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Réactivation des aspirations : porter ses désirs vers l’idéal dessiné

3.2 LE COACHING DE VIE : UN ESPACE-TEMPS POUR TRANSITER DE LA CRISE

3.3.3 La remise en cohérence : s’ancrer dans les voies engagées

3.3.3.1 Réactivation des aspirations : porter ses désirs vers l’idéal dessiné

Une fois le bilan final tracé, que le choix parmi les voies possibles est effectué, il s’agit, pour les personnes coachées, de s’investir dans des activités externes aux trajectoires problématiques. Reprenons l’exemple de Lynda afin de mieux schématiser les différentes étapes de cette période du cycle. La tournure qu’a pris son parcours après le début du coaching témoigne de l’enclenchement d’une quête à la fois identitaire, spirituelle et professionnelle, en somme existentielle. Elle m’a fait savoir que deux mois après avoir entamé l’accompagnement, elle

commençait « vraiment à gouter aux bienfaits de l’introspection ». Elle a donc décidé de s’y consacrer à temps plein durant sa sabbatique. L’une des premières actions qu’elle a entreprises a été de contacter, via Facebook, une connaissance de son passé, une femme qu’elle avait rencontrée il y a dix ans de cela :

[…] je voyais qu’elle postait pas mal de trucs sur la méditation, puis qui aimait voyager beaucoup , en Inde, des trucs comme ça. Puis là j’avais vu qu’elle était sur Montréal, donc je l’ai contacté en lui demandant : « est-ce que t’a envie de m’apprendre à méditer? » (rires) tout simplement. Ça je crois que c’était le mois d’avril, donc, deux mois après avoir commencé avec la coach. Et .. je me suis mise à méditer un petit peu avec elle, quelques fois et tout de suite après je suis allée faire une retraite Vipassana de 10 jours. Puis t’sais ça, ça a changé beaucoup de choses. Ça c’était au mois de mai. (Lynda, avocate, 31 ans).

Elle dit de cette retraite méditative – que Lucien et Suzy ont d’ailleurs également expérimenté et dont l’avis est partagé- qu’elle a été un grand changement dans sa vie car elle lui a fait découvrir des dimensions de sa personne qu’elle ne connaissait pas :

…Ça a été surtout…toute une découverte, t’sais, encore une fois, un monde complètement inconnu ; genre : « ah ouai ?! tu peux faire ça dans ta vie, juste méditer toute la journée » [C : genre ne penser à rien] ouai. Et.. c’est là aussi que j’ai commencé à gouter à tout le concept de s’observer, de se voir aller. Puis c’est un peu le début de, justement, toute l’introspection, de commencer à voir avec d’autres yeux qui ont est réellement, puis voir ce qu’on aimerait accepter, changer, mm ouai.. on dirait que je prenais conscience pour la première fois de qui j’étais devenue au bout de 30 ans. (Lynda, avocate, 31 ans).

Ce face à face avec elle-même, l’a amené à vouloir explorer en profondeur cette nouvelle dimension de sa personne. Elle a donc pris un cours de peinture créative (ça consiste à peindre librement sans visualiser le tableau fini), un cours de Biodanza (une technique, et non un style, de danse qui permet de se connecter à soi, aux autres et à l’univers), à explorer les enseignements de la Communication Non-Violente (CNV) et a complété une formation pour devenir professeure de Yoga. Cependant, à ce moment-là, elle hésitait à en faire une occupation professionnelle à plein temps :

…ouai, là je suis prof de yoga ( ton désinvolte ). Est-ce que je vais le faire? c’est une autre question ! (rire), mais, mais j’aimerais ! mais.. [C : t’aimerais le faire ici ou t’aimerais aller ailleurs?] Franchement, j’ai fait la formation pour moi, parce que cette sabbatique, c’était de l’introspection, c’était du développement personnel, c’était tout ça. Donc, je le faisais pas dans un but de devenir prof, en même temps je me disais comme : « j’ai ma carrière déjà, donc.. » maintenant, la manière dont je le vois c’est… je sais pas trop. L’idée d’enseigner le yoga me titillait l’esprit, ça me tente parce que ça me sort vachement de ma zone de confort, puis en fait c’est une belle exploration. J’en ai envie, j’ai pas de plans. J’ai beaucoup le syndrome de l’imposteur (silence) à suivre ! (Lynda, avocate, 31 ans).

On voit dans ce dernier extrait les contraintes de choix qui s’imposent à Lynda : prendre une voie complétement différente de ce qu’elle a connu jusqu’à présent ou reprendre sa carrière et

continuer d’investir ces sphères extraprofessionnelles. Si le coaching a participé à résorber l’effet de crise, il n’a pas participé, dans son cas, à sa résolution logistique (comme chez Jade et Marguerite). Néanmoins, il l’a entrainé dans la découverte d’un milieu, celui du développement personnel, qu’elle n’avait jamais exploré auparavant. Dans d’autre cas, le coaching a participé à la résurgence d’un désir ou d’une passion enfouie. Reprenons l’histoire de Laflowerski en exemple. Celle-ci disait que sa « bataille » a toujours été d’être tiraillée entre la raison (continuer d’être représentante biomédicale) et la passion (qui était au départ défini en termes monétaires, c’est à dire qu’elle voulait hausser son revenu mensuel à 15 000$). Avec sa deuxième expérience de coaching, elle a dit avoir « finalement trouvé une façon de faire de l’argent en faisant [s]es passions » : ouvrir un Bed & Breakfast dans la région des Laurentides et offrir des retraites centrées sur le bien-être. Elle a entrepris des démarches en ce sens. Elle s’est inscrite, au moins de Février 2017, à l’Académie Zéro limites (l’AZ)26 dans le but de monter un plan d’affaire personnalisé. Elle est également allée en Gaspésie au moins de Juin 2017 pour faire une retraite « Detox ». Tout d’abord pour son propre bien-être (car elle a appris qu’il était possible qu’elle suive les pas de sa mère et qu’elle développe une démence) et aussi pour avoir une idée du type d’activités qui s’y déroulent, question de s’en inspirer. Cela étant dit, l’important est de voir que des actions sont concrètement prises à la suite de la réactivation des aspirations afin de remplacer celles qui ont été abandonné. L’important est de concrétiser les choses pour qu’elles ne restent pas de l’ordre du rêve ou voire même du fantasme.