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L E M EXICO MODERNE : A RCHIPEL DE PREMIER MONDE DANS UN OCEAN DE PRECARITE.

B. Quartiers fermés, résidences privées.

1) Les grands ensembles. L’exemple de la Villa Olímpica.

Les espaces résidentiels fermés existent depuis plusieurs décennies dans la ville de Mexico. Les premiers sont apparus dès les années 1960 [Prévôt Schapira, 1999]. Ils étaient souvent de taille importante et de forme verticale, à l'image de la Villa Olímpica, construite pour les jeux olympiques de 1968 et recyclée ensuite en une unidad habitacional96 fermée de 904 appartements répartis sur 29 tours d'une dizaine d'étages. L'entrée unique de cet ensemble est contrôlée par des gardes et vigiles privés censés empêcher l'accès à ceux qui ne sont ni résidents, ni invités de ces derniers97. L'étude de sa population par Angela Giglia a montré l'origine socio-économique aisée des habitants de cet ensemble [2001]. Ses travaux mettent en évidence les différents motifs du choix résidentiel de ceux-ci, qui ne sont guère surprenant tant ils correspondent à ce que l'on retrouve dans toutes les études sur les ensembles fermés, en Amérique latine ou ailleurs. Les habitants de la Villa Olímpica apprécient le sentiment de sécurité physique que leur procure la fermeture de l'espace résidentiel, mais aussi le fait de partager un espace de vie commun avec des gens ayant non seulement des niveaux socio- économiques équivalents aux leurs, mais aussi des goûts, des valeurs, des codes de communication et des modes de vie similaires.

La tranquillité, le climat de confiance et de respect de la collectivité (comportement discipliné se traduisant par un bon niveau de propreté, l'absence de nuisances sonores excessives, l'entretien et la mise en valeur des espaces verts, etc.) associés à cet ensemble résidentiel contrastent aux yeux de ces habitants avec le désordre et les dangers multiples associés au reste de la ville, et notamment au centre-ville et aux zones populaires périphériques voisines. Cette homogénéité sociale, et surtout culturelle, entre gens « biens élevés » et de « qualité », rassure des habitants en crise de confiance dans une ville où le climat général d'insécurité est source de tensions et de méfiance permanente. A Mexico, nombre de membres des couches aisées sont en état d'alerte permanente lorsqu'ils se trouvent dans un espace public où ils

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Expression que l’on pourrait traduire par « unité d’habitation ».

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Dans les faits, compte tenu de la taille de l'ensemble et du nombre total important de résidents, il est aisé, avec un minimum d'imagination, de s'y introduire. Et comme le souligne Angela Giglia dans son étude de cet ensemble, nombre d’individus d’ « aspect inoffensif » (femmes, anciens, et personnes dont l’allure générale montre qu’elles appartiennent manifestement aux couches les plus aisées) pénètrent même tranquillement dans l’enceinte sans avoir à utiliser de subterfuges et sans être dérangés.

redoutent à chaque instant que l'on s'en prenne à eux ou à leurs biens, ce qui rend souvent impossible tout contact cordial avec des personnes d'origine sociale différente, et ne fait qu'augmenter en retour le climat de tension. Nous reviendrons longuement dans les trois et quatrième parties sur ces mécanismes socio-psychologiques indissociables des phénomènes de fermeture des quartiers les uns par rapport aux autres. En attendant, le climat de confiance est accentué ici par les activités qui se déroulent à l'intérieur de l'ensemble résidentiel, et qui permettent de raffermir les liens entre les habitants (église, terrains de sport, cours de danse ou de yoga, etc.). Les témoignages recueillis par Angela Giglia montrent que pour ses habitants, la Villa Olímpica est un petit bout de ville à taille humaine, où les enfants et les personnes âgées peuvent circuler sans crainte, qui s'est crée à l'intérieur d'une mégapole aux proportions jugées démesurées.

Cependant, l'attrait pour ce type d'ensembles de grande taille, plus proches des gated

communities nord-américaines même si leur architecture verticale les en distingue, semble

diminuer. Ainsi l'étude d'Angela Giglia met en avant le mécontentement de certains habitants face à une relative dégradation des espaces communs au cours des dernières années. L'arrivée de nouvelles couches de population (commerçants, propriétaires de taxis, etc.) est souvent mal perçue par les anciens résidents et semble s'être faite parallèlement au départ des populations les plus aisées de l'ensemble résidentiel. Avec la relative hétérogénéisation socioculturelle de la population et la généralisation du sentiment d'insécurité, la méfiance s'étend à toutes les couches sociales. Ainsi les raisons pour lesquelles les membres des couches aisées à haut niveau relatif d'éducation se plaisaient dans ce type d'ensembles disparaissent progressivement. Celles-ci recherchent une privacité que la taille de l'ensemble, avec ses milliers d'habitants, et sa structure verticale conjuguée à cette relative hétérogénéisation culturelle ne leur offre plus suffisamment. Elles se tournent alors vers des ensembles beaucoup plus petits, où le contrôle social est plus facile à exercer, et l'homogénéité socioculturelle plus aisée à maintenir. Aujourd’hui, ce sont ainsi les maisons individuelles dans des quartiers surveillés par des polices privées ou les maisons intégrées à des lotissements horizontaux de petite taille qui ont les faveurs des couches aisées de l'agglomération et se développent massivement.

2) La fermeture expost des îlots résidentiels et le développement du secteur de la vigilance privée. Les exemples de Olipadres et San Angel Inn.

Aujourd'hui, lorsque l'on se déplace dans les délégations du Sud-Ouest du District Fédéral, on rencontre nombre de rues fermées par des barrières ou d'îlots encerclés de barbelés et surveillés par des services de vigilance privés. Par exemple, dans la colonie de Lomas de San

Angel Inn, dans la délégation Alvaro Obregón, des sortes de check-points barrent les rues d'un

espace résidentiel aisé relativement ancien (constructions datant pour l'essentiel des années 1960 et 1970), mais qui s'est vu progressivement encerclé au cours des dernières décennies par de l'habitat populaire. Ce quartier n'a pas initialement été conçu comme un ensemble fermé en tant que tel, mais l'a été progressivement, précisément suite à l'implantation de populations défavorisées dans les espaces contigus auparavant non bâtis. Cette caractéristique explique que les maisons individuelles soient elles-mêmes complètement fermées vis-à-vis de la rue. Elle fait que l’on est en présence d'un double niveau de fermeture. Le premier, le plus ancien, entre la maison individuelle et le reste du quartier, est assuré par les imposantes façades côté rue, avec souvent pour uniques ouvertures de petites lucarnes ou des fenêtres à barreaux situées en hauteur. Le second niveau de fermeture, entre le quartier et les implantations populaires voisines, est quant à lui apparu ultérieurement. Sentant leur sécurité et leur tranquillité menacées, et ne voulant pas voir, pour des raisons de standing, ces populations de rang social inférieur déambuler avec trop d’assurance dans leurs rues, les habitants du quartier se sont associés pour engager un service de vigilance privé interdisant de

facto l'accès de la zone aux piétons. Ces services effectuent régulièrement des rondes dans les

rues d'un quartier de fait privatisé, les habitants des implantations populaires alentours évitant d'emprunter des artères pourtant a priori publiques. Les passants qui désirent rejoindre le périphérique tout proche rallongent ainsi le plus souvent leur parcours pour contourner cette zone. Le statut légal d'espace public de ces quelques rues ne correspond ainsi pas du tout à la réalité des pratiques, la rue ayant été de fait annexée par ses habitants. Les habitants des quartiers populaires alentours, peu au fait de leur bon droit et soucieux d'éviter les ennuis et la confrontation avec des vigiles armés peu amenants, ne peuvent qu'accepter cet état de fait et évitent de traverser ces rues.

Croquis 1 : Maison typique du quartier San Angel98.

Si dans ces rues de la colonie San Angel Inn la fermeture est surtout symbolique et due à la présence dissuasive des vigiles armés et des multiples check-points, dans l'îlot résidentiel

Olipadres, à l'intérieur de la colonie voisine Olivar de los Padres, la fermeture est elle totale.

Pourtant, comme dans le cas précédent, il s'agit d'un ensemble résidentiel qui n'a pas été conçu dès le départ comme étant fermé. Ses rues sont des portions de voies publiques (Calles

Angel María Garibay Kintana, Francisco de la Maza, Jorge Gurría Lacroix et Angulo Iñiguez) et les rangées de maisons individuelles qui les bordent ont une architecture similaire

à celles de San Angel Inn. Elles sont tout aussi fermées sur l'extérieur, mais dans ce cas l’îlot a été complètement clôturé, des grillages et barbelés encerclant les 4 pâtés de maisons qui le

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Les distances ne sont données ici qu’à titre indicatif, afin de donner un ordre de grandeur.

constituent (croquis 2). On est ici en présence de l’équivalent de ce que l’on appelle aux Etats-Unis une « security zone », où les buts essentiels de la fermeture sont l’isolement et l’exclusion vis-à-vis de l’environnement spatial, avec la sécurité accrue qui est sensée en découler [Blakely, Snyder, 1997]. Il est impossible pour un piéton étranger de s'introduire sans l'aval d'un des membres résidents. L'annexion de l'espace public est ici bien plus flagrante encore que dans le cas précédent, où il est encore en théorie possible de traverser la zone résidentielle, même si dans la pratique presque personne ne le fait. Par ailleurs, dans le cas de l'îlot Olipadres, au double degré de fermeture (vis-à-vis des voisins avec le barricadement de chaque maison individuelle, vis-à-vis des quartiers voisins, avec la clôture autour de l'îlot) s'ajoute un troisième facteur d'isolement de l'espace environnant constitué par les caractéristiques du site d’implantation de l'ensemble résidentiel. Celui-ci est en effet disposé entre le ravin La Malinche (au Sud), l'axe de circulation rapide déserté par les piétons qu'est l'Avenida Torres Ixtapaltongo (au Nord), le club de sport privé Libanés (à l'Ouest) et un parc de stationnement appartenant au groupe audiovisuel Televisa (à l'Est), tant et si bien que pratiquement seul l'accès en automobile est possible.

Croquis 2 : L’îlot résidentiel Olipadres.

Comme dans le cas des rues barrées de la zone San Angel Inn, mais ici de manière plus flagrante encore puisque le transit est formellement interdit par les gardes privés aux éléments extérieurs au quartier non invités par les résidents (on doit décliner son identité aux gardes à l'entrée de l'îlot, lesquels contactent par téléphone la personne que l'on vient visiter), l'espace public est dans les faits annexé par les habitants du quartier. Pourtant, la liberté de circuler dans l’espace public est sensée être un droit inaliénable au Mexique, puisque le chapitre 1 du Titre 1 de la Constitution Mexicaine, qui garantit l’ensemble des libertés individuelles élémentaires, établit explicitement par l’article 11 la liberté de circulation à l’intérieur de l’ensemble du territoire pour tous (« Tout homme a droit d’entrer dans la République, en sortir, de se déplacer sur son territoire et de changer de résidence, sans besoin d’aucune carte de sécurité, passeport, sauf-conduit ou autre document de ce type. »). Mais dans les faits, les autorités ne peuvent, comme souvent au Mexique99, que fermer les yeux tant la pratique de clôture de portions de rues ou de quartiers est généralisée et permet de compenser l'insuffisance de la sécurité publique. Pragmatiques, elles en viennent même indirectement, en les facilitant, à encourager ces pratiques. Cela leur permet de s’assurer en contrepartie un certain contrôle sur ces entreprises privées assurant des services de sécurité.

La Ley y Reglamento de los Servicios de Seguridad prestados por las Empresas Privadas del

Distrito Federal100 vise ainsi à réglementer cette activité. Pour obtenir l'autorisation de

l'exercer, il faut notamment remplir les conditions suivantes :

- Etre Mexicain.

- Demander une autorisation auprès au GDF pour installer des dispositifs et équipements de vigilance et de protection.

- Certifier que le personnel opérationnel est formé pour assurer le service de sécurité (sic). - Fournir un dossier comprenant le règlement ou le manuel destiné au personnel

opérationnel, un exemplaire de la carte des membres du personnels, un inventaire des biens mobiliers et immobiliers utilisés pour assurer les services, ainsi que des photos en couleur des véhicules, du logotype de l'entreprise et de l'uniforme revêtu par les personnels opérationnels.

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Nous évoquerons dans la quatrième cette spécificité mexicaine qu’est la « flexibilité juridique », découlant historiquement de la multiplicité des normes socioculturelles indissociables de la colonisation : le métissage et la cohabitation ancienne de populations d’origines très distinctes a toujours demandé une certaine souplesse dont nous verrons qu’elle va jusque se traduire dans les termes de la Constitution, et a contribué à façonner une certaine culture de l’improvisation et du compromis.

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Loi et règlement des services de sécurité fournis par les entreprises privées du District Fédéral.

- Aucun sociétaire ou propriétaire ne peut appartenir aux corps de la sécurité publique ou de la défense nationale (les personnels eux le peuvent).

- Présenter toute une série de documents administratifs (acte de naissance, feuille d'impôts, carte électorale, document militaire, permis de port d'arme)

En Juillet 2003, pas moins de 756 entreprises de sécurité privée répondaient à ces conditions et étaient enregistrées auprès du Secretaría de Seguridad Pública (SSP)101 du District Fédéral. Parmi celles-ci, nombre d'entre elles veillent à la fermeture et participent donc à une forme de privatisation des espaces publics, ce qui n'empêche pas les pouvoirs publics d'orienter dans leur direction les particuliers ou groupes de particuliers désireux d'une sécurité personnelle renforcée. Et donc forcément de donner les autorisations à la fermeture par l'installation des dispositifs et équipements de sécurité que sont les clôtures et des barrières qui extraient de

facto ces ensembles de l'espace public.

Photographies 8 : Les agents de sécurité privée sont omniprésents le Sud-Ouest l’agglomération.

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Secrétariat de Sécurité Publique.

Le plus grand prestataire de services dans ce domaine dans le District Fédéral est le Grupo

Privado de Vigilancia y Protección S.A. de C.V, qui affiche clairement sa mission dans ses

dépliants publicitaires, à savoir « s'attacher à ce que ses clients aient la certitude que leurs intérêts soient protégés par des professionnels hautement qualifiés, qui leur permettent de maintenir le caractère inaltérable de leur tranquillité, à travers une attention permanente dans l'objectif de leur procurer la confiance de se sentir en totale sécurité ». Face à la montée du sentiment d'insécurité et la demande croissante de protection, cette entreprise ne cache guère ses ambitions, qui consistent à « continuer à s'accroître à travers l'augmentation du nombre de services de sécurité dans tous les territoires, pour répondre à une demande croissante en multipliant le nombre de succursales et de services ». Par ailleurs, la privatisation progressive de la police induite par l'appel à ces services payés directement par les particuliers s'accompagne de la privatisation d'autres services publics élémentaires, puisque les prestataires comme le Grupo Privado de Vigilancia y Protección S.A. de C.V s'engagent aussi à assurer des services médicaux de premiers soins ou assurer la tâche des pompiers en cas d'incendie.

Photographies 9 : Les maisons intégrées à des rues ou quartiers fermés sont elles mêmes déjà peu ouvertes sur le voisinage.

Les problèmes que la prise en charge de ces services peut poser à terme pour le système de solidarité à l’échelle de l'ensemble de la société sont ici évidents, les clients de ces entreprises appartenant généralement aux couches de la population les plus aptes à financer l'effort de solidarité à l’échelle globale. En devenant chaque fois plus des clients, les habitants de ces quartiers se sentent chaque fois moins citoyens. Et, considérant qu'ils n'ont plus besoin des droits associés à ce statut (police, pompier, ambulance), ils se sentent chaque fois moins tenus de remplir les devoirs qui leur correspondent (participation au financement du fonctionnement des collectivités publiques par l’impôt).

La bonne santé du secteur d'activité de la sécurité témoigne de la dynamique de fermeture des quartiers et d’une manière générale de celle de fragmentation de l’espace urbain. La proportion importante d'actifs dans le secteur de la vigilance (2,7 % de l'ensemble des actifs du DF en 2000, soit 93506 travailleurs, dont 86.4 % d'hommes) comparée à la très faible couche de la population (quelques dizaines de milliers d'habitants) qui bénéficie de l’essentiel de ces services est éloquente. Il y a aujourd'hui à Mexico plus de travailleurs masculins dans le secteur de la vigilance et de la protection que dans le secteur de l'éducation102. Il faut dire que le secteur est très attractif pour les habitants de la capitale peu qualifiés, puisqu'ils peuvent espérer y gagner dès le départ des sommes allant jusqu'à plusieurs salaires minimaux mensuels pour un risque souvent en réalité minime, comme me le confiait sous couvert d'anonymat une jeune recrue d'une agence privée spécialisée dans la surveillance d'espaces résidentiels : « Avec mes qualifications (scolarité arrêtée après la primaire), jamais je ne pourrais gagner ma vie aussi bien qu'ici (plus de 100 pesos par jour), et la vérité est que c'est un travail plutôt tranquille, tant qu'on n'est affecté qu'à la surveillance de ce type d'espace résidentiel. Il n'y a jamais d'histoire, on est avant tout là pour assurer une présence, rassurer les habitants et dissuader les intrus, pas pour jouer les héros. » De nombreux anciens fonctionnaires de police ou militaires se reconvertissent dans ce secteur bien plus lucratif, du fait qu'il est au service des couches de la population aux revenus les plus élevés et pour qui la sécurité personnelle n'a pas de prix. Selon cette même source, de véritables chasseurs de têtes vont même débaucher directement des policiers ou militaires pour leur proposer des situations bien meilleures dans le secteur privé. C'est une caractéristique importante de l'économie mexicaine contemporaine que cette part considérable de la population directement au service de la petite couche la plus aisée de la population. Les écarts de niveau économique sont si

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Il faut souligner que les femmes représentent près des deux tiers (65,2 % en 2000) des effectifs de travailleurs dans le secteur de l'éducation, qui étaient en 2000 en tout et pour tout 150 642.

importants que les miettes distribuées par les couches aisées restent souvent plus intéressantes en terme de rémunération qu'un travail ordinaire d'ouvrier ou de simple employé. Cela explique que l'on soit en présence d'une situation où les seuls 189 405 travailleurs domestiques déclarés et 253 769 travailleurs dans les services personnels en arrivent à représenter 12,6 % de l'ensemble des travailleurs du DF en 2000. Car dans les espaces résidentiels aisés de la capitale, les gardes privés ne sont qu'un élément d'un système de fonctionnement où les travailleurs domestiques, les jardiniers, les chauffeurs, les gardes d'enfants, etc., sont au service permanent des habitants. Ce mode de fonctionnement explique la structure originale de l’activité mise en évidence dans la première partie. Il est principalement dû au fait qu’avec tout au plus 1000 ou 2000 euros par mois, un chef de famille peut disposer au Mexique d’une véritable petite armée de travailleurs-serviteurs, ce qui contribue fortement au maintien des structures patriarcales et aux mentalités associées. Cela entraîne souvent une faible capacité d'autonomie des membres des couches aisées habitués dès le plus jeune âge à n'exercer aucune activité manuelle ou toute tâche nécessaire au fonctionnement d'un foyer. On peut d’ailleurs penser que cette situation économique qui veut que l'emploi d'une domestique à plein temps durant toute l'année coûte moins cher qu'un simple séjour en famille d'une semaine à Miami a des incidences profondes sur les mentalités