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Influence du style de coping répressif sur les souvenirs définissant le soi

SKREBERS, Emilie

Abstract

Cette recherche a pour but de mettre en évidence les caractéristiques narratives des souvenirs définissant le soi dans une population utilisant un style de coping répressif. A cet effet, nous avons analysé 246 souvenirs provenant d'une population d'hommes et de femmes âgés entre 27 et 43 ans. Nos analyses statistiques portent sur le contenu, la structure, les affects, la tension et l'intégration des souvenirs. Nous nous attendions à moins de souvenirs spécifiques, moins de variation des affects, moins de souvenirs avec tension et plus de souvenirs liés aux loisirs chez les participants répressifs. Les résultats obtenus montrent une différence significative concernant la modulation affective totale et négative suite à la récupération des souvenirs définissant le soi des participants répressifs comparés aux souvenirs des participants non-répressifs. En effet, les souvenirs des participants répressifs présentent moins de modulation émotionnelle. En revanche, aucune autre hypothèse ne peut être confirmée. Nos résultats ne vont pas dans le sens des données de Blagov et Singer (2004) qui mettent en [...]

SKREBERS, Emilie. Influence du style de coping répressif sur les souvenirs définissant le soi. Master : Univ. Genève, 2009

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:2605

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Influence du style de coping répressif sur les souvenirs définissant le soi

Mémoire de master en psychologie Orientation psychologie affective

Août 2009

Emilie Skrebers skrebee0@etu.unige.ch

076/ 348 82 31

Membres du jury

Directeur de recherche : Prof. Martial Van der Linden Assistante : Claudia Lardi

Prof. Guido Gendolla

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Résumé

Cette recherche a pour but de mettre en évidence les caractéristiques narratives des souvenirs définissant le soi dans une population utilisant un style de coping répressif. A cet effet, nous avons analysé 246 souvenirs provenant d’une population d’hommes et de femmes âgés entre 27 et 43 ans. Nos analyses statistiques portent sur le contenu, la structure, les affects, la tension et l’intégration des souvenirs. Nous nous attendions à moins de souvenirs spécifiques, moins de variation des affects, moins de souvenirs avec tension et plus de souvenirs liés aux loisirs chez les participants répressifs. Les résultats obtenus montrent une différence significative concernant la modulation affective totale et négative suite à la récupération des souvenirs définissant le soi des participants répressifs comparés aux souvenirs des participants non-répressifs. En effet, les souvenirs des participants répressifs présentent moins de modulation émotionnelle. En revanche, aucune autre hypothèse ne peut être confirmée. Nos résultats ne vont pas dans le sens des données de Blagov et Singer (2004) qui mettent en évidence une difficulté de rappel de souvenirs définissant le soi spécifique chez les participants répressifs. En revanche, notre recherche apporte des connaissances quant à la modulation émotionnelle restreinte suite à la récupération de souvenirs définissant le soi dans une population de participants avec un style de coping répressif.

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Table des matières

1 Introduction ... 1

2 Etat de la question ... 3

2.1 Style de coping répressif ... 3

2.1.1 Définition du style de coping répressif ... 3

2.1.2 Processus conscients ou inconscients ? ... 4

2.1.3 Auto-déception ou « impression management »? ... 5

2.1.4 Dimensions de personnalité des individus répressifs ... 6

2.1.5 Aspects physiologiques, comportementaux et psychologiques ... 7

2.1.6 Schémas négatifs pertinents pour le self ... 8

2.1.7 Stratégie de régulation émotionnelle et comportementale ... 9

2.1.8 Aspects physiologiques et problèmes de santé physique ... 10

2.2 Style de personnalité répressive et mémoire ... 12

2.3 Souvenir définissant le soi ... 16

2.3.1 Définition des souvenirs définissant le soi ... 16

2.3.2 Modèle de Conway et Pleydell-Pearce ... 17

2.3.3 Caractéristique des souvenirs définissant le soi ... 19

2.4 Style répressif et souvenir définissant le soi ... 21

3 Question de recherche ... 22

4 Méthode ... 25

4.1 Population ... 25

4.2 Matériel ... 25

4.2.1 Echelle de désirabilité sociale (MC-SDS ; Crowne & Marlowe, 1960) ... 25

4.2.2 Manuel de l’inventaire d'anxiété état-trait. Forme Y (STAI-Y). (Bruchon- Schweitzer & Paulhan, 1993) ... 26

4.2.3 Echelle du PANAS-version abrégée (Thompson, 2007) ... 26

4.2.4 Questionnaire des souvenirs définissant le soi ... 26

4.2.5 Manuel de cotation des souvenirs définissant le soi ... 28

4.3 Procédure ... 31

5 Résultats ... 32

5.1 Statistiques descriptives ... 32

5.1.1 Mesure des groupes ... 32

5.1.2 Echelle du PANAS ... 33

5.1.3 Dimensions des souvenirs ... 34

5.2 Résultats des hypothèses ... 36

5.3 Analyses complémentaires ... 38

6 Discussion ... 40

7 Bibliographie ... 50

Liste des Annexes Annexe 1: MC-SDS

Annexe 2: STAI / FormeY-B Annexe 3: I-PANAS-SF

Annexe 4: Questionnaire des souvenirs définissant le soi Annexe 5: Fiche personnelle

Annexe 6 : Formulaire de consentement

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1 Introduction

À travers cette recherche, notre but est d’analyser l’influence du style de coping répressif sur les souvenirs définissant le soi (Singer & Salovey, 1993). Pour mener à bien ce projet, nous avons analysé 246 souvenirs provenant d’une population composée d’individus âgés entre 27 et 43 ans utilisant un style de coping répressif et non-répressif. Nos analyses portent sur la structure, l’intégration, la tension, le contenu et le changement affectif suite à la récupération de souvenirs définissant le soi.

Selon Weinberger, Schwartz et Davidson (1979) la définition de la répression ou plutôt du style répressif se réfère à une stratégie de pensée plus ou moins consciente d’évitement du ressenti négatif et de son expression accompagné d’une activation physiologique et comportementale qui ne correspond pas au niveau d’anxiété auto-rapporté. Ce processus de coping est utilisé dans les situations qui présentent une menace en lien avec l’auto-évaluation de la personne. Cette stratégie est donc mise en place pour préserver l’image du self et se traduit par la recherche d’un bas niveau d’affectivité négative (Derakshan et Eysenck, 1999).

Plusieurs recherches antérieures ont montré que ce style de coping renvoie au bannissement ou l’évitement de souvenirs aversifs à la conscience. Par conséquent, les individus répressifs ont tendance à moins ressentir d’affects négatifs de manière générale, tout en montrant des signes comportementaux ou physiologiques liés à l’anxiété de manière non négligeable. En effet, des mesures physiologiques ont montré que les répressifs présentent un niveau d’anxiété plus élevé que des participants catégorisés comme bas-anxieux (Derakshan & Eysenck, 1999). Weinberger (1990, cité par Garssen, 2007) rapporte que les individus répressifs

« agissent comme si la situation ne les menaçait pas alors que leur réponse comportementale et physiologique indique un niveau élevé de menace perçue ».

Plusieurs études (Butow et al., 2000 ; Burns, 2000) ont montré certaines conséquences négatives sur la santé physique suite à l’utilisation de ce style de coping. Cette stratégie est agréable sur le court terme, mais peut présenter des risques sur le long terme pour la santé physique de la personne. Toutefois, la littérature comporte un grand nombre de résultats contradictoires quant à l’influence de la répression sur la santé. Une étude de Denollet, Conraads, Martens, Nyklicek et de Gelder (2008) montre que les patients répressifs souffrant

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de maladies artérielles augmentent leur risque d’être hospitalisés cette stratégie de coping entraînerait une sous-estimation de l’impact du stress sur le cœur.

Cette présente recherche tente de souligner les caractéristiques des souvenirs définissant le soi écrit par des individus répressifs. C’est en 1993 que Singer et Salovey ont introduit le concept de souvenirs définissant le soi. Ce type de souvenirs est lié à l’identité de la personne et constitue une partie des souvenirs dits autobiographiques. Ces souvenirs sont liés à des thèmes, des conflits ou des problèmes qui sont importants dans la vie d’un individu et qui n’ont pas forcément été résolus. Ils se renvoient aux préoccupations principales de la personne. Ceux-ci doivent susciter de fortes émotions qu’elles soient positives ou négatives.

Ils doivent être récurrents et familiers comme une « chanson apprise par cœur », en d’autres termes, la personne doit y avoir pensé à nombreuses reprises. Enfin, ces souvenirs sont en lien avec des souvenirs similaires qui partagent le même thème. Les souvenirs définissant le soi donnent des informations sur les préoccupations, les conflits et sont en lien avec les buts actuels de la personne (Singer & Salovey, 1993).

La spécificité, le contenu, l’intégration et les affects en lien avec la récupération de ces souvenirs sont un vivier d’informations important qui rendent possible la compréhension de l’identité de l’individu, de son vécu émotionnel et de ce qui est important pour lui. De nombreuses études ont mis en évidence l’influence des troubles psychopathologiques et de la personnalité sur ces narrations écrites. Cependant, peu d’études ont investigué l’effet du style de coping répressif sur les dimensions des souvenirs définissant le soi. En 2004, une étude de Blagov et Singer trouve des résultats significatifs par rapport à la structure et à l’intégration des souvenirs définissant le soi provenant de cette population. En effet, les résultats indiquent que les participants répressifs rapportent moins de souvenirs définissant le soi spécifiques mais que leurs souvenirs sont plus intégrés que ceux du groupe contrôle. Une régression linéaire effectuée par la suite montre que le style répressif est un prédicteur significatif de la non-spécificité mais qu’il n’en est pas de même pour l’intégration. Leurs souvenirs intégrés seraient liés à la tendance à résumer les événements rapportés.

La présente étude consiste en un approfondissement de l’étude de Blagov et Singer (2004), en incluant une mesure des affects et de leur modulation suite à la récupération des souvenirs.

Notre étude tente d’explorer plus en profondeur les patterns narratifs liés à ce style de coping dans une population suisse âgée entre 27 et 43 ans. Le but est de mieux comprendre cette

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stratégie de coping qui a souvent été décrite comme dysfonctionnelle et de mettre en évidence les caractéristiques des souvenirs définissant le soi de cette population. Nos résultats ont donc l’ambition d'augmenter les connaissances sur ce style de coping pour mieux cerner les préoccupations et les patterns narratifs des individus répressifs.

2 Etat de la question

2.1 Style de coping répressif

2.1.1 Définition du style de coping répressif

D’après Geraerts, Merckelbach, Jelicic et Smeets (2006), la répression est définie comme un trait de personnalité reflétant un style de coping particulier pour les événements aversifs. Le style de coping se définit comme la manière dont l’individu traite l’information provenant de l’environnement ou de son organisme. La répression a premièrement été mise en avant dans les travaux de Freud (1856-1939), définissant celle-ci comme un mécanisme de défense.

Selon lui, il s’agit d’un processus inconscient qui bannit de la mémoire les souvenirs désagréables en les chassant de la conscience (Freud, 1915/1957, cité par Geraerts.

Merckelbach, Jelicic, & Habets). Paradoxalement, Freud a parlé de mécanisme conscient et d’évitement actif. Le concept de répression est donc complexe à définir, et de nombreuses recherches ont tenté de mettre en évidence les mécanismes automatiques et contrôlés qui définissent le style des répressifs. En définitive, malgré les nombreuses études sur le sujet, les auteurs peinent à définir de manière consensuelle le style répressif.

En 1979, Weinberg et ses collaborateurs ont défini la répression comme un style de personnalité qui peut être mesuré grâce à un questionnaire de désirabilité sociale et une échelle d’anxiété. Les scores à ces questionnaires ont permis de fournir une classification en quatre groupes distincts variant sur des échelles de défense et d’anxiété. Les répressifs sont définis par un score d’anxiété auto-rapportée bas et un score de désirabilité sociale élevé, généralement mesurée grâce à l’échelle de Marlowe et Crowne de désirabilité sociale (MC- SDS, Crowne & Marlowe, 1960.) Leur étude a également montré un écart entre le ressenti subjectif d’anxiété et les indices physiologiques de l’individu. En effet, les résultats indiquent

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un score d’anxiété auto-rapportée bas et des indices physiologies élevés (liés à l’anxiété) comme la conductance de la peau ou la tension musculaire.

Selon Bert Garssen (2007), la définition la plus couramment utilisée du style répressif est une inhibition de l’expérience affective négative et de son expression afin de garder une image positive du soi. L’exemple type est celui d’un homme joyeux qui minimise son malheur, ne pouvant supporter de mettre en péril l’image positive qu’il a de lui-même : celle d’un homme qui garde le contrôle de sa vie et que rien ne peut déstabiliser. Lorsqu’un tiers évoque des problèmes émotionnels, il tend à éviter la situation, celle-ci pouvant faire ressurgir des émotions négatives et déstabilisantes pour le self. Grâce à cette stratégie de coping, la détresse potentielle liée à la situation est alors maîtrisée.

2.1.2 Processus conscients ou inconscients ?

La conscience des processus chez les répressifs n’est pas toujours explicitée dans la définition courante du style répressif. D’après la définition de Weinberger et al. (1979), le style répressif est la modulation de l’expérience affective négative à la conscience en fonction de l’évaluation de la menace. La plupart des auteurs contemporains (Newton & Contrada, 1992 ; Mendolia, Moore et Tesser, 1996; Baumeister et Cairns, 1992) décrivent la répression

« en terme de processus cognitifs actifs, comme une inattention sélective et une motivation à oublier plutôt qu’en termes de mécanismes de défenses inconscients ». Ces mécanismes seraient automatiquement activés en présence de stimuli menaçants pour le self. D’après Garssen (2007) la conscience des processus est difficilement évaluable puisqu’il s’agit d’un d’une stratégie de coping utilisée de manière quotidienne. Selon lui, la distinction entre l’inhibition consciente et inconsciente est difficilement faisable car il s’agit d’une stratégie qui s’applique dans de nombreuses situations.

D’après Davis (1990) ce type de stratégie inhibitrice est utilisé de manière sélective et motivé par l’expérience affective du sujet lorsque la situation est pertinente pour l’évaluation du self.

Toujours selon Bert Garssen (2007), La plupart des études montrent que les répressifs ne sont pas ou alors vaguement conscients de leur évitement émotionnel. En effet, certaines études sur la mémoire autobiographique avec cette population montrent des difficultés de rappel d’expériences négatives à la conscience, mais qu’une fois à la conscience, elles ne sont pas traitées de manière plus lente que les expériences des non-répressifs (Davis, 1987). De plus,

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une étude de Myers, Brewin et Power (1998) montre que les répressifs rappellent moins de mots à valence négative que le groupe contrôle dans une tâche d’items « à oublier » et d’items

« à rappeler ». Ces résultats démontrent l’existence d’un mécanisme inconscient mis en place par l’individu pour traiter le matériel de valence négative.

2.1.3 Auto-déception ou « impression management »?

Le score de désirabilité sociale élevé qui définit les personnes répressives indique que ce style de coping est influencé par l’approbation des autres. En effet, pour Ashley et Holtgraves (2003), la question principale est de savoir si les répressifs répriment réellement leurs expériences émotionnelles négatives passées afin de ne pas se sentir mal ou s’ils s’engagent plutôt dans un processus visant à faire bonne impression sur autrui. Ce dernier concept est appelé « impression management ».

Selon Holmes (1990), les répressifs auraient un biais de réponse lié à l’ « impression management », qui expliquerait leur difficulté à rappeler des souvenirs de valence négative en présence d’autrui. Toutefois, la plupart des études ont montré le rôle encore plus important de l’auto-déception. Cette dimension se réfère à la motivation systématique d’éviter, à un niveau conscient, l’information menaçante ou non-plaisante à propos du self afin de garder une image positive de soi-même (Baumeister et Cairns, 1992). Cette dimension de personnalité est mesurée grâce à l’évaluation de l’écart entre le rappel d’informations flatteuses comparé au rappel d’informations menaçantes pour la stabilité du self. Lorsque l’écart est important, la personne détient ce trait de personnalité.

Plusieurs recherches antérieures (Furnham, Petrides et Spencer-Bowdage, 2002; Derakshan et Eysenck, 1999) montrent que les répressifs rapportent des scores élevés sur les deux facteurs définissant la désirabilité sociale. En effet, ils présentent à la fois des tendances d’auto- déception et d’« impression management ». Ces données sont obtenues par l’administration du questionnaire de Paulhus (1984) mesurant la désirabilité sociale. Baumeister et Cairns (1992) soulignent, à leur tour, l’importance de ces deux dimensions. En effet, dans leur étude, la moitié des participants recevait un feedback critique envers le self à lire individuellement alors que l’autre moitié recevait le même feedback publiquement. Les résultats indiquent que dans la première condition les répressifs passent moins de temps à lire le feedback que le groupe contrôle. En revanche, dans la deuxième condition avec le même feedback reçu

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publiquement, les répressifs passent significativement plus de temps à le lire que le groupe contrôle. D’après ces auteurs, les répressifs abandonnent leur stratégie liée à l’auto-déception en faveur de stratégies d’« impression management » afin d’invalider l’information socialement indésirable à propos de leur personnalité. Convaincre les autres serait donc une manière de se convaincre eux-mêmes de l’invalidité du feedback reçu.

Dans la même lignée, l’importance de l’auto-déception a été mise en évidence dans une étude de Derakshan et Eysenck en 1999. Durant une tâche, les expérimentateurs administraient aux participants deux questionnaires : le STAI-trait et l’échelle de désirabilité sociale (MC-SD).

Les participants avaient pour consigne de répondre aux questionnaires deux fois ; une première fois, lorsqu’ils étaient connectés par des électrodes à un « faux » détecteur de mensonge et une deuxième fois, cinq minutes plus tard sans détecteur. Plusieurs évidences empiriques (Jones & Sigall, 1971) montrent que les personnes répondent de manière plus honnête lorsqu’elles sont connectées à un détecteur de mensonge. La différence de scores aux questionnaires entre ces deux conditions était utilisée comme mesure d’auto-déception. Les résultats de l’étude ne montrent aucune différence significative d’anxiété auto-rapportée entre les deux conditions. Les sujets répressifs se perçoivent réellement comme non-anxieux dans les deux conditions. Il n’y a pas d’ « impression management » de la part des répressifs lorsqu’ils complètent le STAI-Trait en condition standard. En d’autres termes, le score d’anxiété reflète réellement leur auto-perception et n’est pas contaminé par des distorsions conscientes. Ces données supportent l’importance de l’auto-déception par rapport à l’ « impression management » chez les répressifs.

2.1.4 Dimensions de personnalité des individus répressifs

En 2008, Newman, Caldwell et Griffin ont mesuré les traits de personnalité du self les moins désirés dans une population de répressifs à l’aide d’un questionnaire d’auto-perception. Les résultats montrent que les répressifs se perçoivent comme calmes, stables et sécures. En revanche, ils ne se décrivent pas comme malheureux, anxieux ou déprimés. Par ailleurs, certaines analyses montrent que ceux-ci diffèrent des autres groupes sur la dimension d’agréabilité. Cette dernière se réfère à un facteur du Big Five qui est défini par des comportements de coopération et d'harmonie sociale. Les traits de personnalité les moins désirés sont en lien avec le versant négatif de l’agréabilité. Selon les auteurs, ces données renvoient à l’importance pour les répressifs d'éviter les conflits interpersonnels en régulant

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leurs émotions négatives. Les comportements des répressifs seraient sous-tendus par la motivation à bien s’entendre avec les autres et à ne pas les offenser. Selon Lazarus (1991, cité par Newman & al., 2008) la régulation émotionnelle faciliterait la régulation comportementale et, par conséquence, favoriserait la bonne entente avec autrui.

Cependant, les répressifs n’ont pas toujours une bonne perception de la réalité et des conséquences de leur actions. Une étude de Myers et Brewin (1996) montrent que les répressifs se considèrent comme moins enclins à vivre des événements futurs négatifs que les non-répressifs. Ces données indiquent que les répressifs n’arrivent pas à anticiper les événements négatifs potentiels comme un cambriolage ou un échec académique. Afin d’investiguer le lien possible entre ces données et leurs relations interpersonnelles, McKinney et Newman (2002) ont mené une étude évaluant le jugement des répressifs sur les conséquences de comportements irrespectueux envers un de leur ami. Les auteurs ont émis l’hypothèse que les répressifs jugeraient la réaction de leur ami moins négative que ce qu’elle n’est réellement. Effectivement, les résultats montrent que les prédictions sur les réactions de leur ami sont plus négatives que leurs comportements réels chez tous les groupes sauf pour les répressifs. En d’autres termes, les répressifs sous-estiment la réaction négative d’autrui suite à un comportement malveillant de leur part.

2.1.5 Aspects physiologiques, comportementaux et psychologiques

Weinberg et al. (1979) ont également parlé de la dissociation entre l’aspect physiologique et psychologique liée au ressenti de l’anxiété. En effet, les personnes répressives ont tendance à présenter des signes physiologiques et comportementaux évidents lors de situations impliquant une menace, mais rapportent très peu d’anxiété auto-rapportée au niveau émotionnel. Il y a donc un écart entre les mesures verbales et non-verbales du participant.

Il existe peu de théories qui ont modélisé le style de coping répressif. La supposition principale est que les individus avec un style répressif présentent un biais d’évitement face aux stimuli de menace pour le self. Ce biais apparaîtrait aussi bien pour les stimuli externes (dans l’environnement) que les stimuli internes, c’est-à-dire ceux qui se rapportent à l’activation physiologique, comportementale et au ressenti subjectif de la personne.

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En 2007, Derakshan, Eysenck et Myers ont élaboré un modèle du style répressif se basant sur la théorie de l’anxiété d’Eysenck (1997, cité par Derakshan & al., 2007) concernant les processus de vigilance et d’évitement. Ce modèle postule un biais attentionnel face à la menace, suivi d’un évitement de celle-ci. Un processus en deux phases serait mis en place chez les personnes répressives. Premièrement, elles auraient un biais de vigilance face à la menace à un niveau inconscient et automatique puis dans un deuxième temps, elles présenteraient un évitement impliquant des processus contrôlés et stratégiques. Le premier stade ferait appel à des connaissances situationnelles et le deuxième à des connaissances accessibles verbalement. Les auteurs parlent de menaces qui mettent en péril le bien-être physique ou psychologique de la personne. Dans ce cas, les menaces pertinentes pour le self seraient, par exemple, une évaluation du self par les autres, des stimuli socialement menaçants ou encore une menace physique lié au bien être de l’individu.

Ce modèle suppose deux stades de traitement faisant appel à des processus automatiques et contrôlés. Durant le premier stade du processus, les stimuli activeraient des schémas négatifs pertinents pour le self qui seraient reliés à des informations autobiographiques stockées en mémoire à long terme. Ce biais attentionnel inconscient activerait alors les réactions physiologiques et comportementales liée à la menace. Dans le second stade, l’individu mettrait en place des stratégies d’évitement pour faire face à l’activation des schémas négatifs inconscients. Cet évitement ferait appel à des processus plus contrôlés et stratégiques. Il y aurait une utilisation de plusieurs biais d’évitement cognitif sur le plan attentionnel, interprétatif et mnésique. Par la suite, ces biais conduiraient la personne à ressentir moins d’anxiété.

2.1.6 Schémas négatifs pertinents pour le self

Une étude de Myers et Brewin (1994) a mis en évidence des évènements plus négatifs vécus dans l’enfance chez les répressifs par rapport au groupe contrôle. Grâce à un questionnaire semi-structuré, les individus répressifs de sexe féminin ont rapporté plus d’antipathie paternelle, plus d’indifférence paternelle et moins d’intimité avec leur père. Ces données indiquent que les sujets répressifs ont des souvenirs d’enfance plus négatifs que les sujets non-répressifs. Ces résultats impliquent une méthodologie adéquate afin de pouvoir accéder aux souvenirs sans que la personne n’utilise des stratégies d’évitement. Ces données contribuent à expliquer la construction de ces schémas inconscients et négatifs qui

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s’activeraient en présence de menaces pertinentes pour leur bien-être comme le postule Derakshan et al. (2007). Ces schémas seraient stables dans le temps et contribueraient ainsi à leur comportement et à leur structure de personnalité.

2.1.7 Stratégie de régulation émotionnelle et comportementale

Les répressifs utilisent des stratégies de coping afin de réguler leurs émotions négative de manière non-consciente. Une étude de Boden et Baumeister (1997) a montré que les répressifs ont tendance à générer des pensées positives en présence de stimuli désagréables. Selon Boden et Dale (2001), il s’agit d’une stratégie de distraction au service de leur régulation émotionnelle. Ces mêmes auteurs ont évalué l’humeur de participants répressifs après le visionnement d’un film désagréable sur le plan émotionnel versus neutre. Les résultats indiquent que les répressifs rapportent une humeur plus positive que les non-répressifs juste après le film désagréable. Par ailleurs, les auteurs pensaient également que les répressifs rapporteraient moins de détails spécifiques du film, toutefois, les données ne montrent pas de différence par rapport au groupe contrôle. Les stratégies cognitives des répressifs ayant pour but de réguler leurs émotions restent donc à investiguer. De plus, selon une étude de Myers (1998), les répressifs font part d’une plus grande utilisation de stratégies distractrices afin d’éviter des pensées négatives.

D’autre part, une étude de Ceschi, Van der Linden et Pihet (2005) indique que les répressifs présentent une compréhension adéquate des stratégies de coping appropriées dans les situations stressante. Ces résultats renvoient spécialement aux stratégies qui ont pour but de modifier le self plus que la situation. Les répressifs seraient principalement concernés par le contrôle d’eux-mêmes dans ces situations. Trois points principaux sont rapportés par les auteurs : Tout d’abord, ils évaluent les problèmes quotidiens comme plus contrôlables et moins négatifs que le groupe haut anxieux et non-défensif. Deuxièmement, les répressifs sous-estiment la menace de la situation et surestiment leur potentiel de coping. Enfin, ils évaluent les situations stressantes comme moins familières que le groupe de haut-anxieux et non-défensifs.

Les conséquences de ce style de coping sur le long terme ont été investigué par une équipe de chercheurs hollandais, en 2006. Geraerts et al. (2006) utilisent un paradigme de suppression de pensée des souvenirs liés à un événement anxiogène et à un événement positif. Les

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résultats indiquent que les participants répressifs rapportent moins d’effet de rebond pour le souvenir anxiogène que le groupe contrôle, lors de la tâche en laboratoire. L’effet de rebond se définit comme le nombre d’intrusions cognitives involontaires suite à une période de suppression forcée de la pensée. Les auteurs mesurent également le nombre d’intrusions durant une période de sept jours suivant l’expérimentation, et les résultats montrent que les répressifs reportent plus d’intrusions de pensée par rapport au souvenir anxiogène que le groupe contrôle. Cela indique une facilité à supprimer le matériel émotionnel négatif sur le court terme, mais une prévalence plus importante d’intrusion de pensées anxiogènes sur le long terme. Les auteurs postulent une vulnérabilité de cette population au développement de symptômes post-traumatiques liée à l’inhibition précoce des processus de traitement lors d’événements potentiellement traumatiques.

2.1.8 Aspects physiologiques et problèmes de santé physique

L’inhibition du système comportemental peut être mesurée grâce à la conductance de la peau (Fowles, 1980). Ce système est sous-tendu par l’anxiété tandis que le système d’approche par la motivation. Selon la théorie vigilance/évitement (Derakshan, Eysenck et Myers, 2007), les participants répressifs auraient une activation physiologique plus importante que le groupe contrôle en présence d’une menace pertinente pour le self. Dans une étude de Barger, Kircher et Croyle (1997), les répressifs rapportent un niveau de conductance électrodermale élevé par rapport aux contrôles durant un discours fait en publique sur les aspects les moins désirés de leur personnalité. Par ailleurs, en 1987, Davis et Schwartz ont montré que la température de la peau des répressifs est plus élevée que celle des non-répressifs lors d’un rappel de souvenirs autobiographiques impliquant de la peur et de la colère.

L’activation de patterns physiologiques liés à l’anxiété chez les répressifs n’est pas prise en compte de manière consciente et le report de problèmes somatiques serait alors moins fréquent dans cette population. La restriction émotionnelle est un facteur de risque au développement de douleur chronique (Beutler et al. 1986, cité par Garssen, 2007 ; Burns, 2000) et de cancer (Jensen 1987, cité par Garssen, 2007; Weihs, Enright, Simmens et Reiss, 2000). Les résultats d’une étude de Denolett, Conraads, Martens, Nyklicek, & de Gelder (2008) montrent que les patients répressifs souffrant de maladies artérielles sous-estiment leur niveau de stress émotionnel. Cette sous-estimation pourrait conduire à un traitement mal- adapté qui ne prendrait pas en compte l’effet du stress sur le cœur du patient.

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Plusieurs recherches ont postulé un lien entre le style répressif et les problèmes de santé physique. En 2000, Burns montre que les individus répressifs sont plus sujets à des peines chroniques et ne bénéficient pas autant des traitements médicaux multidisciplinaires que des patients non-répressifs en raison de leur stratégie de coping défensive. Selon ce même auteur, ces patients sous-estiment leurs difficultés et leurs affects négatifs ce qui ne leur permet pas d’assimiler les différentes interventions thérapeutiques sur le plan cognitif et physique. Par conséquent, ces patients bénéficieraient moins des traitements contre la douleur chronique et les symptômes dépressifs. En effet, dû à leur manque d’insight, les répressifs n’écouteraient pas assez leurs sensations somatiques et consulteraient les services médicaux souvent trop tard. Toutefois, ces liens restent encore à démontrer et les données de la littérature ne sont pas toujours consistantes.

Dans la même lignée, Butow et al. (2000) indiquent une relation entre la répression émotionnelle, les événements de vie stressants et le cancer du sein. Toutefois, le style répressif est parfois analysé comme une conséquence du diagnostic de cancer plutôt que comme une cause. En effet, une étude de Zachariae et al. (2004) indiquent une augmentation du style de coping répressif après un diagnostic de cancer chez des personnes non-répressives.

Le style répressif serait utilisé par les patients suite au traumatisme potentiel que provoque un tel diagnostic.

Cependant, un autre courant de recherche considérant les effets positifs de la répression commence à voir le jour. En 2007, Coifman, Bonanno, Ray et Gross ont publié une étude investiguant le style de coping répressif en lien avec des événements particulièrement aversifs. Ils postulent que la répression pourrait être interprété comme un style adaptatif lors de traumatisme et non comme un style de coping mal-adapté. En effet, selon Bonanno, Noll, Putnam, O’Neill et Trickett (2003), les personnes avec un style répressif présentent un meilleure ajustement psychologique suite à des abus sexuels vécus durant l’enfance que les non-répressifs. L’étude de Coifman et al. (2007) étudie l’impact du style répressif suite au décès d’un proche. Les résultats montrent moins de symptômes psychopathologiques comme la dépression, l’anxiété et le PTSD, un meilleur ajustement perçu par leur proche, une histoire médicale moins lourde et moins de report de plaintes somatiques chez les répressifs. Cette étude met donc en évidence l’aspect positif de ce style de coping, interprété par les auteurs comme un tampon potentiel contre l’anxiété réelle.

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2.2 Style de personnalité répressive et mémoire

D’après les données de la littérature (Davis, 1987 ; Davis et Schwartz, 1987 ; Myers, Brewin,

& Power, 1998) le style défensif des répressifs conduit à des particularités mnésiques caractérisés par la valence du matériel à récupérer. Les personnes avec un style répressif montrent un accès limité aux souvenirs affectifs, spécialement pour les événements affectifs négatifs.

Il y a deux types de recherches qui ont été entreprises dans ce domaine; celles qui impliquent la récupération de souvenirs autobiographiques et celles qui évaluent le rappel de mots afin de mesurer l’inhibition de la récupération en fonction de la valence du matériel. En d’autres termes, lorsque le matériel est généré par l’individu ou lorsqu’il est généré expérimentalement.

D’après l’étude de Davis et Schwartz (1987), des étudiantes avec un style répressif présentent un déficit mnésique pour les évènements autobiographiques en lien à des émotions négatives mais pas pour ceux associés à des émotions positives. Dans leur étude, les groupes d’individus étaient formés d’après leur score sur l’échelle de Marlowe-Crown (MC-SDS) et par une mesure d’anxiété. Seulement trois groupe (à défaut de quatre) ont été analysé : les répressifs, les bas-anxieux/non-défensif et les hauts anxieux/non-défensifs. Dans la condition générale, l’expérimentateur demandait aux participants de rappeler et de décrire brièvement des souvenirs vécus durant leur enfance. En donnant la consigne, l’expérimentateur ne faisait pas référence à la nature affective des souvenirs. Les participantes devaient également mentionner leur âge lors du souvenir le plus ancien. De plus, une mesure de l’humeur actuelle des sujets était administrée avant et après la phase de rappel afin d’évaluer le lien entre la récupération des souvenirs et l’humeur des participants. Dans la condition émotion spécifique, les participantes devaient rapporter des souvenirs d’enfance associés à une émotion particulière. Les cinq émotions étaient : la joie, la peur, la tristesse, la colère et la surprise.

Après chaque rappel, les participantes devaient aussi évaluer l’intensité de l’émotion ressentie durant l’événement et au moment du rappel. Pour finir, les étudiantes indiquaient l’âge qu’elles avaient lors de l’événement rapporté.

Les résultats montrent que les répressifs rapportent moins de souvenirs d’enfance par rapport au groupe contrôle dans les deux conditions. Dans la condition émotion spécifique, les

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analyses montrent que les répressifs rapportent moins de souvenirs en lien avec les émotions négatives. En ce qui concerne l’âge du premier souvenir négatif, les participantes répressives étaient plus âgées que le groupe contrôle lors de l’événement le plus ancien rapporté. Les résultats liés à l’intensité des affects montrent une variance moins importante dans le groupe répressif par rapport au groupe contrôle. Cela souligne une faible différentiation et diversité de l’intensité ressentie des expériences affectives chez les répressifs. Concernant leur humeur actuelle, les participantes répressives rapportent plus d’affects liés à la joie dans les conditions émotionnelles de tristesse, de peur et de surprise contrairement au groupe haut anxieux.

La même année une autre étude de Davis (1987) a analysé l’inaccessibilité des souvenirs affectifs et le style répressif lors d’une tâche de rappel libre. Trois expériences ont été conduites avec des participants répressifs et contrôles. Dans la première expérience, on demandait à la moitié des sujets de rappeler des événements de leur enfance liés à diverses émotions positives ou négatives. L’autre moitié des participants devait rapporter des évènements de leur enfance durant lesquels une personne proche avait ressenti ces mêmes émotions. Les résultats indiquent que les répressifs et les haut-anxieux/défensifs rapportent moins de souvenirs liés au self que les deux autres groupe. Par contre, les répressifs et les haut-anxieux/défensifs rapportent plus de souvenirs liés à autrui que les deux autres groupes.

À l’issue de ses résultats, les auteurs se sont demandés s’il ne s’agissait pas plutôt d’une stratégie mise en place par les individus défensifs qu’un style de coping seulement utilisé par les répressifs.

La deuxième expérience avait pour but de clarifier ces données. Dans un paradigme mesurant la latence de récupération des souvenirs suite à la présentation d’indices, les participants avaient pour tâche de rapporter des expériences vécues. Le temps de réaction servait de mesure du temps de latence. Dans la première condition, les consignes ne mentionnaient pas la nature affective des souvenirs alors que dans la deuxième condition, les sujets devaient se souvenir d’expérience associée à quatre émotions particulières en lien avec différents mots.

Après chaque condition, la moitié des participants devaient se rappeler d’évènements quotidiens en lien avec des affects neutres afin d’évaluer l’impact du style répressif sur la valence émotionnelle des souvenirs. Les résultats montrent qu’il n’y a pas de différence de groupe, ce qui indique que les répressifs ne présentent pas un déficit mnésique pour les expériences personnelles neutres. En ce qui concerne la latence de récupération, les répressifs prennent plus de temps à récupérer des souvenirs en lien avec la peur et la colère que les

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autres groupes. La troisième expérience de l’étude utilisait des stimuli différents qui étaient évalués, au préalable, plus pertinents par rapport aux émotions. De plus, deux autres émotions négatives étaient instaurées : la gêne et la culpabilité. Les résultats indiquent que le temps de latence pour les évènements liés à la peur et à la gêne est plus long chez les répressifs. De plus les répressifs rapportent moins de souvenirs en lien à ces émotions négatives que les autres groupes.

Ces trois expériences indiquent que les répressifs ont un accès limité à leurs expériences émotionnelles, spécialement lorsqu’elles impliquent de la peur et de la gêne, qui sont des émotions pertinentes pour le self. La peur est en lien avec une menace psychologique ou physique et la gêne avec une évaluation négative du self. Par contraste, la tristesse et la culpabilité ne sont pas connectées à des évènements qui impliquent une attention directe d’autrui ou une évaluation du self de façon menaçante (Izard, 1977 ; Lewis, 1979 cités par Davis, 1987).

Selon Hock et Krohne (2004), les difficultés mnésiques liées aux émotions négatives seraient dues à « un phénomène de discontinuité dans le traitement des informations anxiogènes, entre le moment de l’encodage, les processus de mémorisation et le rappel à long terme qui en serait à l’origine, d’autant plus important que l’intervalle de temps précédant le rappel est grand ». Toujours concernant les processus d’encodage, Hansen et Hansen (1988) estiment que les individus répressifs n’encodent pas les événements émotionnels dans leur globalité ce qui entraîne des difficultés de rappel concernant leur implication affective.

Une autre étude de Barnier, Levin et Maher (2004) rapporte des résultats supportant l’importance de la valence émotionnelle du matériel à mémoriser en rapport aux intrusions cognitives. Durant la tâche, les participants répressifs et contrôles devaient se souvenir de deux évènements autobiographiques, l’un suscitant de l’embarras et l’autre de la fierté. Ils avaient par la suite la consigne de ne pas penser à cet événement et d’appuyer sur un bouton à chaque fois qu’une pensée en lien avec l’évènement à inhiber leur venait en mémoire. Cette période est appelée phase de suppression. Dans un deuxième temps, les participants n’avaient pas d’instructions particulières et pouvaient penser à ce qu’ils désiraient. Dans cette phase dite d’expression, on évalue l’effet de rebond de la pensée en mesurant le nombre d’intrusions liées à l’événement qui est à inhiber dans la phase de suppression. Les résultats indiquent moins d’intrusion des souvenirs d’embarras lors de la phase de suppression chez les répressifs

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et moins d’effet de rebond dans la phase dite d’expression que dans le groupe contrôle. Les répressifs rapportent un niveau d’effort à faire moins élevé que les contrôles pour inhiber le souvenir d’embarras dans la condition de suppression. A noter, qu’il n’y pas d’effet significatif différent entre les groupes concernant le souvenir de fierté. Ces résultats mettent ainsi en évidence le style de coping des répressifs en fonction de la valence du matériel et de l’émotion.

Afin d’évaluer le style répressif et l’inhibition du matériel généré expérimentalement, Myers, Brewin et Power (1998) ont proposé une étude impliquant une tâche durant laquelle on demandait aux participants d’évaluer deux séries d’adjectifs positifs et négatifs en lien avec la description qu’ils se faisaient d’eux-mêmes. Par la suite, on leur disait qu’ils n’avaient pas besoin de se souvenir de la première série et qu’ils devaient se focaliser sur la deuxième. Les résultats montrent que tous les participants rapportent moins d’adjectifs de la série « à oublier » mais que les répressifs rappellent significativement moins de mots à valence émotionnelle négative de la première série que les non-répressifs. En définitive, seulement les individus répressifs sont influencés par la valence des mots qui, par la suite, influence l’inhibition du matériel.

Toutes ces données de la littérature mettent en évidence la difficulté de rappel des souvenirs négatifs chez les répressifs ainsi que des stimuli négatifs expérimentaux. Les études sur les souvenirs autobiographiques montrent une inhibition du matériel négatif rappelé qui n’est pas présent lors de rappel de souvenirs positifs. Il y a donc un biais mnésique selon la valence des souvenirs à rappeler à la conscience. Ces données sont en lien avec les stratégies d’évitement face à la menace potentielle pour le self. En évitant de se remémorer des souvenirs autobiographiques négatifs, les répressifs se préservent des émotions négatives qu’ils pourraient ressentir. Par ailleurs, les individus avec un style répressif présentent également des difficultés de rappel de mots négatifs potentiellement liés au self. Cette stratégie est donc utiliser lorsqu’il y a une menace en lien avec l’identité et l’image de l’individu.

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2.3 Souvenir définissant le soi

2.3.1 Définition des souvenirs définissant le soi

En 1993 aux Etats-Unis, Singer et Salovey ont introduit en psychologie le concept de « Self Defining Memories ». Il s’agit de souvenirs qui forment l’identité de la personne et qui lui permettent de se définir en tant qu’individu. Selon les auteurs, la compréhension de soi et du monde social qui nous entoure est structurée par nos souvenirs. D’après Singer (2005) l’individu se remémore des expériences passées, de façon répétitive, afin de générer une conception de soi-même et du monde relativement stable et claire. La capacité de connecter ses souvenirs à son histoire de vie apporte à l’individu un sentiment de continuité et de sens à sa vie. Les souvenirs autobiographiques jouent un rôle dans le développement humain, les interactions sociales et la personnalité. Ce que les personnes pensent d’elles-mêmes et de leurs expériences passées apportent une meilleure compréhension de leurs désirs, de leurs émotions et des buts qui les animent. De plus, selon Singer (2005) il est difficile d’imaginer une cohérence du self ou de l’identité sans le fonctionnement efficace des systèmes mnésiques qui permettent de lier les événements passés à l’identité actuelle de la personne.

Toujours selon Singer (2005) l’individu met en mémoire et récupère les aspects d’un souvenir qui sont concordants avec l’image qu’il se fait de lui-même et du monde qui l’entoure mais également avec ses buts actuels. Le souvenir n’est pas une copie exacte de la réalité mais une construction mnésique de ce que nous croyons avoir vécu et de ce que nous pensons de manière générale. Il arrive parfois qu’un souvenir soit déformé pour mieux convenir à l’image que l’on se fait de la réalité.

Les gens s'allouent des qualités ou des défauts au regard d’expériences passées qui ont infirmé ou confirmé leurs croyances et formé leur identité. Ces expériences passées en lien avec l’identité constituent les souvenirs définissant le soi. Ces souvenirs ont impact important sur la vie de la personne et conduisent parfois à des biais d’interprétation négatif de la réalité.

Certains souvenirs personnels sont extrêmement négatifs et ont une influence délétère sur les buts désirés, l’estime de soi, l’humeur ou encore les relations interpersonnelles des individus dans le présent et le futur (Williams & al. 1996).

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Les souvenirs définissant le soi ont été utilisés en thérapie afin de capturer les préoccupations et les conflits principaux des patients. Ces souvenirs peuvent servir de base motivationnelle au changement et permettent à l’individu de mieux se comprendre (Singer, 2005). Par ailleurs, selon Blagov et Singer (2004), la manière dont l’individu raconte ses expériences passées et le degré avec lequel il les a intégrés en lien avec son propre fonctionnement permet de mesurer l’ajustement personnel et l’ouverture à une thérapie potentielle. Par ailleurs, les souvenirs définissant le soi peuvent jouer un rôle de régulateur de l’humeur. En effet, Josephson, Singer et Salovey (1996) montrent que des participants non-déprimés récupèrent un souvenir positif après le rappel d’événement négatif afin de « réparer » leur état émotionnel négatif. En revanche, les participants déprimés n’utilisent pas la même stratégie.

En résumé, les souvenirs définissant le soi constituent une sélection d’événements autobiographiques importants pour la personne qui lui permettent de se définir en tant qu’individu. Selon Conway, Singer et Tagini (2004), les souvenirs définissant le soi changent en fonction de l’accomplissement ou de l’abandon de certains buts et varient en fonction des différentes périodes de vie de l’individu.

2.3.2 Modèle de Conway et Pleydell-Pearce

Le self memory system (Conway & Pleydell-Pearce, 2000) permet la modélisation de la récupération des souvenirs autobiographiques en lien avec le self et les buts actuels de la personne. Dans le processus d’encodage et de récupération, deux dimensions sont en compétition. D’une part, les souvenirs personnels doivent correspondre à l’expérience vécue, c’est-à-dire être proches de la réalité, et d’autre part ils doivent être cohérents par rapport au self. Ces deux processus ne font pas appel aux mêmes exigences, l’un traite des buts à court terme et l’autre des buts à long terme. Afin de combler ces exigences potentiellement contradictoires différents systèmes de mémoire travaillent ensemble.

Tout d’abord, le self de travail permet la réalisation de buts quotidiens en comparant l’état présent du but et l’état à atteindre. Ce système fonctionne également comme organisateur du moment psychologique qui va de la mise en route d’un but à sa réalisation finale. Le moment psychologique est défini par l’installation d’un but, la focalisation de l’attention tout au long de celui-ci et sa réalisation. Cet ensemble constitue un souvenir épisodique. Nous vivons une quantité de souvenirs épisodiques tout au long de la journée qui permettent, en autres, de ne

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pas reproduire plusieurs fois la même action et d’en planifier de nouvelles. Toutefois, nous ne pouvons pas garder en mémoire tous ces souvenirs épisodiques. Nous stockons en mémoire seulement ceux qui sont relevant par rapport à nos buts et valeurs et qui sont alors transférés dans la base de connaissances autobiographiques. Ces souvenirs sont cohérents par rapport au self et constituent la mémoire épisodique. Ce système de mémoire contient les expériences proches de l’événement d’un point de vue sensoriel, perceptif, cognitif et affectif.

Afin de prendre en compte les objectifs de l’individu sur une plus longue période, le self de travail doit organiser la réalisation des buts sur le long terme en prenant en compte les caractéristiques autobiographiques et identitaires de la personne. Ces deux systèmes sont intégrés dans le self à long terme. Celui-ci se compose d’une base de connaissances autobiographiques et du self conceptuel qui se réfère aux connaissances sémantiques personnelles comme les valeurs et les croyances sur soi et autrui. Ce dernier système est directement relié et alimenté par la base des connaissances autobiographiques et la mémoire épisodique, et nous informe sur nos caractéristiques identitaires. Selon Conway et al. (2004), lorsque le self conceptuel évolue, l’individu se retrouve dans l’incapacité de retrouver des souvenirs autobiographiques en lien avec son « ancien » self.

Selon le modèle de Conway et Pleydell-Pearce (2000), la récupération volontaire d’un souvenir autobiographique commence dans la base de connaissances autobiographiques et s’organise sur trois niveaux hiérarchiques qui vont du général au particulier. Il y a premièrement la catégorie des périodes de vie qui se réfère à des phases de vie plus ou moins longues comme la première année du collège ou une période de prospérité financière. Ces intervalles de temps contiennent beaucoup de souvenirs qui sont liés par une temporalité commune caractérisant la catégorie. Le niveau suivant renvoie aux évènements généraux.

Cette catégorie est constituée de brèves périodes de temps (une semaine, une journée, quelques heures) qui sont organisées par un thème commun comme les succès académiques ou les vacances préférées. Finalement, le dernier niveau se réfère aux connaissances spécifiques d’un événement. Les souvenirs de ce niveau sont constitués d’images spécifiques associées à un événement unique. Lors de la récupération d’un souvenir spécifique, la personne part du niveau général, par exemple de la période du collège puis accède aux thèmes généraux, par exemple les expériences amoureuses et enfin sélectionne un souvenir spécifique en mémoire épisodique, qui se trouve être un rendez-vous amoureux particulier. L’individu peut alors rapporter des détails sensoriels de l’événement spécifique qu’il a vécu. Le souvenir récupéré doit être congruent avec les buts actuels et les croyances qui sont stockés dans le self

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à long terme. Lorsque le self de travail est confronté à un changement dans les buts de l’individu, la recherche en mémoire autobiographique est modulée à son tour (Conway & al., 2004).

2.3.3 Caractéristique des souvenirs définissant le soi

Les souvenirs définissant le soi se définissent en cinq points. Tout d’abord, ils sont liés à l’histoire personnelle de l’individu et se rapportent à des thèmes, des conflits ou encore des problèmes qui sont importants et pas forcément résolus. Leur récupération suscite de fortes émotions positives et/ou négatives et ils sont généralement récurrents et familiers. De plus, ce sont des souvenirs vivaces pour l’individu qui doivent être en lien avec des souvenirs similaires partageant le même thème.

A présent, nous allons définir plus en détails chaque caractéristique mentionnée ci-dessus. En premier lieu, les souvenirs définissant le soi suscitent de fortes émotions. En effet, la qualité affective des souvenirs définissant le soi traduit leur pertinence et le lien qu’ils entretiennent avec les buts les plus désirés de l’individu (Singer & Mofitt, 1994, cité par Conway et al., 2004 ; Singer, 1990 ). L’intensité émotionnelle a fait l’objet de nombreuses recherches, (Singer, 2005 ; Gillihan, Kessler & Farah, 2006). D’une part certaines études montrent que le rappel de souvenirs émotionnel est congruent avec l’humeur et d’autre part qu’il influence celle-ci. Par conséquent, une personne de bonne humeur aura tendance à rappeler plus de souvenirs positifs alors que de mauvaise humeur, cette personne rapportera plus facilement des souvenirs négatifs.

Deuxièmement, ces souvenirs doivent être clairs et encore importants pour l’individu. La vivacité de ce genre de souvenirs permet d’évoquer des images sensorielles très fortes qui donnent l’impression de revivre l’événement tel que l’individu l’a perçu.

Troisièmement, la personne doit avoir pensé de manière récurrente à l’événement. Cette répétition mentale permet la formation d’une association entre un concept et un souvenir (Singer, 2005). Par exemple, un jeune homme qui se sent nerveux avant un examen pourra penser à une réussite académique passée qui lui donnera confiance en lui ou bien une jeune femme n’arrivant pas à faire la paix avec son père, pourrait se remémorer l’absence de celui- ci lorsqu’elle en avait besoin. Ces associations sont parfois bénéfiques mais peuvent

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également nuire à la personne. Il est difficile de casser certains patterns cognitifs qui sont automatiques. Il devient alors nécessaire de faire un effort psychique de façon consciente pour ne pas les utiliser.

Quatrièmement, nous distinguons ce type de souvenirs des autres souvenirs autobiographiques, car ils sont connectés à des souvenirs similaires. Les souvenirs similaires permettent la création de catégories que Tomkins (1979) appelle «script » et se réfèrent aux thèmes généraux qui émergent des différents évènements connectés. Les scripts permettent de

« lire » les événements actuels en fonction de ce qu’on a vécu dans le passé. Par exemple, un petit garçon jaloux de l’attention que ses parents portent à sa sœur, aura peut-être vécu de nombreux moments similaires et construira une sorte de script sur sa place au sein de la famille, qui dans ce cas pourrait faire l’objet d’une lecture négative. Avec le temps ce script pourrait avoir une influence négative et filtrer les expériences de rappel afin de donner un sens aux expériences actuelles que cet homme pourrait vivre de la même manière que lorsqu’il était enfant.

Pour finir, ces souvenirs se réfèrent à des conflits non-résolus et des préoccupations qui sous- tendent les buts des individus. Par exemple, une personne pour qui la réussite de son mariage est importante, aura tendance à rappeler des souvenirs émotionnels en lien avec ce thème. En effet, selon Singer (2005) plus une personne attribue de l’importance à un domaine, plus les échecs ou les réussites en lien avec ce sujet auront un impact sur sa vie et son psychisme. Il se peut également qu’une personne puisse avoir envie de résoudre des conflits du passée dans le présent afin d’acquérir une maitrise et un contrôle sur ces événements. Ces souvenirs de conflits non-résolus peuvent apporter une meilleure compréhension des problèmes actuels de la personne et sont utilisés à des fins thérapeutiques dans le but de diminuer leur influence néfaste. Il a été observé lors de thérapies de couples (Singer, 2001 cité par Blagov et Singer, 2004), que les souvenirs définissant le soi étaient liés à des thèmes relationnels critiques qui ressortaient dans les relations intimes des patients et participaient au transfert dynamique thérapeutique.

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2.4 Style répressif et souvenir définissant le soi

En 2004, une étude de Blagov et Singer montre que les personnes avec un style répressif présentent certaines caractéristiques sur les dimensions cotées des souvenirs définissant le soi.

En effet, cette étude examine quatre dimensions des souvenirs en lien avec le la détresse, la répression et la retenue de soi. Les dimensions sont la spécificité, l’intégration, le contenu et les affects. Les différents groupes sont évalués grâce au Weinberger Adjustment Inventory- Short Form. Dans l’étude Blagov et Singer (2004), les résultats indiquent que la spécificité des souvenirs est inversement corrélée au style répressif. Les participants répressifs produisent moins de souvenirs spécifiques comparés aux autres groupes. Par ailleurs, une corrélation positive entre l’intégration des souvenirs et le style répressif est trouvée.

Toutefois, une régression linéaire montre que le style répressif ne prédit pas l’intégration. La présence de ce lien serait due à la tendance des répressifs à résumer les événements, ce qui faciliterait leur intégration. Les auteurs interprètent également ces résultats comme une plus grande intellectualisation permettant une meilleure intégration. En revanche, aucun lien entre les affects et le style répressif n’a été montré statistiquement.

Selon les auteurs, ces résultats suggèrent que les répressifs structurent leurs souvenirs à défaut de choisir ce qu’ils rappellent. Ils mettraient en place un filtre mnésique qui s’arrête à un niveau non-spécifique afin de se protéger contre les images menaçantes liées aux souvenirs spécifiques. D’après William (1996, cité par Blagov & Singer, 2004), les répressifs pourraient présenter un déficit de mémoire de travail (dû à des traumatismes durant l’enfance) qui les empêcherait de retrouver des souvenirs spécifiques et entraînerait une sur-généralisation qui se traduirait par un manque de spécificité concernant leurs souvenirs autobiographiques. Une autre explication se réfère à l’évitement de détails ou d’images inacceptables provenant des souvenirs spécifiques négatifs. Les répressifs filtrent leurs souvenirs afin de se préserver d’émotions négatives liées aux détails et images du souvenir (Singer et Salovey, 1993). Selon ces auteurs, le problème se situerait plus au niveau de la récupération que de l’encodage.

Selon Bruhn, (1984, cité par Blagov & Singer, 2004) cette stratégie serait un rempart contre le ressenti d’émotions intenses ou d’anxiété qui auraient un impact sur l’estime de soi.

Notre recherche a pour but d’approfondir les liens entre le style répressif et les souvenirs définissant le soi, dans une population suisse de participants âgés de 27 à 43 ans provenant de milieux socio-économiques divers. La différence avec l’étude de Blagov et Singer (2004) se

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situe au niveau de la population, du questionnaire de mesure du style répressif et du nombre de souvenirs récoltés par participant. De plus, nous administrons une mesure des affects du participant avant et après la récupération des souvenirs. Nos données ont pour dessein une meilleure compréhension des préoccupations et des patterns narratifs des souvenirs définissant le soi dans cette population.

3 Question de recherche

Les différents résultats trouvés dans la littérature sur les liens entre les personnes avec un style de coping répressif et la mémoire permettent de postuler plusieurs hypothèses concernant l’influence de ce style de personnalité sur les dimensions des souvenirs définissant le soi. Dans cette présente recherche, notre intérêt porte sur plusieurs dimensions liées aux souvenirs comme la spécificité, le sens, le contenu, la tension et les affects après la récupération de l’événement.

Les données provenant de la littérature soulignent une difficulté de récupération de souvenirs affectifs à la conscience chez les répressifs, avec un effet accentué pour les souvenirs de valence négative (Davis, 1987 ; Davis & Schwartz, 1987 ; Myers et Brewin, 1994). De plus, Davis (1987) a également trouvé que les répressifs jugeaient leurs souvenirs autobiographiques comme moins intenses émotionnellement. Par ailleurs, une étude de Blagov et Singer (2004) trouve que les répressifs rapportent moins de souvenirs définissant le soi spécifiques que les autres groupes.

Cette recherche est un approfondissement de l’étude de Blagov et Singer (2004) sur les caractéristiques des souvenirs définissant le soi dans une population de participants suisse âgée de 27 à 43 ans avec un style répressif et non-répressif. Notre but est de mettre en évidence les patterns narratifs des souvenirs définissant le soi chez les participants avec un style de coping répressif. De plus, une évaluation de l’humeur avant et après chaque souvenir permet d’indiquer l’influence de la récupération des souvenirs sur l’état affectif des participants.

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Hypothèses

Notre première hypothèse postule que les affects négatifs des personnes répressives varient moins suite à la récupération du souvenir que ceux des personnes non-répressives. Nous basons notre hypothèse sur les stratégies de régulation émotionnelle que mettent en place les personnes répressives afin d’éviter de ressentir des affects négatifs. En effet, les répressifs ont tendance à contrôler leurs émotions et particulièrement celles de valence négative. Selon l’étude de Boden et Dale (2001), les répressifs rapportent une humeur plus positive après le visionnement d’un film désagréable que les non-répressifs. Ceux-ci mettraient en place des stratégies de régulation émotionnelle pour ne pas ressentir d’affects déplaisants. Nous pensons que la récupération des souvenirs définissant le soi peut avoir des conséquences sur l’humeur du participant et de ce fait entrainer des stratégies de contrôle émotionnel de la part des participants répressifs. Nous nous attendons donc à moins de variation d’affects négatifs dans cette population suite à la récupération des souvenirs.

Notre deuxième hypothèse postule que les souvenirs donnant lieu aux affects négatifs chez les participants répressifs datent de périodes plus récentes que ceux des personnes non- répressives. Nous nous basons sur les résultats à l’étude de Myers et Brewin (1994) qui

montrent que les souvenirs autobiographiques négatifs des répressifs sont plus récents que ceux des non-répressifs. En d’autres termes, les répressifs

rapportent des souvenirs de périodes de vie plus proches. Cette caractéristique principalement liée aux souvenirs autobiographiques négatifs pourrait également être présente pour les souvenirs définissant le soi qui entrainent une augmentation des affects négatifs. Une étude Gillihan, Kessler et Farah (2006) montre l’influence de la valence des souvenirs rapportés sur l’humeur des participants. Dans notre étude, il s’agit de souvenirs définissant le soi qui ne constituent qu’une partie des souvenirs autobiographiques généraux, contrairement aux données de la littérature qui portent sur les souvenirs autobiographiques de manière non- discriminée. Nous émettons de part nos hypothèses que les résultats trouvés pour les souvenirs autobiographiques généraux pourraient également s’appliquer aux souvenirs définissant le soi.

Notre troisième hypothèse postule que les participants répressifs rapportent plus de souvenirs de type loisir que les participants non-répressifs. Nous considérons que cette catégories de

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