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Les différents résultats trouvés dans la littérature sur les liens entre les personnes avec un style de coping répressif et la mémoire permettent de postuler plusieurs hypothèses concernant l’influence de ce style de personnalité sur les dimensions des souvenirs définissant le soi. Dans cette présente recherche, notre intérêt porte sur plusieurs dimensions liées aux souvenirs comme la spécificité, le sens, le contenu, la tension et les affects après la récupération de l’événement.

Les données provenant de la littérature soulignent une difficulté de récupération de souvenirs affectifs à la conscience chez les répressifs, avec un effet accentué pour les souvenirs de valence négative (Davis, 1987 ; Davis & Schwartz, 1987 ; Myers et Brewin, 1994). De plus, Davis (1987) a également trouvé que les répressifs jugeaient leurs souvenirs autobiographiques comme moins intenses émotionnellement. Par ailleurs, une étude de Blagov et Singer (2004) trouve que les répressifs rapportent moins de souvenirs définissant le soi spécifiques que les autres groupes.

Cette recherche est un approfondissement de l’étude de Blagov et Singer (2004) sur les caractéristiques des souvenirs définissant le soi dans une population de participants suisse âgée de 27 à 43 ans avec un style répressif et non-répressif. Notre but est de mettre en évidence les patterns narratifs des souvenirs définissant le soi chez les participants avec un style de coping répressif. De plus, une évaluation de l’humeur avant et après chaque souvenir permet d’indiquer l’influence de la récupération des souvenirs sur l’état affectif des participants.

Hypothèses

Notre première hypothèse postule que les affects négatifs des personnes répressives varient moins suite à la récupération du souvenir que ceux des personnes non-répressives. Nous basons notre hypothèse sur les stratégies de régulation émotionnelle que mettent en place les personnes répressives afin d’éviter de ressentir des affects négatifs. En effet, les répressifs ont tendance à contrôler leurs émotions et particulièrement celles de valence négative. Selon l’étude de Boden et Dale (2001), les répressifs rapportent une humeur plus positive après le visionnement d’un film désagréable que les non-répressifs. Ceux-ci mettraient en place des stratégies de régulation émotionnelle pour ne pas ressentir d’affects déplaisants. Nous pensons que la récupération des souvenirs définissant le soi peut avoir des conséquences sur l’humeur du participant et de ce fait entrainer des stratégies de contrôle émotionnel de la part des participants répressifs. Nous nous attendons donc à moins de variation d’affects négatifs dans cette population suite à la récupération des souvenirs.

Notre deuxième hypothèse postule que les souvenirs donnant lieu aux affects négatifs chez les participants répressifs datent de périodes plus récentes que ceux des personnes non-répressives. Nous nous basons sur les résultats à l’étude de Myers et Brewin (1994) qui

montrent que les souvenirs autobiographiques négatifs des répressifs sont plus récents que ceux des non-répressifs. En d’autres termes, les répressifs

rapportent des souvenirs de périodes de vie plus proches. Cette caractéristique principalement liée aux souvenirs autobiographiques négatifs pourrait également être présente pour les souvenirs définissant le soi qui entrainent une augmentation des affects négatifs. Une étude Gillihan, Kessler et Farah (2006) montre l’influence de la valence des souvenirs rapportés sur l’humeur des participants. Dans notre étude, il s’agit de souvenirs définissant le soi qui ne constituent qu’une partie des souvenirs autobiographiques généraux, contrairement aux données de la littérature qui portent sur les souvenirs autobiographiques de manière non-discriminée. Nous émettons de part nos hypothèses que les résultats trouvés pour les souvenirs autobiographiques généraux pourraient également s’appliquer aux souvenirs définissant le soi.

Notre troisième hypothèse postule que les participants répressifs rapportent plus de souvenirs de type loisir que les participants non-répressifs. Nous considérons que cette catégories de

contenu fait appel à des souvenirs positifs et nous mettons ceci en lien avec la stratégie de coping des répressifs. Cette catégorie de personne tend à maintenir ses expériences désagréables en dehors de la conscience afin d’éviter le ressenti d’affects négatifs. Nous partons du raisonnement que les loisirs ne sont pas des événements faisant appel à des émotions négatives et, par ce fait, que les répressifs rappellent plus de souvenirs définissant le soi de cette catégorie comparés aux non-répressifs.

Notre quatrième hypothèse sous-tend que les participants répressifs rapportent peu de souvenirs spécifiques. Cette hypothèse se réfère aux résultats de l’étude de Blagov et Singer (2004) qui indique une corrélation négative entre la spécificité des souvenirs définissant le soi et le style répressif. Nous nous attendons aux mêmes résultats dans notre étude.

Notre cinquième hypothèse postule que la récupération des souvenirs chez les participants répressifs n’induit pas un changement important d’affect. En effet, les résultats de l’étude de Davis et Schwartz (1987) indiquent que la mesure de l’intensité affective du souvenir au moment de son rappel montre une variance moins importante dans le groupe de répressifs par rapport aux autres groupes. En d’autres termes, les répressifs auraient tendance à évaluer leurs souvenirs autobiographiques comme moins intenses émotionnellement que les non-répressifs.

Ces résultats sont obtenus à travers une tâche de rappel de souvenirs autobiographiques généraux et non avec des souvenirs définissant le soi. Dans le cas présent, nous nous attendons à une variation des affects moins importante chez les répressifs après la récupération des souvenirs définissant le soi, en nous basons également sur l’étude de Gillihan et collaborateurs (2006) qui montre une influence de la tonalité affective des souvenirs sur l’humeur des participants.

Enfin la dernière hypothèse postule que les participants répressifs rapportent peu de souvenirs comportant la dimension de tension. Nous nous basons sur les résultats aux études de Davis (1987) et Davis et Schwartz (1987) qui sous-tendent que les répressifs rapportent moins de souvenirs affectifs négatifs que le groupe contrôle. La tension fait référence à des conflits non-résolus et des préoccupations pour l’individu qui sont relatés dans les souvenir définissant le soi. On peut donc déduire que la tension est en lien avec des événements négatifs. De ce fait, nous nous attendons à moins de souvenirs comportant cette dimension chez les répressifs par rapport aux non-répressifs.

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