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1 Enquête sur les espaces extérieurs, les pratiques et les facteurs influençant l’IEE

1.3 Résultats

1.3.2 Questionnaire professionnel – accueil petite enfance (0-3ans)

1.3.2.1 Professionnel·le·s répondant·e·s

Au total 656 professionnel·le·s de l’accueil de la petite enfance ont répondu de manière complète au questionnaire. Parmi ces répondant·e·s 65% travaillent principalement dans un accueil collectif (AC) ; 32% dans un accueil familial (AF) et 3% travaillent dans des lieux de rencontre enfants- parents (LREP). Parmi ces professionnel·le·s, il y a 98% de femmes pour 2% d’hommes. L’âge moyen est de 41,2 ans et l’écart-type de 10,8 ans.

Les fonctions déclarées se répartissent de la manière suivante :

Puériculteur/puéricultrice ou assimilé 58% Accueillant·e d'enfants 39% Accueillant·e extrascolaire 1%

Animateur/animatrice 3%

Le niveau d’études des professionnel·le·s répondant·e·s se répartit de la manière suivante :

Enseignement primaire 1% Enseignement secondaire inférieur 8% Enseignement secondaire supérieur 42% Enseignement supérieur court (baccalauréat, graduat, régendat, ...) 42% Enseignement supérieur long (par ex. master, licence, doctorat, ...) 8%

Une large majorité (76%) déclare avoir déjà suivi une formation de base (diplôme, brevet, certificat) en lien avec l'accueil ou l'animation des enfants et 35% disent avoir déjà été sensibilisés à l'investissement de l'espace extérieur lors d'une formation, d'un séminaire ou d'un colloque. Le volume de la formation professionnelle spécifique à l’accueil des enfants se répartit de la manière suivante :

 >300 heures : 48%,

 entre 100 et 300 heures : 19%,  < 100 heures : 9%,

1.3.2.2 Description du lieu d’accueil ou de rencontre

L’analyse du questionnaire permet d’obtenir des informations descriptives sur les structures d’accueil ou LREP dans lesquelles les professionnel·le·s répondant·e·s travaillent :

 98% des structures d’accueil sont agréées par l’ONE ;

 le contexte d’urbanisation des différentes implantations : 34% en milieu urbain ; 28% en milieu semi-urbain et 38% en milieu rural.

La répartition des structures d’accueil en fonction de leur capacité d’accueil et de leur taux d’encadrement est présentée dans les figures 23 et 24.

Figure 23 : Nombre d’enfants par structure dans l’accueil 0-3 ans

Figure 24 : Nombre d’enfants par professionnel en fonction de la structure dans l’accueil 0-3 ans.

La très grande majorité des répondant·e·s affirme que leur structure d’accueil dispose d’un espace extérieur (96%) ; 70% possèdent un jardin ; 41% possèdent une cour et 46% possèdent une terrasse. Une analyse comparative entre accueil collectif et familial montre plus de jardins et de terrasses en accueil familial alors qu’il y a plus de cours en accueil collectif. L’analyse de l’espace extérieur en fonction du contexte d’urbanisation montre des différences statistiquement

significatives au niveau de la présence d’un jardin ou d’une terrasse, toujours en défaveur de la ville.

La figure 25 montre la taille de l’espace extérieur en fonction du contexte d’accueil. D’après les répondant·e·s, plus d’un tiers des LREP ne possèdent pas d’espace extérieur privé. Il n’y a pas de différence entre l’accueil collectif et l’accueil familial. La taille est par contre significativement influencée par le contexte d’urbanisation, en faveur des contextes semi-urbain et rural.

Figure 25 : Taille de l’EE dans l’accueil 0-3 ans en fonction du contexte d’accueil.

Les figures 26 et 27 illustrent respectivement l’adéquation et la sécurité de l’espace extérieur en fonction du contexte d’accueil. Ces deux paramètres apparaissent significativement plus élevés dans l’accueil familial en comparaison avec l’accueil collectif.

Figure 27 : Sécurité de l’EE dans l’accueil 0-3 ans en fonction du contexte d’accueil.

1.3.2.3 Description des pratiques extérieures dans l’espace privé

La figure 28 montre la fréquence à laquelle les enfants jouent dehors dans l’espace extérieur du milieu d’accueil en été et en hiver. Un test de Wilcoxon basé sur les scores attribués aux différents niveaux de fréquence montre que la différence est hautement significative entre les deux saisons.

Figure 28 : Fréquence à laquelle les enfants jouent dans l’espace extérieur du milieu d’accueil en été et en hiver.

L’index de pratiques extérieures dans l’espace privé (IPEEP) a été également calculé et montre une cohérence interne moyenne avec un α de Cronbach de 0,6. Le test de Krustal-Wallis montre une influence du milieu d’accueil. L’IPEEP est significativement plus élevé en accueil collectif, comparativement à l’accueil familial (p<0,05) et nettement plus élevé que dans les LREP (p<0,001). Une régression linéaire montre les variables qui influencent significativement l’IPEEP (tableau 19). La confiance dans la gestion des activités extérieures apparaît comme le facteur le plus influent (b* = 0,20 ; p<0,001). L’analyse met en évidence que l’accueil familial (b* = -0,17 ; p<0,001) et les LREP (b* = -0,18 ; p<0,001) s’accompagnent d’un plus faible IPEEP. La sécurité perçue est également un élément important (b* = 0,17 ; p<0,001). Des éléments comme le niveau d’éducation, l’importance donnée aux activités extérieurs, le souhait d’assouplir certaines règles

de sécurité et la présence d’une cour semblent également favoriser l’IPEEP. Les contextes urbain (b* = -0,12 ; p<0,01) et semi-urbain (b* = -0,9 ; p<0,05) sont quant eux défavorables. Les autres variables étudiées n’ont pas d’impact significatif sur l’IPEEP.

Tableau 19 : Synthèse de la régression multiple modélisant l’influence de variables indépendantes sur l’IPEEP dans l’accueil 0-3ans.

R = ,62012175 R² = ,38455098 R² Ajusté = ,35839096

F(19,447) = 14,700 p<0,0000 Err-Type de l'Estim.: 1,4094

N=467 b* Err-Type (de b*) b Err-Type (de b) t(447) valeur p

OrdOrig. -2,917 0,995 -2,930 0,004 confiance 0,195 0,043 0,513 0,113 4,535 0,000 Renc P-E -0,176 0,039 -2,043 0,448 -4,564 0,000 Sécurité EE 0,172 0,046 0,386 0,103 3,763 0,000 Acc Familial -0,168 0,043 -0,642 0,162 -3,962 0,000 Espace ext P 0,144 0,042 3,163 0,918 3,446 0,001 Rur-Urb -0,122 0,046 -0,458 0,173 -2,648 0,008 important 0,121 0,048 0,442 0,176 2,510 0,012 assouplissement 0,114 0,039 0,225 0,076 2,952 0,003 Cour 0,114 0,043 0,411 0,155 2,660 0,008 Education 0,113 0,040 0,255 0,089 2,858 0,004 Rur-Semi-Ur -0,085 0,043 -0,331 0,168 -1,972 0,049 Adéquation EE 0,081 0,050 0,145 0,090 1,622 0,106 Jardin 0,071 0,044 0,281 0,174 1,616 0,107 TailleEspPr 0,069 0,047 0,177 0,120 1,470 0,142 trops règles -0,055 0,045 -0,105 0,087 -1,201 0,231 Terrasse 0,053 0,040 0,187 0,143 1,305 0,193 Enfance dehors 0,028 0,041 0,075 0,111 0,680 0,497 ressourçant -0,017 0,048 -0,062 0,171 -0,362 0,718 limite règles 0,011 0,045 0,022 0,087 0,253 0,801

1.3.2.4 Espaces extérieurs à proximité de la structure d’accueil

Près de la moitié des répondant·e·s des structures d’accueil (48%) déclare sortir avec les enfants dans un espace extérieur se trouvant à proximité du lieu d’accueil. La figure 29 détaille les espaces qui sont fréquentés de manière générale (moyenne) et en fonction du contexte d’urbanisation.

Figure 29 : Espaces extérieurs à proximité des structures d’accueil et fréquentés par les enfants de 0-3 ans (fréquence d’observation moyenne et fréquence selon le contexte d’urbanisation).

Les plaines de jeux, les chemins/Ravels et les parcs sont considérés par les répondant·e·s comme les plus fréquentés. En milieu urbain, ce sont surtout les parcs (24%) et les plaines de jeux (18%) qui sont fréquentés alors qu’en milieu rural ce sont surtout des chemins (27%), des prairies (20%) et des plaines de jeux (18%).

Le tableau 20 nous informe sur la répartition des niveaux d’éloignement des EE les plus fréquentés. Sans surprise, ce sont des espaces proches qui sont généralement les plus fréquentés.

Tableau 20 : Éloignement des EE les plus fréquentés Distance du lieu le plus fréquenté

à moins d'1 minute à pied 41%

entre 1 et 5 minutes à pied 27%

entre 5 et 10 minutes à pied 24%

à plus de 10 minutes à pied 7%

Les moyens de locomotion pour accéder à ces espcaces ont été étudiés. Plusieurs moyens de locomotion peuvent être utilisés pour se rendre au même endroit. 99% pourcent des professionnel·le·s déclarent s’y rendre à pied. Seuls 1% déclarent y aller en vélo ; 2% en moyen de transport en commun et 1% en voiture.

1.3.2.5 Description des pratiques dans l’environnement extérieur

L’index d’investissement de l’espace extérieur (IIEE) est calculé en réalisant la somme des scores de fréquence pour chaque catégorie d’activité. Il possède une bonne cohérence interne avec un α de Cronbach de 0.82. Une analyse ANOVA montre que l’IIEE est statistiquement plus élevé en accueil familial qu’en accueil collectif et bien plus encore que dans les lieux de rencontre enfants- parents. L’analyse statistique montre que l’IIEE est plus élevé en milieu rural qu’en milieu semi- urbain et urbain. Il n’y a pas de différence significative par contre entre les milieux urbain et semi- urbain.

Les pratiques extérieures des enfants en fonction de leur fréquence sont détaillées dans le tableau 21. Les résultats révèlent que les activités les plus réalisées sont les jeux sur roues, les plaines de jeux, les jeux sportifs, les jeux de rôle et d’imagination ainsi que les activités calmes. Les activités les moins fréquentes sont les activités de grimper, les activités avec animaux, le jardinage et dormir dehors. Plusieurs activités ne sont pas autorisées dans certaines structures d’accueil 0-3 ans. Les plus citées sont « grimper » (35%), « dormir dehors » (17%) ; « activités avec animaux » (15%). Relevons que jouer dans l’eau (8%), jouer dans le sable, les graviers et la terre (7%) ainsi que les promenades nature (6%) ne sont pas autorisées dans certaines structures d’accueil.

L’analyse ANOVA de Krustal-Wallis, complémentée d’une comparaison multiple, a permis d’étudier l’influence du type de structure d’accueil ainsi que l’influence du contexte d’urbanisation sur chacune des pratiques extérieures. Cette analyse montre que les LREP présentent des pratiques moins fréquentes dans 9 catégories d’activités sur 14. L’accueil familial de son côté montre une plus grande fréquence pour les activités « jeux sportifs », « activités calmes », « manger dehors », « promenades nature », « jardiner » et « activités avec des animaux ». L’analyse statistique montre par ailleurs qu’en milieu rural on retrouve une plus grande fréquence des activités suivantes « activités calmes », « manger dehors » ; « promenades nature », « jardiner » et « activités avec animaux ».

Tableau 21 : Pratiques extérieures des enfants en fonction de leur fréquence. Influence du lieu de vie, de l’âge et du sexe des enfants sur la fréquence des pratiques.

Pratiques extérieures Score de fréquence (/4) Non autorisé Influence contexte d’accueil Influence contexte urbanisation

Se déplacer sur roues 3,0(1,2) 2%

AC=AF>LREP

(p<0,001) NS

Modules plaines de jeux 2,9(1,4) 2%

AC=AF>LREP

(p<0,001) NS

Jeux sportifs 2,5(1,3) 2%

AF>AC>LREP

(p<0,001) NS

Jeux de rôle imagination 2,0(1,5) 1%

AC=AF>LREP (p<0,05) NS Activités calmes 2,0(1,5) 2% AF>AC (p<0,001) R>U (p<0,05) Manger dehors 1,9(1,3) 3% AF>AC>LREP (p<0,001) R>SU=U (p<0,001) Promenades nature 1,5(1,4) 6% AF>AC=LREP (p<0,001) R>SU>U (p<0,001)

Jouer dans l'eau 1,5(1,1) 8%

AC=AF>LREP

(p<0,001) NS

Sable, graviers, terre 1,4(1,3) 7% p<0,05 NS

Bricoler manipuler des

outils 1,1(1,3) 5% NS NS Jardiner 0,9(1,12) 4% AF>AC=LREP (p<0,01) R>U (p<0,01)

Activités avec animaux 0,8(1,2) 15%

AF>AC=LREP (p<0,001) R>SU>U (p<0,001) Grimper 0,2(0,7) 35% NS NS Dormir dehors 0,2(0,5) 17% NS NS

L’influence globale des contextes d’accueil et d’urbanisation est représentée par la p value du test de Krustal-Wallis (NS = non significatif). Les comparaisons multiples bilatérales sont synthétisées en reprenant la hiérarchisation statistiquement vérifiée entre chaque catégorie. (AC = accueil collectif ; AF = accueil familial ; RPE = rencontre parents-enfants, R = rural ; U = Urbain ; SU = semi- urbain)

1.3.2.6 Influence du climat

L’influence des différentes conditions extérieures sur l’investissement de l’espace extérieur est présentée dans la figure 30. Les résultats montrent que d’après les répondant·e·s l’obscurité (68%), la pluie (65%) et la brume (50%) affectent au moins régulièrement les pratiques extérieures. Le froid et la chaleur sont les conditions climatiques qui semblent le moins freiner les professionnel·le·s à aller dehors avec les enfants.

Figure 30 : Influence des conditions extérieures sur l’investissement de l’espace extérieur dans l’accueil 0-3 ans.

L’index d’attitude face aux conditions extérieures (IAFCE) a été également calculé afin d’obtenir un score global. Son coefficient α de Chronbach s’élève à 0,82 dans l’accueil 0-3ans. Son analyse permet de mettre en évidence que l’impact des conditions extérieures sur l’investissement de l’espace extérieur ne diffère en fonction ni du contexte d’urbanisation ni du contexte d’accueil.

1.3.2.7 Perceptions et représentations diverses

La figure 31 montre la répartition des réponses à diverses questions posées aux professionnel·le·s de l’accueil 0-3 ans concernant des perceptions et représentations pouvant avoir un impact sur l’investissement de l’espace extérieur.

Une très grande majorité des professionnel·le·s déclare avoir passé beaucoup de temps dehors durant leur jeunesse (94%) et reconnaît que les enfants passent moins de temps qu’eux à l’extérieur (89%) et qu’ils ont moins de libertés (77%). Ils considèrent qu’aller dehors est ressourçant (98%) et qu’il est important de le faire avec les enfants (98%). 86% des professionnel·le·s déclarent être en confiance lorsqu’elles ou ils vont dehors avec les enfants. L’avis des professionnel·le·s concernant les règles de sécurité présente une grande variabilité. Ainsi, 46% considèrent qu’il y a trop de règles qui régissent le jeu extérieur alors que 41% affirment que ce n’est pas le cas. Une petite majorité des professionnel·le·s pense que l’assouplissement des réglementations n’augmenterait pas les accidents avec les enfants (56%) et que certaines règles de sécurité empêchent l'enfant d'explorer ses limites et réduisent son apprentissage (52%).

Figure 31 : Perceptions et représentations diverses chez les professionnel·le·s de l’accueil 0-3 ans.

1.3.2.8 Bénéfices, barrières et freins perçus

Figure 32 : Bénéfices perçus selon les professionnel·le·s de l’accueil 0-3 ans.

La figure 32 présente les bénéfices perçus qui apparaissent les plus importants aux yeux des professionnel·le·s de l’accueil 0-3 ans. Les bénéfices perçus qui émergent le plus sont le bien être (64%), s’oxygéner (62%), se dépenser (60%) et la santé (58%). Les bénéfices qui apparaissent les moins importants sont la sensibilisation à l’environnement durable (1%), le développement des connaissances (5%) et la socialisation (5%).

 Freins perçus

La figure 33 présente les freins perçus qui apparaissent les plus importants pour les professionnel·le·s de la petite enfance. Les trois plus importants sont la lourdeur organisationnelle (50%), le manque de moyens humains (34%), et le manque de motivation personnelle ou des collègues (26%). Les freins qui sont les moins cités sont le soutien de la direction (1%), le souhait des enfants (4%) et le comportement des enfants (6%) ainsi que le manque d’expérience dans l’encadrement des activités extérieures (6%). 14% déclarent n’avoir aucun frein à l’investissement de l’espace extérieur avec les enfants de 0 à 3 ans.

 Craintes perçues

Les principales craintes perçues par les professionnel·le·s de l’accueil 0-3 ans (figure 34) sont : crainte que les enfants n’aient trop chaud ou trop froid (37%), qu’ils soient victimes d’un accident (29%), que les parents ne soient pas d’accord (25%) ; qu’ils se fassent piquer par une bestiole (27%) et qu’ils se blessent en jouant (26%). Les professionnel·le·s éprouvent peu de craintes par rapport à la direction (1%), aux faits que les enfants n’aiment pas (1%), qu’ils se perdent (3%) ou qu’ils soient victime d’une personne mal intentionnée (3%).

Figure 34 : Description des craintes perçues, selon les professionnel·le·s de l’accueil 0-3 ans

 Leviers perçus

Deux leviers principaux émergent de l’enquête (figure 35) : bénéficier de plus de moyens humains (38%) ; avoir un équipement adapté pour chaque enfant (29%). Améliorer l’organisation matérielle et horaire (21%), améliorer l’infrastructure extérieure (20%) ; former les professionnel·le·s sur la gestion des activités extérieures et obtenir le soutien des parents (19%) apparaissent également comme des leviers intéressants. D’après les professionnel·le·s trois propositions n’apparaissent pas comme des leviers potentiels pouvant modifier les comportements : le soutien de la direction (1%) ; une meilleure connaissance des EE appropriés (3%) et avoir des ressources documentaires de qualité (3%).

Figure 35 : Description des leviers perçus, selon les professionnel·le·s de l’accueil 0-3 ans