• Aucun résultat trouvé

La seconde partie de notre travail repose sur le recueil des représentations de 4 objets chez les enseignants du secondaire. Nous présenterons les modalités de diffusion de ce questionnaire et sa structure.

5.1.2.1 Choix de l’outil

N'ayant pas de travaux précédant notre étude sur les objets ENT, Information et Communication, nous nous positionnons dans une dynamique exploratoire. La priorité de l’étude était donc de pouvoir toucher une population suffisamment vaste pour représenter différents profils d’utilisateurs, tout en recueillant le contenu des représentations. Les tâches d’associations verbales, par leur facilité de mise en place et leurs résultats récurrents dans la mise à jour des contenus de représentations (Rateau & Lo Monaco, 2016), sont apparues pertinentes. Les deux outils disponibles dans ce champ sont l’association libre, où l’on demande aux enquêtés de citer les X premiers mots ou expressions qui viennent spontanément à l’esprit lorsqu’on évoque l’objet de représentation et le test d’évocations hiérarchisées où, à la suite de cette question, il est demandé de hiérarchiser les réponses des plus caractéristiques de l’objet aux moins caractéristiques. Dans les deux cas, la fréquence d’apparition des réponses sera croisée soit avec le rang d’apparition pour l’association libre, soit avec le rang défini par le répondant pour l’évocation hiérarchisée.

Notre travail reposant sur le questionnement successif de 4 objets de représentations, nous avons privilégié le test d’évocations hiérarchisées. Le test d’association libre prenant en compte la fréquence et le rang d’apparition dans les réponses des éléments comportait un trop grand risque

d’influence des questions précédentes dans les réponses de chaque objet. En effet, le rang d’évocation est un « indice d’accessibilité en mémoire » (Galand & Salès-Wuillemin, 2012), l’enchaînement d’associations verbales sur 4 objets évoqués dans le même contexte peut produire une interférence au fur et à mesure du questionnaire et faire réapparaître des éléments déjà sondés ou mentionnés précédemment. Ce risque persiste avec le test d’évocations hiérarchisées mais en demandant a posteriori de hiérarchiser les réponses de la plus caractéristique de l’objet enquêté, à la moins caractéristique, nous supposons que les éléments évoqués uniquement par opportunité mémorielle seront classés à des rangs supérieurs. Cette méthode ne peut qu’atténuer ce biais, en effet, nous retrouverons toujours une persistance des éléments sondés ou évoqués dans les contenus des objets suivants.

Une des limites de ce test réside dans la difficulté d’interpréter les réponses pour le chercheur (Lo Monaco, Piermattéo, Rateau, & Tavani, 2016), le même terme associé à l’objet pouvant exprimer plusieurs notions différentes. À ce frein, s’ajoutent des témoignages de frustration ressentie par les enseignants trouvant la forme des réponses trop succincte pour expliciter leur pensée lors des phases de test du questionnaire. Nous avons donc choisi de permettre aux enseignants de contextualiser chaque réponse dans un champ supplémentaire facultatif (Piermattéo, Monaco, Moreau, Girandola, & Tavani, 2014a).

5.1.2.2 Les modalités de diffusion

La politique de notre académie semble vouloir préserver la population enseignante des enquêtes trop nombreuses. Cette démarche a pour objectif de maximiser le nombre de répondants aux enquêtes officielles43. Ne pouvant donc accéder à une diffusion de masse par l’institution, nous avons élaboré une liste d’enseignants présents sur l’ENT, puis extrapolé leur adresse mail professionnelle.

De cette liste étendue, nous avons volontairement exclus les enseignants travaillant dans un des établissements où j’intervenais (chap 4.1). Mes attributions de pôle d’appui aux ENT consistaient en partie à former les enseignants à cet outil. Cette implication de proximité, la présence de mon nom sur le mail invitant à répondre au questionnaire, ajouté à la connaissance de mon statut de doctorante pour nombre de mes collègues, aurait eu un effet trop important sur la neutralité des réponses.

43 Ces arguments nous ont été présentés par des personnels du rectorat mais, en aucun cas, ils ne constituent une prise de position officielle de cette institution.

Nous avons ensuite envoyé à l’ensemble de cette population un mail les invitant à répondre à une enquête sur l’ENT. Afin de nous démarquer des autres enquêtes, nous avons mis en avant l’emploi de questions ouvertes, l’indépendance de notre recherche et la garantie d’anonymat des réponses.

5.1.2.3 Le questionnaire

Le questionnaire a donc été distribué de façon numérique, il est construit à base de scripts personnels (php/mysql) et de l’outil LimeSurvey®44. Les résultats ont été stockés sur un serveur personnel.

Les 4 premières pages du questionnaire consistaient en un test d’évocations hiérarchisées. À ces questions, nous avons ajouté une contextualisation facultative et une évaluation obligatoire pour chaque réponse. Le questionnaire entier est proposé en annexe 74, nous proposons sur l’illustration 12 un exemple d’un test d’évocations hiérarchisées : la dernière page consistait en une grille de données sociométrique, les questions abordaient des variables :

 propres aux répondants (genre, âge, ancienneté dans leur métier, étaient-ils parents et utilisaient-ils un ENT différent de l’ENTMip),

44 https://www.limesurvey.org/fr/

 spécifiques à leur(s) établissement(s) (type d’établissement, nombre d’élèves, département, date de déploiement de l’ENT)

 spécifiques à leur rapport à l’ENT (auto-évaluation du niveau informatique, déclarations d’usages sur l’ENT, formation et responsabilité sur cet outil)

5.2 Les outils de traitements de données

Comme nous l’avons déjà présenté, notre démarche, qu’elle porte sur l’exploration de l’environnement social des TICE (chap 6.1) ou l’étude des représentations de cet objet (6.2), se nourrit d’une culture quantitative. Ce travail repose donc sur des modèles statistiques que nous allons présenter dans les chapitres suivants. L’ordre de présentation de ces derniers se veut plus pédagogique que pragmatique. Ainsi, nous avons voulu garder une chronologie nécessaire à comprendre les processus engendrant les méthodes et non suivre l’ordre d’apparition de ces méthodes dans notre travail. De plus, les mêmes outils étant utilisés sur des corpus textuels et des matrices de données, nous avons privilégié la modélisation du procédé sur les textes puis complété ce dernier par les modifications techniques qu’engendre le travail sur une matrice.