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QUATRIÈME PARTIE : ANALYSES TYPOLOGIQUES ET CHRONOLOGIQUES

128 Au cours de ce chapitre, il s'agira de présenter chacune des catégories de parures inventoriées et leurs outils de classement typologique. Pour chacun des types reconnus, on formulera une proposition chronologique en s'appuyant sur les études récentes, régionales ou extrarégionales, mais aussi à partir de la distribution du mobilier à l'intérieur des ensembles clos du catalogue.

I. En préambule

En amont de l'analyse typo-chronologique du corpus, il convient tout d'abord de contextualiser les informations à notre disposition et d'exprimer un bref état des lieux de la distribution spatiale et quantitative des parures inventoriées.

I.1. Une répartition générale des parures de la zone d'étude

Si l'on s'intéresse à la distribution des parures inventoriées dans la zone d'étude, on constate un léger déséquilibre de part et d'autre des Pyrénées. Avec 2927 objets, la partie française du catalogue constitue 61% du contingent, alors que 1910 pièces, comptant pour 39% du total, proviennent de sites espagnols (fig. 28-A). Ce déséquilibre n'a pas lieu d'étonner dans la mesure où, avec 249 occurrences recensées, les sites français sont environs deux fois plus nombreux que les sites espagnols pour lesquels on ne connait que 90 occurrences.

Une analyse plus détaillée des types de sites les mieux représentés pour chacun des deux pays montre que naturellement, les sites à caractère funéraire fournissent la grande majorité des parures connues. Représentant 86% de la documentation, cette distribution se retrouve en part quasiment égale en France (87%) et en Espagne (85%). Nettement en retrait, les sites d'habitats ne livrent que 467 pièces de parures, soit 10%, avec un contingent légèrement plus important en Espagne (14%). Enfin, les autres types de gisements comme les dépôts, les occupations en grotte, les enclos fossoyés ou les sites indéterminés ne comptabilisent que 4% du catalogue. Sur le plan géographique, la disparité de la documentation est également perceptible (fig. 28-B).

Si une bonne partie des départements ou provinces comptent entre 100 et 250 objets de parures, un déséquilibre entre certaines zones bien mieux dotées et d'autres sous-représentées s'observe très clairement. La partie septentrionale du cadre d'étude, en Poitou-Charente, en Périgord, en Limousin, ainsi que dans le centre, en Lot-et-Garonne et dans le Gers, se distinguent par relativement faible répartition de parures. Les départements de Charente-Maritime, de Dordogne et du Gers, sont particulièrement mal représentés On peut faire le même constat pour les provinces de Huesca et de La Rioja pour lesquelles on recense moins de 10

129 pièces. A contrario, d'autres zones géographiques se détachent très distinctement des autres par le nombre de parures qu'elles livrent. C'est le cas du département du Tarn qui concentre à lui seul près d'un quart du catalogue avec 1131 pièces, suivi par celui du Lot, ainsi que les provinces espagnoles de Navarre et de Guadalajara. Bien évidemment, on serait tenté de voir dans cette répartition préférentielle des parures l'empreinte d'une recherche archéologique ayant délaissé certaines régions au détriment d'autres. Cet argument est en partie vrai, notamment pour le département du Gers ou les provinces de Huesca et de La Rioja.

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Figure 28 : Distribution des parures de la zone d'étude selon le pays et les types de site (A), selon les départements ou les provinces (B) et selon les sites (C et D).

131 Cependant, d'autres explications peuvent donner un sens à cette distribution. Car, même réunis, les départements de Charente et de Charente-Maritime comptabilisent 52 objets pour 24 sites, là où l'on dénombre 231 parures pour les 11 sites de Haute-Garonne. C'est donc que d'autres éléments sont à l'œuvre pour engendrer ces disparités. La carte de chaleur de la répartition générale des parures nous donne un indice en révélant de fortes concentrations autour de quelques sites clés (fig. 28-C). Cette carte dessine quatre zones : l'est de la France, des bordures du Massif Central au Lot et au Tarn, le piémont pyrénéen à cheval sur les Pyrénées-Atlantiques, les Hautes-Pyrénées et la Haute-Garonne, la moyenne vallée de l'Ebre au sud de la Navarre et enfin la frontière du système Ibérique et de la Meseta au nord de la province de Guadalajara. Ces points de chaleur forment les contours de sites majeurs qui polarisent à eux seuls une part importante des données disponibles (fig. 28-D). Il s'agit de gisements ayant livré plus de 100 pièces parmi lesquels on retrouve les trois nécropoles de la région de Castres (n°298, 299 et 305) ou celles de Flaujac-Poujols (n°207) et de Cazals (n°326) pour la zone est. Les nécropoles de Garin et d'Avezac-Prat-Lahitte (n°148 et 277) forment les concentrations pyrénéennes. Moins nombreux, les gisements espagnols ayant livré un grand nombre de parures sont les nécropoles navarraises d'Arguedas et de Cortes (n°34 et 39) et celle d'Herrería à Guadalajara. Bien qu'au nombre de 9, c’est-à-dire représentant moins de 3% du total de sites référencés, ces gisements renferment à eux seuls près de la moitié (47%) du catalogue de notre zone d'étude.

Les sites comprenant entre 100 et 20 parures sont un peu plus répandus sur le territoire avec 32 occurrences. Ils se trouvent en périphérie des nécropoles précédemment citées mais complètent également des zones géographiques moins fournies comme la Gironde, l'Ariège, Soria ou l'Álava. S'ils ne représentent que 10% des sites connus, ils regroupent un peu plus d'un quart du catalogue (27%).

Le dernier quart se distribue dans les 276 sites restants. Livrant moins de 20 parures, ces gisements constituent pourtant 87% des sites inventoriés. Ils se répartissent pour beaucoup dans la partie septentrionale de la zone d'étude, mais aussi en moyenne vallée de la Garonne, ou le long du système Ibérique.

Plusieurs points sont à retenir de cette analyse. Premièrement, comme on pouvait le prévoir, cet inventaire repose en majorité sur des sites à caractère funéraire. Toutefois, c'est la le nombre de parures que ces types de gisements livrent qui étonne puisqu'ils concentrent près de 90% de la documentation. À ce stade, les autres types d'occupations, notamment les habitats, tiennent une place que l'on pourrait juger de quasiment anecdotique. Cette surreprésentation des sites funéraires s'explique par le second enseignement que l'on peut retenir. Le mobilier de parure du Premier âge du Fer est issu d'un faible nombre de sites qui pèsent fortement dans la

132 documentation. À l'exception de celle d'Avezac-Pratt-Lahitte, et dans une moindre mesure celle de Cortes, ces nécropoles sont importantes tant pour le nombre d'objets qu'elles ont livré que par la qualité de traitement de terrain et de publication dont elles font preuve. Ces observations auront nécessairement une conséquence sur les analyses qu'il sera possible de réaliser par la suite puisque ces dernières se focaliseront inévitablement sur les principaux sites.

I.2. Distribution des catégories d'objets

L'étude des 317 gisements retenues nous a amené à référencer 4843 parures, ou supposées telles342. Elle se répartissent en différentes catégories dont la représentativité est très variable, comme le confirme un simple graphique ordonnant le mobilier par catégorie (fig. 29).

Figure 29 : Distribution des catégories de parure au sein de la zone d'étude (total : 4843).

342 On conservera dans le catalogue le mobilier fragmenté et mal défini que l'on rattachera à la catégorie des "indéterminés". Malgré un taux de fragmentation important rendant son identification difficile, ce mobilier a été comptabilisé avec le mobilier de parure pour plusieurs raisons. La première est que la catégorie des "indéterminés" rassemble des objets dont l'attribution à un type de parure est incertaine, comme c'est le cas pour une tige appointée pouvant tout aussi bien appartenir à une épingle qu'à l'ardillon d'une fibule. Malgré tout, il s'agit ici essentiellement d'une hésitation dans le classement d'un objet entre deux catégories de parure. La seconde raison et que certains individus même très fragmentés sont par la taille, le matériau, et parfois la présence de décors, identifiables comme appartenant à la catégorie de la parure et non à celle de l'armement ou de l'outillage, par exemple. Dans tous les cas, ce mobilier a été enregistré et reproduit sur les planches afin de rendre disponible l'information et de permettre leur identification par le lecteur plutôt qu'à servir une argumentation dans nos analyses.

974 972 555 488 444 347 214 198 87 68 31 28 13 424 0 200 400 600 800 1000 1200 N b r p ar u re s