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1 Aspects méthodologiques

1.1 Études auprès des professionnel·le·s

1.1.2 Études de cas

1.1.2.1 Objectifs

L'objectif est d'identifier des leviers de changement spécifiques, pour in fine, contribuer à émettre des recommandations, avec l'ensemble des autres éléments recueillis dans les différents volets de la recherche.

Concrètement, pour atteindre cet objectif, notre démarche vise à :

 étudier de manière fine les représentations de professionnel·le·s et des parents en tenant compte de leurs réalités de vie et de travail ;

 approcher l’angle de vue des enfants en orientant l’observation vers ceux-ci ;

 établir des liens entre les pratiques observées, les discours (notamment sur les pratiques), les ROI, les différentes injonctions auxquelles sont soumis les lieux d’accueil ; en fonction des données disponibles et selon la pertinence (exemples : injonctions émanant du PO, du ou de la coordinateur·rice accueil de l’ONE de référence).

1.1.2.2 Méthodologie

Au total, 9 études de cas ont été réalisées, dans des lieux d’accueil.

Rappelons que l'approche est purement qualitative. Il ne s'agit en aucune manière de viser la représentativité de l'échantillon et donc des résultats ; nous ne cherchons pas à répondre à la question « combien ? », mais à la question « comment, pourquoi ? ». L'objectif est en effet d'explorer et de décrire les mécanismes à l’œuvre dans les représentations liées à l'investissement

de l'espace extérieur, de décrire les différents éléments contextuels (relatifs aux lieux mais aussi aux personnes) dans lesquels ces représentations s'inscrivent, et d'émettre des hypothèses explicatives quant à la présence/persistance de celles-ci. Cette précision est importante car elle permet d'expliquer pourquoi le choix des lieux d'étude n'a pas été posé selon des critères « stricts » de représentativité, qui ne sont pas pertinents en l'occurrence. Pour plus de détails sur les critères de sélection, voir le point ci-dessous « Diversité des lieux d'étude ».

La méthodologie mise en place nous permet de disposer d'une diversité des lieux de recueil de données; nous avons en effet veillé à contraster :

 les lieux d'étude, selon des critères particuliers (cf. ci-dessous),  les temporalités du recueil de données.

a) Diversité des lieux d'étude

Pour identifier les lieux d'étude, différents critères ont été jugés a priori pertinents, en concertation avec l'ONE :

 type de structure : milieux d'accueil 0-3 ans / structures d'Accueil durant le Temps Libre (ATL) 2;5 – 12 ans : l'âge des enfants accueillis est une variable susceptible d'influencer les représentations et les pratiques des professionnel·le·s et des parents, notamment quant aux risques (objectivables et non-objectivables) liés à l'investissement des espaces extérieurs ;

 au sein du secteur ATL, type de structure : garderies scolaires, EDD, centres de vacances : ces contextes présentent une disparité importante, tant au niveau institutionnel qu'en terme d'objectifs pédagogiques et d'encadrement des enfants (taux d'encadrement, formation des professionnel·le·s et bénévoles, etc.) ; il est donc pertinent d'essayer autant que possible de recueillir des données dans ces contextes contrastés ;

 milieux socio-économiques contrastés au niveau du public accueilli ; il nous paraît en effet a priori intéressant d’explorer cette problématique auprès de publics précarisés mais aussi favorisés ou issus de classes moyennes, afin d'objectiver les similitudes et les différences au niveau des questions qui se posent, ainsi qu'en ce qui concerne les éléments favorisant ou défavorisant l'investissement des espaces extérieurs ;

 environnements (internes au lieu d'accueil et alentours) contrastés : la configuration de l'espace (espaces intérieurs/extérieurs, et espaces de transition intérieur ↔ extérieur), les équipements disponibles, le contexte physique et institutionnel dans lequel le lieu d'accueil est implanté sont autant d'éléments, entre autres, susceptibles d'influencer les pratiques ;  implantation en contexte rural/urbain : ce critère est fréquemment utilisé, de manière

légitime, pour diversifier les échantillons, c'est pourquoi nous avons voulu en tenir compte a priori ; toutefois, nous l’utilisons en combinaison du critère « environnement » (ci- dessus) ; on peut en effet se trouver en contexte rural et pourtant être en bordure d'une route à fort trafic, ou a contrario, être en plein centre ville et disposer d'un parc public à proximité. Ces éléments sont à prendre en compte pour étudier les représentations et les

 pratiques contrastées d'investissement des espaces extérieurs : de rares/inexistantes à quotidiennes/inscrites dans le projet d'accueil : pour étudier les mécanismes à l’œuvre dans les représentations et les pratiques liées à l'investissement des espaces extérieurs, il est pertinent d'aller observer à la fois des lieux où « des choses se passent », et des lieux où «peu de choses se passent ». Autrement dit, les pratiques comme les non-pratiques sont relevantes pour étudier les freins et les facteurs favorisants. Pour identifier les facteurs favorisants, aller observer des lieux où l'environnement est jugé défavorable mais où pourtant l'investissement est important nous semble particulièrement riche et pertinent.

Ces critères définis a priori nous ont permis d'identifier un certain nombre de lieux d'étude.

Les lieux d’accueil étudiés se situent en Région de Bruxelles-Capitale, en Provinces de Brabant wallon, de Hainaut et de Liège. Certains se situent en milieu urbain, d’autres en milieu rural ou semi-rural. Nous avons également veillé à une diversité des contextes socio-économiques. Ainsi certains lieux se situent dans des quartiers très précarisés et d’autres dans des milieux plus favorisés.

Certains lieux spécifiques sont aisément identifiables, c’est pourquoi dans l’analyse ci-après, nous ne donnons pas d’indications géographiques mais uniquement des éléments sur l’environnement de la structure.

Lieux d’accueil Abréviations utilisées dans les

résultats

Tranches d’âges observées

Espaces extérieurs disponibles Environnement

Pratiques déclarées d’IEE Point où l’étude de cas est développée Accueil ExtraScolaire

niveau Maternel

AESM 2,5- 6 ans ● Cour de récréation de l’école utilisable par l’AES ● Milieu urbain (grande ville)

● Quartier fragilisé

Neutre (pas d’investissement particulier)

Point 2. 1

Centre de Vacances CV 4-12 ans ● Espace extérieur ouvert

● Commune urbaine dans la banlieue d’une grande ville. ● Quartier plutôt défavorisé

Neutre Point 2. 2

Halte-Accueil HA 1-3 ans ● Aucun espace extérieur privatif

● Milieu urbain (grande ville) ● Quartier fragilisé

Pro (proactif, l’IEE a une place importante dans le projet)

Point 2. 3

Accueil ExtraScolaire dans une école Spécialisée

AESS 6-13 ans ● Cour de récréation de l’école utilisable par l’AES ● Milieu urbain (grande ville)

● Quartier mixte, aéré

Neutre Point 2.4. 1

Maison d’Enfants ME 2-3 ans ● Petite cour verdurisée privative

● Milieu urbain (grande ville) ● Quartier aisé et aéré

Neutre Point 2.4. 2

Maison Communale d’Accueil de l’Enfance

MCAE 0-3 ans ● Cour et jardin privatifs

● Milieu rural (village)

● Milieu socio-économique moyen

Pro Point 2. 5

Accueil ExtraScolaire dans une école à pédagogie Active

AESA 2,5-12 ans ● Plusieurs espaces et cours de récréation, certaines réservées aux enfants de primaire et d’autres aux enfants de maternelle

● Milieu semi-rural ● Milieu plutôt favorisé

Pro Point 2. 7

Maison de quartier (École De Devoirs et ateliers créatifs)

EDD 6-12 ans ● Aucun espace extérieur privatif

● Milieu urbain (grande ville) ● quartier fragilisé

Neutre Point 2. 8

Accueil durant le temps libre lié à un

CEC 5,5 à 10 ans ● Le stage se passe dans les bois ● Milieu urbain (grande ville)

Structure = neutre Stage observé = pro

Point 2. 9

b) Trame du recueil de données

Une trame de recueil de données a préalablement été construite. Celle-ci comprend les éléments suivants :

 prégnance des différents freins identifiés par rapport à l'investissement de l'espace extérieur : météo, équipement des enfants, motivation/réticences des collègues, organisation de la journée, gestion des groupes d'enfants (en ce compris le taux d'encadrement), aménagements intérieurs/extérieurs/de transition (observation externe vs ressenti des professionnel·le·s) ;

 solutions mises en œuvre pour contrer ces obstacles ;

 représentations/croyances des professionnel·le·s par rapport à la météo ; par rapport aux risques liés aux sorties (risques objectivables vs ressentis) ; par rapport aux enjeux et bénéfices de l'activité extérieure ;

 fréquence et modalités des sorties, selon l'âge des enfants ;

 comment le projet d'accueil trouve-t-il sa place à l'extérieur ? Comment se prolonge- t-il de l'intérieur vers l'extérieur ? ;

 pour l'ATL, comment le fait d'être intégré dans le projet d'école influence-t-il l'investissement des espaces extérieurs ? ;

 quels sont les espaces disponibles propices aux sorties ? Quels sont les endroits vécus comme dangereux, inappropriés, à éviter (ex : coins cachés) ? ;

 comment la dynamique d'équipe joue-t-elle en faveur ou en défaveur des sorties ? Quels sont les points qui font consensus au sein des équipes, et ceux qui divisent ?;  une fois dehors, que font les enfants ? Qu'est-ce qui leur est proposé ? Comment les

équipes se positionnent-elles par rapport aux activités autonomes ou dirigées ?;  comment les professionnel·le·s conçoivent-ils et elles leur rôle à l'extérieur ?

Comment se sentent-ils et elles dans ce rôle ? (insécurité, liberté, inutilité, perte de repères, ...) ? ;

 quelles convergences/divergences entre discours et pratiques effectives ? ;

 comment communique-t-on avec les parents autour de l'investissement de l'espace extérieur ? Quelle place est laissée aux parents ?

La méthode de recueil de données a été la même dans chaque contexte d’étude : observation, recueil de documents jugés pertinents, et entretiens avec des acteur·rice·s clés.

Par contre, les modalités de mise en œuvre de cette méthode ont sensiblement varié selon les contextes, pour s’ajuster aux particularités, contraintes et ressources spécifiques de ceux-ci.

Cette variabilité traduit en réalité l’éclectisme propre à la recherche qualitative, que ce soit en ce qui concerne le mode de recueil/production de données ou la posture du chercheur ou de la chercheuse.

c) Observations des moments de vie dans les lieux d’accueil

Les observations ont eu lieu sur des périodes de plusieurs heures, et ne se limitaient pas la plupart du temps aux moments passés dehors. En effet, observer avant et après les sorties apporte également des informations importantes pour atteindre l’objectif de l’étude. Dans plusieurs cas, les observations prévues ont été reportées par les lieux d’accueil car ils ne prévoyaient pas de sortir, soit à cause de la pluie, soit en raison d’un manque de personnel, ce qui est une information en soi dont il est question dans les résultats.

Lors de chaque observation, la chercheuse demandait à l’équipe où elle pouvait se placer pour déranger le moins possible. A chaque fois, les équipes ont laissé le libre choix à la chercheuse. Celle-ci s’est donc placée légèrement en retrait pour ne pas gêner, généralement au niveau des enfants (assise au sol ou sur une petite chaise), ou debout quand l’observation se passait à l’extérieur. La chercheuse notait ses observations dans un cahier. Sauf à de très rares occasions4, elle n’intervenait pas.

Ensuite, les notes étaient systématiquement remises en ordre, dactylographiées et complétées, d’une part par ses souvenirs non notés in situ par la chercheuse, et par des réflexions, interrogations, premières organisations du matériel brut. Cette remise en ordre constituait donc une première analyse du matériel recueilli.

d) Entretiens avec les équipes

Outre les observations, les données ont été recueillies grâce à des échanges avec les professionnel·le·s. Il s’agissait d’échanges par entretien formel de manière collective avec toute l’équipe et de discussions informelles avec les professionnel·le·s présent·e·s lors des temps d’observation. De plus, dans la plupart des lieux, un retour des observations a été donné oralement aux équipes, ce qui a permis une interprétation plus fine des données d’observation et un recueil d’informations complémentaires.

e) Entretiens avec les parents

Dans certains contextes, nous avons pu rencontrer un ou plusieurs parents. Dans d’autres, par contre, cela n’a pas été possible, pour différentes raisons, principalement un manque de temps. En effet, pour rencontrer les parents, il nous aurait fallu une bien plus longue

immersion dans chaque lieu, afin de consolider le lien de confiance entre les chercheuses et les professionnel·le·s et les enfants. Les équipes nous ont fait confiance en nous accueillant au sein de leur structure, en nous permettant d’observer leurs moments de vie avec les enfants. Parler aux parents, notamment pour aborder les pratiques d’IEE des équipes, demande un degré supérieur de confiance et de proximité, que nous n’avons pas jugé suffisant dans la plupart des cas. Par ailleurs, les parents étaient rarement disponibles pour s’entretenir avec nous. C’est pourquoi l’étude basée sur des entretiens avec des parents complète celle-ci.

f) Recueil de documents pertinents

L’objectif visé n’était pas d’analyser tous les documents disponibles pour chaque contexte d’étude, mais d’avoir en tête, lors de l’analyse, les documents susceptibles d’avoir un impact ou simplement un lien avec la question de l’investissement des espaces extérieurs. Il peut s’agir du projet pédagogique / d’accueil, le ROI, les documents, messages, photos communiqués aux parents, des informations disponibles sur les sites internet des milieux d’accueil. Nous avions également envisagé de recueillir les contrats d’assurance mais dans aucun des 9 lieux étudiés, cela n’a été considéré comme une information pertinente.

1.1.2.3 Analyse et présentation des résultats

Les données sont analysées séparément pour chaque lieu étudié, selon des thématiques et questions transversales, en mettant notamment le focus sur les points de convergence et de divergence. L’analyse procède notamment par la technique de lecture flottante, qui permet, en lisant et relisant les données, de saisir les impressions qui s’en dégagent, d’y repérer des thèmes récurrents et des éléments singuliers, et ensuite d’élaborer une analyse descriptive cohérente pour chaque lieu étudié. L’objectif n’est pas de comparer les lieux entre eux, mais de saisir l’objet d’étude dans des contextes donnés.

Pour la présentation des résultats, nous avons choisi de rédiger 9 parties dont le 1er point est

la présentation d’un des contextes d’accueil étudié en mettant le focus sur un élément saillant sorti des observations, entretiens et analyse des documents5. Le 2ème point de

chaque partie est une analyse transversale aux 9 lieux étudiés sur la thématique développée dans ce chapitre. Le 3ème point de chaque partie propose un élargissement des observations aux données obtenues auprès des équipes de lieux en transition. Des points d’attention sont proposés dans le 4ème et dernier point de chaque partie.

Tous les prénoms, des professionnel·le·s comme des enfants, ont été modifiés.