exceptions à la dérogeance sont coulées en forme de loi afin d’inciter les nobles à investir dans les industries du verre, de la métallurgie et dans les mines.

Succès très relatif: un siècle plus tard, un peu plus d'1% des nobles aura osé investir dans l'économie et les affaires.

Le mépris pour la "marchandise" se double sans doute ici d’une méfiance envers l’État, très avide sous Louis XIV (guerres et politique de prestige, et donc toujours capable de reprendre par l’impôt une partie des gains éventuellement réalisés).

- La question du prêt à intérêt

En 1671, Colbert tente avec l’accord du roi de mettre en place dans les grandes villes commerçantes et dans les ports, des sociétés de crédit par l’intermédiaire de "négociants de prêts". Peu de succès car peu de volontaires se présentent: on se méfie d'un État qui crée régulièrement de nouvelles taxes.

Dans les pays protestants, banques et sociétés de crédit prospèrent au contraire ce qui permet à l'Angleterre et aux Provinces‐Unies de financer leur essor économique et commercial.

- Le grand commerce colonial

Il est assuré par des compagnies, souvent privées, installées dans les grandes villes portuaires de l'Atlantique et plus accessoirement de la Méditerranée.

Un milieu européen du grand commerce international se constitue, disposant de succursales dans plusieurs pays. Ainsi Bordeaux abrite des négociants de plusieurs nationalités.

- Les colonies

Une politique de peuplement se met en place dans la plupart des colonies.

A la fin du 17ème, la Louisiane française compte environ 15.000 colons, mais les colonies anglaises d’Amérique en comptent déjà 400 000.

Si la France est le plus grand et le plus puissant des pays européens aux 17e et 18e siècles, Louis XIV a vraiment déforcé son économie en révoquant l’Édit de Nantes en 1685.

 300.000 protestants environ, souvent commerçants ou intellectuels, ont alors quitté le pays pour s’installer en Angleterre, dans les Provinces‐Unies ou en Prusse.

Par contre, les dissidents protestants anglais, ou les catholiques irlandais ont beaucoup émigré en Amérique, où des terres leur attribuées et où ils peuvent plus ou moins librement pratiquer leur culte.

En outre, le poids de l’État anglais est très faible dans les colonies, où les entrepreneurs privés règnent en maîtres, à la faveur des chartes libérales accordées par le souverain, tandis que la Nouvelle‐France est soumise à l’interventionnisme étatique.

Enfin, les enclosures et la hausse de la productivité agricole qui a suivi ont libéré en Angleterre une nombreuse main-d'œuvre qui a pu être employée dans l’artisanat et l’industrie.

- La révolution agricole en Angleterre

Dans la plupart des pays européens, 80 à 90 % de la main-d'œuvre est dans l'agriculture. En Angleterre, où la productivité est élevée, la moitié seulement.

Les rendements céréaliers sont parlants: 3 quintaux à l'ha en Russie ; 6 quintaux à l'ha en France ; plus de 10 quintaux à l'ha en Angleterre.

73 - Les débuts de la révolution industrielle en Angleterre

Principalement basée dans les Midlands, l’industrie anglaise bénéficie de progrès techniques importants:

 Le charbon de terre (largement utilisé comme combustible dans l'industrie) nécessite le creusement de profondes galeries d’où les eaux infiltrées sont difficiles à évacuer.

On utilise en général une noria actionnée en surface par des chevaux.

La pompe de Thomas Newcomen (1712), à la vapeur, est beaucoup plus efficace.

Elle sera également utilisée dans le Nord de la France à partir de 1726.

 A partir de 1735 la métallurgie anglaise utile le coke, un charbon distillé qui permet d’atteindre de très hautes températures et de fabriquer de la fonte, un métal extrêmement solide. La France fait de même, mais en petites quantités, à partir de 1756.

 L'acier (aussi grâce au coke), qui demeurera longtemps une spécialité anglaise, est notamment utilisé dans la fabrication du petit outillage de précision (ciseaux, épingles, rasoirs) et les armes blanches (Wilkinson à Londres).

 Dans le textile, l’invention de la "navette volante" fait gagner un temps considérable aux tisserands et diminue les coûts de main‐d’œuvre.

 Dès 1740, en Angleterre, le coton l'emporte en quantité sur la laine.

 Vers 1750, la première véritable usine (900 ouvriers) est ouverte à Birmingham par Matthew Boulton, un industriel polyvalent, membre de la Royal Society, qui donne par ailleurs à l’Écossais James Watt, (perfectionné la machine à vapeur de Newcomen), les moyens de mettre son invention en Pratique.

(Boulton fait aussi partie de la "Lunar Society" 1x par fois, pdt la pleine lune, noir)

 L’Angleterre innove en matière commerciale : la fabrication en série (les faïences anglaises sont six fois moins chères que celle fabriquée sur le continent) permet de distribuer au public un catalogue: c’est le cas chez Boulton, mais aussi chez Wedgwood pour la porcelaine, ou chez Chippendale, qui donne son nom à un style de meubles.

- Le salariat

Les travailleurs de l’industrie anglaise sont des salariés, souvent précarisés.

L’individuation se manifeste ici par la disparition des solidarités villageoises et l’absence de corporations. Un licenciement peut avoir lieu du jour au lendemain, et aucune protection n’est garantie au chômeur.

Partout en Europe, filage et tissage à domicile de la laine ou du coton offrent en hiver aux agriculteurs, liés par un contrat individuel à un entrepreneur urbain, un revenu complémentaire.

74 D) Les Lumières et le Triomphe de la Raison

En 1784, en réponse à un concours de l’académie de Berlin, le philosophe Emmanuel Kant donne cette définition des Lumières :

TEXTE 11

« Les Lumières, c'est la sortie de l'homme hors de l'état de tutelle dont il est lui‐même responsable. L’état de tutelle est l'incapacité de se servir de son entendement sans la conduite d'un autre. Sapere aude ! [Ose savoir] Aie le courage de te servir de ton propre entendement !

Voilà la devise des Lumières. »

Cité par Gérard Raulet, Aufklärung. Les lumières allemandes (1995), p. 25 Les Lumières supposent donc une alphabétisation généralisée et l’accession de tous à l’enseignement, afin que chacun devienne capable de "se faire sa propre idée" et de ne pas obéir aveuglément aux dogmes, religieux ou politiques.

1. La conversion des élites au cartésianisme: le primat de l'expérience

Les milieux scientifiques et intellectuels sont devenus pratiquement unanimes à ce propos:

seule l’expérience fait foi.

En 1708, le philosophe et savant Bernard le Bovier de Fontenelle peut écrire que "l'Autorité a cessé d'avoir plus de poids que la Raison" (Par autorité, il entend le dogmatisme).

En 1666, les statuts de l'Académie des sciences fondée par Louis XIV donnent pour consigne aux académiciens de "bannir tous les préjugés" et de ne s'appuyer que sur l’expérience.

En 1671, la sorcellerie est condamnée par la loi au nom de la rationalité et de l'expérience.

En 1695‐97, le protestant français Pierre Bayle, exilé à Amsterdam, y publie un Dictionnaire historique et critique où il démystifie les Saintes Ecritures en les confrontant à la critique philologique, historique et scientifique.

En 1687, l’Anglais Isaac Newton énonce, après de nombreuses expériences, le phénomène de l'attraction "universelle" (aussi les planètes): "Tous les corps matériels s'attirent mutuellement avec une force inversement proportionnelle au carré de la distance qui les sépare et proportionnelle à leurs masses respectives".

En 1690, John Locke publie "An Essay upon Human Understanding" (Essai sur l'entendement humain) où il donne une version matérialiste de l’intelligence, qui se construit chez les individus à partir des sensations physiques.

- La médecine

Quelques facultés de médecine (Montpellier, Padoue, Paris, Londres) sont prestigieuses, mais la médecine demeure peu efficace.

Dans les grandes villes, des "collèges de médecins" sont créés par les autorités afin de surveiller la santé publique et de lutter contre les épidémies.

(Anvers et Bruxelles, dès le milieu du 17e siècle, Liège fin). Au 18e, ils se généralisent.

75 - Les académies

D’origine grecque, elles revivent d’abord en Italie durant la Renaissance. L'Academia de Lincei de Rome, société savante d’amateurs de culture, d’intellectuels, de poètes, etc…se constitue au début du 17e siècle.

Plusieurs autres académies naîtront, le plus souvent protégées par un souverain.

En 1636, Richelieu fonde l'Académie française. Son but, en réalité, est de mieux contrôler, en les encadrant dans une structure dépendant du pouvoir, intellectuels et savants français.

Le roi, qui "pensionne" les académiciens, dispose de trois représentants au sein de l’académie.

En 1663 Colbert y adjoint l’Académie des Inscriptions et Belles‐lettres, chargée de composer les devises présentes sur les monuments, bâtiments officiels et monnaies, inscriptions qui chantent la gloire du souverain.

La Royal Society est créée en 1660. Elle ne bénéficie qu’ensuite du patronage royal, et le souverain n’y envoie aucun représentant, hormis à la séance annuelle d'ouverture.

Les sociétaires payent une cotisation et ne reçoivent aucune pension. Ils sont totalement indépendants. La Royal Society est principalement orientée vers les sciences appliquées et le bien qu’elles peuvent procurer à l’économie du pays.

Des académies de province sont fondées dans de nombreuses villes françaises au 18e. L’une des plus avancées scientifiquement est celle de Montpellier, où se trouve l’une des meilleures facultés de médecine d’Europe

Des académies sont crées un peu partout en Europe au 18e, souvent par les souverains:

Berlin, Saint‐Pétersbourg, Stockholm, Bruxelles etc. Toutes les académies ont des membres étrangers, se crée ainsi un réseau européen de savants et d’intellectuels.

En 1769 à Bruxelles, capitale des Pays‐Bas autrichiens, est créée, à l’initiative de quelques membres du gouvernement, une « Société littéraire ». En 1772, après avoir vaincu les réticences du gouvernement de Vienne, elle prend le nom d’académie. Toutes les académies ont des « membres étrangers », des correspondants. Se crée ainsi un réseau européen de savants et d’intellectuels.

- La vulgarisation des connaissances scientifiques Une presse spécialisée se crée dans toute l'Europe.

 Le bulletin scientifique de la Royal Society, « Philosophical transactions » apparaît en 1662.

 "Le Journal des Savants" est créé en 1665.

Certains philosophes publient également:

 Emilie du Châtelet et Voltaire traduisent Newton

 Diderot publie sur la physiologie, l’optique, la chimie...

 Rousseau publie des ouvrages de botanique

 Goethe : minéralogie et zoologie

 Carl von Linné (suédois): classification des plantes

 Buffon: classification des espèces animales

 L’intérêt pour les sciences croît rapidement.

L’intérêt pour les sciences croît rapidement: de 7% d’ouvrages scientifiques en 1650, l’édition française passe à 20 % en 1720, puis à 33% en 1780.