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2.5 Résultats de classification en groupes par l’algorithme Espérance-Maximisation

3.1.3 Quels attributs pour quels choix énergétiques ?

Il existe très peu de travaux en France qui reposent sur des enquêtes expérimentales pour analyser les préférences énergétiques des ménages ou en lien avec le secteur résidentiel. Nous n’avons trouvé que deux études françaises qui ont été menées pour le Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie. Et à notre connaissance il n’existe pas d’enquête expérimentale dont l’objet est l’étude des préférences pour les travaux de rénovation en France. Compte tenu de ces constats nous avons que très peu d’information sur les préférences possibles en France. Nous avons décidé de nous tourner vers les études étrangères qui ont déjà traité ce sujet. Cette section présente les travaux qui ont permis de constituer la première liste des attributs potentiels à utiliser dans notre enquête.

Tout d’abordTerra et Fleuret (2009) examinent l’acceptabilité sociale des éoliennes. L’en- quête expérimentale consiste à proposer aux riverains de choisir le site éolien qui leur parait le plus acceptable au regard de 5 critères (attributs) : localisation, taille du site, hauteur des éoliennes, distance entre le site et le domicile, augmentation de la facture annuelle d’électricité. En dehors de la France,Aravena et al.(2014) étudient un exemple empirique de l’acceptabilité des éoliennes au Chili et utilisent en tant qu’attributs : la localisation des éoliennes, la taille du site, l’augmentation (ou la diminution) de la facture d’électricité et le pourcentage d’oiseaux tués par les éoliennes. Outre les attributs cités précédemment,

Bergmann et al. (2008) regardent l’impact des éoliennes sur le vent, sur les émissions de GES (Gaz à Effet de Serre) et l’emploi de la région ;Ek et Persson(2014) ajoutent en tant qu’attribut le type du propriétaire des éoliennes (privé, public, local).

La seconde étude française menée parBonnet(2013) s’intéresse au choix du logement. Les attributs des offres sont au nombre de 9, dont la source d’énergie de chauffage (gaz de réseau, électricité ou fioul) et l’isolation thermique du logement proposé (mieux isolé que le logement actuel, moins bien isolé ou pas de changement). L’auteur trouve que le ménage est prêt à payer en moyenne 9 % de plus pour son logement s’il est mieux isolé. Par contre, son CAP diminue de 38 % si on lui propose un logement moins bien isolé qu’avant. En regardant la réaction des répondants face à la source d’énergie, il relève que les répondants préfèrent en moyenne avoir plutôt un chauffage au gaz naturel. Pour des logements chauffés à l’électricité (au fioul), ils ne sont prêts à payer que 10 % (19 %) en moins du prix payé pour les logements chauffés au gaz. Par ailleurs, les répondants préfèrent ne pas changer d’énergie de chauffage et l’aversion au changement augmente avec l’âge du répondant.

Etant donné que ces deux études françaises ne s’intéressent pas à la rénovation énergétique du logement, nous nous sommes tournés vers les études étrangères afin d’établir une liste d’attributs potentiels. Nous ne regardons en détails que les études internationales dont l’objet concerne les équipements de chauffage ou les travaux de rénovation énergétiques.

Mais ce ne sont pas les seules études qui ont pour but d’analyser les préférences énergétiques dans le logement. Nous pouvons aussi citer le choix des équipements qui consomment de l’énergie (Sammer et Wüstenhagen,2006), le choix du fournisseur d’énergie (Goett et al.,

2000) ou encore l’amélioration des services énergétiques (Abdullah et Mariel,2010).

Achtnicht(2011),Achtnicht et Madlener(2014),Daziano et Achtnicht(2014) étudient les préférences des ménages allemands pour le choix des travaux de rénovation (chauffage et isolation). Les trois études se basent sur une enquête de préférences déclarées menée en 2009 auprès de 400 propriétaires de maisons individuelles. Les attributs utilisés sont : le montant de l’investissement, le potentiel annuel d’économie d’énergie fait grâce à la rénovation, le temps de retour sur investissement, la réduction des émissions de CO2, l’avis du conseiller indépendant en énergie, l’aide financière et la période de garantie. Les auteurs remarquent que le choix n’est pas homogène entre différents répondants et qu’il faut inclure les caractéristiques sociodémographiques (l’âge, le temps d’occupation du logement, l’état des équipements énergétiques, etc.).

Nous pouvons aussi citer une étude menée aux Pays-Bas parBogerd et al. (2009) dont le but était d’étudier les préférences des ménages néerlandais pour la rénovation énergétique. L’enquête expérimentale a été faite au format graphique, c’est-à-dire les caractéristiques des offres ont été présentées sous forme d’image, avec les attributs suivants : niveau d’iso- lation des murs, mesures techniques pour baisser la consommation, temps de retour sur investissement, augmentation de la surface habitable, durée des travaux, changement du comportement des habitants. C’est la seule enquête, parmi celles que nous avons trouvées, qui n’a pas d’attribut monétaire.

Scarpa et Willis(2010) s’intéressent au CAP pour les technologies de la microgénération en Angleterre (panneaux solaire, micro-éolien, PAC, biomasse, etc.). Deux situations de choix ont été proposées aux enquêtés. Tout d’abord ils devaient choisir un nouveau chauf- fage afin de remplacer l’ancien qui était tombé en panne. Les attributs utilisés sont : le montant de l’investissement, la facture d’énergie annuelle ou mensuelle, le coût de main- tenance annuelle, si l’offre a été conseillée par quelqu’un, la durée du contrat et les in- convénients du nouveau chauffage. La deuxième situation de choix propose d’améliorer le système de chauffage existant en ajoutant un équipement complémentaire. Cette situation utilise 5 attributs : le type d’équipement supplémentaire (panneaux photovoltaïques, eau- chaude solaire ou micro-éolien), le montant de l’investissement, le coût de la maintenance, la recommandation pour l’offre et le montant des dépenses économisées par an. Le seul attribut non significatif dans les deux situations de choix est la recommandation pour une offre donnée.

En Finlande,Rouvinen et Matero(2013) ont réalisé une enquête expérimentale de choix labellisé pour étudier les préférences des propriétaires pour les différents systèmes de chauf- fage. Comme dans les études précédentes, ils utilisent en tant qu’attributs le montant de l’investissement, les dépenses annuelles de chauffage avec les coûts de maintenance, les émissions de CO2, les émissions des particules fines et le temps nécessaire pour la mainte-

nance mensuelle du chauffage (ajout du combustible, nettoyage, etc.).

Banfi et al.(2008) ont mené une enquête expérimentale en Suisse afin d’étudier les préfé- rences des locataires pour différentes mesures d’économie d’énergie en 2003. Ils proposent aux enquêtés de choisir entre leur logement actuel et un nouveau logement au regard de 4 critères (attributs) : isolation thermique, fenêtres et ventilation, auxquels s’ajoute le sup- plément à payer ou à recevoir sur le loyer ou le prix de vente du nouveau logement. Farsi

(2010) utilise la même enquête que Banfi et al.(2008) pour analyser l’aversion au risque et estimer le CAP du ménage suisse pour les équipements énergétiquement efficaces. Nous retrouvons le même genre d’expérience de choix pour la Corée du Sud dans l’article de

Kwak et al.(2010) avec comme attributs : le type de fenêtre, le niveau d’isolation des murs, la présence ou l’absence de la ventilation et le CAP pour un système amélioré par 3,3 m2. On notera également Phillips(2012), qui utilise les mêmes attributs pour étudier les pré- férences des ménages néo-zélandais et qui compare les CAP des propriétaires occupants et des propriétaires bailleurs.

Jaccard et Dennis(2006) proposent d’utiliser les modèles de choix discrets afin d’améliorer le modèle CIMS (Canadian Integrated Modelling System) en y ajoutant les comportements et les préférences des ménages canadiens. Ces auteurs ont mené une enquête expérimentale au Canada afin de capter les préférences pour la rénovation énergétique et pour le chauffage (panne ou équipement en fin de vie). Ils utilisent en tant qu’attributs le montant de l’in- vestissement, l’aide financière, la dépense annuelle de chauffage, la qualité de l’air, la main- tenance hebdomadaire du chauffage. Une autre étude canadienne fait parIslam et Meade

(2013), explore la décision des ménages à investir dans des panneaux photovoltaïques. Nous retrouvons les mêmes attributs que précédemment (investissement, réduction de la facture énergie, temps de retour sur investissement, aides financières), auxquels s’ajoutent la croissance des prix des énergies fossiles, le tarif de rachat de l’électricité, la diffusion de la technologie dans le voisinage proche et l’instabilité des politiques gouvernementales pour les énergies renouvelables.

Ces études nous ont permis de réaliser une liste des attributs les plus répandus dans le cas du choix d’un équipement de chauffage ou de travaux de rénovation énergétique :

• Coût de l’offre – montant d’investissement, prix de vente du logement ou loyer. • Bénéfice monétaire – réduction des dépenses d’énergie grâce à l’économie d’énergie. • Temps de retour sur investissement.

• Aides financières ou subventions – montant, origine ou types d’aide.

• Type de travaux réalisés – équipement de chauffage, isolation, ventilation, double vitrage, autres équipements énergétiques ou encore la source d’énergie utilisée.

• Performance énergétique du logement ou de l’équipement.

• Travail effectué lors de l’installation ; qualité, garantie et durée de la vie de l’équipement. • Impact sur les émissions de CO2, GES et pollution atmosphérique.

• Changement ou perturbation de l’espace habitable – occupation d’un espace supplémen- taire pour les nouvelles installations, lieu de stockage (p.ex. pour le bois dans le cas de poêles à bois), maintenance hebdomadaire de l’équipement, effort de réglage, dérange- ment et gêne lors des travaux de rénovation.

Cette liste a été par la suite affinée grâce à l’enquête pilote3 auprès d’une trentaine de

répondants.