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Maud Robert Histoire Ba1. Histoire des Temps modernes

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Academic year: 2022

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Texte intégral

(1)

Histoire des

Temps modernes

(2)

Table des matières

A) Qu’est-ce que les "Temps Modernes" ? 5

B) Définition des Temps Modernes et problèmes de datation : 5

C) Les grandes caractéristiques des Temps Modernes : 6

PREMIERE PARTIE: AVANT 1450: LA VILLE, L’UNIVERSITE, L’ÉTAT, FERMENTS D’UNE NOUVELLE SOCIETE 8

A) L’essor des villes et ses conséquences 8

1. Les cités de l'Italie du Nord 8

2. Les banques et le crédit 9

3. Une nouvelle éthique, plus favorable aux activités économiques et commerciales : 9

4. La révolution technologique : métallurgie et agriculture 9

5. En 1348 la peste noire marque le début d'une période de dépression économique : 10

6. La démographie des sociétés préindustrielles 10

B) Les Universités : Foyer du débat politique et religieux : 11

1. Les premières universités : 11

2. La redécouverte de l'Antiquité classique en Italie 11

3. L'affirmation du libre‐arbitre et ses conséquences : 12

4. Les nouvelles relations entre les Etats et l'Église 13

5. Jean Gerson et la contestation de la monarchie absolue 15

6. Les Précurseurs de la Réforme 15

C) L’évolution des grands états européens entre 1200 et 1450 17

1. La mosaïque italienne : 17

2. La Reconquista espagnole et les premières expéditions portugaises en Afrique 18

3. La guerre de 100 ans (1337-1453 avec trêves) 19

4. Le Saint Empire Germanique et la Bulle d’Or de 1356 19

5. La Scandinavie sous la domination danoise 20

6. La monarchie polonaise et la dynastie des Jagellon 20

7. La Russie d'Ivan III : un État enclavé 20

8. L'Empire ottoman en expansion 20

DEUXIEME PARTIE: LE DEBUT DES TEMPS MODERNES (1450-1550): L’HUMANISME, LA RENAISSANCE ET LA

REFORME 21

A) Les Grandes Dates 21

B) L’humanisme 21

1. Le processus d’individuation : 21

2. Le renouveau des études philologiques et des textes sacrés 23

3. Les principaux relais culturels de l’humanisme en Europe 23

4. Le caractère unificateur de la démarche scientifique 24

5. L’Europe des intellectuels 25

C) La réforme protestante : 25

1. A la recherche d'un humanisme chrétien 25

2. Le luthéranisme 26

3. Les courants radicaux : anabaptisme et guerre des Paysans 28

4. Le Calvinisme (apparaît en France et se développe d'abord à Genève) 28

5. La « Réforme catholique » ou « Contre‐réforme » 29

D) L’essor économique 30

1. Une mentalité plus favorable au travail et au commerce 30

2. La naissance de l’économie politique 30

3. Les utopies sociales: Thomas More, Campanella, Rabelais, Bacon 31

4. Un nouvel urbanisme en Italie 32

E) Les Grandes Découvertes 33

1. Les Portugais font essentiellement du commerce côtier 33

2. Les Espagnols conquièrent et exploitent les territoires et les populations 34

3. Anglais et Français en Amérique du Nord 36

(3)

4. Les conséquences économiques des Grandes Découvertes 37

5. Le débat sur la colonisation 37

6. L’Extrême‐Orient : Chine et Japon 38

F) Machiavel 39

1. La montée du pouvoir princier en Italie du Nord 39

2. Nicolo Machiavelli (1469-1527) 39

G) Vers la monarchie absolue 39

1. Les Etats européens à l'aube des temps modernes 39

2. La France : fin de la féodalité et centralisation du pouvoir 39 3. L'Angleterre et l'anglicanisme : le règne d'Henri VIII (1509‐1547) 40 4. Charles Quint et les divisions religieuses dans le Saint Empire 41

5. La naissance de la Suède 42

6. La Pologne : l'apogée du royaume de Pologne 42

7. Soliman II le Magnifique et l'apogée de l'empire ottoman 42

TROISIEME PARTIE: LES GUERRES DE RELIGIONS ET L’ÂGE BAROQUE (1550-1660): LA DIFFICILE NAISSANCE DU

PLURALISME RELIGIEUX 43

A) Les grandes dates 43

B) Baroque et classicisme: sentiment et raison 43

1. Un conflit entre deux visions du monde 43

2. Le Concile de Trente (1545-1563) 44

3. Le baroque: un instrument de la propagande catholique 44

4. Les progrès de l'individuation 45

5. Le XVIIe siècle pose les bases de la science moderne 47

6. Dévots et Jansénistes 48

C) La question de la tolérance religieuse 49

1. Tolérance négative, tolérance positive 49

2. Les premiers défenseurs de la tolérance 49

3. Les « Politiques » 49

4. Les guerres de religion en France 49

5. L'Angleterre sous Marie Tudor et Élisabeth Ière 51

6. L'Espagne de Philippe II (1556-98) 52

7. Le Saint Empire : la Paix d'Augsbourg et l'exercice de la parité 52

D) L’expansion économique issue des grandes Découvertes 53

1. Une conjoncture économique positive jusque vers 1620 53

2. L’interventionnisme 53

3. L'essor du capitalisme 53

4. Les résistances au nouveau cours des choses 54

E) Les grandes puissances économiques européennes 55

1. Le « siècle d'or » espagnol (1520‐1640) : 55

2. En France : le poids de la démographie et de l’Etat 55

3. Les Provinces Unies au cœur du marché européen 56

4. L'Angleterre : une image de l'avenir 57

F) Le débat sur les pouvoirs du souverain 58

1. La question du tyrannicide 58

2. La théorie de la monarchie absolue 58

3. Le constitutionnalisme 59

G) Les principales monarchies européennes entre 1550 et 1660 60

1. La poursuite de la construction des identités nationales 60

2. Philippe II et le soulèvement des Pays‐Bas 60

3. La montée de la centralisation en France 61

4. Échec de l’absolutisme et mouvements républicains en Angleterre 62

5. Le Saint Empire romain germanique 64

6. La Prusse 65

7. L’hégémonie suédoise sur la Baltique 65

(4)

8. L’avènement des Romanov en Russie 65

9. L’empire Ottoman 65

QUATRIEME PARTIE: LE SIECLE DES LUMIERE ET LE NEO-CLASSICISME (1660-1775): ABSOLUTISME ET "IDEE

NOUVELLE" DU BONHEUR 66

A) Les Grandes Dates 66

B) Le Néolassicisme 66

1. Le règne de Louis XIV et la réaction contre le baroque 67

2. La redécouverte de l'Antiquité gréco‐romaine 67

3. La réaction au néoclassicisme: "le sentiment défend ses droits": 68

C) Vers le libéralisme économique 68

1. Deux pays pionniers : les Provinces Unies et la Grande‐Bretagne 68

2. L'éloge du travail: 69

3. Les Physiocrates 70

4. L'évolution des économies européennes 71

D) Les Lumières et le Triomphe de la Raison 74

1. La conversion des élites au cartésianisme: le primat de l'expérience 74

2. L'alphabétisation et ses conséquences 76

3. L'Encyclopédie 76

4. Quelques découvertes scientifiques décisives 76

5. Le progrès des conditions de vie : hygiène, santé, démographie, confort 77

6. Le débat sur le progrès 77

7. L'anticolonialisme 78

E) L’avènement de l’individu au cours du XVIIIe siècle (1660-1775) 79

1. Une nouvelle sociabilité 79

2. La recherche du bonheur individuel 79

F) Le combat pour la tolérance 80

1. 1. Gallicanisme et Césaropapisme 80

2. La question de l'intolérance en France sous Louis XIV et Louis XV 80

3. Plaidoyers pour la tolérance 81

G) Les trois grands régimes politiques: Monarchie absolue, despotisme éclairé et régime

parlementaire 82

1. La monarchie absolue française 82

2. Le déclin espagnol 83

3. Le despotisme éclairé 83

4. Le recul des Ottomans 86

5. La monarchie constitutionnelle anglaise 86

CINQUIEME PARTIE: L'ERE DES REVOLUTIONS (VERS 1775‐1800): LE LIBERALISME ET LES DEBUTS DE LA

QUESTION SOCIALE 87

A) Les grandes dates 87

B) La révolution américaine 87

C) La fin de l’Ancien Régime 88

1. Joseph II et la révolution brabançonne 88

2. En France : l’entêtement suicidaire des privilégiés 89

D) L’avènement de la Bourgeoisie 89

1. De nouvelles valeurs 89

2. La mise en œuvre d'une politique de libéralisme économique 90

E) La révolution française 91

1. Les droits de l'homme et l'émancipation de l'individu 91

2. Vers une société sécularisée 91

3. La question sociale 91

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5 Introduction

A) Qu’est-ce que les "Temps Modernes" ? Les Temps modernes vont, en principe, de la Renaissance à 1789.

Cette période est marquée par la maîtrise croissante de l'homme sur le monde et sur son propre destin. Elle a préparé le libéralisme et la démocratie parlementaire, aboutissant à une société laïcisée, à une nouvelle anthropologie ainsi qu''une nouvelle conception de l'homme qui est celle d'un monde dans lequel chaque individu est censé faire ses choix et c'est un trait particulier de la société occidentale que d'être individualiste, alors qu'autrefois l'individu faisait partie d'une communauté, d'un groupe dont il était le membre.

L’individuation crée une société de plus en plus libérée des préjugés religieux, culturels et raciaux. Toutefois, il y a en permanence des tensions dans la société, notamment entre les partisans :

- D'une vision rationnelle, laïque et plutôt optimiste de l'homme qui peut se transformer, choisir son destin : c'est la pensée humaniste ; ce sont les courants de la Réforme protestante, les idées du siècle des Lumières.

- Ou une vision plus affective, plus pessimiste, plus sentimentale et moins rationnelle, qui a une image de l'homme plutôt négative comme dans les mouvements dévots de la période baroque et que l'on retrouve aussi chez Jean‐Jacques Rousseau, dans le jansénisme, dans le romantisme. Elle est porteuse notamment de cette idée de l'homme coupable du péché originel vis‐à‐vis de la nature...

B) Définition des Temps Modernes et problèmes de datation : Le mot « moderne » est difficile à définir. Étymologiquement il vient du latin modernus, déformation de hodiernus (hodie veut dire « aujourd'hui ») : « ce qui est actuel ». En réalité, les limites des temps modernes sont arbitraires car les choses se font progressivement, et il n'y a pas de cassure brutale.

- Le début des temps modernes : Deux dates sont possibles :

1453 : qui marque la chute de Constantinople (aujourd’hui Istanbul) capitale du dernier empire chrétien d'Orient avec le renversement des empereurs romains d'Orient par les Turcs ottomans. Aujourd'hui, cette date, trop « européocentrique », n'est plus celle qui est généralement retenue.

1492 : qui marque la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb. C'est la première fois que l'on traverse l'Atlantique.

1492 est d’ailleurs aussi la date qui marque la fin de la Reconquista espagnole, la fin des États musulmans en Espagne. Néanmoins, ce n'est pas une date formelle. C'est une date totalement arbitraire, symbolique.

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6 - La fin des temps modernes :

Pour les pays francophones et latins : la Révolution française de 1789 marque un tournant majeur. En Belgique, la Révolution française a certes des conséquences en Belgique, notamment avec la survenue d'une Révolution Brabançonne et d’une Révolution Liégeoise.

Mais 1830, date de la naissance du royaume de Belgique marque pour certains historiens le véritable début de la période « contemporaine ».

Les historiens anglo‐saxons et germaniques ne situent pas la fin des temps modernes à 1789. Les Anglais n'ont, en effet, pas connu de Révolution en 1789 et la Révolution américaine a commencé en 1776. Les historiens anglo‐saxons préfèrent donc parler de Early modern (en allemand : Frühmoderne) et de « modern » pour la période contemporaine qui commence en 1914, avec la Première Guerre Mondiale.

Tout cela veut dire que la conception des temps modernes « à la française » n'est pas universelle.

- Le progrès :

Il n'est pas continu et selon Voltaire c'est une ligne ascendante brisée, « un trend positif » comme on dit en économie, mais avec des mouvements de recul et des résistances.

La Renaissance et le XVIIIe siècle sont des périodes de progrès alors que le XVIIe siècle est plutôt marqué par un recul par rapport à certaines évolutions de la Renaissance comme l'illustrent les guerres de religion qui marquent un retour des fanatismes.

C) Les grandes caractéristiques des Temps Modernes : Les Temps modernes posent les bases du monde contemporain :

- La redécouverte de l’Antiquité et la renaissance d'une société urbaine

Les Temps Modernes vont retrouver des modes de pensée et de comportements plus proches de l'Antiquité : la Renaissance, qui en est clairement issue, commence en Italie au XIVe siècle. Les Temps modernes voient aussi la renaissance des villes.

- L'apparition d'un capitalisme commercial puis industriel

Toutes les régions ne connaîtront pas ce même développement, car ce seront surtout les régions les plus avancés économiquement, l'Italie du Nord et la Flandre, puis plus tard l'Angleterre, la Wallonie et les Provinces‐Unies, qui verront apparaître ce capitalisme.

- Les progrès scientifiques et techniques :

Ces progrès donnent à l'homme, la possibilité et/ou le sentiment de maîtriser l'univers. Des découvertes capitales comme celles du microscope et du télescope font prendre à l’homme qu’il peut prendre connaissance d’un monde invisible à l’œil nu. Cela crée le sentiment que l'homme arrivera un jour à tout connaître et comprendre.

- Les Grandes Découvertes :

Les continents donnent une vision nouvelle du monde, différente de celle que l'on envisageait au Moyen Âge. Ces découvertes ont entraîné une hégémonie européenne sur l'ensemble du monde avec notamment les phénomènes de colonisation.

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7 - Des Etats centralisés en Europe :

Quelques grands Etats européens vont se cristalliser, tandis que d’autres encore morcelés (Italie, Allemagne) ne se constitueront qu'au XIXe siècle. De grandes monarchies centralisées s'organisent notamment en France, Espagne et Angleterre, et quelques républiques comme les Provinces Unies.

- L'individuation ou individualisation :

C'est le fait que la société repose désormais sur les individus. C'est une spécificité européenne (auj. « occidentale ») qui n'existe pas partout dans le monde. Cette conception de la société à été apportée ailleurs par les Européens et elle est soit adoptée, soit rejetée car d’origine étrangère par certaines sociétés non‐occidentales.

Dans cette société, le destin de l'individu lui appartient ; c'est à lui de faire ses choix et il peut en effet faire ses propres choix religieux, politiques, culturels, sexuels, en toute liberté.

Ce phénomène est quelque chose qui naît pendant cette période des temps modernes et qui est soutenu par ceux qui considèrent que c'est pour l’homme une libération des contraintes collectives.

C'est à partir de là, que l'on voit naître une société pluraliste, c'est‐à‐dire où aucun courant politique, religieux ou culturel ne peut prétendre à l'unanimité, ni à l’emporter définitivement.

La diversité fait partie de la société, et les choix politiques sont réversibles.

Aucune certitude ne peut être imposée par les uns aux autres.

TEXTE 1

« Auparavant (la société ancienne), l'orientation majeure de la civilisation était une adhésion à un ordre antérieur et supérieur aux hommes. Leur attitude était dominée par une aspiration

à la sagesse et au salut dans l'intégration à un ordre divin, naturel, communautaire et idéologique, préétabli, qui définissait le bien, le juste, ainsi que le statut et la personnalité même des individus. Par la suite au contraire, remplaçant cette soumission par une volonté

de domination pour la satisfaction de leurs désirs, les hommes ont entrepris de se rendre«

maîtres et possesseurs de la nature » (Descartes discours de la méthode, VI), d'émanciper leur pensée des dogmes, traditions et autorités, de substituer aux communautés holistes de libres associations d'individus, et même de soumettre la religion à la conscience personnelle

».

Jean ROHOU, Le XVIIe siècle : une révolution de la condition humaine (Paris, 2002)

Après avoir écrit le Discours de la méthode, René Descartes s'est réfugié en Hollande (pays protestant) car il savait qu'en publiant ce texte, il serait censuré par l'Église catholique.

Le seul fait d'écrire que l'homme peut se rendre « maître et possesseur de la nature » rend l'auteur hérétique et passible d'un procès ecclésiastique. Il a insulté Dieu, seul maître de la nature. Quel orgueil pour l'homme que de croire qu'il va en devenir le « possesseur »!

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Première Partie: Avant 1450: la ville, l’université, l’État, ferments d’une nouvelle société

La plupart des traits de civilisation des Temps modernes, notamment les concepts politiques, trouvent leur origine dans les derniers siècles du Moyen Âge. En effet, dès le XIIe siècle apparaissent les premiers signes d'une modification des structures politiques et économiques issues de la féodalité.

Trois grands éléments apparaissent durant cette période et préfigurent ce que seront les Temps modernes : les villes, les universités et les Etats.

A) L’essor des villes et ses conséquences

Du 3ème au 5e siècle, l'empire romain fait l'objet d'invasions germaniques et ces invasions aboutissent à son effondrement en 476, date à laquelle l'empire romain cesse d'exister en Occident.

L'empire romain se replie sur Constantinople et ne possède donc plus que la partie extrême‐orientale de l'Europe. Aucun Etat centralisé ne le remplace en Occident et la civilisation urbaine s’écroule. La population des villes décroît alors, les monuments se dégradent et se transforment en carrières. L'insécurité règne ce qui conduit à la mise en place de la féodalité, laquelle instaure, en échange d’une protection, un lien de dépendance vis‐à‐vis des seigneurs.

L'économie devient essentiellement rurale, basée sur les grands domaines agricoles. La plupart des constructions sont en bois, à la différence des maisons construites en pierre de l'époque romaine.

Au XIIe siècle, on assiste à un essor démographique assez important, que l'on n'explique pas vraiment, mais qui sera à l'origine du début de changements importants. Des défrichements agricoles seront nécessaires pour nourrir la population. Les villes commencent à se repeupler.

Des villes nouvelles se créent (que l'on appellera souvent « Villeneuve », « Villefranche ») et les seigneurs leur accordent des avantages en échange de leur soumission.

La société ne s'urbanise cependant que progressivement, et les villes resteront de taille très modeste. Seules, en Europe, trois villes ont plus de 100 000 habitants : Paris, Rome et Naples.

1. Les cités de l'Italie du Nord

Parmi ces villes, les cités de l'Italie du Nord sont les plus en pointe du point de vue de leur structuration politique. Ce sont aussi des villes très commerçantes : au bas Moyen Âge, les deux plus riches régions d'Europe sont le Nord de l’Italie et les Flandres (Bruges par exemple). Dans ces villes, qui étaient la plupart du temps soumises à l'évêque ou au seigneur, vont se former des corps politiques municipaux élus par la bourgeoisie locale. Ces municipalités élues vont se dégager, petit à petit, de l'influence des seigneurs et de l'Église.

La première de ces villes à s'émanciper est Pise, dès la fin du XIe siècle.

Puis d'autres villes d'Italie du Nord vont suivre l'exemple de Pise et se regrouper dans une Ligue lombarde pour défendre leur libertas, c'est‐à‐dire leur indépendance vis‐à‐vis des pouvoirs supérieurs, notamment celui du Saint-Empire romain germanique. Ces villes doivent en effet à l'empereur, leur suzerain, une certaine solidarité militaire et financière.

Au XIIIe siècle, on assiste à la revanche des seigneurs : le mouvement d’émancipation des villes est vaincu par la force.

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9 2. Les banques et le crédit

Ce phénomène commence vers 1180 environ en Italie du Nord. Ces banquiers que l'on appelle des Lombards sont de grands marchands qui prêtent leur argent moyennant intérêts.

L'Église catholique est totalement opposée à ce prêt à intérêt ; pour elle, cela constitue un vol. Nous verrons que les protestants penseront différemment.

Malgré ce conflit entre l'Église et l'économie, les banquiers lombards, ces grandes familles italiennes, vont créer des succursales, s'installer en Flandre, en France, en Angleterre, en Allemagne, autour de la Méditerranée. Ces banquiers sont si riches qu'ils prêtent parfois aux rois.

3. Une nouvelle éthique, plus favorable aux activités économiques et commerciales : Ceux qui font des profits sont assez mal vus de la population et de la société qui est en grande majorité catholique. D'autre part, la société médiévale, qui décomposait la population entre ceux qui prient, ceux qui font la guerre, et ceux qui travaillent, évolue, et la bourgeoisie apparaît avec le commerce des villes. Cette catégorie sociale nouvelle va peu à peu se rebeller contre ces valeurs ecclésiastiques désuètes, contre l'immobilisme d'une société dans laquelle les privilèges de l'Église apparaissent énormes.

Simultanément, l'économie monétaire se répand en Europe, conséquence aussi de la découverte de mines d'argent en Europe centrale, au XIVe siècle. Cette catégorie de bourgeois qui représente 10 à 15 % de la population s'enrichit et gagne de l’influence. Elle va devenir un élément moteur du changement de la société. Parmi les nouvelles valeurs, on découvre donc le travail et le profit, alors que le travail n'a jamais été une valeur aristocratique ; l'aristocratie ne travaille pas ‐ pour elle, le travail n'est pas une valeur mais une tâche réservée aux manants et aux pauvres. Quant à l'Église, elle prône et fait plutôt la charité.

4. La révolution technologique : métallurgie et agriculture - Dans la métallurgie

On augmente la température des hauts‐fourneaux qui sont construits en briques réfractaires et dans lesquels on fond le métal. C'est d’abord dans les environs de Liège que les progrès les plus importants sont faits, au cours du XIVe siècle. Puis, à Liège et en Angleterre, on voit apparaître aux XIVe et XVe siècles le charbon de terre, qui remplace le charbon de bois. Il permet d'atteindre des températures plus élevées apportant ainsi une plus grande pureté du métal. C'est donc une avancée technique importante. L'outillage de fer sera en effet, de meilleure qualité.

La découverte de mines d'argent en Europe centrale va augmenter la production de ce métal.

- En agriculture:

Il ne faut pas négliger le rôle important des moines cisterciens qui ont été les meilleurs exploitants agricoles de la fin du Moyen Âge, améliorant la rentabilité des abbayes qui possédaient de grands domaines. Ils pratiquent le défrichement et construisent des fermes modèles dès le début du XIIe siècle.

On note également des progrès dans la traction animale (les bœufs s'avèrent meilleurs que les chevaux pour tirer les charrues). On invente « le collier d'épaule » qui apporte une plus grande force de traction. Les chariots s'équipent d'un avant‐train mobile à partir du XIVe siècle qui leur permet de mieux négocier les virages.

Les sources d'énergie au bas Moyen Âge sont principalement l'eau et le vent : les moulins constituent une source énergétique naturelle et essentielle.

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10 5. En 1348 la peste noire marque le début d'une période de dépression économique : Il s'agit cette fois d'un élément négatif. À côté d'une démographie qui progresse sans que l'on comprenne véritablement pourquoi, survient au milieu du XIVe siècle (1348) la peste noire, catastrophique par ses conséquences. Elle vient de Mongolie, avec laquelle il existe un courant commercial qui passe par la mer Noire.

Les échanges avec les marchands italiens se font dans une ville de Crimée : Caffa. En 1346, des bateaux génois partent de Caffa vers l'Italie avec à bord des rats infestés. Le rat n'est pas l'agent de transmission mais son principal vecteur. La transmission se fait en réalité, à partir des puces du rat qui piquent l'homme, lequel devient alors contagieux.

En 1347, la maladie se répand en Méditerranée et suit les courants commerciaux, entrainant en 1348 dans toute l'Europe occidentale étant touchée entraînant une hécatombe massive : 12 à 60% de la population, selon les villes et les régions, est touchée. Cologne, Paris, Naples, Valence, Francfort, Bâle et Londres perdent plus du tiers de leur population entre 1348 et1350.

Il n'y a pas de traitement et on ne comprend pas ce fléau, dont on croit que la transmission est aérienne et que l'on rattache à la volonté de Dieu. Aussi, utilise‐t‐on des fumées pour tenter de contrarier la transmission et la diffusion de la maladie.

Cette peste a eu des conséquences économiques désastreuses, constituant un énorme frein à la consommation et au commerce. Il a fallu un siècle pour que l'Europe récupère son niveau de population d'avant 1348.

À cette crise économique, s'ajoute une crise morale : la religion tient en effet une place importante et la peste est considérée comme « un signe du ciel », un châtiment de Dieu.

Naissent alors des sectes religieuses appelées millénaristes, qui prédisent la fin du monde et annoncent le châtiment de Dieu, ce qui va alors déclencher deux courants de pensée :

- L'un considérant que l'homme est pécheur et doit se repentir

- L'autre considérant que puisque c'est la fin du monde, les lois morales ne comptent plus.

Dans le « Decameron », œuvre littéraire (1348‐53) de l’Italien Boccace, ce dernier met en scène des jeunes gens réfugiés dans une propriété de Toscane, à l’abri de la peste, et dont le comportement amoureux est totalement désinhibé par ce contexte de "fin du monde"

6. La démographie des sociétés préindustrielles

La fécondité des femmes est quasi naturelle à cette époque et on observe en moyenne la naissance de sept enfants par femme. Cependant, la mortalité est aussi très importante : un enfant sur quatre meurt dans la première année ; un second meurt dans les 20 premières années. Cela limite donc l'expansion démographique, tandis que l'espérance de vie moyenne est de l'ordre de 40 ans.

À côté de crises majeures comme la peste de 1348, il peut y avoir des variations démographiques dues aux famines et aux guerres.

- Les dégâts des guerres

Le premier désastre, d’un point de vue numérique : ce sont les épidémies (plus de 50% des décès).

Les populations des campagnes se réfugient dans les villes, qui sont dès lors surpeuplées, ce qui entraîne des problèmes d’approvisionnement, mais aussi d’hygiène, notamment celui de l’évacuation des eaux usées car il n’y a pas de tout‐à‐l’égout. Les fosses septiques débordent et contaminent l’eau des puits et des rivières.

D’autre part il n’y a pas de casernes (qui ne feront leur apparition qu’au XVIIIe siècle) et les soldats, souvent porteurs de maladies, logent chez l’habitant. Les combats se déroulent en été et les récoltes ne peuvent être faites. D’où des famines. Au total, plus de 80% des décès ne sont pas liés directement aux combats.

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11 La baisse de population provoque une chute des naissances, tout comme la diminution de la fertilité des femmes, atteintes de carences alimentaires. Ces classes d’âge peu nombreuses (classes creuses) ont des répercussions démographiques sur plusieurs générations. On observe cependant après les guerres un phénomène spontané de rattrapage qui corrige en partie le déficit démographique.

B) Les Universités : Foyer du débat politique et religieux : 1. Les premières universités :

Bologne est la première université du monde. Elle est créée par des juristes en 1088. Suivront notamment : Oxford (1167), la Sorbonne (1170), Cambridge (1229), Salamanque (1139) etc. Louvain ne sera fondée qu’en 1425. Elles naissent souvent dans le sillage d’anciennes « écoles cathédrales ».

Les universités sont toutes créées ou patronnées par l'Église et les professeurs sont tous membres du clergé ; aucune université n'est créée alors par l'État. Elles sont de très petite taille : quelques dizaines de professeurs, quelques centaines d’étudiants au maximum. Toutes se consacrent uniquement à l'enseignement de la théologie et des « deux droits » : droit civil et droit « canon », c’est‐à‐dire celui de l'Église catholique.

À la fin du XVe siècle, il y a 80 universités en Europe.

2. La redécouverte de l'Antiquité classique en Italie - Les textes:

Dans ces universités, on redécouvre l'Antiquité latine et grecque. Cette réappropriation s'est d'abord faite en Italie où l’on n'a jamais perdu tout à fait le contact avec l'Antiquité au cours du Moyen Âge,

même si beaucoup de textes ont disparu.

Aux XIVe et XVe siècles on va s’attacher à redécouvrir certains textes et certains monuments du passé. L'université de Bologne a, de ce point de vue, joué un rôle important car on va y étudier le droit romain (c'est une spécificité de l'université de Bologne que de remettre au goût du jour le droit romain pour en faire une relecture et s'en inspirer le plus possible pour l'appliquer au droit que l'on pratique en Italie, à l'époque du bas Moyen Âge).

Il faut ici signaler le rôle particulier d'un érudit italien, à la fois poète et moraliste qui pratique le latin : Pétrarque ou Francesco Petrarca (1304 ‐1374). Il a fait des études de droit à Montpellier et à Bologne, a beaucoup voyagé, est allé en France et en Allemagne.

C'est un érudit, un personnage d'envergure européenne.

Il est le premier moteur de la Renaissance en matière littéraire et philosophique.

C'est en effet, à partir de ses recherches assidues de textes anciens que des intellectuels vont se mobiliser, faire la visite d'un certain nombre de bibliothèques, d'archives... pour retrouver ces textes latins et grecs antiques perdus ou simplement oubliés, se lancer dans l'exploration d'un certain nombre de couvents, de monastères où l'on conservait des textes anciens que l'on recopiait.

Il va le premier nommer « temps obscurs» la période de dix siècles séparant l'effondrement de l'empire romain du XIVe (notre Moyen-Âge) qui marque le début de la Renaissance. L’histoire des « temps modernes » commence donc par la « redécouverte » de textes et de monuments qui ont plus de 1000 ans.

Il existe cependant un deuxième vecteur de transmission des textes antiques : c'est celui du Califat de Cordoue. Dans ce royaume musulman d'Espagne, on conserve et étudie les textes anciens grâce à des traductions en arabe. En effet, à partir des XIe‐XIIe siècles, un certain nombre de savants espagnols chrétiens ont commencé à retraduire en latin (alors la langue universelle de savants) des textes qui étaient perdus dans leur version latine d'origine. Ce ne sont donc plus des originaux mais des textes latins ou grecs autrefois traduits en arabe et qui sont maintenant retraduits en latin.

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12 - Les traces archéologiques:

Une partie des bâtiments de l'Antiquité était enfouie dans le sol, dont on sait que le niveau monte de siècle en siècle (exemple de l’aula magna qui, sous la Place royale de Bruxelles, abrite les vestiges du palais dans lequel Charles Quint a abdiqué). Des fouilles sont organisées autour de Rome par les intellectuels de l'époque, à savoir les évêques, les cardinaux, les papes qui deviennent les premiers collectionneurs d'art et d'antiquités. Se crée ainsi au XIVe siècle, et se développe au XVe siècle un musée pontifical regroupant des objets d'art. L'idée de collection et de musée existe déjà à Rome dès le XVe siècle, et c'est à Rome que ce mouvement commence.

Retrouvant l'art antique, on s'inspire des canons artistiques de l'Antiquité. La première statue de nu depuis plus de 10 siècles est le David de Donatello, qui fait alors scandale.

3. L'affirmation du libre‐arbitre et ses conséquences :

Le libre‐arbitre, c'est le fait que l'homme est maître de ses décisions. Or, la philosophie médiévale a longuement débattu de cette question :

- Ou bien Dieu a créé l'homme et dirige tout ; les hommes ne sont alors que des marionnettes, c'est ce que l'on appelle le serf‐arbitre dans lequel la volonté de l'homme est déterminée par Dieu, l'homme ne pouvant vouloir que ce que Dieu veut qu'il veuille.

Jusqu'au XIVe siècle c'est cette position du serf‐arbitre qui l'emporte.

- Ou bien Dieu a laissé aux hommes une certaine liberté de faire des choix, de pencher vers « le bien » ou « le mal » : c’est la thèse du libre‐arbitre.

Au XIIIe siècle, un théologien dominicain italien, Thomas d'Aquin (Tommaso d'Aquino : village dont il est originaire), qui enseigne en Italie et en France, insiste sur le libre arbitre et gagne de l’influence. Il veut concilier la foi et la raison. Ce faisant, il valorise la connaissance et déclare que « par la science, l'homme peut connaître le monde » et que ses idées créatrices peuvent être bonnes et profitables. Cette image optimiste de l’homme s'oppose évidement à celle, pessimiste, fondée sur le péché originel d’Adam et Eve. Par cette mise en valeur du libre‐arbitre et d’une vision optimiste de l’humanité, Thomas d’Aquin laisse la liberté à l'homme de décider de ce qui est bon ou mauvais pour lui‐même.

Un de ses disciples, le moine franciscain anglais Guillaume d'Occam ou d’Ockham (première moitié du XIVe siècle) qui enseigne à l'université d'Oxford va plus loin : puisque Dieu a donné à l'homme la capacité et la liberté de s'approprier les richesses terrestres de l'univers et de les faire fructifier à son profit, sciences et techniques ne doivent pas connaître de limites.

Cette opinion a d’importantes conséquences politiques : si les sciences et les techniques peuvent évoluer, les institutions politiques peuvent également se transformer. Les Etats ne sont pas créés par Dieu mais par les hommes, qui sont donc libres de se rassembler pour désigner leurs chefs, ou se constituer en communautés. Ce sont donc là des idées proprement révolutionnaires.

Autre conséquence : il n'est pas clairement mentionné dans les Ecritures qu'il doit y avoir un pape à Rome. Cette hiérarchie ecclésiastique est donc une création humaine. Des textes parlent d'Ecclesia, mais ce mot grec signifie « assemblée » et non une institution verticale.

Les écrits de Guillaume d'Occam portent donc en germe des idées politiques et religieuses proprement révolutionnaires.

Il devra d’ailleurs se réfugier à Munich où il sera protégé par l’électeur Louis IV de Bavière, échappant ainsi à la persécution de l'Église et des souverains alliés du pape. (Il est à noter que ce n'est pas l'Église qui frappe : elle condamne dans ses tribunaux, et c'est l'État qui exécute ensuite la sentence).

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13 4. Les nouvelles relations entre les Etats et l'Église

- Théocratie et césaropapisme :

Soit l'État domine l’Église: c’est le "césaropapisme". Soit l'Église domine l’Etat : c’est la théocratie dans laquelle les lois civiles se confondent avec celles de la religion.

- La lutte entre papes et empereurs (XIe‐XIIIe s.) et la Querelle des Investitures:

Au niveau le plus élevé, elle oppose les empereurs du Saint Empire romain germanique et les papes pour la domination sur l’espace européen.

- Saint: parce qu'il est catholique.

- Empire parce qu’il prétend à l’imperium européen.

- romain parce qu'il prétend être l'héritier de l'empire romain disparu, balayé par les invasions barbares.

- germanique car cet empire est basé essentiellement en Allemagne, même s'il domine aussi l'Italie du Nord ou la Bohême par exemple.

Les conflits entre les papes et les empereurs ne sont pas de nature religieuse, mais il est question de savoir qui a le pouvoir et qui perçoit les revenus ? Ce conflit est donc purement politique, les empereurs ne se mêlant pas de religion.

La "Querelle des Investitures" porte, elle, sur la nomination et l'installation des prélats de l'Église : les évêques et les abbés des grandes abbayes. Qui, du pape ou de l'empereur, doit les nommer ? Que se passe‐t‐il pour les revenus de l'abbaye ou de l'évêché durant la période, qui dure parfois plusieurs années, séparant la mort d'un prélat et la nomination de son successeur ?

Pour le Pape, en tant que chef de l'Église, c'est à lui que revient le pouvoir de nommer les évêques et les abbés. Mais l’Empereur (comme certains souverains) demande un droit de regard sur ces nominations car cela se passe dans son empire. Concernant les revenus : pour le pape il s’agit de revenus ecclésiastiques. Pour le souverain, il y a vacance de l'Église, et durant ce temps‐là les revenus reviennent au pouvoir civil.

Le pape n'a pas d'armée mais sa puissance est d'ordre spirituel. Il peut en effet excommunier l'empereur, l'exclure de la communauté chrétienne et inviter ses sujets à s'affranchir de leur obéissance envers un souverain excommunié. L'empereur ne peut alors plus entrer dans une église et participer au sacrifice divin. La puissance du souverain est, elle, d'ordre militaire.

En 1122, le concordat de Worms est signé entre le pape et l'empereur allemand Henri V et qui met fin à la querelle des Investitures.

Le pape donne l'investiture spirituelle (l’anneau et la crosse), l’empereur l'investiture temporelle (le sceptre) pour les biens fonciers et les fonctions régaliennes de l'évêque ; ainsi, le souverain conserve‐t‐il un droit de regard sur cette nomination et reste maître chez lui.

Mais il restitue à l'Église les biens et « régales temporelles », c'est‐à‐dire le droit de percevoir les revenus d'un siège épiscopal vacant, et garantit en outre paix et assistance à l'Église.

Selon la papauté, le souverain pontife a reçu de Dieu deux glaives : l'épée spirituelle et l'épée temporelle. Il donne l'épée temporelle au souverain, à l'empereur ou au roi de France ou d'Angleterre.

Pour l'empereur c’est le contraire : c’est lui qui a reçu de Dieu le pouvoir, avec comme contrepartie, le devoir et l'objectif de protéger l'Église.

En général les souverains catholiques sont réticents à laisser trop d’influence à la papauté dans leurs Etats.

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14 - Philippe le Bel et la naissance du gallicanisme:

En France, au début du XIVe siècle, un conflit survient sur le thème des investitures entre le roi de France, Philippe le Bel, et le pape.

En 1302, le roi obtient le soutien du clergé français contre le pape de Rome, sur les questions économiques, notamment celles des investitures en cas de vacance d’évêché ou d’abbaye. En 1303 Philippe le Bel est excommunié par le pape Boniface VIII.

C'est l'équivalent d'un appel aux Français, les sujets de l'Église sont invités à ne plus respecter et ne plus obéir au souverain qui est mis au ban de la société. Le souverain envoie des troupes en Italie.

Guillaume de Nogaret gifle le pape c'est : « l'attentat d'Anagni » (du nom de la ville où a lieu l’événement).

Le pape étant mort trois semaines plus tard, les troupes françaises investissent la ville de Rome et obligent les cardinaux à élire un pape. On les enferme dans une église et on les affame : un pape français est élu : Clément V.

Clément V déplace la papauté de Rome à Avignon : de 1305 à 1378 la papauté est en Avignon, alors à la frontière de la France. Avignon est une terre pontificale et n’appartient en aucun cas au Roi de France.

Ainsi apparaît le gallicanisme, c'est‐à‐dire d'une Église française relativement indépendante par rapport à Rome mais cette indépendance ne s'exerce que sur le plan temporel, c’est‐à‐dire politique et financier. Dans ces matières l’Église de France obéit d'abord à son roi avant d'obéir au pape.

Théologiquement, elle demeure cependant soumise au pape...

- La théorie de la supériorité du concile sur le pape

Le pape est‐il un souverain absolu ? Ou les conciles (réunissant les cardinaux et les évêques qui élisent le pape) lui sont‐ils supérieurs ?

La théorie conciliariste a commencé à prendre de l'ampleur dès le XIIe siècle. Pise, ville de l'Italie centrale où il y a beaucoup d'intellectuels ecclésiastiques, est partisane de la supériorité des conciles sur le pape. Un docteur en théologie de la Sorbonne, d'origine italienne, Marsile de Padoue publie en 1324 le « Defensor pacis ». Il y défend l'idée selon laquelle le défenseur de la paix n'est pas le pape mais l'empereur, qui dispose du pouvoir temporel suprême. Marsile va jusqu'à proposer que les conciles soient convoqués par les empereurs. Quant au pape, il n’est qu’un évêque élu par le concile, seul pouvoir suprême dans l’Église, pour en être le porte‐parole.

Comme Guillaume d'Occam, dont il est l'ami, Marsile de Padoue sera condamné pour ses idées, devra fuir la Sorbonne et la France pour se réfugier à Munich chez le prince électeur Louis IV de Bavière, tout comme Guillaume d'Occam, dont l’électeur partage les idées avancées.

- Le Grand schisme (1378‐1417)

Certains ecclésiastiques, notamment italiens, s’opposent à l’installation des papes en Avignon. En 1378, un pape concurrent du pape d'Avignon est élu en Italie où l’on ne reconnaît plus le pape d'Avignon, bien qu'il ait décidé de se réinstaller à Rome. Il y a donc deux papes concurrents à Rome.

En 1409 un troisième pape est élu. De 1409 à 1415 il y a donc trois papes en fonction.

Le clergé se divise... Cela pose un problème à la fois religieux et politique.

Les souverains vont intervenir, considérant que ce désordre religieux génère également un désordre dans l'État. L'Église est en effet un important élément de la paix sociale, elle est présente dans tous les villages et dispose d'un meilleur maillage du territoire que celui de l'État. Les messages de l'État à la population sont souvent relayés par les autorités ecclésiastiques : les deux pouvoirs sont étroitement liés.

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15 Dès lors, ce sont l’empereur et les grands souverains européens qui vont provoquer la réunion d'un concile, à Constance, en 1414 ‐1415. La ville est assez centrale en Europe, située aux confins de la Suisse et de l'Allemagne.

Jean XXIII et Grégoire XII acceptent de démissionner, mais l’Espagnol Benoît XIII n'accepte pas la procédure. Déposé par le concile, il s'installe en Espagne, prétendant qu'il est le seul pape légitime.

On élit finalement un nouveau pape, reconnu par l'empereur et les grands souverains européens : Martin V.

Ce qu’il est intéressant d'observer c'est :

La victoire du conciliarisme sur la « monarchie » pontificale

L'importance de la prise de pouvoir des souverains qui ont convoqué ce concile et y ont été très influents : l’Église, n'a pas réussi à régler seule ce problème et elle est désormais affaiblie face au pouvoir civil.

5. Jean Gerson et la contestation de la monarchie absolue

Jean Gerson (1363-1429) est professeur de théologie à la Sorbonne qui participe au concile de Constance (1400-1415).

Il défend des thèses conciliaristes, qui font référence à la supériorité du concile sur le pape. « Le pouvoir ne repose pas sur la personne du souverain mais est attaché à l’ensemble du corps politique qui a porté le souverain à sa tête ».

Ce souverain est censé travailler pour le bien commun car :

Le pouvoir appartient fondamentalement à la collectivité et non pas à un individu.

Les souverains ne sont que les « ministres » de la collectivité

Ils doivent gouverner pour le bien commun, l'intérêt général.

6. Les Précurseurs de la Réforme

Ce sont des mouvements que l'on dit "évangéliques" et qui apparaissent dés le 13ème siècle. Le discours de ces mouvements est toujours le même et sera aussi celui de Luther, qui réussira à s'imposer.

Evangéliques car ils veulent ramener l’Eglise à la lettre de l’évangile.

Ils contestent :

Le pouvoir temporel de l'Eglise : elle doit s'occuper que des questions théologiques et non de politique

Son enrichissement, qui prend des proportions importantes à la fin du Moyen-âge: elle doit au contraire se consacrer à faire la charité.

(Contestation portée à la fois par les franciscains et par les dominicains (ordre mendiant)).

- Pierre Valdo

Le mouvement des Vaudois naît à Lyon au 13ème siècle.

C'est un marchand qui après un crise religieuse, donne tous ses biens pour l'idéal de pauvreté apostolique.

Il conteste cette Eglise qui n'est pas capable de mettre en pratique sa propre doctrine. Il fonde un mouvement connu sous le nom de « Fraternité des Pauvres de Lyon » qui vivra selon l'Évangile. Ce mouvement vaudois est réprimé dans la violence. Il meurt en 1217.

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16 - John Wyclif (1329‐1384) et les Lollards

Angleterre. C'est un théologien qui veut un retour aux évangiles, pour un certain "augustinisme" (cf St-Augustin après).

Il défend ce qu'on appelle "le sacerdoce universel" : le droit pour tous d'exécuter des fonctions ecclésiastiques (et pas seulement eux), et participer à la vie de l'Eglise.

Il affirme qu'il y a une relation directe entre l'homme et Dieu, qui s'exerce sans l'intermédiaire des prêtres.  Tout chrétien est capable de donner les sacrements.

Tout se fait en latin, et le culte se fait le dos tourné aux fidèles et derrière un jubé qui sépare le chœur de la nef. La Bible est réservée aux ecclésiastiques, en posséder une est passible de condamnation.

Seul le clergé peut lire et expliquer les textes aux fidèles.

 Wuclif entreprend la traduction de la Bible en anglais, la langue du peuple, vulgaire.

Il critique la hiérarchie qui sépare l'Eglise du fidèle. Il l'assimile à de l'abus de pouvoir.

Conciliariste, il préconise la désignation du pape par tirage au sort.

Il veut également une séparation entre l’Eglise de l’Etat; entre le domaine temporel et spirituel.

Ses partisans sont appelés "les Lollards" (les chuchoteurs). Ils répandent son enseignement après sa mort.

Ce mouvement débouche sur des révoltes religieuses, mais aussi contre pouvoir civil et les inégalités sociales. (1414, insurrection au Kent).

- Yan Hus (1369-1415)

Ecclésiastique tchèque et professeur de théologie à l’université de Prague. Il soutient les mêmes idées que Wyclif. Il est amené au Concile de Constance (1414-1418) de force pour y être jugé.

Il est condamné pour hérésie et brûlé publiquement.

En Bohême, ses partisans, les Hussites, continueront militairement son combat jusqu’en 1471, où leur ville fortifiée de Tabor (en République tchèque) est prise.

- La "devotio moderna"

Le monde va mal (Peste noire, le grand schisme, la guerre de Cent ans  troubles, angoisses).

Ce sont des signes du Jugement Dernier. Des pèlerinages, des confréries mystiques se créent

Au lieu de se battre politiquement pour changer les choses, il faut d'abord se changer soi-même, et se préparer à faire face à Dieu après la mort.

En 1381, au Pays-Bas (Deventer), Geert Groote, un diacre (un laïc, auxiliaire de l’Église) crée les

«Frères de la Vie Commune », cherchant à vivre le message des évangiles.

Leur théologie est inspirée de St-Augustin, un des fondateurs de la théo. Chrétienne.

Il considère que l’homme est foncièrement mauvais. Le but de la vie est de racheter le péché originel pour obtenir le pardon de Dieu. Pour lui, la "Grâce de Dieu" est indispensable pour être sauvé; foi et bonnes actions de suffisent pas.

Luther et Calvin reprendront ce thème pessimiste d'un homme complètement dépendant de Dieu pour son salut. (Luther ira même 2 ans dans une de ces communautés).

(Idée synthétisées de Thomas A Kempis: l'imitation de Jésus-Christ).

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17 C) L’évolution des grands états européens entre 1200 et 1450

1. La mosaïque italienne :

L’Italie n’existe pas en tant qu'Etat à cette époque (unie en 1861), mais tout le monde parle la même langue. L’Italie du Nord, sauf Gênes et Venise, dépend de l’Empereur du Saint Empire Germanique.

Ces deux villes sont gouvernées par un doge, élu au sein des grandes familles commerçantes oligarchie.

Outre la Toscane (Florence) et Pise, il y a deux autres Etats importants dans le Nord:

La Lombardie (Duché de Milan) et le Piémont-Savoie.

Les Etats du Pape occupent le centre. Les papes sont aussi des souverains, avec territoires, armée et revenus argricoles.

Le sud est le Royaume des Deux-Sicile. Naples est la capitale.

Ce royaume est aux mains de la famille française d'Anjou de 1250 à 1442, puis il passe aux Aragon espagnols, qui s'en emparent militairement.

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18 2. La Reconquista espagnole et les premières expéditions portugaises en Afrique - L'Espagne musulmane et les califats de Damas et Bagdad

En 622: début de l'Islam dans l'Arabie saoudite actuelle. Rapidement, les Arabes musulmans conquièrent l'Afrique du Nord jusqu'en l'Espagne.

En 711, ils pénètrent en Espagne (wisigoths et vandales) et la conquièrent rapidement, remontant vers la France.

En 732, ils sont vaincus à Poitiers, mettant un terme à leur progression. Ils se replient en-dessous des Pyrénées. L'Espagne musulmane s'appelle "Al Andalus" et dépend du califat de Damas, chef temporel et spirituel, héritier de Mahomet. En 750, le calife abbasside de Bagdad le remplace.

L'Espagne musulmane regroupe des musulmans, des chrétiens et des juifs. Il y a une vraie tolérance entre les 3 religions.

En 756, un Emirat de Cordoue est créé, se transformant en 929 en califat indépendant d’Espagne.

En 1258, Bagdad est assiégée et détruite par les Mongols. Les héritiers des califes abbassides se réfugient à Alexandrie où règne depuis 1250 la dynastie des Mamelouks, des militaires d'élite. Ils reprennent le flambeau du califat, l'Espagne reste autonome.

Après la victoire de Poitiers, la Reconquista commence, elle dure de 732 à 1492 (7 siècles).

A partir du 13ème, la situation se fige avec:

Au sud, le royaume de Grenade (Andalousie)

Au nord: le royaume du Portugal (ouest), le royaume de Castille (centre), et le royaume d'Aragon (est, le long de la Mediterranée).

- Les premières expéditions maritimes portugaises en Afrique

Impulsées par Henri le Navigateur (1394-1460), frère de Jean 1er. Il lance des navires vers les côtes du Maroc pour y installer des comptoirs. 4 pôles les intéressent :

Le blé (Portugal peuplé et manque de ressources).

Le sel (stratégique, car il conserve la viande).

L'or

Les esclaves (sont attirés par la main d'œuvre gratuite des noirs faits prisonnier par les arabes)

En 1415, la ville côtière de Ceuta est prise. Puis les Portugais continuent de descendre les côtes africaines jusqu'au "cap Bojador" en 1434. En 1445, ils arrivent au Cap Vert.

Ces expéditions sont permises grâce notamment au progrès techniques.

La boussole est perfectionnée vers 1250 (il faut savoir naviguer dans des courants inconnus, plus loin des côtes.

On ajoute aux voiles latines triangulaires, des voiles rectangulaires en plus grand nombre, sur des bateaux appelés "Caravelle".

Le gouvernail est perfectionné: avant, c'était une rame actionnée par un marin à l'arrière du bateau. Au 13ème, gouvernail d'étambot, attaché à la quille du bateau.

En 1410, Pierre d'Ailly (cardinal et chancelier français) publie une carte, "L'imago Mundi".

Sur cette carte, l'Afrique était raccourci de plusieurs milliers de km au sud. Les Portugais considèrent qu'il ne doit pas être trop difficile de la contourner pour aller en Orient.

Ce qui les attire, ce sont

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