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SECONDE PARTIE : ÉTAT DE LA RECHERCHE

I. Évolution des études du mobilier de parure

On compte peu de travaux exclusivement dédiés au mobilier de parure du Premier âge du Fer : dans les limites de notre zone d'étude, seuls ceux publiés par J.-J. Enriquez Navascués en 198270 et ceux de P. Caprile en 198671 portent précisément sur ce type d'objets. Par leur taille relativement restreinte, les parures font bien souvent partie de ce que l'on nomme le "petit mobilier métallique", et suscite moins l'attention de la part des chercheurs que des pièces plus volumineuses comme les vases ou l'armement. Toutefois, le regard porté par les archéologues sur les parures a fortement évolué en près d'un siècle et demi de recherche et l'émerveillement devant les "beaux objets" des premiers temps a fait place à des considérations technologiques, économiques et sociétales qui participent pleinement à l'étude des populations qui les ont produites.

I.1. Le XIXe s. à la recherche des "beaux objets"

Le milieu du XIXe s. européen connaît une effervescence pour les recherches ayant trait à l'histoire celtique nationale. Dans cette mouvance, de nombreux amateurs et érudits locaux vont se charger de mettre en avant ce passé par la présentation de leurs trouvailles effectuées lors de fouilles ou de découvertes fortuites. Le caractère scientifique de l'archéologie demeurant encore balbutiant, leur approche doit encore beaucoup à l'esprit de collectionneur des cabinets de curiosités du siècle précédent. C'est dans ce contexte que nous sont rapportées les premières mentions de la mise au jour d'objets de parures. Cette démarche aura pour conséquence de focaliser le regard de ces premiers chercheurs sur l'aspect esthétique des objets issus de l'artisanat celtique. Cette vision, que l'on jugera superficielle, biaisera les travaux de cette période de plusieurs manières.

En premier lieu, le mobilier archéologique mis au jour n'entraine que peu de questionnements sur les aspects techniques de leur réalisation. Il s'agit surtout pour chaque inventeur de présenter le fruit de ces découvertes à d'autres érudits lors de la tenue de congrès. Ainsi, seul le mobilier jugé spectaculaire ou pertinent est mis en valeur. C'est par cet intermédiaire que l'aspect esthétique devient prépondérant, puisqu'il oblige à mettre en lumière des objets bien conservés, pourvus d'une belle patine, excluant de fait tout ceux qui ne répondent pas à ces critères de sélection. Cette démarche s'illustre parfaitement dans le vocabulaire employé lors des descriptions de mobiliers dans les comptes rendus de fouilles publiés à l'époque. À propos des objets découverts dans la nécropole de La Saula (Lafrançaise,

70 Enriquez Navascués 1982.

37 Garonne), A. de Capella fait notamment état : "D'une charmante fibule ou agrafe en bronze,

admirablement conservée et portant encore son ardillon, ce qui est très rare", ou plus loin :

"Deux pièce d'ornement de bronze […] d'un dessin gracieux et paraissent d'un travail fini"72. Cette polarisation sur le caractère esthétique des artéfacts archéologiques a particulièrement touché les objets de parure en raison de leur charge stylistique intrinsèque. Le mobilier qui n'avait pas vocation à entrer dans le cadre d'une étude pouvait être donné aux fouilleurs lorsqu'il n'était pas tout simplement jeté. Ce biais se vérifie dans les rares planches d'illustrations que les archéologues du XIXe s. ont pu produire, laissant croire que ces érudits d'antan n'ont mis au jour que des fibules entières, des torques ou des bracelets massifs. Bien évidemment, il n'en est rien, et les techniques de fouilles rudimentaires d'alors n'expliquent pas totalement l'absence de mobilier de parure plus "modeste". L'aspect stylistique de ces objets et la volonté d'établir rapidement des collections en vue de garnir les vitrines de nombreux musées régionaux constituent l'un des facteurs de cette sélection. Ces dernières mettent l'accent sur des parures conservées presque entièrement, de bonne facture, facilement reconnaissables et plutôt volumineuses (fig. 4). Ainsi, tout un pan de l'expression artisanale protohistorique, tels les boutons, les perles ou les pendeloques, se dérobe au regard de la recherche actuelle par la perte considérable d'informations réputées alors comme mineures.

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Figure 4 : Exemple de planche du XIXe s. mettant en avant des parures en bon état de conservation (d'ap. Piette & Sacaze 1899).

Un second biais a pu empêcher la pousser plus en détail leurs investigations sur les parures de l'âge du Fer. Il s'agit de la place donnée par les historiens et les archéologues aux populations celtiques dans le grand récit des civilisations. L'une des thèses en cours à l'époque était de considérer les peuples celtiques comme des barbares libérés de leur état par la puissance civilisatrice de la conquête romaine73. Cette idéologie a rendu impossible toute reconnaissance d'innovation ou de maîtrise technologique majeure à ces populations. Cette pensée transparait dans la conclusion d'E. Pothier à propos des fouilles menées sur les tumulus du plateau de Ger

73 Lyon-Caen 1994, 182-183 ; Savatier 2010, 132 ; l'on retrouve cette hiérarchisation des populations antiques jusqu'à la fin de la seconde moitié du XXe s. lorsque E. Thévenot écrit en 1949 à propos de la conquête romaine en Gaule dans Que sais-je ? : Histoire des Gaulois : "Il se trouva, pour la chance des Gaulois, que ce vainqueur était aussi le plus civilisé. Les Germains triomphants auraient enlevé la liberté aux Gaulois, sans rien leur apporter de positif", Thévenot 1949, 133.

39 (Hautes-Pyrénées) lorsqu'il mentionne que, sans contacts avec des marchands phéniciens ou grecs : " […] aucun progrès sensible ne parait avoir été réalisé dans les arts industriels par les

populations du plateau de Ger"74. L'artisanat celtique au sens large a souffert de la comparaison avec celui du monde méditerranéen antique, lorsqu'il n'était pas vu comme une pâle imitation barbare de modèles romains ou hellénistiques75. Ainsi, certains érudits n'ont pas toujours su évaluer l'intérêt de leur découverte, restreignant leurs études sur les objets les plus remarquables et/ou déjà connus dans les civilisations antiques dites classiques.

Enfin, la combinaison de tous ces facteurs ; effervescence autour des découvertes archéologiques, recherche des "beaux objets" et fascination pour le monde antique méditerranéen, ont conduit à une falsification des données archéologiques. En raison d'un besoin croissant de constituer rapidement des collections, des musées ou des érudits n'ont pas hésité à se fournir en artéfacts archéologiques chez de nombreux antiquaires. Ces derniers, voyant là un moyen aisé de faire du profit, se sont hâtés de céder les pièces remarquables au plus offrant. Il arrive que l'on retrouve la trace de ces transactions avec des antiquaires dans les livres de comptes des musées76. Les informations concernant le contexte de découverte de ces objets restaient souvent peu précises, voire inexistantes. De plus, le développement d'un commerce des antiquités a entrainé une falsification de l'origine des pièces. Cette démarche a en grande partie touché des objets en provenance de Méditerranée. De nombreuses fibules étaient vendues à des musées comme issues d'un site régional français, alors qu'elles parvenaient en réalité d'Italie. Plus grave, certains antiquaires n'ont pas hésité à produire de faux artéfacts77. Dans tous les cas, les acquisitions faites sur les marchés des antiquaires durant le XIXe s. ont ralenti l'émergence d'études rationnelles sur le mobilier archéologique "remarquable", dont la parure faisait partie. Des objets dont on ignorait l'origine éloignée ont contribué à parasiter la reconnaissance de formes ou de styles régionaux.

Ainsi, les chercheurs de la seconde moitié du XIXe s. se sont focalisés sur la constitution d'un riche catalogue. L'émergence de l'archéologie à cette époque ne permettait pas encore d'avoir le recul nécessaire pour proposer une étude raisonnée de l'ensemble des données mises au jour. Le mobilier de parure restait alors cantonné à sa valeur esthétique suscitant au mieux un esprit de curiosité.

74 Pothier 1990, 167.

75 Megaw & Megaw 2005, 13.

76 Le livre de compte du musée du Périgord tenu par M. Féaux à la fin du XIXe s. indique par exemple qu'une épée découverte dans un tumulus à Miers (Lot) a été achetée à l'antiquaire M. Massénat en 1891 pour la somme de 500 frs : Féaux 1900, 47.

40 I.2. Première synthèse par J. Déchelette

Ce n'est véritablement qu'au début du XXe s. que des analyses plus sérieuses vont être proposées pour le mobilier de parure du Premier âge du Fer. L'impulsion est donnée en France par la publication des travaux sur l'Italie d'O. Montélius en 1895 concernant les découvertes réalisées en Lombardie, dans le Piémont et autour de Golasecca78. O. Montélius s'intéresse notamment aux fibules en distinguant différentes morphologies et propose des parallèles avec des modèles identiques mis au jour dans l'Hexagone. La reconnaissance de centres de productions italiques et de leur diffusion en France au cours du Premier âge du Fer aura une profonde influence quelques années plus tard sur les travaux de J. Déchelette79. C'est ce dernier qui initiera véritablement les premières études synthétiques sur le mobilier du Premier âge du Fer. Grâce à un sérieux réseau scientifique tissé sur tout le continent européen, J. Déchelette publiera le Manuel d'archéologie préhistorique, celtique et gallo-romaine entre 1908 et 1914. Il y rédige un important exposé riche d'exemples issus d'un très grand nombre de découvertes de l'Europe occidentale, chose exceptionnelle pour l'époque. Dans la seconde moitié de son volume consacré au Premier âge du Fer, J. Déchelette fragmente son travail selon des catégories de mobilier : armement, vases en bronze ou céramique, et consacre un chapitre entier à la parure. C'est, à notre connaissance, un précurseur en la matière. Loin de se limiter à quelques types bien connus comme les fibules, il n'hésite pas à travailler sur des objets moins répandus dans la bibliographie d'alors tels que les bracelets, les épingles, les agrafes, les boutons, les boucles d'oreilles ou encore les perles et autres pendeloques80.

Pour chacun d'entre eux et en s'appuyant sur les travaux de ces prédécesseurs, J. Déchelette subdivise chaque catégorie par type caractéristique. Bien que sommaire par moment en raison du manque de données, cette démarche est tout à fait novatrice pour les objets de parures. Ce sont également ses travaux qui fixeront les terminologies descriptives du mobilier, dont certaines sont toujours employées actuellement81. Ses écrits jettent donc les bases d'une étude raisonnée à grande échelle sur cette catégorie de mobilier. Sa documentation issue d'un vaste territoire l'autorise à proposer de nombreuses comparaisons et ainsi à reconnaitre des zones de répartition privilégiées. Enfin, remarquons que chaque type de parure est rattaché une phase chronologique - chronologie bien mieux maîtrisée en ce début de XXe s.

Les travaux de J. Déchelette auront une grande influence sur les chercheurs français, mais aussi sur leurs homologues européens. Grâce à lui notamment, l'étude des parures a pu

78 Montélius 1895 ; Cicolani & Lorre 2009, 17-18.

79 Duval et al. 1974, 2.

80 Déchelette 1914b, 832-877.

41 s'extirper d'une vision purement esthétique ou, dans le meilleur des cas, d'une simple reconnaissance de proximité des morphologies. Il est l'un des premiers à intégrer les parures dans le processus de détermination chronologique ainsi que dans l'identification de productions régionales qui seront diffusées par commercialisation ou, pense-t-il, par migration des populations.

I.3. L'essor des typologies au XXe s.

À la suite des résultats publiés par J. Déchelette, les investigations postérieures concernant les objets de parure se focaliseront essentiellement sur les fibules.

En 1926, l'archéologue danois C. Blinkenberg publie une série d'études sur le mobilier découvert lors des fouilles du site de Lindos situé sur l'île grecque de Rhodes. Il profite de l'examen des fibules mises au jour pour étendre ces recherches à l'ensemble de la Grèce. Cet inventaire lui permet d'établir un classement général des fibules grecques et d'en distinguer seize types différents, auxquels s'ajoutent les sous-groupes et leurs variantes82. Quelques années plus tard, toujours en Méditerranée, le finlandais J. Sundwall renouvelle la connaissance sur les fibules italiennes en adoptant une méthode très descriptive83. Les travaux de Blinkenberg et de Sundwall sur les fibules méditerranéennes anciennes et leurs origines vont apporter un cadre chronologique bien plus précis que précédemment en raison de leur rattachement à des phénomènes historiques antiques exprimés, parfois, en dates calendaires. Les chronologies proposées dans ces ouvrages auront un grand impact sur l'archéologie européenne continentale dans la mesure où, par l'identification de modèles proches ou similaires, elles ont permis d'esquisser un schéma évolutif global des fibules et d'ébaucher un canevas de leur diffusion ou de leur imitation sur le continent. Peu à peu, l'on tente alors de faire des fibules un objet caractéristique d'un faciès ou d'une période à même de dater précisément les couches ou les structures de futures excavations. En d'autres termes, l'on s'emploie à faire des fibules un "fossile directeur"84.

Ce sont les archéologues espagnols qui, dans notre cadre géographique, réemploieront les premiers les résultats de ces travaux. En 1954, M. Almagro Basch propose une datation plus

82 Blinkenberg 1926.

83 Sundwall 1943.

84 Cette notion de "fossile directeur" est très en vogue en ce début du XXe s. Elle trouve sa source à la fin du XIXe

s. lorsque les archéologues tentent de mettre en place des phasages chronologiques des sociétés du passé. La protohistoire ne fait pas exception et les différents acteurs européens de cette science naissante cherchent à associer des artefacts caractéristiques, des fossiles, à des périodes. Une fois que chaque objet a trouvé sa place dans cette périodisation, il devient alors un témoin permettant de dater à coup sûr une couche ou un ensemble : Collis 2008, 87 ; Büchsenshutz, dir. 2015, 40-43.

42 fine pour les fibules dites "hispaniques" – il s'agit du nom donné alors aux fibules annulaires – à partir de celles mises au jour dans des contextes funéraires du port antique d'Ampurias, fondé par les colons phocéens à l'Escala (Gérone). Il pense identifier une origine orientale de ce type et date leur diffusion dans toute l'Espagne à partir du Ve s. a.C.85. Entre la fin des années 1950 et les années 1960, E. Cuadrado s'intéresse également aux fibules de la péninsule Ibérique et plus particulièrement aux fibules annulaires86. Son approche se focalise sur des observations morphologiques en comparant les modèles hispaniques à ceux de Méditerranée. Bien que proposant des datations, sa démarche consiste surtout à déceler les évolutions dans la forme des fibules afin d'identifier l'origine de chacun des types. Ses recherches le mèneront à s'opposer aux hypothèses émises précédemment par Almagro Basch sur le mode de diffusion et d'apparition des fibules dans la péninsule. Pour E. Cuadrado, ces fibules annulaires ont bien une origine espagnole, et trouvent leurs influences dans d'autres modèles de fibules européennes87. L'archéologue W. Schüle, quant à lui, propose une première étude faisant le point sur les fibules à pied droit et à ressort bilatéral découvertes en Espagne, qu'il n'hésite pas à comparer avec celles découvertes en Italie88. Il complète ses hypothèses dans une synthèse sur le Premier âge du Fer espagnol publiée en 196989. Son étude sur les fibules définit neuf types qui serviront son propos pour le phasage chronologique et la détermination de l'origine des objets. Enfin, à la même période, on peut citer les recherches plus modestes de J. Fariña sur les fibules du Pays Basque et de Navarre90 qui s'attache surtout à proposer des datations pour celles issues des sites régionaux.

In fine, ce qui ressort de ces travaux des années 1950 à la fin des années 1960, c'est

surtout l'attention portée par les archéologues sur les détails morphologiques des fibules et la recherche de leur lignée évolutive au gré du temps et de leur répartition. Plus que de proposer des datations serrées, ces chercheurs semblent vouloir décrire un arbre généalogique des fibules à travers l'Europe. Ce travail précis sur la morphologie se retrouve également dans quelques travaux français à la même période, bien que concentré sur une échelle géographique moindre, comme l'attestent entre autres les articles publiés par D. Bretz-Malher sur les fibules à faux ressort ou ceux de R. Joffroy à propos des fibules à fausse corde à bouclette et à tablette91.

85 Almagro Basch 1954, 184-185.

86 Cuadrado 1959 ; Cuadrado 1961a ; Cuadrado 1963 ; Cuadrado 1969.

87 Cuadrado 1961a, 169 ; Cuadrado 1969, 269 ; Argente Oliver 1994, 69-70.

88 Schüle 1961.

89 Schüle 1969.

90 Fariña 1967.

43 Ce n'est vraiment qu'avec les travaux de G. Mansfeld sur les fibules découvertes sur l'habitat hallstattien de La Heuneburg (Herbertingen, Bade-Wurtemberg) publiés au début des années 1970, que vont débuter des recherches précises sur la chronologie92. À l'aide d'un riche catalogue exploité grâce à une typologie très fine prenant en compte de nombreux éléments distinctifs, il parvient à identifier plusieurs phases d'occupation du site. Découverte majeure de l'archéologie du Premier âge du Fer, l'habitat fortifié de La Heuneburg constitue un jalon important dans la caractérisation de la culture hallstattienne. L'étude de G. Mansfeld a donc activement participé au séquençage chronologique de cette culture en Europe et à faire des fibules de réels "fossiles directeurs" pour les ensembles du Premier âge du Fer. Ces résultats ont eu un impact non négligeable sur les travaux réalisés sur les sites répartis en périphérie de cette culture, comme dans le sud-ouest de la France ou le nord-ouest de l'Espagne. Les chercheurs travaillant sur ces régions se sont appuyés sur ces résultats pour déterminer les liens, chronologiques ou culturels, avec la culture hallstattienne. Pour cela, ils ont fait appel à une méthode de travail similaire, c’est-à-dire : la constitution d'un catalogue riche, le plus souvent à partir de découvertes anciennes et contemporaines, soutenu par une étude typologie systématique et raisonnée, permettant de dégager des propositions chronologiques plus claires que les hypothèses énoncées par leurs ainés.

Dans cette optique, J.-P. Mohen réalise ces premières recherches sur les fibules pyrénéennes, qu'il élargira par la suite aux fibules antérieures au VIe s. a.C. et à l'ensemble de l'Aquitaine93. Il synthétise ses données lors de la publication de sa thèse d'état dans laquelle les fibules tiennent un rôle de premier ordre dans la caractérisation du phasage chronologique aquitain mais aussi dans l'identification de groupes culturels et de leurs liens avec d'autres plus éloignés94. Enfin, également pour la moitié sud de la France, signalons l'étude des fibules de la région nîmoise (Gard) réalisée par C. Tendille95. Plus modeste, son travail consiste à un examen typo-chronologique des collections déposées au Musée archéologique de Nîmes. Ses recherches apportent un éclairage sur les productions de l'arrière-pays languedocien. De l'autre côté des Pyrénées, un travail similaire est conduit par J.-L. Argente Oliver sur les fibules de la nécropole d'El Altillo (Aguilar de Anguita, Guadalajara) provenant des collections du Marquis de Cerralbo96, qu'il prolonge dans une thèse présentée à la fin des années 198097. Consacré aux fibules de la Meseta orientale (provinces de Soria et de Guadalajara), le travail d'Argente Oliver

92 Mansfeld 1973.

93 Mohen & Eluère 1970 ; Duval et al. 1974 : Mohen 1974.

94 Mohen 1980.

95 Tendille 1978.

96 Argente Oliver 1974.

44 suit une méthodologie analogue à celle de J.-P. Mohen et présente une typologie de trente-sept types différents, auxquels s'ajoutent plusieurs variantes. Comme pour son homologue français, il parvient à proposer une chronologie resserrée au regard des travaux antérieurs et identifie des zones de répartitions privilégiées pouvant être attribuées à de possibles groupes culturels. Dans la lignée de ces prédécesseurs, Argente Oliver réévalue également l'origine de certaines fibules présentes sur le territoire ibérique.

Bien que toujours utilisés actuellement, les résultats de ces recherches ont eu surtout une influence sur l'archéologie régionale98. Réussissant à rendre visible pour la communauté scientifique les populations du Premier âge du Fer au-delà de la stricte sphère hallstattienne, ces travaux ont permis de donner un cadre d'abord chronologique, puis culturel, aux fibules découvertes dans ces régions. En ce sens, la volonté de faire des fibules des "fossile directeur" est pleinement assumée.

Après les fibules, ce sont les agrafes de ceinture qui jouissent d'une relative exposition dans les travaux scientifiques portant sur la parure. Après J. Déchelette, c'est à J. Cabré Aguiló