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D. L’acquisition des compétences : La formation formelle et informelle

3. La question de recherche et les objectifs de l’étude :

Dans le cadre de cette étude intitulée : « Pratiques pédagogiques des enseignants avec les TIC : entre dispositifs techno-pédagogiques et politiques publiques ; compétences des enseignants et compétences des apprenants ; pratiques publiques et pratiques privées », nous avons un objectif général qui est celui de décrire les pratiques pédagogiques des enseignants avec les TIC. Cet objectif répond à la question principale de recherche suivante :

Quels sont les pratiques pédagogiques des enseignants avec les TIC au Cameroun selon les politiques publiques en vigueur et les dispositifs techno-pédagogiques ; les compétences des enseignants et les compétences des apprenants, les pratiques privées et les pratiques à l’école ?

Pour opérationnaliser cette question principale, nous avons dégagé trois questions de travail ou de recherche ci-dessous :

.3.1. Question.1

L’innovation fait en général l’objet d’une transaction, d’un marchandage (Huberman, 1982) aboutissant à un compromis entre plusieurs intérêts, plusieurs systèmes de valeurs, plusieurs projets, plusieurs logiques d’action. Des transactions relatives à diverses innovations possibles, souhaitables, redoutables sont au cœur du fonctionnement des organisations et du monde du travail. Elles renvoient constamment aux rapports de pouvoir et au sens des activités.

Les innovations sont incorporées à l’organisation du travail et aux procédures, souvent à travers des agencements matériels et technologiques, qui renforcent à leur tour la standardisation du système et la division du travail entre concepteurs et exécutants. En Afrique, et au Cameroun, plusieurs textes officiels sur les orientations en matière de TIC sont mis en place par les pouvoirs publics pour équiper les établissements scolaires et de formation, fonder les pratiques et vulgariser les TICE. Ces politiques en contexte d’innovations sont-elles appréhendées de la même façon par les concepteurs (politiques) et les exécutants (enseignants) ? Quelles sont les pratiques pédagogiques des enseignants avec

les TIC au Cameroun selon les politiques publiques en vigueur et les dispositifs techno-pédagogiques ? D’où nous avons l’objectif de recherche suivant : décrire les pratiques

pédagogiques des enseignants avec les TIC au Cameroun selon les dispositifs technopédagogiques et les politiques publiques qui permettent de les mettre en œuvre.

.3.2. Question 2 :

Le professionnel est l’un des moteurs de l’innovation. Confronté à des problèmes, il se met en quête de solutions nouvelles, se forme, expérimente, réfléchit sur sa pratique et ses outils de travail. Plus une organisation fait appel à des professionnels, plus elle décentralise les processus d’innovation et les instances de décision, multiplie les foyers et les dynamiques,

délègue en quelque sorte l’invention du changement aux praticiens réflexifs, On se rapproche de ce que les anglo-saxons appellent "empowerment" et "ownership". Professionnaliser le métier d’enseignant et développer sa dimension réflexive (Perrenoud, 2001) apparaît à terme plus efficace que de multiplier les prescriptions et les incitations autoritaires au changement. Si elle réussit, une telle stratégie facilitera l’innovation plus sûrement que les efforts ponctuels engagés dans chaque réforme. Dans ce cas, quelles sont les compétences des TIC des

enseignants et celles des apprenants ? Quel processus de professionnalisation adoptent-ils pour devenir des praticiens réflexifs ? Alors l’objectif de recherche suivant : construire à

partir des pratiques pédagogiques des enseignants avec les TIC au Cameroun un référentiel de leurs compétences TIC et celles de leurs apprenants.

.3.3. Question3 :

L’enseignement se situe entre les métiers de l’exécution, dont le travail est fortement prescrit et, les professions à part entière, qui laissent une forte autonomie aux praticiens. Plus on se trouve proche du pôle des professions, plus la dimension réflexive prend d’importance, puisqu’il s’agit non seulement de franchir la distance entre travail prescrit et travail réel, mais d’inventer son propre travail. C’est pourquoi l’exécutant et le professionnel ont des rapports différents à l’innovation. Pour le premier, elle vient d’abord du système, de l’encadrement, des experts qui conçoivent les processus de production et structurent les tâches à accomplir (Perrenoud, 2001).

Dans le même sens et selon Pouts Lajus (1998) L’examen attentif des usages des TIC dans des établissements d’enseignement montre en effet que l’usage d’Internet et du multimédia par les enseignants et les élèves, en classe, mais aussi et peut-être surtout dans ce qui constitue le back-office de leurs activités respectives — préparation des cours, travaux individuels ou en petits groupes, échanges avec des pairs, etc. — modifie, parfois profondément, la nature et la forme de la relation pédagogique. Mais cette modification se fait de façon extrêmement différenciée, d’un enseignant, d’une classe ou d’un établissement à l’autre, mais aussi d’une région ou d’un pays à l’autre. De là la question et l’objectif de recherche suivant : Quelles

sont les pratiques pédagogiques privées et les pratiques publiques des enseignants avec les TIC au Cameroun ? Cette question aboutie à l’objectif de recherche suivante : tracer le

.3.4. Objectifs de l’étude

Cette recherche vise à mieux comprendre comment les enseignants camerounais des niveaux primaires, secondaires et supérieurs pratiquent avec les TIC en nous intéressant spécifiquement à :

1) Comprendre les politiques publiques des TIC et des dispositifs techno-pédagogiques avec lesquels interagissent les enseignants et leurs apprenants. La question des dispositifs TIC, est une question cruciale pour l’adoption des pratiques innovantes. Certains équipements TIC sont utilisés aujourd’hui en Afrique et au Cameroun. Ceux-ci favorisent quelles pratiques ? Quels sont les discours et les prescriptions politiques. L’analyse systémique de dispositifs et des politiques qui les autorisent nous permettra de voir s’ils existent des déficits politiques et si ces déficits politiques ont des conséquences sur les matériels sur les pratiques bonnes ou mauvaises des enseignants ;

2) Décrire les profils de compétences TIC des enseignants et ceux de leurs apprenants ;

Nous allons aussi nous interroger sur la question des ressources humaines en TIC pour comprendre le niveau des enseignants et de leurs apprenants en TIC et analyser le rôle de la formation dans les pratiques de ceux qui utilisent les TIC au Cameroun.

3) Dégager les pratiques privées et les pratiques publiques des enseignants et des apprenants avec les TIC. Le mode comparatif adopté vise la complexité, analyser et confronter les pratiques privées vs publiques des enseignants et des apprenants pour arriver à expliquer les phénomènes d’échanges partagés, des échanges dans l’informelle et leurs importances pour le développement des pratiques publiques.

.3.5. Intérêt de l’étude

Cette recherche adopte une approche systémique. Les objectifs poursuivis nous permettent d’affirmer qu’elle peut avoir un triple intérêt :

D’abord elle intéresse le système éducatif dans son ensemble ses dirigeants et ses praticiens selon les fonctions et les degrés de responsabilité des uns et des autres.

Cette étude pourrait intéresser les responsables politiques, les enseignants, les apprenants, le conseil d’école et la communauté éducative dans son ensemble.

Au niveau des politiques, nous analysons les responsabilités des uns et autres dans le processus de prise de décisions en ce qui concerne les TIC ; nous réfléchissons sur les décisions et les politiques publiques dans le domaine des TIC pour penser les politiques les plus adéquates à mettre en œuvre pour les enseignants et les apprenants dans le contexte du Cameroun.

2) Au niveau des acteurs sur le terrain, il n’existe pas d’étude systématique de la qualité des pratiques actuelles, et des principaux facteurs qui les influencent ; de même, on ne sait pas dans quelle mesure les pratiques actuelles répondent adéquatement aux besoins de formation des acteurs des établissements scolaires et des institutions de formation. Cette recherche intéresse les acteurs eux-mêmes pour réfléchir sur leurs propres pratiques.

3) Au niveau de la recherche, les études sur les pratiques pédagogiques des enseignants pourraient intéresser la recherche qui se nourrit actuellement des réflexions sur les bonnes pratiques à disséminer, à reproduire ou à généraliser et aussi des études sur les mauvaises pratiques avec les TIC à travailler pour l’amélioration des pratiques pédagogiques avec les TIC en Afrique.

.3.6. Originalité de l’étude

Cette recherche nous semble originale en ce que les TIC sont encore récentes au Cameroun. Elles datent de 2001 et les recherches qui ont été faites dans le domaine jusqu’ici sont peu nombreuses. Les recherches notamment celles du ROCARE (2003) sur les TIC et les travaux des étudiants de ENS et de ENIET portent surtout sur les thèmes de : la fracture d’équipements entre le Nord et le Sud, sur les institutions de formation et les établissements scolaires face aux TIC ; sur l’intégration pédagogique des TIC dans les établissements scolaires ou sur les stratégies organisationnelles de l’intégration des TIC. Peu ou pas d’études systémiques ont déjà été menées sur les pratiques pédagogiques des enseignants et des apprenants avec les TIC au Cameroun.

CHAPITRE 3 : Méthodologie de l’étude.

La méthodologie que nous adoptons dans cette recherche est une méthodologie mixte : qualitative et quantitative. Ce choix se justifie par notre thème d’étude. Celui-ci porte sur les pratiques professionnelles et notamment sur les pratiques pédagogiques des enseignants avec les TIC. La combinaison de ces approches nous permet de confronter plusieurs sources quantitatives et qualitatives de notre recherche afin d’en tirer une analyse pertinente pouvant conduire à des interprétations fiables. À cet effet, cette partie de notre travail traitera du type de recherche, de la population d’étude, des outils et des techniques de recueil et d’analyse de données.