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Pour mettre en œuvre les défis précités et leurs objectifs stratégiques, il est particulièrement nécessaire pour les pays africains de disposer d’informations solides afin de faciliter une planification suivie et efficace de leur système éducatif. Les médias pourraient fournir des données et informations complètes, à jour et détaillées sur les enseignants, les écoles et les

élèves nécessaires pour apporter des éclairages utiles sur diverses questions d’éducation et impulser les stratégiques de développement.

En outre, dans un contexte de restrictions, il serait opportun pour les gouvernements des pays d’Afrique de doter le corps enseignant de textes juridiques et statutaires viables. Ces gouvernements pourraient jouer un rôle financier déterminant dans divers projets relatifs à la formation continue des enseignants. Bref, les États africains doivent prendre des mesures qui favorisent une progression du système de carrière des enseignants, leur garantissent une rémunération acceptable, et qui assurent parallèlement le renouvellement du personnel enseignant.

3.1 Favoriser les pratiques de bonnes gouvernances et les politiques de décentralisation de l’éducation.

Les infrastructures éducatives et les technologies de pointes nécessaires à l’intégration des TIC à l’école posent des problèmes de développement, de maintenance et de sécurisation de ceux-ci. En effet, leur déploiement dans les institutions éducatives demande de la part des autorités des stratégies de protection, de sauvegarde et de pérennisation de matériels et d’équipements technologiques (serveur, ordinateurs, logiciels, etc.). De ce fait, le civisme et le sens des responsabilités des communautés devront être mobilisés pour éviter les actes de vandalisme, de vol et destruction des appareils informatiques et des ordinateurs.

Le développement d’une culture de la maintenance, en consultation avec les parties prenantes intéressées, pour formuler et diffuser des conseils pratiques concernant le traitement d’ordinateurs et de pièces d’ordinateurs parvenus à la fin de leur cycle de vie constitue l’une des priorités pour l’Afrique dans la course à l’intégration des TIC.

En outre, l’intégration des TIC exige des politiques publiques en faveur de l’amélioration des infrastructures et de la connectivité et d’un environnement propice. En Afrique, aujourd’hui, les politiques de création des laboratoires informatiques et de création de télécentres pour jeunes se sont heurtées à des difficultés techniques et juridiques. Au Bénin, Cameroun, Sénégal et bien d’autres pays africains, les parcs informatiques des établissements scolaires et des institutions de formation sont constituées en majorité des ordinateurs recyclés des entreprises Européennes et Américaines collectées et acheminés en Afrique par les ONG et association caritatives. L’on craint qu’en absence de cadre juridique pour normaliser le secteur des importations dans le domaine des TIC, et de compétences techniques pour évaluer la

qualité de ces ordinateurs, que l’Afrique ne devienne un dépotoir pour les déchets informatiques des pays développés d’où la nécessité pour les pays africains de disposer d’une part des réglementations et cadres législatifs clairs qui organisent le secteur par la définition des spécifications techniques minimales, d’autre part, d’avoir une vision claire à court moyen et long terme d’investissement, de mise en place d’infrastructures idoines y compris l’électrification et de renforcement des capacités nécessaires à la mise en œuvre des réformes et des programmes appropriés concernant les déchets électroniques. (UNESCO ; 2002)

Des initiatives au niveau régional et continental visant à adopter des politiques intégrées pour plus de pertinence des investissements dans le continent. Jusqu’ici, la duplication des initiatives en matière des TIC en Afrique n’a pas toujours facilité la diffusion des TIC à grandes échelles et particulièrement dans les zones rurales où les institutions éducatives sont les moins connectées. Pouvoir se connecter à moindre frais et des politiques rationnelles pour permettre des mesures incitatives : investissement privé, fiscalité, entrepreneuriat local sont autant de solution pour le développement des TIC. La décentralisation de la gestion des télécommunications permettrait aussi aux collectivités de participer à l’intégration des TIC et de développer les pratiques adaptées à la culture locales. Pour cela, le satellite africain RASCOM lancé dans l’espace en décembre 2007 offrira de grands espoirs aux pays africains dans le domaine des TIC car il couvrira même les zones les plus reculées.

Jusqu’ici, certaines politiques publiques en faveur de l’équipement des établissements scolaires se sont révélées inefficaces pour permettre l’accessibilité de tous aux infrastructures. Au Cameroun par exemple, un décret autorise les opérateurs économiques qui obtiendraient des agréments du Ministre de l’éducation à investir dans l’équipement des lycées en ordinateur. Ces opérateurs sont chargés de l’exploitation de ces laboratoires d’informatiques pendant la durée du contrat qui est de deux ans renouvelable. Chaque parent d’élève débourse la somme de cinq mille francs ou 6 000 CFA pour participer aux frais de fonctionnement de la salle informatique. Du coup, pour les besoins de rentabilité, les opérateurs préfèrent les établissements à forts effectifs des villes aux établissements des zones rurales moins peuplés et donc moins rentables. En conséquence, cette politique d’équipement est favorable aux institutions scolaires des villes ayant des grands effectifs au détriment établissements ruraux aux effectifs réduits. D’où plusieurs années après l’intégration des TIC dans le système éducatif, la plupart des institutions scolaires des zones rurales n’ont toujours pas de laboratoires informatiques, de télécentres ou de cybercentres.

Les politiques ne peuvent mettre en place de politique cohérente que si elles sont en possession des informations complètes et fiables sur l’éducation. En l’absence de données sur l’éducation, les TIC pourraient favoriser la collecte des informations, conditions pour la mise en place de stratégies pour un enseignement de qualité pour tous, qu’

«… il est particulièrement nécessaire de disposer d’informations solides afin de faciliter une planification suivie et efficace. Des données et informations

complètes, à jour et détaillées sur les enseignants, les écoles et les élèves peuvent apporter des éclairages utiles sur diverses questions stratégiques. Les systèmes de données et informations relatives aux enseignants, la recherche de pointe,

l’analyse des coûts, la microplanification et l’établissement de cartes scolaires sont autant d’outils de planification et de gestion importants si l’on veut que le personnel enseignant soit performant. Il en va de même des informations sur les investissements émanant de sources publiques et privées, nécessaires pour assurer une éducation et un enseignement de qualité conformément à la Recommandation de 1966, ainsi que sur les aspirations des enseignants, les résultats de leur formation, notamment en cours d’emploi, les obstacles à la pleine participation des enseignants et de leurs organisations aux décisions essentielles en matière d’éducation et les moyens d’y remédier grâce à un

dialogue social fructueux, ainsi que d’autres facteurs influant sur la pratique des enseignants en classe — tous ces éléments pouvant avoir des conséquences considérables sur l’apprentissage des enfants. » (Unesco, 1999)

3.2. Favoriser l’élargissement de l’offre de formation des enseignants et renforcer des compétences professionnelles

Selon l’UNESCO (2004), la vaste majorité des jeunes de l’Afrique subsaharienne n’aurait pas accès à l’éducation. Pourtant l’élargissement de l’offre de formation des enseignants permettrait d’une part, d’éviter les taux d’échecs élevés et d’autre part de lutter contre les déperditions dans les systèmes éducatifs africains. Les progrès futurs de l’EPT et l’atteinte des objectifs du millénaire semblent liés au déblocage du recrutement des enseignants et du renforcement de leurs capacités professionnelles.

En fait, il se pose pour de nombreux pays d’Afrique, la nécessité de développer des compétences professionnelles des enseignants. Pour combler le déficit des enseignants,

certains états africains ont baissé les niveaux de recrutement du personnel enseignant, ils ont recruté en dessous du niveau moyen acceptable pour enseigner efficacement. Or, pour répondre aux objectifs de qualité, les capacités professionnelles de ceux-ci devraient être revues.

D’autre part les programmes relatifs aux compétences nécessaires dans la vie courante et de procéder au renforcement de ces compétences imposent une révision en profondeur des finalités, des objectifs et des contenus obsolètes de formation. Il s’agirait de considérer désormais le métier d’enseignant comme une profession qui a besoin de se réajuster pour s’adapter à un contexte social de compétitivité marqué par les concepts d’efficience et d’efficacité.

À cet égard, l’immense travail à faire consisterait à définir les compétences clés à acquérir au niveau des enseignants et des apprenants, à les adapter aux contextes socio-économiques. De nombreux programmes de formation surchargés sont encore définis par approche et par objectifs dans les écoles de formation. Leur révision pour adopter des approches plus globales plus compétitives et en adéquation avec la société moderne s’impose. Certains de ces programmes n’auraient pas évolué depuis plusieurs décennies (Bregman, 2004 ; Obanya, 2004 ; Lewin, 2004).

En outre, une priorité de la formation initiale des enseignants consisterait pour l’Afrique en particulier, à élargir l’accessibilité pour accueillir le plus grand nombre et aussi redorer le blason d’une profession en perte de vitesse que l’on n’exerce plus par vocation mais pour obtenir un « matricule » comme Fonctionnaire pour s’offrir ensuite des opportunités dans des professions considérées socialement plus prestigieuses comme la Magistrature ou les Impôts. L’Afrique ayant ratifié tous ces accords en matière d’éducation pour tous et de qualité, il se doit de faire siens ces priorités contenues dans cette recommandation. Pour le faire, la question financière est elle-même cruciale.

3.3. Rechercher le financement des systèmes éducatifs

Des expériences d’introduction des TIC dans l’éducation montrent que certaines difficultés financières sont liées à leur intégration ; ce sont : L’insuffisance des ressources, la distribution inégale des services (zones rurales et villes), le manque d’infrastructures, les coûts élevés de connexion et le manque d’énergie électrique. Difficultés auxquelles Davison et al. (2000) renchérissent en affirmant que les TIC ont, dans une large mesure, été développées dans le

contexte et pour les normes culturelles et sociales de quelques pays riches (Europe de l’Ouest, Amérique du Nord et Asie de l’Est et du Sud-Est, Australie), sachant que l’innovation répond aux pressions du marché et non aux besoins des pauvres, le pouvoir d’achat des Africains étant trop faible (PNUD 2001).

Et dans le domaine des TIC jusqu’à présent, compte tenu de cette pauvreté, la coopération est d’un apport important pour le développement des systèmes éducatifs en Afrique. L’on a remarqué des actions de coopérations qui concernent entre autres : les équipements, la formation des enseignants et des personnels administratifs (OIF, AUF, AUA, EURO Africa ICT…). Mais, à la vue de l’ampleur de la tâche, des mesures sont à prendre pour rechercher de nouveaux financements qui permettront d’augmenter le budget de l’éducation.

L’augmentation du budget se veut être ainsi une priorité pour pallier les nombreuses insuffisances à l’instar de la précarité du matériel informatique, des installations et équipements technologiques (des ordinateurs dépassés et d’occasion).

La solidarité régionale et sous régionale pour adopter ensemble des stratégies partagées d’investissement des TIC et la mise en réseau des établissements scolaires et les écoles de formation en Afrique ainsi que de la formulation des politiques viables et collaboratives, de bonnes politiques, de décision et plans d’implémentation, que les gouvernements y mettront des fonds et que le secteur privé et les agences donatrices y investiront. Bref, la mise en place au niveau continental d’une politique de financement ambitieux, planifiée et soutenue de l’éducation, condition pour la durabilité et la soutenabilité dans les initiatives panafricaines futures.

Malgré tous les problèmes endogènes du continent africain, l’intégration des TIC à l’école est vue comme une solution incontournable, un moyen d’apprentissage susceptible d’accroître l’offre qualitatif et quantitatif en matière d’éducation.

La valorisation salariale des enseignants du continent africain serait une action à privilégier pour lutter contre le désintérêt pour les TIC et l’innovation en éducation. Selon le Directeur général de l’Unesco pour les technologies de l’information et de la communication, la fracture numérique que connaissent les pays du monde est moins une affaire de technologies et d’équipements qu’une question de contenus, de compétences et de ressources humaines entre ceux qui peuvent accéder à l’information et au savoir et ceux qui n’en ont pas les capacités. Les enseignants en Afrique ne peuvent pas toujours accéder à l’information. La qualité des

recrutements, la formation et le développement des capacités ne sont pas toujours favorisés par le contexte économique. (Unesco, 2006)

En outre, la volonté politique des gouvernements à inscrire parmi les priorités du développement, des actions devant concourir à une amélioration substantielle de la qualité de la formation des enseignants (titulaires, permanents, vacataires, contractuels ou volontaires, etc.), est d’une importance capitale. La qualité des enseignants constituant l’épine dorsale de tout système éducatif (OCDE, 2005), les gouvernements sont notamment interpellés par le recrutement et le maintien des enseignants qualifiés et compétents dans les établissements scolaires.

Dans le Bulletin de l’Unesco-IIRCA, Ngu (2006: 1) souligne aussi cette préoccupation : « la qualification des enseignants et la formation d’un nombre suffisant de maîtres figurent désormais parmi les indicateurs de qualité de l’éducation ».

Cela passe par une augmentation des écoles de formations en quantité et en qualité. La création des écoles de formations fonctionnelles avec des formateurs motivés et compétents, le matériel de formation adéquat.