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Chapitre 2. Réseaux d’informations

2. Méthodologie

2.2 Récolte des données

2.2.1 Approche catégorielle

Les entretiens ont été menés par des équipes comprenant 2 à 4 chercheurs. Les membres de ces équipes ont tous une formation vétérinaire ou en production animale et ont été préalablement formés aux méthodes d’entretien de l’épidémiologie participative [145], excepté à Sukhothai (en Thaïlande) où deux étudiants issus d’autres cursus ont été recrutés spécifiquement en qualité d’interprètes. Les entretiens ont été faits en langue vietnamienne ou thaï, excepté quatre, impliquant des participants connaissant suffisamment l’anglais (vétérinaires d’entreprise, agents des autorités vétérinaires ou journalistes).

Les groupes de discussion ont été menés dans des lieux officiels (maison communale du village, bureau du Comité Populaire, station vétérinaire du district) tandis que les entretiens individuels ont été menés au domicile, sur le lieu de travail du participant ou dans un lieu neutre (café ou restaurant). Au Vietnam, une indemnisation financière a été systématiquement offerte aux participants. Le montant de cette indemnisation, de 25 000 à 100 000 VND par heure d’entretien, correspond approximativement à la valeur du temps de travail non effectué par le participant en raison de l’entretien. Certains participants ont néanmoins refusé cette indemnisation. En Thaïlande, sur requête des autorités locales, aucune indemnisation financière n’a été donnée aux participants. Durant les discussions de groupe avec les éleveurs de volailles, les informations suivantes ont été collectées :

i) les acteurs impliqués dans la filière avicole ont été listés : sources de financement et de crédit, sources d’aliments pour les animaux et de renouvellement des bandes, sources de produits vétérinaires et destination des produits de l’élevage (vente des produits ou autres utilisation). Leur relative importance a été évaluée en utilisant l’empilement proportionnel ;

ii) Les noms utilisés localement pour désigner les maladies affectant les élevages des éleveurs ont été listés et les éleveurs leur ont attribué un score en fonction de leur taux de mortalité et de leur durée dans l’élevage, en utilisant l’empilement proportionnel (encadré 4 et Photos 3-6). Les noms de maladies caractérisées par un fort taux de mortalité (>50% d’une bande de volaille) et par une courte de durée (<5 jours) ont été utilisés pour définir les suspicions d’IAHP auxquelles les enquêteurs ont fait référence dans les entretiens suivants ;

73 - iii) Les options envisagées par les éleveurs face aux cas de maladies correspondant à des

suspicions d’IAHP ont été listées. Les éleveurs ont indiqué quels types d’acteurs sont susceptibles d’être informés de la maladie en cas de choix de chacune des options. Enfin, les éleveurs ont attribué un score correspondant à la probabilité relative d’opter pour l’une ou l’autre de ces options par empilement proportionnel (Photos 3-6). Les éleveurs ont également expliqué les raisons de ces différents choix et des scores qui leur ont été accordés.

Photo 3, Photo 4, Photo 5 et Photo 6. Groupes de discussion focalisée au Viet Nam

Crédits : A. Delabouglise

Les groupes de discussion incluent des éleveurs (en bas, en haut à gauche) et des agents des autorités vétérinaires (en haut à droite). Les groupes de discussions (focus group) ont permis d’obtenir un avis consensuel sur certaines questions au sujet de l’élevage et des risques sanitaires et de susciter une discussion entre participants sur ces questions.

Lors des entretiens individuels, les participants sélectionnés, éleveurs et autres acteurs, ont listé les différents types d’acteurs auxquels ils transmettent des informations sur les foyers de suspicions d’IAHP dont ils ont connaissance. Un score a ensuite été attribué par les participants à ces différentes catégories d’acteurs par empilement proportionnel en fonction de la probabilité de les contacter. Les participants ont ensuite détaillé les raisons de leurs choix et des scores qu’ils leur ont attribué.

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Encadré 4. Termes relatifs à l'épidémiologie participative

Source : Mariner and Paskin (2000) [145] L’ENTRETIEN SEMI-STRUCTURE

Forme d’entretien au cours duquel l’enquêteur n’utilise pas de questions préparées à l’avance mais se base sur une liste d’objectifs (checklist), c’est à dire une liste de questions de recherche auxquelles les résultats de l’entretien doivent permettre de répondre dans la mesure du possible. LE RANKING

Le classement ou hiérarchisation de concepts listés par le(s) participant(s) selon un critère particulier (par exemple la priorité accordée à certains problèmes affectant l’élevage) en demandant au(x) participant(s) de leur attribuer différents numéros ordinaux.

L’EMPILEMENT PROPORTIONNEL

Une forme plus élaborée de classement qui permet d’attribuer un score relatif à chaque concept listé et ainsi donner une mesure de l’importance des concepts listés les uns par rapport aux autres selon un critère défini. Pour ce faire, cent compteurs sont donnés au(x) participant(s) qui les distribue(nt) entre les différents concepts.

LA CARTOGRAPHIE PARTICIPATIVE

La géolocalisation par le(s) participant(s) d’attributs ou de phénomènes repérables dans l’espace, relatifs à la question de recherche abordée, de manière schématique et en utilisant les repères spatiaux propres au(x) participant(s). Il peut s’agir, par exemple, de localiser des élevages, des acteurs de la filière, des vétérinaires ou des évènements sanitaires. Dans l’étude présentée ici, la cartographie participative s’est faite en utilisant des fonds de cartes préparés à l’avance par les enquêteurs ou des photocopies de cartes officielles fournies par les autorités locales qui ont ensuite été complétées par les participants.

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2.2.2 Approche individuelle

Dans la zone d’étude de Hải Dương, des entretiens dirigés ont été effectués avec les participants sélectionnés par les enquêteurs munis de questionnaires. Les participants ont renseigné, dans la liste des participants à l’étude, ceux avec lesquels ils sont en contact régulier, et ajouter des noms de personnes supplémentaires avec lesquels ils établissent des contacts dans le cadre de l’élevage. Ils ont ensuite indiqué quels individus ont été, au cours de l’année précédent l’étude, informés par eux i) d’une suspicion dans leur élevage et (ii) d’une suspicion dans un autre élevage et dont ils avaient eu connaissance, et quels individus les ont informés (i) d’une suspicion dans leur élevage et ii) d’une suspicion dans un autre élevage. Les participants ont également donné des informations sur leurs élevages : espèce(s) élevée(s), type de production (chair, ponte, reproduction), nombre d’animaux élevés pour chaque type de production, logement des animaux (divagation, clôtures, confinement), pratique de la vaccination et problèmes sanitaires rencontrés. Les participants ont également indiqué leur âge et leur niveau d’éducation (nombre d’années d’études).

Dans la zone d’étude de Sukhothai, des entretiens dirigés ont été effectués avec les participants sélectionnés par les enquêteurs munis de questionnaires. Les participants ont indiqué quels individus sont informés par eux en cas de i) cas de suspicion dans leur élevage et ii) cas de suspicion dans un autre élevage et dont ils ont connaissance. Ils ont également indiqué si ces flux d’informations sont certains ou aléatoires, le temps qu’ils pensent attendre avant d’informer la personne mentionnée, la raison de ces flux d’informations, leur relation avec la personne informée et d’indiquer si cette personne contactée élève des poulets, son type de production (poulets ou canards, commercial/villageois/coqs de combat), son activité principale ainsi que son éventuel rôle administratif (comme chef de village, volontaire de santé publique). Les participants ont également détaillé leur occupation principale et leur éventuel rôle administratif et donné des informations sur leur élevage : nombre de volailles, pratique de la reproduction ou non, vente de volailles pour la consommation ou non, présence de coqs destinés au combat dans l’élevage, vente de coqs destinés au combat ou non, participation aux compétitions de combats de coqs ou non.