1.3 La Grassmannienne restreinte comme quotient k¨ ahl´erien
1.3.3 Le quotient k¨ ahl´erien
L’espace affineMkest naturellement munie de la structure faiblement k¨ahl´erienne (g, I, ω) plate suivante :
gx(X, Y) =<TrX∗Y Ix(Y) =iY
ωx(X, Y) = gx(iX, Y) ==TrX∗Y pour toutx∈ Mk et tousX, Y ∈TxMk.
Proposition 1.3.4 L’action deGsurMk donn´ee par : g.x=x◦g−1,
o`u x∈ Mk et g ∈G, est hamiltonnienne relativement `a la structure symplec-tique ω, d’application momentG-´equivariante :
µ : Mk −→ g0
x 7−→ (a7→ 2i Trx∗xa),
o`ug0 est le dual continu de l’alg`ebre de Lie g={a∈L1(H+) t.q.a∗=−a} de G. De plus, µest invariante sous l’action du groupeU1,2.
2Preuve de la proposition 1.3.4 :
Remarquons d’abord que l’application momentµest bien d´efinie surMk, car x∗x appartient `a l’ensemble des op´erateurs born´es de H+ dans H+, not´e B(H+), et a appartient `a L1(H+). Elle est C∞ car l’application de Mk dans B(H+) associant `a xl’´el´ementx∗xestC∞et :
k|Tr (A.)k|=kAk,∀A∈B(H+).
L’action infinit´esimale de l’alg`ebre de Liegest donn´ee, pour toutx∈ Mk et touta∈g, par :
a.x=−x◦a De plus, pour toutx∈ Mk et toutX∈TxMk,
dµax(X) = i2( TrX∗xa+ Tr x∗Xa)
= i2( TrX∗xa+ Tr ax∗X) carx∗X ∈B(H+) et a∈L1(H+),
= i2( TrX∗xa− Tr (xa)∗X)
=−=TrX∗x◦a
==TrX∗(a.x) =−=Tr (a.x)∗X Ainsi :
dµax(X) =ia.xω(X)
L’invariance sous U1,2 est claire. V´erifions laG-´equivariance de µ.G agit surg0par la repr´esentation coadjointe est d´efinie, pour toutg∈Get toutξ∈g0 par :
Ad∗(g).ξ : g → R
a 7→ ξ( Ad(g−1)(a)).
Ainsi :
µa(g.x) = i2 Tr (x◦g−1)∗(x◦g−1)a
= i2 Tr gx∗xg−1a carg∈ U(H+)
= i2 Tr x∗xg−1ag carx∗xg−1a∈L1(H+)
=µAd(g−1)(a)(x)
2 Proposition 1.3.5 Pour toutk∈R∗, la surface de niveauNk :=µ−1(2ik2 Tr) est une sous-vari´et´e r´eelle deMk, stable par G.
Lemme 1.3.6 La surface de niveau Nk s’identifie `a : {x∈ Mk| x∗x=k2.IdH+}. MPreuve du lemme1.3.6 :
La trace identifie isom´etriquement le dual continu (complexe) degC=g⊕ig= L1(H+) `aB(H+) par :
Tr : B(H+) −→˜ L1(H+)0 A 7−→ (B 7→ TrAB).
En particulier, l’ensemble desA∈B(H+) tels que pour toutB∈g, Tr (AB)∈ Rs’identifie au dual continu (r´eel) deg. Ainsi :
iTr x∗xa =ik2 Tra ∀a∈g
⇔ x∗x=k2.IdH+
M Lemme 1.3.7 Le groupe de LieU1,2agit transitivement sur la surface de niveau Nk.
MPreuve du lemme1.3.7 : Tout ´el´ement :
x= x+
x−
∈ Nk
d´efinit une famille orthogonale libre de norme|k|deHpar le biais de ses vecteurs colonnes et s’obtient `a partir de :
xk=
k.Id 0
par l’action d’un ´el´ement : U = 1
k.
x+ A x− B
∈ U(H),
o`u A
B
est d´efini par une base (hilbertienne) orthogonale de norme |k| de Imx⊥. La relation d’orthogonalit´e entre Imxet Im x⊥ implique en particu-lier :
x∗+A+x∗−B= 0,
ce qui, associ´e aux conditions x+ ∈ k.IdH+ +L1(H+) etx− ∈ L2(H+, H−),
implique queA∈L2(H+). AinsiU ∈ U1,2. M
2Preuve de la proposition 1.3.5 : Montrons que l’applicationR-lin´eaire :
γ : Mk → k2.IdH++ Sym1(H+), x 7→ x∗x
o`u Sym1(H+) d´esigne le sous-espace vectoriel r´eel ferm´e deL1(H+) form´es des op´erateurs auto-adjoints deH+, est une submersion. Le fait qu’elle soitC∞est clair, et pour toutx∈ Nk,
dγx : TxMk → Sym1(H+) X 7→ X∗x+x∗X
est surjective : quel que soit Y ∈ Sym1(H+), X := 2k12xY est un ant´ec´edent deY appartenant `a TxMk.
Au pointxk= k.Id
0
, un suppl´ementaire topologique de
Kerdγxk=
X+
X−
∈TxkMk, X+∗ +X+= 0
est :
W =
Y+
0
∈TxkMk, Y+∗−Y+= 0
.
Grˆace `a l’action transitive deU1,2 surNk, on conclut qu’en tout pointx=U.xk
avec U ∈ U1,2, Ker dγx = U( Kerdγxk) poss`ede un suppl´ementaire
topolo-gique, `a savoirU(W). 2
Th´eor`eme 1.3.8 L’espace quotient Nk/G poss`ede une structure naturelle de vari´et´e fortement k¨ahl´erienne.
Notations 1.3.9 On notera π :Nk→ Nk/G, x7→[x] la projection naturelle.
Preuve du th´eor`eme 1.3.8 :
Montrons que G agit proprement sur Nk. D’apr`es la proposition 1.2.5, puisque Gagit librement sur Nk, il suffit de montrer que le grapheC ⊂ Nk× Nk de la relation d’´equivalence d´efinie par G est ferm´e dansNk × Nk et que l’applicationf deC dansGqui au couple (x, y) associe l’unique ´el´ementg∈G tel que y = x◦g−1, est continue. Soit {(xn, yn)}n∈N une suite d’´elements de C convergeant vers (x∞, y∞)∈ Nk× Nk et {gn}n∈N la suite d’´el´ements de G d´efinie paryn =xn◦gn−1. Puisquexn v´erifiex∗nxn=k2 Id , on a :
gn−1= 1
k2x∗nxng−1n = 1 k2x∗nyn.
Par continuit´e du produit, on en d´eduit que{gn}n∈Nconverge versg∞v´erifiant g∞−1:= k12x∗∞y∞. En utilisant les conditions d’appartenance `aMkdex∞ety∞, on montre facilement que x∗∞y∞ ∈k2IdH++L1(H+). De plus, l’ensemble des
´el´ements unitaires formant un ferm´e deB(H+), l’´el´ementx∗∞y∞appartient `aG.
AinsiC est ferm´e etf : (x, y)7→(k12x∗y)−1 est continue (mˆeme diff´erentiable).
On en d´eduit que l’espace quotientNk/Gest s´epar´e. En particulier, l’orbite d’un pointx∈ Nk est ferm´ee et l’espace tangentTxG.x est un sous-espace vectoriel ferm´e deTxMk.
La structure de vari´et´e riemannienne deNk/Gprovient du fait que l’espace tangent `a l’orbite de x poss`ede un suppl´ementaire topologique dans TxNk, `a savoir :
Hx =
Y =
Y+
Y−
, Y+∈L1(H+),
Y− ∈L2(H+, H−), Y∗x+x∗Y = 0, Y∗x= 0
=TxG.x⊥g.
qui fournit une trancheG-´equivariante (en fait constante), i.e. v´erifiant : Hx.V−1 =Hx.V−1.
Les projections associ´ees `a la d´ecomposition en somme directe explicit´ees par : p1 : TxNk −→ TxG.x
Y 7−→ k12xx∗Y p2 : TxNk −→ Hx
Y 7−→ Y −k12xx∗Y
sont des application lin´eaires continues de L1(H+)×L2(H+, H−) et G-´equi-variantes.
De plus, Gpr´eservant la m´etrique g, on peut d´efinir une m´etrique rieman-nienne gredsurNk/Gpar :
gred,[x] : T[x]Nk/G×T[x]Nk/G → R
(X, Y) 7→ gx( ˜X,Y˜),
o`u ˜X (resp. ˜Y) est d´efini comme l’unique ´el´ement deHx qui se projette surX (resp. surY), appel´e rel`evement horizontal de X (resp. deY).
Pour montrer que gredidentifieT[x]Nk/G`a (T[x]Nk/G)0 et d´efinit ainsi une m´etrique fortement riemannienne, il suffit de consid´erer l’espace tangent en [xk] car l’action du groupeU1,2 est transitive et pr´eserve g. Or en [xk], gred est la m´etrique standard deL2(H+, H−) et r´ealise bien un isomorphisme entre l’espace tangent et son dual.
Sur la vari´et´e quotientNk/G, on d´efinit la 2-forme altern´eeωred par : ωred,[x] : T[x]Nk/G×T[x]Nk/G → R
(X, Y) 7→ ωx( ˜X,Y˜),
Puisqueω restreinte `a la sous-vari´et´eNk est ferm´ee, il en est de mˆeme de ωred
carω|Nk =π∗ωredet dω|Nk =dπ∗ωred=π∗dωred= 0. Montrons que le noyau deω|Nk enx∈ Nk est exactement l’espace tangent `a l’orbite dex. Par l’action transitive de U1,2 laissant ω invariant, il suffit de le v´erifier pour x = xk. Il vient :
TxkNk⊥ω =
Y ∈TxkMk, Im TrY∗X = 0, ∀X ∈TxkMk | X+∗ +X+= 0
=
Y+
0
∈TxkMk | Im TrY+∗X+= 0, ∀ X+∈L1(H+) | X+∗ +X+= 0
. De plus, le sous-espace vectoriel deL1(H+) des ´el´ements anti-hermitiens est un sous-espace isotrope maximal. En effet :
=TrY+∗X+= 1
2i( TrY+∗X+− Tr X+∗Y+) = 1
2i Tr (Y+∗+Y+)X+
et :
=TrY+∗X+= 0 ∀X+∈L1(H+) t.q.X+∗ +X+= 0
⇔ Tr (Y+∗+Y+)X+= 0 ∀X+∈L1(H+) t.q.X+∗ +X+= 0
⇔ Tr (Y+∗+Y+)X+= 0 ∀X+∈L1(H+) ( par C-lin´earit´e de la trace )
⇔ Y+∗+Y+= 0 ( car la trace identifieB(H+) etL1(H+)0) Ainsi :
TxkNk⊥ω=
Y = Y+
0
∈TxkMk, Y+∗+Y+ = 0
=TxkG.xk.
Comme l’espace tangent `aNkenxkestTxkG.xk⊥ωet queTxkG.xk⊂TxkG.xk⊥ω, on conclut que :
TxkNk⊥ω∩TxkNk =TxkG.xk.
Il reste `a montrer que la forme symplectique ωred r´ealise un isomorphisme de T[x]Nk/Gsur (T[x]Nk/G)0, mais ceci est clair en [xk] car alorsT[xk]Nk/G s’iden-tifie `aL2(H+) etωred`a la forme symplectique standard deL2(H+). Par l’action transitive deU1,2, il en est de mˆeme en tout pointx∈ Nk.
Reliant ω `a la m´etrique g via la structure complexe I, l’espace tangent TxNk apparaˆıt comme le sous-espace vectoriel ferm´e (I.TxG.x)⊥g deTxMk et, en chaque pointx0de l’orbiteG.x, l’espace horizontalHx0 est l’orthogonal pour g dansTx§k deTxG.x⊕I.TxG.x. AinsiHxa la propri´et´e d’ˆetre stable sousIet G-´equivariant. LaG-´equivariance deIpermet alors de d´efinir :
Ired : T[x]Nk/G → T[x]Nk/G X 7→ π∗IxX,˜
o`u ˜X est le rel`evement horizontal de X en TxNk. Il reste `a montrer que la structure presque complexe ainsi d´efinie est int´egrable, i.e. que le tenseur de NijenhuisN est nul. SoitX etY deux ´el´ements deT[x]Nk/G. On a :
N(X, Y) = [X, Y] +Ired[X, IredY] +Ired[IredX, Y]−[IredX, IredY].
Soit ˜X et ˜Y les rel`evements horizontaux de X et Y. Comme ˜X et ˜Y sont des champs de vecteurs G-invariants, leur crochet [ ˜X,Y˜] est G-invariant et se projette sur [X, Y]. En utilisant la d´efinition de Ired, on a ainsi :
N(X, Y) =π∗[ ˜X,Y˜] +Iredπ∗[ ˜X, IY˜] +Iredπ∗[IX,˜ Y˜]−π∗[IX, I˜ Y˜]
=π∗(N( ˜X,Y˜)) = 0.
La d´emonstration du th´eor`eme 1.3.8 permet de d´eduire le corollaire suivant que nous utiliserons au paragraphe 1.3.6 pour le calcul du potentiel k¨ahl´erien :
Corollaire 1.3.10 Le G-fibr´e principal π :Nk → Nk/G, x 7→[x] est naturel-lement muni d’une connexion G-invariante ∇˜, caract´eris´ee par la donn´ee des espaces horizontaux :
Hx=
Y+
Y−
, Y+∈L1(H+), Y− ∈L2(H+, H−), Y∗x= 0
.