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Étape 1 Gérer et disperser la charge émotionnelle

3.2 LE COACHING DE VIE : UN ESPACE-TEMPS POUR TRANSITER DE LA CRISE

3.2.1 Étape 1 Gérer et disperser la charge émotionnelle

Dans bien des cas, les personnes coachées arrivent auprès des coachs de vie dans un état d’ébranlement. De ce fait, le premier « reflexe » du coach est d’essayer de calmer la personne et se donne comme premier objectif de démêler l’état de malaise, de sortir la personne du « neither here of there ». S’ensuit donc une phase de « nettoyage ». Principalement, il s’agit de rendre l’inconfort psychique et émotionnel lisible et compréhensible pour les personnes coachées dans le but qu’elles surpassent l’état de crise pour qu’elles puissent avancer, de façon

autonome, vers la voie de sortie. Il s’ensuit donc tout un procédé de gestion émotionnelle que les coachs effectuent grâce à diverses approches. Il s’agit entre-autre d’analyse transactionnelle et systémique, d’hypnose, de TFT (Thought Field Therapy, ET (Energy Testing) pour ne nommer que ces exemples. Tout dépend de la spécialisation du coach. Celle qui s’est avéré la plus récurrente est la PNL (Programmation Neurolinguistique)24. D’après les coachs (francophones) de l’échantillon, cette approche prend pour étude les comportements humains en se basant sur l’expérience subjective et ce en passant par le langage. Celle-ci se préoccupe avant tout du « comment faire pour que ça fonctionne bien » plutôt que du « pourquoi ça ne fonctionne pas ». Le principal objectif est de se raccorder au moment présent. Cet extrait illustre le type d’approche :

…Pi ce que j’aime aussi, c’est qu’il y a des recadrages souvent, c’est pas juste raconter son histoire pour raconter son histoire pi vomir quelque chose pi repartir. Tsé quand on vient de vomir on est soulagé parce qu’on se sent bien, non? [C : hoche la tête pour dire « oui »] bin t’sais ce qui arrive avec le coaching c’est qu’il te laisse même pas le temps de, t’sais comme, oui t’a mal au cœur admettant, pi ça va pas, mais en fait c’est qu’il va dire : « ok, on va essayer de comprendre oui d’où ça vient » mais très brièvement pour rester dans le moment présent pi qu’après on se sente rapidement soulagé là. Mon coach il me donnait un verre de 7up ou t’sais un jus d’orange après pour que je reparte pas avec le goût d’amertume dans ma bouche, t’sais il me donnait quelque chose qui me soulageait. Fait que c’est ça que je trouve que c’est une technique qui moi m’a fait du bien pi m’a parlé. (Suzy, mandataire dans une OBNL et Coach PNL, 38 ans)

Vu la complexité de l’objet qu’est l’état de malaise, cette démarche a pour but de l’alléger, ainsi la verbalisation et la visualisation s’avèrent être des outils privilégiés par les coachs afin d’être capable de parler le même langage que les coachées. Ces quelques extraits en donnent l’exemple:

…So, the life coach, she had some techniques that I was able to feel, and I'm like, I’m shocked by it. [C: can you give me an example? Like.. when did you start realizing that you were feeling or started feeling… and feeling what exactly? your emotions? ..] hum, I'll give you an example. I would say ... okay ‘I can’t get passed hum, the anger of what went with my marriage’ and she would choose a technique that would help me get in touch with my anger. and that's pretty good, because I will do everything to top my way out at the end of it, but she helped me get in touch with my anger, and when you get in touch with something , you feel something , that’s what it releases, it doesn’t release by talking about it, and she had some things that helped me do that, and I didn’t have this with the psychotherapist. (Pinky, 47 ans, mère au foyer divorcée et Coach en devenir)

….elle va…elle va….[silence] elle a posé quelques questions mais pas tant que ça quoi. C’était vraiment huh ..dans le sens mettre les mots sur les émotions plus. […] les déterminer [silence] enfin par rapport ouai…parce que vu que du coup ché pas décrire les émotions, bin du coup c’est comme ça en fait qu’on

24 Je rappelle que la majorité des personnes interrogées ont été accompagné par un-e coach PNL, que deux d’entres-

elles sont coachs PNL et qu’une grande partie de mon terrain est basée sur des événements (les 3 font le mois) organisés par des Coachs PNL.

fonctionnait là.. puis c’est ça, au début on est arrivé pi je parlais de ce que je voulais parler... ( Marguerite, Pâtissière, 32 ans)

….mais tsais justement le coaching utilise les métaphore du livre, des images, pour amener à matérialiser des émotions qui semblent envahissantes mais qui sont, en réalité, elles ne sont pas : on se sent envahie, mais elles sont pas envahissantes. Sont envahissantes dans la mesure où ça demeure abstrait puis qu’on sent que ça nous submerge, mais quand on commence à en parler, pi à leur donner une forme, une couleur, à leur donner/ Ça a l’air anodin mais c’est qu’on remet les choses en perspective pi au lieu de se sentir contenu par elle, ces émotions envahissantes-là, on arrive à mieux les cerner, mieux les contenir, pi mieux les gérer. (Suzy, mandataire et Coach PNL, 38 ans)

La PNL serait ainsi une expérience immersive et non purement une méthode pratique et systémique. Les coachs l’utilisent surtout pour donner des formes symboliques aux émotions qui sont à la source du mal-être afin qu’elles ne soient plus une forme abstraite, mais deviennent des choses concrètes avec lesquelles les personnes coachées peuvent travailler. Paradoxalement, la méthode comme sa visée restent plutôt abstraites pour les personnes coachées. En fait, une personne qui n’a pas été introduite à la théorie risque de ne pas en saisir le fonctionnement, comme le montre les extraits suivants :

…On a travaillé beaucoup au niveau des valeurs, aussi du ressenti-là, je pense que j’avais beaucoup d’obstacles par rapport à comment je me sentais, face à certaines choses. Donc… j’ai, oui, j’ai souvent senti que ça m’aidait mais en même temps, j’ai souvent trouvé ça très difficile aussi là, t’sais c’est de la visualisation, mais c’est positif là, c’est ludique c’est pas intense, mais c’est de la visualisation, de, je sais que je suis vague là mais, (hésite), ça demande un certain lâcher prise de l’ego. (Elie, coordonnatrice communautaire, 35 ans)

... (rire) c’est-à-dire que je savais pas trop ce qu’on faisait ensemble. Mais bon, j’y allais parce que, je voyais que je changeais, pas nécessairement en bien, pas nécessairement en mal, mais je voyais qu’il y’avait un truc qui se passait en moi dans ma vie, grâce à ça. (Lynda, avocate, 31 ans)

Finalement, ne pas saisir le fonctionnement importe peu car comme le résume l’extrait de Lynda, l’essentiel est de sentir que quelque chose se passe, que le malaise s’effrite et que l’on commence à se sentir mieux pour pouvoir changer d’état et avancer.