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Chapitre 3. Les enjeux perçus de la surveillance publique de l’IAHP

1 Matériel et méthode

1.2 Protocole de recueil des informations

Les conditions générales des entretiens ont été décrites dans le chapitre 2. Les entretiens ont été menés par des équipes comprenant 2 à 4 chercheurs. Les membres de ces équipes ont tous une

129 - formation vétérinaire ou en production animale et ont été préalablement formés aux méthodes d’entretien de l’épidémiologie participative [145], excepté à Sukhothai (en Thaïlande) où deux étudiants issus d’autres cursus ont été recrutés spécifiquement en qualité d’interprètes. Les entretiens ont été faits en langue vietnamienne ou thaï, excepté quatre, impliquant des participants connaissant suffisamment l’anglais (vétérinaires d’entreprise, agents des autorités vétérinaires ou journalistes).

Les groupes de discussion ont été menés dans des lieux officiels (maison communale du village, bureau du Comité Populaire, station vétérinaire du district) tandis que les entretiens individuels ont été menés au domicile, sur le lieu de travail du participant ou dans un lieu neutre (café ou restaurant). Une exception est la zone d’étude de Long An, où les autorités ont demandé à ce que les entretiens individuels avec les éleveurs se fassent au siège du Comité Populaire du sous-district. Le mode d’indemnisation des participants de l’étude a été choisi en accord avec les autorités locales. Au Vietnam, une indemnisation financière a été systématiquement offerte aux participants. Le montant de cette indemnisation, de 25 000 à 100 000 VND par heure d’entretien, correspond approximativement à la valeur du temps de travail non effectué par le participant en raison de l’entretien. Certains participants ont néanmoins refusé cette indemnisation. En Thaïlande, sur requête des autorités locales, aucune indemnisation financière n’a été donnée aux participants. Pour l’objectif présenté ici, la collecte de données qualitatives a prix beaucoup d’importance. Celle-ci s’est faite au moyen d’entretiens de type semi-structuré (semi-structured interviews) (Photos 15-17). L’usage de l’entretien semi-structuré a pour fin de permettre aux participants d’exprimer le plus librement possible leur point de vue sans que leurs réponses ne soient biaisées par les connaissances ou le point de vue préalable de l’enquêteur. Les questions doivent rester ouvertes, et ne doivent en aucun cas suggérer une réponse attendue par l’enquêteur.

130 -

Photo 15, Photo 16 et Photo 17. Entretiens semi-structurés avec des éleveurs vietnamiens

et thaïs

Crédits : A. Delabouglise

Les entretiens ont été menés dans un esprit d’implication active des participants, invités à exprimer le plus librement possible leur perception du sujet. Les chercheurs et étudiants nationaux ont été également impliqués dans les enquêtes, la formulation des objectifs et questions de recherche. Avant chaque entretien, des listes d’objectifs (checklist) ont été préparées afin que l’enquêteur puisse les consulter en tant qu’aide-mémoire au cours des discussions. Cependant, aucune question spécifique n’a été préparée à l’avance. Lors des entretiens, un des membres de l’équipe était en charge de poser les questions. Si celui-ci était européen, un autre membre (vietnamien ou thaï) était en charge de la traduction des questions et réponses. Un troisième membre éventuel était en charge de prendre notes de l’entretien. Le cas échéant, l’enquêteur en charge de poser les questions devait également prendre note des réponses, ce qui réduisait la taille de l’équipe à 1 ou 2 membres. Dans certains entretiens un quatrième membre était chargé de suivre et analyser l’entretien sans intervenir et de suggérer au besoin certaines questions supplémentaires. Tous les entretiens ont été directement retranscrits par prise de note et n’ont pas été enregistrés, ce qui a permis de limiter les risques d’autocensure des participants lorsque des questions sensibles ont été abordées. La prise de note a également permis de rapporter certains aspects contextuels de l’entretien, comme l’attitude du participant, l’expression de ses émotions, ainsi que les évènements pouvant affecter les réponses des participants, comme l’arrivée ou le départ d’une tierce personne.

131 - Des outils visuels de l’épidémiologie participative ont été utilisés [164], l’empilement proportionnel (Photos 18-19) et la cartographie participative (mapping). Ces outils sont décrits en détail dans l’encadré 4 (p 74). Différents thèmes ont été abordés avec les participants durant les entretiens de groupe et les entretiens individuels. Les groupes de discussions ont permis d’obtenir un avis consensuel sur certaines problématiques liées à l’élevage et de stimuler une discussion entre éleveurs. Les questions plus sensibles (les incitants ou désincitants à déclarer une suspicion d’IAHP) ont été abordées en entretien individuel car elles sont plus susceptibles de susciter une gêne des participants vis-à-vis des autres individus présents.

Photo 18 et Photo 19. Empilements proportionnels réalisés avec des éleveurs

Crédits : N. Antoine-Moussiaux, A. Delabouglise

Ces photos ont prises dans les zones d’étude de Sukhothai (à gauche) et de Đồng Nai (à droite). Les empilements proportionnels ont pour finalité une semi-quantification des différents concepts mis en lumière lors de l’entretien. Ils ont aussi permis de concentrer et approfondir la discussion sur certains de ces concepts. En ce sens, ils peuvent également être considérés comme un outil de collecte d’informations qualitatives.

Les thèmes abordés avec les éleveurs de volaille au cours des discussions de groupe ont été décrits dans le chapitre 2 (pp 72-75). Pour rappel ces thèmes sont :

i) les acteurs impliqués dans la filière avicole ont été listés : sources de financement et de crédit, sources d’aliments pour les animaux et de renouvellement des bandes, sources de produits vétérinaires et destination des produits de l’élevage (vente des produits ou autres utilisation). Leur relative importance a été évaluée en utilisant l’empilement proportionnel ;

ii) L’importance relative des problèmes affectant l’élevage (problème généraux, non nécessairement liés aux maladies) et les causes de ces problèmes ;

iii) Les noms utilisés localement pour désigner les maladies affectant les élevages des éleveurs ont été listés et les éleveurs leur ont attribué un score en fonction de leur

132 - taux de mortalité et de leur durée dans l’élevage, en utilisant l’empilement proportionnel. Les noms de maladies caractérisées par un fort taux de mortalité (>50% d’une bande de volaille) et par une courte de durée (<5 jours) ont été utilisés pour définir les suspicions d’IAHP auxquelles les enquêteurs ont fait référence dans les entretiens suivants ;

iv) Les options envisagées par les éleveurs face aux cas de maladies correspondant à des suspicions d’IAHP ont été listées. Les éleveurs ont indiqué quels types d’acteurs sont susceptibles d’être informés de la maladie pour chacune de ces options. Enfin, les éleveurs ont attribué un score correspondant à la probabilité relative d’opter pour l’une ou l’autre de ces options par empilement proportionnel.

Les thèmes suivants ont été abordés avec les différents participants en entretien individuel :

i) L’historique des cas de maladies correspondant à une suspicion d’IAHP dans l’élevage des participants ou dans les élevages de la zone, la façon dont ces cas ont été gérées et pour quelles raisons ;

ii) L’impact des déclarations de suspicions d’IAHP sur différents types d’acteurs. Une liste d’acteurs était constituée avec le participant. Ce dernier indiquait ensuite à l’aide de symboles de différentes couleurs si l’impact était positif ou négatif et en explicitait la raison ;

iii) Les différents facteurs influençant positivement ou négativement la déclaration des suspicions de maladies aux autorités vétérinaires par les éleveurs ou les autres acteurs privés. Avec une partie des éleveurs de volailles de Hải Dương, des scores ont été attribués à ces différents facteurs par empilement proportionnel ;

iv) Les sources d’informations sur les foyers de maladies correspondant à des suspicions d’IAHP. Avec les éleveurs de volailles, ces sources ont été listées. Avec les acteurs privés du secteur amont, l’empilement proportionnel a été utilisé pour attribuer un score à ces différentes sources selon leur l’importance relative.